[16] Καὶ μὴν τῶν γε νουθεσιῶν καὶ τῶν ἐπιπλήξεων
οὔτ´ ἀναλγήτως οὔτ´ ἀνάνδρως ἀκουστέον.
οἱ γὰρ εὐκόλως καὶ ὀλιγώρως τὸ κακῶς ἀκούειν ὑπὸ
τῶν φιλοσόφων φέροντες, ὥστε γελᾶν ἐλεγχόμενοι
καὶ τοὺς ἐλέγχοντας ἐπαινεῖν, ὥσπερ οἱ παράσιτοι
τοὺς τρέφοντας, ὅταν ὑπ´ αὐτῶν λοιδορῶνται, παντάπασιν
ἰταμοὶ καὶ θρασεῖς ὄντες, οὐ καλὴν οὐδ´
ἀληθῆ διδόασιν ἀπόδειξιν ἀνδρείας τὴν ἀναισχυντίαν.
σκῶμμα μὲν γὰρ ἀνύβριστον ἐν παιδιᾷ τινι
μετ´ εὐτραπελίας ἀφειμένον ἐνεγκεῖν ἀλύπως καὶ
ἱλαρῶς οὐκ ἀγεννὲς οὐδ´ ἀπαίδευτον ἀλλ´ ἐλευθέριον
πάνυ καὶ Λακωνικόν ἐστιν· ἐπαφῆς δὲ καὶ νουθεσίας
πρὸς ἐπανόρθωσιν ἤθους ὥσπερ φαρμάκῳ
δάκνοντι λόγῳ χρωμένης ἐλέγχοντι μὴ συνεσταλμένον
ἀκούειν μηδ´ ἱδρῶτος καὶ ἰλίγγου μεστόν,
αἰσχύνῃ φλεγόμενον τὴν ψυχήν, ἀλλ´ ἄτρεπτον καὶ
σεσηρότα καὶ κατειρωνευόμενον, ἀνελευθέρου τινὸς
δεινῶς καὶ ἀπαθοῦς πρὸς τὸ αἰδεῖσθαι νέου διὰ
συνήθειαν ἁμαρτημάτων καὶ συνέχειαν, ὥσπερ ἐν
σκληρᾷ σαρκὶ καὶ τυλώδει τῇ ψυχῇ μώλωπα μὴ λαμβάνοντος.
Τούτων δὲ τοιούτων ὄντων οἱ τὴν ἐναντίαν διάθεσιν
ἔχοντες νέοι κἂν ἅπαξ ποτὲ ἀκούσωσι κακῶς,
φεύγοντες ἀνεπιστρεπτὶ καὶ δραπετεύοντες ἐκ φιλοσοφίας,
καλὴν ἀρχὴν πρὸς τὸ σωθῆναι τὸ αἰδεῖσθαι
παρὰ τῆς φύσεως ἔχοντες, ἀπολλύουσι διὰ τρυφὴν
καὶ μαλακίαν, οὐκ ἐγκαρτεροῦντες τοῖς ἐλέγχοις
οὐδὲ τὰς ἐπανορθώσεις δεχόμενοι γεννικῶς, ἀλλ´
ἐπὶ τὰς προσηνεῖς καὶ ἁπαλὰς ἀποστρέφοντες ὁμιλίας
τὰ ὦτα κολάκων τινῶν ἢ σοφιστῶν ἀνωφελεῖς καὶ
ἀνονήτους ἡδείας δὲ φωνὰς κατᾳδόντων. ὥσπερ
οὖν ὁ μετὰ τὴν τομὴν φεύγων τὸν ἰατρὸν καὶ τὸν
ἐπίδεσμον μὴ προσιέμενος τὸ μὲν ἀλγεινὸν ἀνεδέξατο,
τὸ δ´ ὠφέλιμον οὐχ ὑπέμεινε τῆς θεραπείας,
οὕτως ὁ τῷ χαράξαντι καὶ τρώσαντι λόγῳ τὴν
ἀβελτερίαν ἀπουλῶσαι καὶ καταστῆσαι μὴ παρασχὼν
ἀπῆλθε δηχθεὶς καὶ ἀλγήσας ἐκ φιλοσοφίας,
ὠφεληθεὶς δὲ μηδέν. οὐ γὰρ μόνον, ὡς Εὐριπίδης
φησί, τὸ Τηλέφου τραῦμα
πριστοῖσι λόγχης θέλγεται ῥινήμασιν,
ἀλλὰ καὶ τὸν ἐκ φιλοσοφίας ἐμφυόμενον εὐφυέσι
νέοις δηγμὸν αὐτὸς ὁ τρώσας λόγος ἰᾶται. διὸ δεῖ
πάσχειν μέν τι καὶ δάκνεσθαι, μὴ συντρίβεσθαι δὲ
μηδ´ ἀθυμεῖν τὸν ἐλεγχόμενον, ἀλλ´ ὥσπερ ἐν τελετῇ
κατηργμένης αὐτοῦ φιλοσοφίας τοὺς πρώτους
καθαρμοὺς καὶ θορύβους ἀνασχόμενον ἐλπίζειν τι
γλυκὺ καὶ λαμπρὸν ἐκ τῆς παρούσης ἀδημονίας καὶ
ταραχῆς. καὶ γὰρ ἂν ἀδίκως ἡ ἐπιτίμησις γίγνεσθαι
δοκῇ, καλὸν ἀνασχέσθαι καὶ διακαρτερῆσαι λέγοντος·
παυσαμένῳ δ´ αὐτὸν ἐντυχεῖν ἀπολογούμενον
καὶ δεόμενον τὴν παρρησίαν ἐκείνην καὶ τὸν τόνον,
ᾧ νῦν κέχρηται πρὸς αὐτόν, εἴς τι τῶν ἀληθῶς
ἁμαρτανομένων φυλάττειν.
| [16] Les avis et les réprimandes ne doivent pas plus être
écoutés avec indifférence qu'avec faiblesse. Car ceux qui
supportent aisément et avec dédain les blâmes des philosophes,
ceux qui vont jusqu'à rire des admonitions et à en
remercier les admonestants, comme font les parasites devant
les riches par qui ils sont nourris et bafoués, ces gens-là
sont des effrontés fieffés, des insolents, et ils donnent une
triste et douteuse preuve de leur fermeté en déployant une
telle impudence. Si une raillerie non injurieuse et tournée
spirituellement est lancée d'une façon plaisante, il n'y a ni
lâcheté ni sottise à la recevoir avec égalité d'humeur et
gaîté : c'est agir en homme d'un esprit libéral, en vrai Laconien.
Mais quand pour vous reprendre et vous corriger,
pour redresser en vous certain travers, on emploie, en guise
de remède violent, un langage injurieux, irez-vous l'entendre
sans une sorte de contraction, sans que la sueur vous
monte au front, sans que vous soyez saisi de vertige ? Ne
vous enflammerez-vous pas de dépit? Resterez-vous impassible,
souriant et prêt à railler vous-même ? S'il en est
ainsi, je verrai en vous un jeune homme déplorablement
étranger à tout instinct généreux, privé du sentiment de la
honte à force de commettre constamment de honteuses actions,
et sur l'âme de qui, comme sur une chair endurcie
et calleuse, la trace des coups ne laisse aucune impression.
A côté des jeunes gens que je viens de dépeindre il en
est d'autres qui, animés de dispositions toutes contraires,
s'indignent si une seule fois on leur adresse des paroles de
blâme ; ils tournent aussitôt les talons et abandonnent la
philosophie. L'excellent germe de conservation morale que
la nature avait mis en eux, à savoir la pudeur, ils le perdent
par faiblesse et lâcheté, incapables qu'ils sont d'endurer
un reproche et d'accepter généreusement les corrections.
Ils détournent leurs oreilles du côté des discours complaisants,
agréables, mais infructueux et inutiles, que leur
tiennent des flatteurs ou des faux philosophes à la voix
enchanteresse et pleine d'attraits. Ainsi, de même que le malade
qui, après une incision, fuit le chirurgien et ne veut
pas laisser bander sa plaie, a subi la douleur de l'opération
sans profiter de la guérison que lui aurait assurée le traitement ;
de même, si un discours vous a blessé en portant
à vif sur vos imperfections, vous ne permettez pas que la
plaie se cicatrise et disparaisse. Pourquoi lorsqu'une parole
sage vous a mordu, vous a fait souffrir, ne pas recueillir
l'utilité qu'elle contient? Ce n'est pas seulement la blessure
de Télèphe, comme dans Euripide, que
"Guérit le fer râclé qui tombe de la lance";
les blessures que le discours incisif de la philosophie imprime
sur l'âme des jeunes gens bien nés, c'est la parole
même qui doit les guérir, comme c'est elle qui les a faites.
Il faut accepter ces souffrances, ces morsures, sans que les
reproches nous écrasent et nous découragent. Ce doit être
à nos yeux le prélude de notre initiation à la philosophie.
Supportons les premières purifications, les premiers troubles,
dans l'espérance que ces tourments et ces épreuves
amèneront des dédommagements aussi doux que glorieux.
Même si la réprimande semble avoir été injuste, il y a
du mérite à supporter avec patience et résignation celui qui
l'inflige. Mais quand il aura fini son discours, il faudra
avoir une conférence avec lui afin de se justifier, et on
le priera de réserver pour une faute véritable la franchise,
la rigueur dont il vient d'user.
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