HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?

Page 963

  Page 963

[963] (963a) καθάπερ ἐν τοῖς ἀκινήτοις ἕτερον ἑτέρου βραδύτερον οὐκ ἔστιν οὐδὲ μικροφωνότερον ἐν τοῖς ἀναύδοις, οὕτως οὐδὲ δειλότερον οὐδὲ νωθρότερον οὐδ' ἀκρατέστερον, οἷς μὴ φύσει πάρεστιν τοῦ φρονεῖν δύναμις, ἄλλοις δ' ἄλλως κατὰ τὸ μᾶλλον καὶ ἧττον παροῦσα τὰς ὁρωμένας διαφορὰς πεποίηκεν; (ΣΟΚΛΑΡΟΣ) Ἀλλὰ θαυμαστὸν ὅσον ἄνθρωπος εὐμαθείᾳ καὶ ἀγχινοίᾳ καὶ τοῖς περὶ δικαιοσύνην καὶ κοινωνίαν διαφέρει τῶν ζῴων. (ΑΥΤΟΒΥΛΕ) Καὶ γὰρ ἐκείνων, ἑταῖρε, πολλὰ τοῦτο μὲν μεγέθει καὶ ποδωκείᾳ τοῦτο δ' ὄψεως ῥώμῃ καὶ ἀκοῆς ἀκριβείᾳ πάντας ἀνθρώπους ἀπολέλοιπεν· ἀλλ' οὐ διὰ (963b) τοῦτο τυφλὸς οὐδ' ἀδύνατος οὐδ' ἄωτος ἄνθρωπός ἐστιν· ἀλλὰ καὶ θέομεν εἰ καὶ βραδύτερον ἐλάφων, καὶ βλέπομεν εἰ καὶ χεῖρον ἱεράκων, ἰσχύος τε καὶ μεγέθους φύσις ἡμᾶς οὐκ ἀπεστέρησεν, καίτοι τὸ μηδὲν ἐν τούτοις πρὸς ἐλέφαντα καὶ κάμηλον ὄντας. Οὐκοῦν ὁμοίως μηδὲ τὰ θηρία λέγωμεν, εἰ νωθρότερον φρονεῖ καὶ κάκιον διανοεῖται, μὴ διανοεῖσθαι μηδὲ φρονεῖν ὅλως μηδὲ κεκτῆσθαι λόγον, ἀσθενῆ δὲ κεκτῆσθαι καὶ θολερόν, ὥσπερ ὀφθαλμὸν ἀμβλυώττοντα καὶ τεταραγμένον. Εἰ δὲ μὴ πολλὰ τοὺς νεανίσκους αὐτίκα δὴ μάλα προσεδόκων τὸν μὲν ἐκ γῆς τὸν δ' ἐκ θαλάττης ἐνταῦθα συνερανίσειν, (963c) φιλολόγους καὶ φιλογραμμάτους ὄντας, οὐκ ἂν ἀπεσχόμην σου μυρία μὲν εὐμαθείας μυρία δ' εὐφυΐας παραδείγματα θηρίων διηγούμενος, ὧν ἄμαις καὶ σκάφαις ἡμῖν ἐκ τῶν βασιλικῶν ἀρύσασθαι θεάτρων καλὴ Ῥώμη παρέσχηκε. Ταῦτα μὲν οὖν ἐκείνοις νεαρὰ καὶ ἄθικτα πρὸς τὸν λόγον ἐγκαλλωπίσασθαι καταλείπωμεν· βούλομαι δὲ μικρόν τι μετὰ σοῦ σκέψασθαι καθ' ἡσυχίαν. Οἶμαι γὰρ ἰδίαν τινὰ μέρους ἑκάστου καὶ δυνάμεως φαυλότητα καὶ πήρωσιν εἶναι καὶ νόσον, ὥσπερ ὀφθαλμοῦ τυφλότητα καὶ σκέλους χωλότητα καὶ ψελλότητα γλώσσης, ἄλλου δὲ μηδενός· οὐ γὰρ ἔστι τυφλότης μὴ πεφυκότος (963d) ὁρᾶν οὐδὲ χωλότης μὴ πεφυκότος βαδίζειν, ψελλόν τε τῶν ἀγλώσσων τῶν ἀναύδων φύσει τραυλὸν οὐδὲν ἂν προσείποις· οὐκοῦν οὐδὲ παραπαῖον παραφρονοῦν μαινόμενον, μὴ τὸ φρονεῖν καὶ διανοεῖσθαι καὶ λογίζεσθαι κατὰ φύσιν ὑπῆρχεν· οὐ γὰρ ἔστιν ἐμπαθὲς γενέσθαι μὴ κεκτημένον δύναμιν, ἧς τὸ πάθος στέρησις πήρωσις τις ἄλλη κάκωσις ἦν. Ἀλλὰ μὴν ἐντετύχηκάς γε λυττώσαις κυσίν, ἐγὼ δὲ καὶ ἵπποις· ἔνιοι δέ φασι καὶ βοῦς μαίνεσθαι καὶ ἀλώπεκας· ἀρκεῖ δὲ τὸ τῶν κυνῶν, ἀναμφισβήτητόν ἐστι, καὶ μαρτυρεῖ λόγον ἔχειν καὶ διάνοιαν οὐ φαύλην τὸ ζῷον, ἧς ταραττομένης καὶ συγχεομένης (963e) λεγομένη λύττα καὶ μανία πάθος ἐστίν· οὔτε γὰρ ὄψιν ἀλλοιουμένην αὐτῶν οὔτ' ἀκοὴν ὁρῶμεν. Ἀλλ' ὥσπερ ἀνθρώπου μελαγχολῶντος παρακόπτοντος μὴ λέγων ἐξεστάναι καὶ διεφθορέναι τὸ φρονοῦν καὶ λογιζόμενον καὶ μνημονεῦον ἄτοπός ἐστι (καὶ γὰρ συνήθεια ταῦτά γε κατηγορεῖ τῶν παραφρονούντων μὴ εἶναι παρ' αὑτοῖς ἀλλ' ἐκπεπτωκέναι τῶν λογισμῶν), οὕτως τοὺς λυττῶντας κύνας ἄλλο τι πεπονθέναι νομίζων ἀλλ' οὐχὶ τοῦ φρονεῖν πεφυκότος καὶ λογίζεσθαι καὶ μνημονεύειν ἀναπεπλησμένου ταραχῆς καὶ παραπεπαικότος ἀγνοεῖν τὰ (963f) φίλτατα πρόσωπα καὶ φεύγειν τὰς συντρόφους διαίτας, παρορᾶν τὸ φαινόμενον ἔοικεν συνορῶν τὸ γινόμενον ἐξ αὐτοῦ φιλονεικεῖν πρὸς τὴν ἀλήθειαν. (ΣΟΚΛΑΡΟΣ) Ὀρθῶς μοι δοκεῖς ὑπονοεῖν· οἱ γὰρ ἀπὸ τῆς Στοᾶς καὶ τοῦ Περιπάτου μάλιστα πρὸς τοὐναντίον ἐντείνονται τῷ λόγῳ, τῆς δικαιοσύνης ἑτέραν γένεσιν οὐκ ἐχούσης, ἀλλὰ παντάπασιν ἀσυστάτου καὶ ἀνυπάρκτου γιγνομένης, [963] (963a) Entre les choses qui n'ont pas de mouvement ou qui sont privées de la parole, on ne dit pas que l'une soit plus lente ou ait la voix plus faible qu'une autre ; de même, entre les êtres qui n'ont pas l'usage de la raison, on ne dira point que l'un soit plus rusé, plus lâche, plus intempérant qu'un autre. L'inégale distribution de cette faculté fait seule entre eux les différences que nous y apercevons. (SOCLARUS) Mais l'homme n'a-t-il pas une étonnante supériorité sur les animaux en prudence, en adresse, en justice, en sociabilité? (AUTOBULE) Mais, vous dirai-je à mon tour, un grand nombre d'animaux ne sont-ils pas très supérieurs à l'homme en force et en légèreté? N'ont-ils pas la vue et l'ouïe bien meilleures? (963d) Dit-on pour cela que l'homme soit aveugle, sourd et impotent? La nature ne nous a pas refusé une bonne vue, ni la force et la grandeur du corps, quoiqu'à cet égard nous soyons bien inférieurs aux éléphants et aux chameaux. De même, parce que les animaux ont une intelligence plus bornée et plus lente que la nôtre, il ne faut pas les croire privés de toute intelligence et de toute raison ; seulement elle est en eux plus faible, plus obscure, et semblable à une vue trouble et ternie. Si je n'étais persuadé que nos jeunes gens, (963c) instruits comme ils le sont et versés dans la connaissance des anciens auteurs, nous rapporteront une foule de traits pris des animaux de terre et de ceux de mer, je ne pourrais m'empêcher de vous citer un grand nombre d'exemples de leur intelligence naturelle et de la facilité qu'ils ont à s'instruire. La superbe ville de Rome nous en fournirait seule une multitude, que nous pourrions, comme on dit, puiser en pleine eau dans les spectacles que les empereurs donnent dans les amphithéâtres. Mais je ne touche pas à cette matière, qui servira d'ornement à leurs discours. Je veux en attendant considérer avec vous à loisir un autre objet. Je pense que chaque partie de notre corps est sujette à un défaut, à une maladie, qui lui sont particulièrement affectés, comme la cécité aux yeux, le déboîtement aux hanches, le bégaiement à la langue ; et ces défectuosités ne tombent jamais sur d'autres parties. On ne dit point que ce qui n'est pas naturellement destiné (963d) à voir et à marcher, ce qui n'a ni langue ni voix, soit exposé à devenir aveugle, à boiter ou à bégayer. On ne pourrait donc pas appeler fou, enragé et furieux ce qui de sa nature ne serait pas susceptible de sens, d'intelligence et de raison ; car une certaine affection ne saurait tomber sur un être privé de la faculté dont cette affection cause la privation, la mutilation ou l'affaiblissement. Or, vous avez sûrement vu quelquefois des chiens enragés ; pour moi, j'ai vu des chevaux qui l'étaient, et l'on dit que les bœufs et les renards sont sujets à le devenir. Mais il nous suffit de l'exemple des chiens, dont personne ne doute, et qui prouve que ces animaux sont doués d'une portion assez considérable de raison, qui, troublée et mise en désordre, (963e) lui cause la maladie qu'on appelle la rage, car nous ne voyons pas qu'alors leur vue ou leur ouïe soit altérée. Ce serait aller contre l'évidence que de dire d'un homme qui est hypocondriaque ou dans le délire, que son jugement, son entendement et sa mémoire ne sont pas troublés ; l'expérience nous démontre que des personnes affectées de folie sont entièrement privées de raison. Ce serait de même, ce me semble, combattre ouvertement la vérité que de prétendre qu'un chien enragé éprouve autre chose qu'un trouble violent dans la partie de lui-même qui auparavant pensait, raisonnait, avait de la mémoire, au point que, dans ses accès de rage, il méconnaît les personnes (963f) qui lui étaient les plus chères, il fuit les lieux qu'il avait coutume de fréquenter, et ne voit pas ce qui se présente devant lui. (SOCLARUS) Votre raisonnement me paraît juste; mais les philosophes du Portique et ceux du Lycée soutiennent fortement le contraire, fondés sur ce que la justice ne peut avoir une origine certaine, et qu'elle n'existe même pas


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 28/11/2007