[965] (965a) « ἀντίδουλα καὶ πόνων ἐκδέκτορα· »
κυσὶ δὲ χρώμενοι προφυλάττουσιν, αἶγάς τε καὶ ὄϊς ἀμελγομένας καὶ
κειρομένας νέμοντες. Οὐ γὰρ ἀναιρεῖται τὸ ζῆν οὐδὲ βίος ἀπόλλυται τοῖς
ἀνθρώποις, ἂν μὴ λοπάδας ἰχθύων μηδ' ἥπατα χηνῶν ἔχωσι μηδὲ βοῦς μηδ'
ἐρίφους κατακόπτωσιν ἐπ' εὐωχίᾳ, μηδ' ἀλύοντες ἐν θεάτροις μηδὲ παίζοντες
ἐν θήραις τὰ μὲν ἀναγκάζωσι τολμᾶν ἄκοντα καὶ μάχεσθαι, τὰ δὲ μηδ'
ἀμύνεσθαι πεφυκότα διαφθείρωσι. Τὸν γὰρ παίζοντα καὶ τερπόμενον οἶμαι
συμπαίζουσι δεῖν χρῆσθαι καὶ ἱλαροῖς, οὐχ ὥσπερ ὁ Βίων (965b) ἔλεγε τὰ
παιδάρια παίζοντα τῶν βατράχων τοῖς λίθοις ἐφίεσθαι, τοὺς δὲ βατράχους
μηκέτι παίζοντας ἀλλ' ἀληθῶς ἀποθνήσκειν, οὕτω κυνηγεῖν καὶ ἁλιεύειν,
ὀδυνωμένοις τερπομένους καὶ ἀποθνήσκουσι, τοῖς δ' ἀπὸ σκύμνων καὶ νεοσσῶν
ἐλεεινῶς ἀγομένοις. Οὐ γὰρ οἱ χρώμενοι ζῴοις ἀδικοῦσιν, ἀλλ' οἱ χρώμενοι
βλαβερῶς καὶ ὀλιγώρως καὶ μετ' ὠμότητος.
(ΣΟΚΛΑΡΟΣ) Ἐπίσχες, ὦ Αὐτόβουλε, καὶ παραβαλοῦ τὸ θυρίον τῆς κατηγορίας· ἐγγὺς
γὰρ οἵδε προσιόντες πολλοὶ καὶ θηρατικοὶ πάντες, οὓς οὔτε μεταθεῖναι
ῥᾴδιον οὔτε λυπεῖν ἀναγκαῖον.
(ΑΥΤΟΒΥΛΕ) Ὀρθῶς παραινεῖς· ἀλλ' Εὐβίοτον μὲν εὖ οἶδα καὶ (965c) τὸν ἐμὸν ἀνεψιὸν
Ἀρίστωνα, τούς τε Διονυσίου παῖδας ἀπὸ Δελφῶν, Αἰακίδην καὶ Ἀριστότιμον
τοῦτον, εἶτα Νίκανδρον τὸν Εὐθυδάμου, χερσαίας « δαήμονας » ἄγρας ὡς
Ὅμηρος ἔφη, καὶ διὰ τοῦτο πρὸς Ἀριστοτίμου γενησομένους· ὥσπερ αὖ πάλιν
τούσδε τοὺς νησιώτας καὶ παραλίους, Ἡρακλέωνα τὸν Μεγαρόθεν καὶ
Φιλόστρατον τὸν Εὐβοέα,
« τοῖσίν τε θαλάσσια ἔργα μέμηλε »,
Φαίδιμος ἔχων περὶ αὑτὸν βαδίζει.
« Τυδείδην δ' οὐκ ἂν γνοίης ποτέροισι μετείη » ,
τουτονὶ τὸν ἡμέτερον ἡλικιώτην Ὀπτᾶτον, ὃς
« Πολλοῖς μὲν ἐνάλου ὀρείου δὲ πολλοῖς ἄγρας ἀκροθινίοις ἀγλαΐσας »
τὴν Ἀγροτέραν ἅμα θεὸν καὶ Δίκτυνναν, ἐνταῦθα (965d) δῆλός ἐστι πρὸς ἡμᾶς
βαδίζων, ὡς μηδετέροις προσθήσων
ἑαυτόν· ἢ φαύλως εἰκάζομεν, ὦ φίλε Ὀπτᾶτε, κοινόν σε καὶ μέσον ἔσεσθαι τῶν
νεανίσκων βραβευτήν;
(ΟΠΤΑΤΟΣ) Πάνυ μὲν οὖν ὀρθῶς ὑπονοεῖς, ὦ Αὐτόβουλε· πάλαι γὰρ ὁ Σόλωνος
ἐκλέλοιπε νόμος, τοὺς ἐν στάσει μηδετέρῳ μέρει προσγενομένους κολάζων.
(ΑΥΤΟΒΥΛΕ) Δεῦρο δὴ καθίζου πρὸς ἡμᾶς, ὅπως, εἰ δεήσει μάρτυρος, μὴ τοῖς
Ἀριστοτέλους πράγματα βιβλίοις παρέχωμεν, ἀλλὰ σοὶ δι' ἐμπειρίαν ἑπόμενοι
τοῖς λεγομένοις ἀληθῶς τὴν ψῆφον ἐπιφέρωμεν.
(ΣΟΚΛΑΡΟΣ) Εἶεν, ὦ ἄνδρες νέοι, γέγονέ τις ὑμῖν ὁμολογία περὶ τάξεως;
(ΦΑΙΔΙΜΟΣ) Γέγονεν, ὦ Σώκλαρε, πολλὴν παρασχοῦσα (965e) φιλονεικίαν· εἶτα
κατ' Εὐριπίδην
« Ὁ τῆς τύχης παῖς κλῆρος ἐπὶ τούτῳ ταγεὶς »
τὰ χερσαῖα προεισάγει δίκαια τῶν ἐνάλων.
(ΣΟΚΛΑΡΟΣ) Καιρὸς οὖν, ὦ Ἀριστότιμε, σοὶ μὲν ἤδη λέγειν ἡμῖν δ' ἀκούειν.
(ΑΡΙΣΤΟΤΙΜΟΣ) Ἡ μὲν ἀγορὰ τοῖς δικαζομένοις - - - τὰ δὲ τὸν γόνον ἀναλίσκει
περὶ τὰς ἀποκυήσεις ἐπιτρέχοντα τοῖς θήλεσι· κεστρέως δὲ γένος, οὓς
παρδίας καλοῦσιν, ἀπὸ τῆς μύξης τρέφονται τῆς ἑαυτῶν· ὁ δὲ πολύπους αὑτὸν
ἐσθίων κάθηται χειμῶνος
« Ἐν τ' ἀπύρῳ οἴκῳ καὶ ἐν ἤθεσι λευγαλέοισιν· »
οὕτως ἀργὸς ἢ ἀναίσθητος ἢ γαστρίμαργος ἢ πᾶσι τούτοις ἔνοχός ἐστι. Διὸ
καὶ Πλάτων αὖ (965f) πάλιν ἀπεῖπε νομοθετῶν μᾶλλον δ' ἀπεύξατο τοὺς νέους
θαλαττίου θήρας ἔρωτα λαβεῖν· οὐδὲν γὰρ ἀλκῆς γυμνάσιον οὐδὲ μελέτημα
σοφίας οὐδ' ὅσα πρὸς ἰσχὺν ἢ τάχος ἢ κινήσεις διαπονοῦσι τοῖς πρὸς
λάβρακας ἢ γόγγρους ἢ σκάρους ἀγῶσιν·
| [965] (965a) "Afin de partager nos utiles travaux".
Ainsi l'on se sert des chiens pour garder les chèvres et les brebis,
pendant qu'on les fait paître, qu'on les trait ou qu'on les tond.
Mais on n'ôte point aux hommes les nécessités et les ressources de la vie parce
qu'on ne leur sert point des plats remplis de poissons et de foie gras;
qu'ils n'ont pas dans leurs banquets des bœufs et des chevreaux entiers à
découper ; ou que pour se divertir sur leurs théâtres et se donner le
plaisir de la chasse, ils ne peuvent plus forcer des animaux à se battre,
ou en égorger d'autres que la nature a laissés sans défense. On ne doit
jouer et s'amuser qu'avec ceux qui peuvent partager nos plaisirs, et ne
pas imiter ces enfants qui, comme disait Bion, (965b) s'amusent à jeter
des pierres aux grenouilles; mais les grenouilles, loin de se plaire à ce
jeu, en sont les victimes. Il ne faut pas non plus s'exercer à la chasse
ou à la pèche pour le plaisir de voir souffrir des animaux, de les
égorger, et surtout d'arracher cruellement des petits à leur mère. Car ce
n'est pas l'usage même des animaux qui en soi est injuste; c'est l'abus
qu'on en fait, c'est la violence, c'est la barbarie avec laquelle on les traite.
(SOCLARUS) Arrêtez-vous, Autobule, et renvoyez à une autre fois votre
accusation. Je vois venir plusieurs jeunes gens, tous grands chasseurs,
qu'il ne serait pas facile de remettre à un autre jour, et qu'il ne faut
pas offenser.
(AUTOBULE) Vous me donnez un bon avis. Je reconnais parmi eux Eubiotus
(965c) et mon ami Ariston, les deux fils de Dionysius de Delphes, Eacidès et
Aristotime, et enfin Nicandre, fils d'Euthydamus,
"Tous habiles chasseurs",
comme dit Homère, et qui, par cette raison, se rangeront du côté
d'Aristotime. Au contraire, ces habitants de villes insulaires ou
maritimes, Héracléon de Mégare, Philostrate d'Eubéa,
"Qui tous font leur état de courir sur les mers",
sont conduits par Phédime. Quant au dernier que j'aperçois,
"J'ignore en quelle classe il voudra se ranger".
Je parle d'Optatus, notre compagnon d'âge, qui a souvent offert les
prémices de sa chasse et de sa pêche à Diane, également honorée sous le
nom d'Agrotère et sous celui de Dictymne. (965d) Il vient à nous d'un
air qui semble dire qu'il restera neutre entre les deux partis. Me
trompé-je, mon cher Optatus, quand je prévois que vous serez arbitre
entre ces jeunes gens ?
(OPTATUS) Vous l'avez deviné, mon cher Autobule; car il y a longtemps que
la loi de Solon qui punissait tout citoyen lequel, dans une sédition, ne
se rangeait d'aucun parti, est tombée en désuétude.
(AUTOBULE) Placez-vous donc auprès de nous, et si nous avons besoin d'une
autorité, au lieu de feuilleter les ouvrages d'Aristote, nous nous en
rapporterons à votre expérience, et nous donnerons notre suffrage en connaissance
de cause.
(SOCLARUS) Eh bien ! jeunes gens, êtes-vous convenus de l'ordre dans lequel
vous parlerez?
(PHÉDIME) Oui, Soclarus; après un long débat à ce sujet, (965e) le Sort,
qui, suivant Euripide,
Est fils de la Fortune, a fini la querelle.
Il a décidé que la cause des animaux terrestres serait plaidée la première.
(SOCLARUS) C'est donc à vous, Aristotime, à commencer; nous sommes disposés
à vous écouter.
(ARISTOTIME) Le barreau est ouvert aux plaideurs.... Il y a des
animaux qui font périr leurs petits en courant après leurs femelles quand
elles sont près de mettre bas. Il y a parmi les poissons une espèce de
mulets qu'on appelle pardes, qui se nourrissent de leurs propres
mucosités. Le polype se mange lui-même pendant l'hiver qu'il passe
"Dans une maison froide, au sein de la misère" :
tant il est ou paresseux, ou stupide, ou goulu, ou même tout cela
ensemble! Platon, dans ses Lois, (965f) ordonne, ou plutôt désire que les
jeunes gens ne s'adonnent point à la pêche, parce qu'ils n'exercent pas
leur force, leur vigueur, leur industrie, leur agilité et leur souplesse à
poursuivre et à combattre des loups marins, des congres et des scares,
|