[10] Ἀκολουθεῖ δὲ τούτοις τὸ περὶ τῶν προβλημάτων
παράγγελμα. δεῖ γὰρ τὸν ἐπὶ δεῖπνον
ἥκοντα τοῖς παρακειμένοις χρῆσθαι καὶ μηδὲν
αἰτεῖν ἄλλο μηδ´ ἐξελέγχειν· ὁ δ´ ἐπὶ λόγων ἀφιγμένος
ἑστίασιν, ἂν μὲν ἐπὶ ῥητοῖς, ἀκροάσθω
σιωπῇ τοῦ λέγοντος (οἱ γὰρ εἰς ἄλλας ὑποθέσεις
ἐξάγοντες καὶ παρεμβάλλοντες ἐρωτήματα καὶ
προσδιαποροῦντες, οὐχ ἡδεῖς οὐδ´ εὐσυνάλλακτοι
πρὸς ἀκρόασιν ὄντες, ὠφελοῦνται μὲν οὐδέν, τὸν
δὲ λέγοντα καὶ τὸν λόγον ὁμοῦ συνταράττουσιν)·
ὅταν δὲ τοὺς ἀκούοντας ὁ λέγων ἐρωτᾶν καὶ
προβάλλειν κελεύσῃ, χρήσιμόν τι δεῖ καὶ ἀναγκαῖον
ἀεὶ προβάλλοντα φαίνεσθαι. ὁ μὲν γὰρ Ὀδυσσεὺς
καταγελᾶται παρὰ τοῖς μνηστῆρσιν
αἰτίζων ἀκόλους, οὐκ ἄορας οὐδὲ λέβητας·
μεγαλοψυχίας γὰρ ἡγοῦνται σημεῖον, ὡς τὸ διδόναι
τι τῶν μεγάλων, καὶ τὸ αἰτεῖν. μᾶλλον δ´ ἄν τις
ἀκροατοῦ καταγελάσειεν εἰς μικρὰ καὶ γλίσχρα
προβλήματα τὸν διαλεγόμενον κινοῦντος, οἷα τερθρευόμενοί
τινες τῶν νέων καὶ παρεπιδεικνύμενοι
διαλεκτικὴν ἢ μαθηματικὴν ἕξιν εἰώθασι προβάλλειν
περὶ τῆς τῶν ἀορίστων τομῆς, καὶ τίς ἡ
κατὰ πλευρὰν ἢ κατὰ διάμετρον κίνησις. πρὸς οὓς
ἔστιν εἰπεῖν τὸ ὑπὸ Φιλοτίμου πρὸς τὸν ἔμπυον
καὶ φθισιῶντα ῥηθέν. ἐπεὶ γὰρ ἐλάλησεν αὐτῷ
φαρμάκιον αἰτῶν πρὸς παρωνυχίαν, αἰσθόμενος
ἀπὸ τῆς χρόας καὶ τῆς ἀναπνοῆς τὴν διάθεσιν
"οὐκ ἔστι σοι," φησίν, "ὦ βέλτιστε, περὶ παρωνυχίας
ὁ λόγος." οὐδὲ σοὶ τοίνυν, ὦ νεανία,
περὶ τοιούτων ζητημάτων ὥρα σκοπεῖν, ἀλλὰ πῶς
οἰήματος καὶ ἀλαζονείας ἐρώτων τε καὶ φλυαρίας
ἀπολυθεὶς εἰς βίον ἄτυφον καὶ ὑγιαίνοντα καταστήσεις
σαυτόν.
| [10] A la suite de ces préceptes en vient naturellement un
autre, qui concerne les questions à proposer. Quand l'on s'est
rendu à un festin, on doit manger les mets qui sont servis,
et non pas en exiger d'autres, ni se plaindre. L'auditeur qui
est venu pour se nourrir de ce qui va être dit, et qui sait que
les matières de la leçon ont été déterminées à l'avance, doit
écouter silencieusement celui qui prendra la parole. Car les
gens qui mettent un orateur sur un texte autre que le sien,
qui lui lancent des interrogations, qui formulent à chaque
instant des doutes, sont loin de lui ménager un auditoire
agréable et de facile composition. Eux-mêmes ne profitent
nullement de sa parole; et ils portent le trouble dans son
esprit et dans ses discours. Quand c'est l'orateur qui invite
l'auditoire à l'interroger et à formuler des questions, il ne
faut se mettre en avant que pour en proposer qui soient
utiles et nécessaires. Les prétendants se moquent d'Ulysse
"Qui demande du pain, mais non pas une armure,
Ou de riches bassins",
parce qu'ils se figurent que la preuve d'un grand coeur, c'est
de donner, et aussi de demander, quelques objets dont la
valeur soit considérable. Mais il y aurait bien plutôt lieu de
se moquer d'un auditeur qui inviterait le discourant à traiter
des questions mesquines et sans importance. C'est ainsi que,
par envie de babiller, certains jeunes gens prétentieux et
qui veulent étaler leur bagage de dialectique ou de mathématiques,
ont coutume de proposer des questions "sur la
division des infinis, sur le mouvement des corps selon le
côté ou selon le diamètre." Appliquons-leur les paroles que
Philotimus disait à un malade rongé d'ulcères et consumé
par la phthisie. Cet homme le suppliait de lui donner un
remède contre un panaris ; mais Philotimus ayant reconnu
à son teint et à son haleine combien il était gâté au dedans :
" Ce n'est pas de panaris,"' lui dit-il, "qu'il s'agit pour toi
en ce moment". De même, ô jeune homme, il ne te convient
pas à cette heure de t'occuper de semblables questions :
cherche plutôt comment, après t'être affranchi de la vanité;
de la jactance, de la passion amoureuse, des propos futiles,
tu t'affermiras dans une vie modeste et saine.
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