[18] Πᾶσαν οὖν ἀπωσάμενοι τὴν τοσαύτην βλακείαν
καὶ ἀλαζονείαν καὶ πρὸς τὸ μαθεῖν ἰόντες καὶ
περὶ τὸ λαβεῖν τῇ διανοίᾳ τὸ χρησίμως λεγόμενον
ὄντες, ὑπομένωμεν τοὺς τῶν εὐφυῶν δοκούντων
γέλωτας, ὥσπερ ὁ Κλεάνθης καὶ ὁ Ξενοκράτης βραδύτεροι
δοκοῦντες εἶναι τῶν συσχολαστῶν οὐκ ἀπεδίδρασκον
ἐκ τοῦ μανθάνειν οὐδ´ ἀπέκαμνον, ἀλλὰ
φθάνοντες εἰς ἑαυτοὺς ἔπαιζον, ἀγγείοις τε βραχυστόμοις
καὶ πινακίσι χαλκαῖς ἀπεικάζοντες, ὡς
μόλις μὲν παραδεχόμενοι τοὺς λόγους, ἀσφαλῶς
δὲ καὶ βεβαίως τηροῦντες. οὐ γὰρ μόνον, ὥς φησι Φωκυλίδης,
πόλλ´ ἀπατηθῆναι διζήμενον ἔμμεναι ἐσθλόν,
ἀλλὰ καὶ γελασθῆναι δεῖ πολλὰ καὶ ἀδοξῆσαι, καὶ
σκώμματα καὶ βωμολοχίας ἀναδεξάμενον ὤσασθαι
παντὶ τῷ θυμῷ καὶ καταθλῆσαι τὴν ἀμαθίαν.
Οὐ μὴν οὐδὲ τῆς πρὸς τοὐναντίον ἁμαρτίας ἀμελητέον,
ἣν ἁμαρτάνουσιν οἱ μὲν ὑπὸ νωθείας, ἀηδεῖς
καὶ κοπώδεις ὄντες· οὐ γὰρ ἐθέλουσι γενόμενοι καθ´
αὑτοὺς πράγματα ἔχειν, ἀλλὰ παρέχουσι τῷ λέγοντι,
πολλάκις ἐκπυνθανόμενοι περὶ τῶν αὐτῶν, ὥσπερ
ἀπτῆνες νεοσσοὶ κεχηνότες ἀεὶ πρὸς ἀλλότριον
στόμα καὶ πᾶν ἕτοιμον ἤδη καὶ διαπεπονημένον ὑπ´
ἄλλων ἐκλαμβάνειν ἐθέλοντες. ἕτεροι δὲ προσοχῆς
καὶ δριμύτητος ἐν οὐ δέοντι θηρώμενοι δόξαν ἀποκναίουσι
λαλιᾷ καὶ περιεργίᾳ τοὺς λέγοντας, ἀεί τι
προσδιαποροῦντες τῶν οὐκ ἀναγκαίων καὶ ζητοῦντες
ἀποδείξεις τῶν οὐ δεομένων·
οὕτως ὁδὸς βραχεῖα γίγνεται μακρά,
ὥς φησι Σοφοκλῆς, οὐκ αὐτοῖς μόνον ἀλλὰ καὶ τοῖς
ἄλλοις. ἀντιλαμβανόμενοι γὰρ ἑκάστοτε κεναῖς
καὶ περιτταῖς ἐρωτήσεσι τοῦ διδάσκοντος, ὥσπερ
ἐν συνοδίᾳ, τὸ ἐνδελεχὲς ἐμποδίζουσι τῆς μαθήσεως,
ἐπιστάσεις καὶ διατριβὰς λαμβανούσης.
οὗτοι μὲν οὖν κατὰ τὸν Ἱερώνυμον ὥσπερ οἱ
δειλοὶ καὶ γλίσχροι σκύλακες τὰ δέρματα δάκνοντες
οἴκοι καὶ τὰ τίλματα τίλλοντες τῶν θηρίων
αὐτῶν οὐχ ἅπτονται· τοὺς δ´ ἀργοὺς ἐκείνους
παρακαλῶμεν, ὅταν τὰ κεφάλαια τῇ νοήσει περιλάβωσιν,
αὐτοὺς δι´ αὑτῶν τὰ λοιπὰ συντιθέναι,
καὶ τῇ μνήμῃ χειραγωγεῖν τὴν εὕρεσιν, καὶ τὸν
ἀλλότριον λόγον οἷον ἀρχὴν καὶ σπέρμα λαβόντας
ἐκτρέφειν καὶ αὔξειν. οὐ γὰρ ὡς ἀγγεῖον ὁ νοῦς
ἀποπληρώσεως ἀλλ´ ὑπεκκαύματος μόνον ὥσπερ
ὕλη δεῖται, ὁρμὴν ἐμποιοῦντος εὑρετικὴν καὶ
ὄρεξιν ἐπὶ τὴν ἀλήθειαν. ὥσπερ οὖν εἴ τις ἐκ
γειτόνων πυρὸς δεόμενος, εἶτα πολὺ καὶ λαμπρὸν
εὑρὼν αὐτοῦ καταμένοι διὰ τέλους θαλπόμενος,
οὕτως εἴ τις ἥκων λόγου μεταλαβεῖν πρὸς ἄλλον
οὐκ οἴεται δεῖν φῶς οἰκεῖον ἐξάπτειν καὶ νοῦν
ἴδιον, ἀλλὰ χαίρων τῇ ἀκροάσει κάθηται θελγόμενος,
οἷον ἔρευθος ἕλκει καὶ γάνωμα τὴν δόξαν
ἀπὸ τῶν λόγων, τὸν δ´ ἐντὸς εὐρῶτα τῆς ψυχῆς
καὶ ζόφον οὐκ ἐκτεθέρμαγκεν οὐδ´ ἐξέωκε διὰ φιλοσοφίας.
Εἰ δεῖ τινος οὖν πρὸς ἀκρόασιν ἑτέρου παραγγέλματος,
δεῖ καὶ τοῦ νῦν εἰρημένου μνημονεύοντας
ἀσκεῖν ἅμα τῇ μαθήσει τὴν εὕρεσιν, ἵνα μὴ σοφιστικὴν
ἕξιν μηδ´ ἱστορικὴν ἀλλ´ ἐνδιάθετον καὶ
φιλόσοφον λαμβάνωμεν, ἀρχὴν τοῦ καλῶς βιῶναι
τὸ καλῶς ἀκοῦσαι νομίζοντες.
| [18] Nous repousserons donc toute lâcheté en ce genre,
aussi bien que toute fanfaronnade. Décidés à nous instruire,
à nous approprier au profit de notre intelligence
les discours utiles, laissons rire de nous ceux qui se regardent
comme des génies privilégiés, et songeons à Cléanthe
et à Xénocrate. L'un et l'autre ils paraissaient plus lents
que leurs condisciples, mais ils ne discontinuèrent jamais
d'apprendre et ne se découragèrent pas. Ils étaient les
premiers à rire d'eux-mêmes, et se comparaient à des vases
de goulot étroit et à des tablettes de bronze, ce qui voulait
dire, qu'ils recevaient l'instruction avec difficulté, mais
qu'ils la retenaient d'une manière sûre et durable. Car
non- seulement, comme dit Phocylide,
"Pour être homme de bien il faut plus d'un mécompte",
mais il est nécessaire encore d'avoir été souvent l'objet
de brocards, d'humiliations , de sarcasmes, de plaisanteries
de mauvais goût ; et c'est après avoir de toutes ses
forces repoussé l'ignorance, que l'on finit par triompher
d'elle. On ne doit pas, non plus, négliger de se tenir
en garde contre une faute opposée, celle où tombent les
auditeurs que leur compréhension tardive rend désagréables
et fatigants. Ils ne veulent jamais payer de leur
personne, jamais se donner aucun embarras, tandis qu'à
celui qu'on écoute ils en suscitent par les questions réitérées
qu'ils lui adressent sur les mêmes matières. Comme des
petits oiseaux encore dénués de plumes, ils attendent,
toujours béants, une bouche étrangère, et il leur faut, en
quelque sorte, une nourriture toute prête et déjà toute
mâchée. D'autres, recherchant mal à propos une réputation
d'auditeurs très attentifs et très pénétrants, importunent
par leur bavardage et par leur curiosité celui qui
fait la leçon. Ils proposent toujours quelques doutes
nouveaux là où ce n'est nullement nécessaire, et ils réclament
des démonstrations pour des objets qui n'en ont pas besoin.
Ainsi pour eux s'allonge un chemin des plus courte
comme dit Sophocle; et non seulement pour eux, mais
encore pour les autres. En effet ils s'emparent chaque fois
du maître par leurs questions, aussi vaines et aussi superflues
que celles qu'échangent entre eux des promeneurs;
et ils font disparaître toute suite dans l'enseignement par
ces interruptions et ces retards. Ils ressemblent, selon
Hiéronyme, à ces chiens peureux, à ces roquets, qui à la maison
mordent la peau et tirent le poil des bêtes apportées
mortes, mais qui n'attaquent point elles-mêmes le gibier
sauvage. Engageons ces gens à l'esprit paresseux, quand
ils auront mis dans leur tête les points principaux d'un
discours, à composer en eux-mêmes le reste, à faire cheminer
en quelque sorte pas à pas leur imagination en
même temps que leur mémoire, et à regarder la parole
du maître comme un principe et un germe qu'il s'agit de
nourrir et de développer. Car l'esprit n'est pas comme un
vase qui a besoin d'être rempli; c'est plutôt une substance
qu'il s'agit seulement d'échauffer; il faut inspirer à cet esprit
une ardeur d'investigation qui le pousse vigoureusement à
la recherche de la vérité. Supposez un homme qui va demander
du feu chez des voisins, et qui, trouvant là un
brasier vaste et bien flambant, y reste jusqu'à la fin pour
se réchauffer : de même, plus d'un, qui était venu recueillir
la parole d'un autre, croit n'avoir pas besoin d'allumer son
propre feu, le feu de son intelligence personnelle; il est
charmé de ce qu'il entend, et s'assied avec plaisir. A ce
foyer il prend bien une sorte de rougeur et d'illumination:
je veux dire que de tels discours l'aident a se former une
opinion; mais les souillures, les ténèbres de son âme ne sont
pas dissipées par cette chaleur, et la philosophie ne l'en a
pas débarrassé.
Si pour acquérir la science de bien écouter on a besoin
de quelqu'autre précepte, on se remettra en mémoire ce
que je viens de dire précisément tout à l'heure, à savoir
que l'imagination doit être exercée concurremment avec la
mémoire. De cette manière nous acquerrons un mérite qui
ne sera ni d'apparat ni d'emprunt, mais qui nous sera
entièrement personnel, parce qu'il s'appuiera sur une solide
philosophie et parce que nous nous serons bien convaincus
que le commencement de bien vivre, c'est de bien écouter.
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