HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?

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[964] (964a) εἰ πᾶσι τοῖς ζῴοις λόγου μέτεστι· γίγνεται γὰρ τὸ ἀδικεῖν ἀναγκαῖον ἡμῖν ἀφειδοῦσιν αὐτῶν, μὴ χρωμένων αὐτοῖς τὸ ζῆν ἀδύνατον καὶ ἄπορον· καὶ τρόπον τινὰ θηρίων βίον βιωσόμεθα, τὰς ἀπὸ τῶν θηρίων προέμενοι χρείας. Ἀφίημι γὰρ Νομάδων καὶ Τρωγλοδυτῶν ἀνεξευρέτους ἀριθμῷ μυριάδας, οἳ τροφὴν σάρκας ἄλλο δ' οὐδὲν ἴσασιν· ἀλλ' ἡμῖν τοῖς ἡμέρως καὶ φιλανθρώπως ζῆν δοκοῦσι ποῖον ἔργον ἀπολείπεται γῆς, ποῖον ἐν θαλάττῃ, τίς ἐν ὄρεσι τέχνη, τίς κόσμος διαίτης, ἂν ὡς προσήκει λογικοῖς καὶ ὁμοφύλοις πᾶσι τοῖς ζῴοις οὖσιν (964b) ἀβλαβῶς καὶ μετ' εὐλαβείας προσφέρεσθαι μάθωμεν, ἔργον ἐστὶν εἰπεῖν. Οὐδὲν οὖν φάρμακον οὐδ' ἴαμα τῆς τὸν βίον ἀναιρούσης τὴν δικαιοσύνην ἀπορίας {οὐδὲν} ἔχομεν, ἂν μὴ τὸν ἀρχαῖον ὅρον καὶ νόμον φυλάττωμεν, καθ' Ἡσίοδον τὰς φύσεις διελὼν καὶ θέμενος ἰδίᾳ τῶν γενῶν ἑκάτερον « Ἰχθύσι μὲν καὶ θηρσὶ καὶ οἰωνοῖς πετεηνοῖς ἔσθειν ἀλλήλους, ἐπεὶ οὐ δίκη ἔστι μετ' αὐτοῖς, ἀνθρώποισι δ' ἔδωκε δίκην » πρὸς ἀλλήλους. Οἷς δ' οὐκ ἔστι τὸ δικαιοπραγεῖν πρὸς ἡμᾶς, οὐδ' ἡμῖν πρὸς ἐκεῖνα γίγνεται τὸ ἀδικεῖν· ὡς οἵ γε τοῦτον προέμενοι τὸν λόγον οὔτ' εὐρεῖαν ἄλλην οὔτε (964c) λιτὴν τῇ δικαιοσύνῃ παρεισελθεῖν ὁδὸν ἀπολελοίπασι. (ΑΥΤΟΒΥΛΕ) Ταῦτα μέν, φίλε, « τἀπὸ καρδίας » τῶν ἀνδρῶν ἐξείρηκας· οὐ μὴν δοτέον, ὥσπερ δυστοκούσαις γυναιξί, περιάψασθαι τοῖς φιλοσόφοις ὠκυτόκιον, ἵνα ῥᾳδίως καὶ ἀταλαιπώρως τὸ δίκαιον ἡμῖν ἀποτέκωσιν. Οὐδὲ γὰρ αὐτοὶ τῷ Ἐπικούρῳ διδόασιν ὑπὲρ τῶν μεγίστων σμικρὸν οὕτω πρᾶγμα καὶ φαῦλον, ἄτομον παρεγκλῖναι μίαν ἐπὶ τοὐλάχιστον, ὅπως ἄστρα καὶ ζῷα καὶ τύχη παρεισέλθῃ καὶ τὸ ἐφ' ἡμῖν μὴ ἀπόληται· δεικνύναι δὲ τὸ ἄδηλον λαμβάνειν τι τῶν προδήλων προσήκει καὶ μή τι περὶ τῶν ζῴων ὑποτίθεσθαι πρὸς τὴν δικαιοσύνην, εἰ μήθ' ὁμολογεῖται μήτ' ἄλλως ἀποδεικνύουσιν. (964d) Ἔχει γὰρ ἑτέραν ὁδὸν ἐκεῖ τὸ δίκαιον οὐ σφαλερὰν καὶ παράκρημνον οὕτω καὶ διὰ τῶν ἐναργῶν ἀνατρεπομένων ἄγουσαν, ἀλλ' ἥν, Πλάτωνος ὑφηγουμένου, δείκνυσιν οὑμὸς υἱός, Σώκλαρε, σὸς δ' ἑταῖρος, τοῖς μὴ φιλομαχεῖν ἕπεσθαι δὲ καὶ μανθάνειν βουλομένοις. Ἐπεὶ τό γε μὴ παντάπασι καθαρεύειν ἀδικίας τὸν ἄνθρωπον οὕτω τὰ ζῷα μεταχειριζόμενον Ἐμπεδοκλῆς καὶ Ἡράκλειτος ὡς ἀληθὲς προσδέχονται, πολλάκις ὀδυρόμενοι καὶ λοιδοροῦντες τὴν φύσιν, ὡς ἀνάγκην καὶ πόλεμον οὖσαν, (964e) ἀμιγὲς δὲ μηδὲν μηδ' εἰλικρινὲς ἔχουσαν ἀλλὰ διὰ πολλῶν κἀδίκων παθῶν περαινομένην· ὅπου καὶ τὴν γένεσιν αὐτὴν ἐξ ἀδικίας συντυγχάνειν λέγουσι, τῷ θνητῷ συνερχομένου τοῦ ἀθανάτου, καὶ τρέφεσθαι τὸ γεννώμενον παρὰ φύσιν μέλεσι τοῦ γεννήσαντος ἀποσπωμένοις. οὐ μὴν ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἄκρατα καὶ πικρὰ φαίνεται κατακόρως· Ἑτέρα δ' ἐστὶν ἐμμελὴς παρηγορία, μήτε τῶν ζῴων τὸν λόγον ἀφαιρουμένη καὶ σῴζουσα χρωμένων αὐτοῖς ὡς προσήκει τὸ δίκαιον, ἣν τῶν σοφῶν καὶ παλαιῶν εἰσαγόντων συστᾶσα λαιμαργία μεθ' ἡδυπαθείας ἐξέβαλε καὶ ἠφάνισεν, αὖθις δὲ Πυθαγόρας ἀνελάμβανε, διδάσκων (964f) ὠφελεῖσθαι μὴ ἀδικοῦντας. Οὐ γὰρ ἀδικοῦσιν οἱ τὰ μὲν ἄμικτα καὶ βλαβερὰ κομιδῇ κολάζοντες καὶ ἀποκτιννύοντες, τὰ δ' ἥμερα καὶ φιλάνθρωπα ποιούμενοι τιθασὰ καὶ συνεργὰ χρείας, πρὸς ἣν ἕκαστον εὖ πέφυκεν, « Ἵππων ὄνων τ' ὀχεῖα καὶ ταύρων γονάς, » ὧν Αἰσχύλου Προμηθεύς « δοῦναι » φησὶν ἡμῖν [964] (964a) si l'on accorde la raison à tous les animaux ; car alors il faut de toute nécessité, ou que nous soyons injustes en les traitant comme nous le faisons, ou que si nous les épargnons et que nous nous abstenions d'en faire usage, il nous soit impossible de vivre, ou du moins de vivre commodément et de n'être pas réduits à une vie agreste et sauvage. En effet, sans parler des peuples nomades et des Troglodytes, dont le nombre est si grand et qui n'ont d'autre nourriture que la chair des animaux, nous, qui passons pour mener une vie douce et humaine, quels travaux nous restera-t-il à faire sur terre, sur mer et sur les montagnes? Quel art à exercer, quel embellissement autour de nous, si, les animaux étant raisonnables et de la même nature que nous, (964b) il convient que, loin de leur faire aucun mal, nous les traitions avec ménagement? Je ne vois aucun remède, aucune solution à cette difficulté qui nous ôte les ressources de la vie ou qui nous rend injustes, si nous nous écartons des lois et des bornes antiques qui, suivant Hésiode, séparent les différentes natures et distinguent chaque espèce. "Les poissons, les oiseaux et les bêtes sauvages Se déchirent entre eux par d'horribles carnages. C'est que de la justice ils ignorent les lois; L'homme seul en connaît, en respecte les droits". Puis donc qu'ils ne peuvent pas exercer la justice envers nous, nous ne pouvons pas non plus être injustes à leur égard ; et ceux qui n'admettent point cette conséquence nous (964c) ôtent tous les avantages de la vie et ferment toute voie à la justice. (AUTOBULE) Certainement, mon cher Soclarus, vous avez bien rendu les vrais sentiments de ces philosophes; mais il ne faut pas faire avec eux comme avec les femmes qui ont un enfantement difficile, et à qui l'on donne des remèdes pour le faciliter. Ne leur procurons pas ainsi les moyens d'enfanter la justice si aisément et presque sans effort. Ils ne sont pas eux-mêmes, dans les points les plus importants de la philosophie, si complaisants pour Épicure, auquel ils refusent la chose la plus simple, cette légère déclinaison des atomes, avec laquelle il plaçait dans l'univers les astres, les animaux, la Fortune, et nous conservait en même temps notre libre arbitre. Il faut prouver ce qui est douteux, et ne prendre pour principe de ses raisonnements que ce qui est certain. Ils ne doivent donner que comme une supposition ce qu'ils disent de la justice à exercer envers les animaux, puisqu'on est loin de le leur accorder, et qu'ils ne le démontrent pas. (964d) Il est une autre voie d'établir la justice parmi les hommes, qui n'est pas aussi incertaine, aussi fragile, et qui, conforme à l'évidence, nous mène par un sentier tout différent. C'est celle que mon fils, voire ami, guidé par Platon, montre à ceux qui n'aiment point à disputer, mais qui cherchent à s'instruire. Que l'homme ne soit pas totalement exempt d'injustice dans la manière dont il traite les animaux, c'est l'opinion d'Empédocle et d'Héraclite, qui se plaignent souvent de la nature, qui l'accusent d'agir en ennemie, (964e) d'employer la violence, l'artifice et le déguisement, et de n'arriver à ses fins que par une foule de passions injustes; ils vont jusqu'à dire que la génération des hommes est une injustice, puisqu'on y joint le mortel avec l'immortel, et que l'être engendré se fait un plaisir d'arracher violemment et contre nature une portion de celui qui l'engendre; mais cette accusation me parait dure et forcée. Il est une autre voie de conciliation honnête qui, sans priver les animaux de raison, disculpe d'injustice ceux qui n'en font qu'un usage convenable. Ce moyen, introduit par nos anciens sages, fut depuis rejeté et détruit par la conspiration de l'intempérance et de la sensualité. Pythagore l'a rétabli et nous a montré (964f) comment on pouvait sans injustice user des animaux. On n'est pas injuste en punissant de mort les animaux nuisibles et qui ne sont pas de société avec l'homme; on ne l'est pas non plus lorsqu'on apprivoise les animaux domestiques et amis de l'homme, et qu'on les emploie aux travaux auxquels la nature les a rendus propres. Tels sont les jeunes bœufs, les ânes, les chevaux, qui, suivant le Prométhée d'Eschyle, nous ont été donnés


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Dernière mise à jour : 28/11/2007