[966] (966a) ὥσπερ ἐνταῦθα τὰ μὲν θυμοειδῆ
τὸ φιλοκίνδυνον καὶ τὸ ἀνδρεῖον ἀσκεῖ τῶν μαχομένων, τὰ δὲ πανοῦργα τὸ
φροντιστικὸν καὶ συνετὸν τῶν ἐπιτιθεμένων, τὰ δὲ ποδώκη τὸ ῥωμαλέον καὶ
φιλόπονον τῶν διωκόντων. Καὶ ταῦτα τὸ κυνηγεῖν καλὸν πεποίηκε· τὸ δ'
ἁλιεύειν ἀπ' οὐδενὸς ἔνδοξον· οὐδέ γε θεῶν τις ἠξίωσεν, ὦ ἑταῖρε, «
γογγροκτόνος », ὥσπερ ὁ Ἀπόλλων « λυκοκτόνος », οὐδὲ « τριγλοβόλος »,
ὥσπερ « ἐλαφηβόλος » ἡ Ἄρτεμις, λέγεσθαι. Καὶ τί θαυμαστόν, ὅπου καὶ
ἀνθρώπῳ σῦν μὲν καὶ ἔλαφον καὶ νὴ Δία δορκάδα καὶ λαγωὸν ἑλεῖν κάλλιον ἢ
πρίασθαι, θύννον δὲ καὶ κάραβον καὶ ἀμίαν σεμνότερόν ἐστιν αὐτὸν ὀψωνεῖν ἢ
ἁλιεύειν; (966b) τὸ γὰρ ἀγεννὲς καὶ ἀμήχανον ὅλως καὶ ἀπάνουργον αὐτῶν
αἰσχρὸν καὶ ἄζηλον καὶ ἀνελεύθερον τὴν ἄγραν πεποίηκε.
Καθόλου δ', ἐπεὶ δι' ὧν οἱ φιλόσοφοι δεικνύουσι τὸ {τε} μετέχειν λόγου τὰ
ζῷα, προθέσεις εἰσὶ καὶ παρασκευαὶ καὶ μνῆμαι καὶ πάθη καὶ τέκνων
ἐπιμέλειαι καὶ χάριτες εὖ παθόντων καὶ μνησικακίαι πρὸς τὸ λυπῆσαν, ἔτι δ'
εὑρέσεις τῶν ἀναγκαίων, ἐμφάσεις ἀρετῆς, οἷον ἀνδρείας κοινωνίας
ἐγκρατείας μεγαλοφροσύνης, σκοπῶμεν τὰ ἔναλα, εἰ τούτων ἐκεῖνα μὲν οὐδὲν ἤ
πού τι παντελῶς ἀμαυρὸν αἴθυγμα καὶ δυσθέατον ἐνιδεῖν μάλα μόλις
τεκμαιρομένῳ δίδωσιν· ἐν δὲ τοῖς πεζοῖς καὶ (966c) γηγενέσι λαμπρὰ καὶ
ἐναργῆ καὶ βέβαια παραδείγματα τῶν εἰρημένων ἑκάστου λαμβάνειν ἔστι καὶ
θεᾶσθαι. Πρῶτον οὖν ὅρα προθέσεις καὶ παρασκευὰς ταύρων ἐπὶ μάχῃ
κονιομένων καὶ κάπρων θηγόντων ὀδόντας· ἐλέφαντες δέ, τῆς ὕλης, ἣν
ὀρύττοντες ἢ κείροντες ἐσθίουσιν, ἀμβλὺν τὸν ὀδόντα ποιούσης
ἀποτριβόμενον, τῷ ἑτέρῳ πρὸς ταῦτα χρῶνται, τὸν δ' ἕτερον ἔπακμον ἀεὶ καὶ
ὀξὺν ἐπὶ τὰς ἀμύνας φυλάττουσιν. Ὁ δὲ λέων ἀεὶ βαδίζει συνεστραμμένοις
τοῖς ποσίν, ἐντὸς ἀποκρύπτων τοὺς ὄνυχας, ἵνα μὴ τριβόμενοι τὴν ἀκμὴν
ἀπαμβλύνωσι μηδὲ (966d) καταλείπωσιν εὐπορίαν τοῖς στιβεύουσιν· οὐ γὰρ
ῥᾳδίως ὄνυχος εὑρίσκεται λεοντείου σημεῖον, ἀλλ' ἀμαυροῖς καὶ τυφλοῖς
ἴχνεσιν ἐντυγχάνοντες ἀποπλανῶνται καὶ διαμαρτάνουσιν. Ὁ δ' ἰχνεύμων
ἀκηκόατε δήπουθεν ὡς οὐθὲν ἀπολείπει θωρακιζομένου πρὸς μάχην ὁπλίτου·
τοσοῦτον ἰλύος περιβάλλεται καὶ περιπήγνυσι τῷ σώματι χιτῶνα μέλλων
ἐπιτίθεσθαι τῷ κροκοδείλῳ. Τὰς δὲ χελιδόνων πρὸ τῆς τεκνοποιίας παρασκευὰς
ὁρῶμεν, ὡς εὖ τὰ στερεὰ κάρφη προϋποβάλλονται δίκην θεμελίων, εἶτα
περιπλάττουσι τὰ κουφότερα· κἂν πηλοῦ τινος ἐχεκόλλου δεομένην αἴσθωνται
τὴν νεοττιάν, λίμνης ἢ θαλάττης (966e) ἐν χρῷ παραπετόμεναι ψαύουσι τοῖς
πτίλοις ἐπιπολῆς, ὅσον νοτεραί, μὴ βαρεῖαι γενέσθαι τῇ ὑγρότητι,
συλλαβοῦσαι δὲ κονιορτὸν οὕτως ἐξαλείφουσι καὶ συνδέουσι τὰ χαλῶντα καὶ
διολισθαίνοντα· τῷ δὲ σχήματι τοὔργον οὐ γωνιῶδες οὐδὲ πολύπλευρον, ἀλλ'
ὁμαλὸν ὡς ἔνεστι μάλιστα καὶ σφαιροειδὲς ἀποτελοῦσι· καὶ γὰρ μόνιμον καὶ
χωρητικὸν τὸ τοιοῦτο καὶ τοῖς ἐπιβουλεύουσι θηρίοις ἔξωθεν ἀντιλήψεις οὐ
πάνυ δίδωσι.
Τὰ δ' ἀράχνης ἔργα, κοινὸν ἱστῶν γυναιξὶ καὶ θήρας σαγηνευταῖς ἀρχέτυπον,
οὐ καθ' ἓν ἄν τις θαυμάσειε· καὶ γὰρ ἡ τοῦ νήματος ἀκρίβεια καὶ τῆς ὑφῆς
τὸ μὴ διεχὲς μηδὲ (9f) στημονῶδες ἀλλὰ λείου συνέχειαν ὑμένος καὶ κόλλησιν
ὑπό τινος ἀδήλως παραμεμιγμένης γλισχρότητος ἀπειργασμένον, ἥ τε βαφὴ τῆς
χρόας ἐνάερον καὶ ἀχλυώδη ποιοῦσα τὴν ἐπιφάνειαν ὑπὲρ τοῦ λαθεῖν, αὐτή τε
μάλιστα πάντων ἡ τῆς μηχανῆς αὐτῆς ἡνιοχεία καὶ κυβέρνησις, ὅταν ἐνσχεθῇ
τι τῶν ἁλωσίμων, ὥσπερ δεινοῦ σαγηνευτοῦ ταχὺ συναιρεῖν εἰς ταὐτὸ καὶ
συνάγειν τὸ θήρατρον,
| [966] (966a) au lieu qu'à la chasse les animaux féroces excitent
le courage et la hardiesse de ceux qui les attaquent ; par leurs ruses,
ils aiguisent la prudence de ceux qui leur tendent des piéges, et par leur
vitesse, la force et la patience de ceux qui les poursuivent; et voilà ce
qui fait de la chasse un exercice honorable. Mais la pêche n'a rien qui
puisse la faire estimer ; aussi aucun dieu ne s'est-il fait appeler
exterminateur des congres ou des surmulets, comme Apollon et Diane ont
pris les surnoms de destructeur des loups et de vainqueur des cerfs.
Faut-il s'en étonner, puisqu'il est plus glorieux pour l'homme lui-même de
prendre un sanglier, un cerf, un chevreuil, ou même un lièvre, que de
l'acheter, et qu'au contraire il lui est plus honorable d'acheter un thon,
un crabe ou une amie, que de le prendre à la pêche, (966b) parce que
cet exercice ne demandant ni invention, ni adresse, ni ruse, a toujours
été regardé comme une occupation peu noble et indigne d'un homme de cœur?
Après tout, puisque les philosophes, pour montrer que les animaux ont de
la raison, apportent en preuves leurs projets, leurs préparatifs, leurs
souvenirs, leurs affections, le soin de leur progéniture, leur
reconnaissance pour les bienfaits, leur ressentiment des injures, leurs
ressources pour fournir à leurs besoins, les caractères des différentes
vertus comme du courage, de la sociabilité, de la tempérance et de la
magnanimité, examinons si les animaux maritimes ont quelqu'une de ces
qualités: nous y en trouverons tout au plus quelques faibles indices, que
les plus exactes recherches peuvent à peine découvrir. (966c) Au
contraire, nous en verrons dans les animaux terrestres les preuves les
plus certaines et les plus évidentes. Et d'abord considérons comment
des taureaux qui se disposent au combat font voler autour d'eux la poussière.
Voyez les sangliers aiguiser leurs défenses.
Les éléphants, qui savent que celle de leurs dents dont ils se servent
pour fouiller la terre et arracher les plantes dont ils se nourrissent
finit par s'émousser, emploient toujours la même à cet usage et réservent
l'autre bien affilée pour les combats. Le lion en marchant tient ses
pattes repliées pour cacher ses griffes, de peur que la terre n'en émousse
les pointes, (966d) et afin de rendre sa trace plus difficile à découvrir;
car rarement voit-on les griffes du lion imprimées sur la terre, et ceux
qui sont à sa poursuite ne voyant que des marques peu sensibles y sont
souvent trompés. Vous avez ouï dire que l'ichneumon s'arme pour la
bataille comme peut faire un soldat : il enduit son corps de boue, et s'en
forme comme une cuirasse épaisse pour aller combattre le crocodile. Nous
voyons les préparatifs des hirondelles avant qu'elles pondent leurs œufs;
elles placent d'abord au fond du nid les brins de paille les plus forts
pour en être comme le fondement, et ensuite elles en entrelacent de plus
légers. Si elles s'aperçoivent qu'il a besoin d'un limon gluant qui lui
serve de ciment, elles volent à fleur d'eau sur les rivières ou sur la
mer, (966e) et mouillent seulement le bout de leurs ailes de manière
qu'elles ne soient que moites, et non appesanties par l'humidité. Alors
elles prennent de la poussière dont elles enduisent leur nid, et en lient
tous les endroits trop lâches qui pourraient s'entr'ouvrir. Quant à la
forme de leurs nids, elle n'est ni angulaire ni polygone, mais partout
unie et approchant le plus qu'il est possible de la forme sphérique, de
toutes la plus solide, celle qui a le plus de capacité, et qui donne moins de
prise aux animaux qui voudraient les attaquer par dehors.
Qui n'admirerait, et pour plus d'une raison, le travail de l'araignée ? Il
a servi de modèle aux femmes pour ourdir leurs toiles, et aux chasseurs
pour faire leurs filets. Premièrement la finesse de ses réseaux, qui ne
sont pas détachés les uns des autres, ni (966f) séparés comme l'estame du
tisserand, n'en forme qu'un seul tissu que lie une humeur visqueuse
qu'elle y mêle imperceptiblement. En second lieu, la couleur de sa toile,
qui est celle de l'air, ne présente qu'une surface obscure, et par cela
plus propre à tromper. Mais ce qui est plus admirable que tout le reste,
c'est de voir avec quelle adresse elle dirige et gouverne sa machine quand
quelque insecte vient à s'y prendre. Aussitôt, comme un habile chasseur,
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