[1,880] πρῶτον μὲν τοῦ φυσικοῦ, (880a) δεύτερον δὲ τοῦ μυθικοῦ, τρίτον δὲ τοῦ
τὴν μαρτυρίαν ἐκ τῶν νόμων εἰληφότος {διοικεῖσθαι}. Διδάσκεται δὲ τὸ μὲν
φυσικὸν ὑπὸ τῶν φιλοσόφων, τὸ δὲ μυθικὸν ὑπὸ τῶν ποιητῶν, τὸ δὲ
νομικὸν ὑφ´ ἑκάστης ἀεὶ πόλεως συνίσταται. Διαιρεῖται δ´ ἡ πᾶσα διδαχὴ εἰς
εἴδη ἑπτά· καὶ πρῶτον μὲν τὸ ἐκ τῶν φαινομένων καὶ μετεώρων· θεοῦ γὰρ
ἔννοιαν ἔσχον ἀπὸ τῶν φαινομένων ἀστέρων, ὁρῶντες τούτους μεγάλης
συμφωνίας ὄντας αἰτίους καὶ τεταγμένους ἡμέραν τε καὶ νύκτα καὶ χειμῶνα
καὶ θέρος, ἀνατολάς τε καὶ (880b) δυσμάς, καὶ τὰ ὑπὸ τῆς γῆς ζῳογονούμενα
καὶ καρπογονούμενα. Διὸ πατὴρ μὲν ἔδοξεν αὐτοῖς οὐρανὸς ὑπάρχειν, μήτηρ δὲ
γῆ· τούτων δ´ ὁ μὲν πατὴρ διὰ τὸ τὰς τῶν ὑδάτων ἐκχύσεις σπερμάτων ἔχειν
τάξιν, ἡ δὲ γῆ μήτηρ διὰ τὸ δέχεσθαι ταῦτα καὶ τίκτειν· βλέποντες δὲ τοὺς
ἀστέρας ἀεὶ θέοντας αἰτίους τε τοῦ θεωρεῖν ἡμᾶς ἥλιον καὶ σελήνην θεοὺς
προσηγόρευσαν. Εἰς δεύτερον δὲ καὶ τρίτον τόπον τοὺς θεοὺς διεῖλον, εἴς τε
τὸ βλάπτον καὶ τὸ ὠφελοῦν· καὶ (880c) τοὺς μὲν ὠφελοῦντας Δία Ἥραν Ἑρμῆν
Δήμητραν· τοὺς δὲ βλάπτοντας Ποινὰς Ἐρινύας Ἄρην, τούτους ἀφοσιούμενοι
χαλεποὺς ὄντας καὶ βιαίους. Τέταρτον καὶ πέμπτον προστεθείκασι τοῖς
πράγμασι καὶ τοῖς πάθεσι, καθάπερ Ἔρωτα Ἀφροδίτην Πόθον, πραγμάτων δ´
Ἐλπίδα Δίκην Εὐνομίαν. Ἕκτον δὲ τόπον προσέλαβε τὸ ὑπὸ τῶν ποιητῶν
πεπλασμένον· Ἡσίοδος γὰρ βουλόμενος τοῖς γενητοῖς θεοὺς πατέρας συστῆσαι
εἰσήγαγε τοιούτους αὐτοῖς γεννήτορας·
« Κοῖόν τε Κρεῖόν θ´ Ὑπερίονά τ´ Ἰαπετόν τε »·
διὰ τοῦτο καὶ μυθικὸν κέκληται. Ἕβδομον δὲ καὶ ἐπὶ πᾶσι τὸ διὰ τὰς εἰς τὸν
κοινὸν βίον εὐεργεσίας ἐκτετιμημένον ἀνθρώπινον δὲ γεννηθέν, ὡς Ἡρακλέα ὡς
Διοσκόρους ὡς Διόνυσον. (880d) Ἀνθρωποειδεῖς δ´ αὐτοὺς ἔφασαν εἶναι, διότι
τῶν μὲν ἁπάντων τὸ θεῖον κυριώτατον, τῶν δὲ ζῴων ἄνθρωπος κάλλιστον καί,
κεκοσμημένον ἀρετῇ διαφόρως κατὰ τὴν τοῦ νοῦ σύστασιν, τὸ κράτιστον.
Τοῖς οὖν ἀριστεύουσι τὸ κράτιστον ὁμοίως καὶ κάλλιστον ἐπιτιθέναι καλῶς
ἔχειν διενοήθησαν.
ζʹ. Τίς ὁ θεός.
Ἔνιοι τῶν φιλοσόφων, καθάπερ Διαγόρας ὁ Μήλιος καὶ Θεόδωρος ὁ Κυρηναῖος
καὶ Εὐήμερος ὁ Τεγεάτης, καθόλου φασὶ μὴ εἶναι θεούς· τὸν δ´ Εὐήμερον καὶ
Καλλίμαχος ὁ Κυρηναῖος αἰνίττεται ἐν τοῖς Ἰάμβοις γράφων.
(880e) « Εἰς τὸ πρὸ τείχευς ἱερὸν ἁλέες δεῦτε,
οὗ τὸν πάλαι Παγχαῖον ὁ πλάσας Ζᾶνα
γέρων ἀλαζὼν ἄδικα βιβλία ψήχει »,
ταῦτ´ ἔστι τὰ περὶ τοῦ μὴ εἶναι θεούς. Καὶ Εὐριπίδης δ´ ὁ τραγῳδοποιὸς
ἀποκαλύψασθαι μὲν οὐκ ἠθέλησε, δεδοικὼς τὸν Ἄρειον πάγον, ἐνέφηνε δὲ
τοῦτον τὸν τρόπον· τὸν γὰρ Σίσυφον εἰσήγαγε προστάτην ταύτης τῆς δόξης καὶ
συνηγόρησεν αὐτοῦ ταύτῃ τῇ γνώμῃ·
« Ἦν » γάρ « χρόνος » φησίν « ὅτ´ ἦν ἄτακτος ἀνθρώπων βίος
καὶ θηριώδης ἰσχύος θ´ ὑπηρέτης »·
(880f) ἔπειτα φησὶ τὴν ἀνομίαν λυθῆναι νόμων εἰσαγωγῇ· ἐπεὶ γὰρ ὁ νόμος τὰ
φανερὰ τῶν ἀδικημάτων εἴργειν ἐδύνατο κρύφα δ´ ἠδίκουν πολλοί, τότε τις
σοφὸς ἀνὴρ ἐπέστησεν, ὡς δεῖ
« ψευδεῖ λόγῳ τυφλῶσαι τὴν ἀλήθειαν »
καὶ πεῖσαι τοὺς ἀνθρώπους
« ὡς ἔστι δαίμων ἀφθίτῳ θάλλων βίῳ,
ὃς ταῦτ´ ἀκούει καὶ βλέπει φρονεῖ τ´ ἄγαν »·
ἀναιρείσθω γάρ, φησίν, ὁ ποιητικὸς λῆρος σὺν Καλλιμάχῳ τῷ λέγοντι·
« Εἰ θεὸν οἶσθα,
ἴσθ´ ὅτι καὶ ῥέξαι δαίμονι πᾶν δυνατόν ».
| [1,880] l'une physique, (880a) l'autre fabuleuse, et la troisième
appuyée sur le témoignage des lois. La première nous est donnée par les
philosophes, la seconde par les poètes, et la troisième, qui n'est autre
chose que les lois religieuses mêmes, a été établie par chaque république.
Toute la doctrine qui regarde les dieux se divise en sept espèces. La
première est celle qui se tire des météores et des phénomènes naturels.
Les hommes commencèrent à se former une idée de la Divinité lorsqu'ils
virent l'harmonie admirable qui résultait de la révolution des astres, la
vicissitude régulière des jours et des nuits, des hivers et des étés, du
lever (880b) et du coucher des constellations, et ensuite la production
des animaux et des fruits terrestres. Ils regardèrent le ciel et la terre
comme le père et la mère des êtres : le ciel, parce que les eaux qu'il
verse de son sein sont un principe de fertilité ; la terre, parce qu'elle
est fécondée par ces eaux célestes. Quand ils eurent vu que les astres
étaient toujours en mouvement, que c'était au soleil et à la lune qu'on
devait la vue distincte des objets,
ils donnèrent à tous les astres le nom de dieux. Par la seconde et la
troisième espèce de doctrine religieuse, on divisa les dieux en divinités
bienfaisantes et en divinités nuisibles. (880c) On mit dans la première
classe Jupiter, Junon, Mercure et Cérès ; dans la seconde, les peines, les
Furies et le dieu Mars, dont on apaise par des sacrifices la violence et
la cruauté. La quatrième et la cinquième espèce de doctrine eurent pour
objet les actions et les affections; ils désignèrent les dernières sous
les noms de l'Amour, de Vénus et de Cupidon ; et les actions sous ceux de
l'espérance, de la justice et de l'équité. La sixième espèce renferma les
fictions des poètes. Car Hésiode, voulant donner des pères aux dieux qui
avaient été engendrés, il imagina ceux-ci :
Céus et Créius, Japet, Hypérion.
Voilà pourquoi on donne à cette espèce de doctrine le nom de fabuleuse. La
septième et la dernière fut celle de mortels qui, par leurs bienfaits
envers la société, méritèrent les honneurs divins : de ce nombre furent
Hercule, les Dioscures et Bacchus. (880d) Ils donnèrent à ces dieux la
forme humaine, parce que si d'un côté la Divinité est ce qu'il y a de plus
excellent, de l'autre l'homme, considère dans son âme, est supérieur à
tous les autres animaux par l'éclat des vertus qui en font l'ornement. Ils
ont donc pensé que la forme la plus belle devait être le partage des êtres
qui surpassent tous les autres par leur mérite.
CHAPITRE VII. Qu'est-ce que Dieu ?
Quelques philosophes, tels que Diagoras de Mélos, Théodore de Cyrène, et
Évhémère de Tégée, ont soutenu ouvertement qu'il n'y avait point de dieux.
Callimaque le Cyrénéen désigne dans les vers suivants le dernier de ces
philosophes :
(880e) "Venez, accourez tous aux portes de la ville,
Approchez-vous du temple où ce vieillard débile,
Qui fit de Jupiter un simple, bloc d'airain,
De ses sombres écrits distille le venin".
Il fait allusion aux ouvrages qu'Évhémère composa pour prouver qu'il n'y
avait point de dieux. La crainte de l'Aréopage a empêché le poète Euripide
de s'expliquer librement à ce sujet. Mais il fait entendre ce qu'il en
pense quand il prête son opinion à Sisyphe, qui l'expose en ces termes :
"Jadis l'homme sauvage habitait dans les bois,
Au désordre livré, méconnaissant les lois,
Et n'ayant d'autre frein que la force et l'audace".
(880f) Il ajoute que l'établissement des lois réprima l'injustice; mais,
comme la loi ne pouvait arrêter que les crimes manifestes, et qu'il s'en
commettait beaucoup de secrets, un homme habile et prudent imagina de
substituer à la vérité un mensonge officieux, en persuadant aux hommes
"Que d'un être éternel la suprême puissance
Entend tout et voit tout ; que sa vaste science
Par les plus sages lois dirige l'univers";
D'autres traitent de rêves poétiques ces vers de Callimaque :
"Connaissez-vous de Dieu la nature et l'essence ?
Il n'est rien d'impossible à sa toute-puissance".
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