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Plutarque, Oeuvres morales, Comment écouter

Chapitre 17

  Chapitre 17

[17] Ἔτι τοίνυν ὥσπερ ἐν γράμμασι καὶ περὶ λύραν καὶ παλαίστραν αἱ πρῶται μαθήσεις πολὺν ἔχουσι θόρυβον καὶ πόνον καὶ ἀσάφειαν, εἶτα προιόντι κατὰ μικρὸν ὥσπερ πρὸς ἀνθρώπους συνήθεια πολλὴ καὶ γνῶσις ἐγγενομένη πάντα φίλα καὶ χειροήθη καὶ ῥᾴδια λέγειν τε καὶ πράττειν παρέσχεν, οὕτω δὴ καὶ φιλοσοφίας ἐχούσης τι καὶ γλίσχρον ἀμέλει καὶ ἀσύνηθες ἐν τοῖς πρώτοις ὀνόμασι καὶ πράγμασιν οὐ δεῖ φοβηθέντα τὰς ἀρχὰς ψοφοδεῶς καὶ ἀτόλμως ἐγκαταλιπεῖν, ἀλλὰ πειρώμενον ἑκάστου καὶ προσλιπαροῦντα καὶ γλιχόμενον τοῦ πρόσω τὴν πᾶν τὸ καλὸν ἡδὺ ποιοῦσαν ἀναμένειν συνήθειαν. ἥξει γὰρ οὐ διὰ μακροῦ πολὺ φῶς ἐπιφέρουσα τῇ μαθήσει καὶ δεινοὺς ἔρωτας ἐνδιδοῦσα πρὸς τὴν ἀρετήν, ὧν ἄνευ πάνυ τλήμονος ἀνδρός ἐστιν δειλοῦ τὸν ἄλλον ὑπομένειν βίον, ἐκπεσόντα δι´ ἀνανδρίαν φιλοσοφίας. Ἴσως μὲν οὖν ἔχει τι καὶ τὰ πράγματα τοῖς ἀπείροις καὶ νέοις ἐν ἀρχῇ δυσκατανόητον· οὐ μὴν ἀλλὰ τῇ γε πλείστῃ περιπίπτουσιν ἀσαφείᾳ καὶ ἀγνοίᾳ δι´ αὑτούς, ἀπ´ ἐναντίων φύσεων ταὐτὸν ἁμαρτάνοντες. οἱ μὲν γὰρ αἰσχύνῃ τινὶ καὶ φειδοῖ τοῦ λέγοντος ὀκνοῦντες ἀνερέσθαι καὶ βεβαιώσασθαι τὸν λόγον, ὡς ἔχοντες ἐν νῷ συνεπινεύουσιν, οἱ δ´ ὑπὸ φιλοτιμίας ἀώρου καὶ κενῆς πρὸς ἑτέρους ἁμίλλης ὀξύτητα καὶ δύναμιν εὐμαθείας ἐπιδεικνύμενοι, πρὶν λαβεῖν ἔχειν ὁμολογοῦντες, οὐ λαμβάνουσιν. εἶτα συμβαίνει τοῖς μὲν αἰδήμοσι καὶ σιωπηλοῖς ἐκείνοις, ὅταν ἀπέλθωσι, λυπεῖν αὑτοὺς καὶ ἀπορεῖσθαι, καὶ τέλος αὖθις ὑπ´ ἀνάγκης ἐλαυνομένους σὺν αἰσχύνῃ μείζονι τοῖς εἰποῦσιν ἐνοχλεῖν ἀναπυνθανομένους καὶ μεταθέοντας, τοῖς δὲ φιλοτίμοις καὶ θρασέσιν ἀεὶ περιστέλλειν καὶ ἀποκρύπτειν συνοικοῦσαν τὴν ἀμαθίαν. [17] Encore une recommandation. De même que pour apprendre à lire, à jouer de la cithare, à s'exercer dans la palestre, les commencements de l'étude sont pleins d'embarras, de labeur et d'obscurité, mais qu'en avançant on s'habitue peu à peu à ces pratiques élémentaires et que l'on fait connaissance avec elles comme avec des personnes, si bien que tout devient agréable, familier, facile à dire, facile à exécuter; de même la philosophie offre, il est vrai, dans les commencements quelque chose de sec et d'étrange et par les mots qu'elle emploie et par les matières dont elle traite ; mais il ne faut pas que la crainte de ces préliminaires nous détermine à la laisser de côté, à fuir en hommes qui manquent de courage et que le moindre bruit épouvante. Que nos efforts s'appliquent avec persévérance sur chaque détail, que notre désir d'avancer soit constant, et nous pourrons compter sur les effets de l'habitude, qui a la propriété de rendre agréable tout ce qui est beau et honnête. Elle ne tardera pas, en effet, à venir : elle jettera une vive clarté sur l'objet de nos efforts, et nous inspirera des amours immenses pour la vertu. Mais si ces amours nous manquent, nous ne serons plus que des malheureux ou des lâches, nous traînerons péniblement le reste de notre existence, déchus, faute de coeur, des hautes destinées où nous appelait la philosophie. Peut-être, en effet, dans le commencement ces matières offriront-elles aux esprits neufs et sans expérience quelques difficultés pour être comprises ; mais, le plus souvent, c'est par leur fait personnel que les jeunes gens restent dans les ténèbres de l'ignorance ; et avec des natures différentes ils tombent dans une faute commune. Les uns, péchant par trop de honte et de réserve, hésitent à questionner celui qui fait la leçon, à s'assurer indubitablement de ce qu'il a dit, et par leurs signes de tête affirmatifs ils laissent croire que la parole a pénétré dans leur intelligence. Il y eu a que préoccupe l'ambition, aussi déplacée que vaine, de prévaloir sur les autres ; et pour faire preuve de vivacité, de force, de promptitude dans la conception, ils disent, avant d'avoir saisi, qu'ils comprennent parfaitement, et de cette manière ils ne retiennent rien. Qu'arrive-t-il de là ? Les premiers, avec leur honte et leur silence, se chagrinent quand ils se sont retirés. Leur embarras est tel qu'ils finissent par céder à la nécessité : ils vont, une seconde fois, plus honteux encore, importuner celui qui a parlé ; et les voilà reprenant chaque question, revenant sur le discours entier. Quant à nos prétentieux, à nos superbes, ils s'occupent constamment de dissimuler et de couvrir l'ignorance qui est restée dans leurs esprits.


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Dernière mise à jour : 3/11/2005