[962] τῷ δὲ τοῖς ἀνθρωπίνοις ἤθεσι καὶ βίοις καὶ πράξεσι (962a) καὶ διαίταις τὰ
τῶν ζῴων παρατιθέναι ἄλλην τε πολλὴν ἐνορῶν φλαυρότητα καὶ τῆς ἀρετῆς,
πρὸς ἣν ὁ λόγος γέγονε, μηδέν' ἐμφανῆ στοχασμὸν αὐτῶν μηδὲ προκοπὴν
μηδ' ὄρεξιν, ἀπορῶ πῶς ἡ φύσις ἔδωκε τὴν ἀρχὴν αὐτοῖς, ἐπὶ τὸ τέλος ἐξικέσθαι
μὴ δυναμένοις.
(ΑΥΤΟΒΥΛΕ) Ἀλλὰ τοῦτο μὲν οὐδ' αὐτοῖς ἐκείνοις, ὦ Σώκλαρε, τοῖς ἀνδράσιν ἄτοπον
εἶναι δοκεῖ· τὴν γοῦν πρὸς τὰ ἔγγονα φιλοστοργίαν ἀρχὴν μὲν ἡμῖν κοινωνίας
καὶ δικαιοσύνης τιθέμενοι, πολλὴν δὲ τοῖς ζῴοις καὶ ἰσχυρὰν ὁρῶντες
παροῦσαν, οὔ φασιν αὐτοῖς οὐδ' ἀξιοῦσι μετεῖναι (962b) δικαιοσύνης·
ἡμιόνοις δὲ τῶν γεννητικῶν μορίων οὐδὲν ἐνδεῖ, καὶ γὰρ αἰδοῖα καὶ μήτρας
καὶ τὸ χρῆσθαι μεθ' ἡδονῆς τούτοις ἔχουσαι πρὸς τὸ τέλος οὐκ ἐξικνοῦνται
τῆς γενέσεως. Σκόπει δ' ἄλλως, μὴ καὶ καταγέλαστόν ἐστι τοὺς Σωκράτεις καὶ
τοὺς Πλάτωνας οὐδὲν ἐλαφροτέρᾳ κακίᾳ τοῦ τυχόντος ἀνδραπόδου συνεῖναι
φάσκοντας, ἀλλ' ὁμοίως ἄφρονας εἶναι καὶ ἀκολάστους καὶ ἀδίκους, εἶτα τῶν
θηρίων αἰτιᾶσθαι τὸ μὴ καθαρὸν μηδ' ἀπηκριβωμένον πρὸς ἀρετὴν ὡς στέρησιν
οὐχὶ φαυλότητα λόγου καὶ ἀσθένειαν, καὶ ταῦτα τὴν κακίαν ὁμολογοῦντας
εἶναι (962c) λογικήν, ἧς πᾶν θηρίον ἀναπέπλησται· καὶ γὰρ δειλίαν πολλοῖς
καὶ ἀκολασίαν ἀδικίαν τε καὶ κακοήθειαν ὁρῶμεν ἐνυπάρχουσαν. Ὁ δ' ἀξιῶν
τὸ μὴ πεφυκὸς ὀρθότητα λόγου δέχεσθαι μηδὲ λόγον δέχεσθαι πρῶτον μὲν
οὐδὲν διαφέρει τοῦ μήτε πίθηκον αἴσχους φύσει μετέχειν μήτε χελώνην
βραδυτῆτος ἀξιοῦντος, ὅτι μηδὲ κάλλους ἐπιδεκτικὰ μηδὲ τάχους ἐστίν·
ἔπειτα τὴν διαφορὰν ἐμποδὼν οὖσαν οὐ συνορᾷ· λόγος μὲν γὰρ ἐγγίγνεται
φύσει, σπουδαῖος δὲ λόγος καὶ τέλειος ἐξ ἐπιμελείας καὶ διδασκαλίας· διὸ
τοῦ λογικοῦ πᾶσι τοῖς ἐμψύχοις μέτεστιν, ἣν δὲ ζητοῦσιν ὀρθότητα καὶ
σοφίαν οὐδ' ἄνθρωπον εἰπεῖν κεκτημένον ἔχουσιν. Ὡς γὰρ ὄψεώς ἐστι πρὸς
ὄψιν (962d) διαφορὰ καὶ πτήσεως πρὸς πτῆσιν (οὐ γὰρ ὁμοίως ἱέρακες
βλέπουσι καὶ τέττιγες οὐδ' ἀετοὶ πέτονται καὶ πέρδικες), οὕτως οὐδὲ παντὶ
λογικῷ μέτεστιν ὡσαύτως τῆς εὑρομένης τὸ ἄκρον εὐστροφίας καὶ ὀξύτητος·
ἐπεὶ δείγματά γε πολλὰ κοινωνίας καὶ ἀνδρείας καὶ τοῦ πανούργου περὶ τοὺς
πορισμοὺς καὶ τὰς οἰκονομίας ὥσπερ αὖ καὶ τῶν ἐναντίων, ἀδικίας δειλίας
ἀβελτερίας, ἔνεστιν αὐτοῖς. Καὶ μαρτυρεῖ τὸ νυνὶ πεποιηκὸς ἐν τοῖς
νεανίσκοις τὴν ἅμιλλαν· ὡς γὰρ οὔσης τινὸς διαφορᾶς, οἱ μὲν τὰ χερσαῖά
φασιν οἱ δὲ τὰ θαλάσσια μᾶλλον προῆχθαι φύσει (962e) πρὸς ἀρετήν· ὃ δὴ καὶ
δῆλόν ἐστι, παραβαλλομένων πελαργοῖς ἵππων ποταμίων (οἱ μὲν γὰρ τρέφουσι
τοὺς πατέρας οἱ δ' ἀποκτιννύουσιν ἵνα τὰς μητέρας ὀχεύωσι) καὶ περιστεραῖς
περδίκων· οἱ μὲν γὰρ ἀφανίζουσι τὰ ᾠὰ καὶ διαφθείρουσι, τῆς θηλείας, ὅταν
ἐπῳάζῃ, μὴ προσδεχομένης τὴν ὀχείαν, οἱ δὲ καὶ διαδέχονται τὴν ἐπιμέλειαν,
ἐν μέρει θάλποντες τὰ ᾠά, καὶ ψωμίζουσι πρότεροι τὰ νεόττια, καὶ τὴν
θήλειαν, ἂν πλείονα χρόνον ἀποπλανηθῇ, κόπτων ὁ ἄρρην εἰσελαύνει πρὸς τὰ
ᾠὰ καὶ τοὺς νεοττούς.
Ὄνοις δὲ καὶ προβάτοις Ἀντίπατρος (962f) ἐγκαλῶν ὀλιγωρίαν καθαριότητος
οὐκ οἶδ' ὅπως παρεῖδε τὰς λύγγας καὶ τὰς χελιδόνας, ὧν αἱ μὲν ἐκτοπίζουσι
παντάπασι κρύπτουσαι καὶ ἀφανίζουσαι τὸ λυγγούριον, αἱ δὲ χελιδόνες ἔξω
στρεφομένους διδάσκουσι τοὺς νεοττοὺς ἀφιέναι τὸ περίττωμα. Καίτοι διὰ τί
δένδρου δένδρον οὐ λέγομεν ἀμαθέστερον ὡς κυνὸς πρόβατον, οὐδὲ λαχάνου
(963a) λάχανον ἀνανδρότερον ὡς ἔλαφον λέοντος;
| [962] mais il me paraît déraisonnable de vouloir comparer les mœurs, (862a) la vie,
la conduite et les actions des animaux avec celles des hommes, quand je vois
que les premiers, avec beaucoup de vices, n'ont aucune tendance vers la
vertu, qui est la fin naturelle de la raison, rien qui en montre en eux le
désir ou le progrès. Pourquoi donc la nature leur aurait-elle donné le
commencement de la raison, puisqu'ils ne peuvent pas parvenir à sa fin?
(AUTOBULE) Cela ne paraît point absurde à ces philosophes, mon cher
Soclarus : ils établissent pour principe de la société civile et de la
justice l'amour des pères pour leurs enfants ; et quoiqu'ils voient
combien cette affection a de force dans les animaux, ils n'en soutiennent
pas moins qu'ils n'ont aucune idée de (962b) justice. Ainsi les mulets,
tant les mâles que les femelles, ont tous les organes destinés à la
génération. Ils éprouvent pour leur reproduction le même attrait que les
autres animaux ; et cependant ils ne peuvent point parvenir à la fin de la
génération. Voyez encore combien ils se rendent ridicules lorsque,
soutenant que Socrate et Platon ne sont pas moins vicieux que le dernier
des esclaves, qu'ils sont aussi fous, aussi débauchés et aussi injustes,
ils vont reprocher aux animaux que la nature n'a pas mis en eux une
disposition assez pure ni assez parfaite pour la vertu ; comme si la
faiblesse et la dépravation n'étaient pas, de leur propre aveu, des
défauts qui tiennent à la raison, (962c) et dont les animaux sont remplis ;
car nous voyons dans le plus grand nombre de la timidité, de
l'intempérance, de l'injustice et de la méchanceté. Prétendre donc que
tout être que la nature n'a pas rendu susceptible de la raison parfaite
est par cela seul privé de toute raison, n'est-ce pas dire à peu près que le
singe n'est point laid ni la tortue lente, parce que l'un n'est pas
susceptible de beauté ni l'autre de vitesse?
D'ailleurs ils n'aperçoivent pas une différence qu'ils ont cependant sous
les yeux. La raison toute simple est un don de la nature ; la droite
raison, la raison parfaite, est l'effet de l'instruction et de l'étude :
ainsi tous les animaux ont naturellement de la raison ; mais cette
rectitude de raison qui fait la véritable sagesse, à peine citeraient-ils
un seul homme qui l'ait possédée. Il y a une grande différence dans la vue
(962c) et le vol des divers animaux ; l'épervier a l'œil bien plus perçant
que la cigale, et l'aigle a l'aile beaucoup plus forte que la perdrix ; de
même tous les êtres raisonnables n'ont pas la faculté de s'élever à ce que
la raison a de plus fin et de plus subtil. On remarque dans les animaux
plusieurs signes de sociabilité, de courage, de prévoyance et d'adresse
pour faire leurs provisions et les administrer; on y en voit aussi
d'injustice, de lâcheté, de stupidité. La dispute qui s'est élevée entre
nos jeunes gens en est la preuve ; c'est en supposant quelque différence à
cet égard que les uns ont accordé aux animaux terrestres, et les autres
aux animaux aquatiques plus d'aptitude (962e) à la vertu. Cette différence
est bien sensible quand on compare les cigognes avec les hippopotames :
les premières nourrissent leurs pères quand ils sont devenus vieux, les
autres les tuent afin de s'accoupler avec leurs mères. Quel contraste
encore entre les pigeons et les perdrix ! ceux-là cassent leurs œufs, et
quelquefois même ils tuent leurs femelles, parce qu'elles refusent
l'accouplement pendant qu'elles couvent ; au contraire, les perdrix mâles
partagent avec les mères le soin de couver : ils sont les premiers à
nourrir les petits ; et si la femelle est trop longtemps hors du nid, le
mâle la force, à coups de bec, de retourner à ses œufs ou à ses petits.
Antipater, qui reproche aux ânes et aux moutons (962f) leur
négligence et leur malpropreté, a oublié, je ne sais pourquoi, de parler
des lynx et des hirondelles. Les premiers cherchent avec soin un endroit
écarté pour y cacher la pierre de lynx; et les hirondelles enseignent
à leurs petits à se retourner pour jeter hors du nid leur ordure. Pourquoi
ne dit-on pas qu'un arbre soit plus susceptible d'instruction qu'un autre,
comme on dit qu'un chien l'est plus qu'un mouton? ou qu'un légume soit
plus timide qu'un autre, comme on le dit du cerf par rapport au lion?
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