[9] Ἡδέσθω μὲν οὖν ὑπὸ λόγων ὠφελούμενος ὁ
νέος· οὐ δεῖ δὲ τὸ ἡδὺ τῆς ἀκροάσεως ποιεῖσθαι
τέλος, οὐδ´ οἴεσθαι δεῖν ἐκ σχολῆς ἀπιέναι φιλοσόφου
μινυρίζοντα καὶ γεγανωμένον, οὐδὲ ζητεῖν
μυρίζεσθαι δεόμενον ἐμβροχῆς καὶ καταπλάσματος,
ἀλλὰ χάριν ἔχειν, ἄν τις ὥσπερ καπνῷ σμῆνος λόγῳ
δριμεῖ τὴν διάνοιαν ἀχλύος πολλῆς καὶ ἀμβλύτητος
γέμουσαν ἐκκαθήρῃ. καὶ γὰρ εἰ τοῖς λέγουσι
προσήκει μὴ παντάπασιν ἡδονὴν ἐχούσης καὶ
πιθανότητα λέξεως παραμελεῖν, ἐλάχιστα τούτου
φροντιστέον τῷ νέῳ, τό γε πρῶτον. ὕστερον δέ
που, καθάπερ οἱ πίνοντες, ὅταν παύσωνται διψῶντες,
τότε τὰ τορεύματα τῶν ἐκπωμάτων ὑποθεωροῦσι
καὶ στρέφουσιν, οὕτως ἐμπλησθέντι δογμάτων
καὶ ἀναπνεύσαντι δοτέον τὴν λέξιν εἴ τι κομψὸν
ἔχει καὶ περιττὸν ἐπισκοπεῖν. ὁ δ´ εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς
μὴ τοῖς πράγμασιν ἐμφυόμενος ἀλλὰ τὴν λέξιν
Ἀττικὴν ἀξιῶν εἶναι καὶ ἰσχνὴν ὅμοιός ἐστι μὴ
βουλομένῳ πιεῖν ἀντίδοτον, ἂν μὴ τὸ ἀγγεῖον ἐκ
τῆς Ἀττικῆς κωλιάδος ᾖ κεκεραμευμένον, μηδ´
ἱμάτιον περιβαλέσθαι χειμῶνος, εἰ μὴ προβάτων
Ἀττικῶν εἴη τὸ ἔριον, ἀλλ´ ὥσπερ ἐν τρίβωνι
Λυσιακοῦ λόγου λεπτῷ καὶ ψιλῷ καθήμενος
ἄπρακτος καὶ ἀκίνητος. ταῦτα γὰρ τὰ νοσήματα
πολλὴν μὲν ἐρημίαν νοῦ καὶ φρενῶν ἀγαθῶν,
πολλὴν δὲ τερθρείαν καὶ στωμυλίαν ἐν ταῖς σχολαῖς
πεποίηκε, τῶν μειρακίων οὔτε βίον οὔτε πρᾶξιν
οὔτε πολιτείαν φιλοσόφου παραφυλαττόντων ἀνδρός,
ἀλλὰ λέξεις καὶ ῥήματα καὶ τὸ καλῶς ἀπαγγέλλειν
ἐν ἐπαίνῳ τιθεμένων, τὸ δ´ ἀπαγγελλόμενον εἴτε
χρήσιμον εἴτ´ ἄχρηστον εἴτ´ ἀναγκαῖον εἴτε κενόν
ἐστι καὶ περιττὸν οὐκ ἐπισταμένων οὐδὲ βουλομένων ἐξετάζειν.
| [9] Que le jeune homme soit donc satisfait parce qu'il a
trouvé du profit dans les discours. Mais il ne faut pas que le
plaisir soit son but quand il écoute; il ne doit pas croire qu'il
lui faille sortir de l'école en chantonnant et tout joyeux. Il ne
s'agit pas de vouloir exhaler une odeur d'essences lorsqu'on
a besoin de fomentations et de cataplasmes. Notre jeune
homme songera plutôt à remercier ceux qui auront su, par
la force pénétrante de leur parole, dissiper les ténèbres
épaisses et les incertitudes de son âme, comme avec la
fumée on écarte un essaim d'abeilles. Car s'il convient à
ceux qui parlent de ne pas négliger entièrement la grâce et
la persuasion du discours, ce n'est pas au jeune auditeur à
remarquer ces détails, du moins dans le commencement :
il s'en occupera plus tard. De même que ceux qui boivent
s'amusent quand ils n'ont plus soif à examiner les ciselures
des coupes et à retourner celles-ci dans leurs mains, de
même c'est lorsque le jeune homme aura été bien rempli
de préceptes et reprendra haleine, qu'on lui permettra d'examiner
la diction pour voir ce qu'elle a d'élégant et de recherché.
Mais l'auditeur qui tout d'abord ne s'attache pas
aux choses et à la substance, mais veut qu'on lui présente un
style remarquable par son atticisme et sa délicatesse, ressemble
à un homme qui refuserait de boire du contre-poison
dans un vase pétri d'une autre argile que celle du promontoire
Colias en Attique, ou de se couvrir en hiver d'un manteau
dont la laine n'aurait pas été prise sur des moutons de
l'Attique, et qui s'en tiendrait à un manteau bien transparent
et bien mince, image de cette faconde de Lysias. Un tel
verbiage ne saurait agir sur un auditeur et le laisse insensible.
Ce sont ces goûts vicieux qui sont cause d'une si complète
stérilité de bon sens et de méthode, qui ont introduit
dans les écoles tant de charlatanisme et de bavardage. Les
jeunes gens ne considèrent ni la vie, ni les actes, ni les
principes politiques de l'homme qui se donne pour philosophe ;
ils n'ont de louanges que pour des mots, pour de
pompeuses professions de foi ; mais si ce qu'on leur a débité
est utile ou non, nécessaire ou vide et sans portée, c'est
là ce qu'ils ne savent pas et ce qu'ils ne veulent pas examiner.
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