HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?

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[967] (967a) αἰσθανομένης καὶ φρονούσης, τῇ καθ' ἡμέραν ὄψει καὶ θέᾳ τοῦ γιγνομένου πιστὸν ἔσχε τὸν λόγον, ἄλλως δ' ἂν ἐδόκει μῦθος· ὥσπερ ἡμῖν ἐδόκει τὸ τῶν ἐν Λιβύῃ κοράκων, οἳ ποτοῦ δεόμενοι καὶ λίθους ἐμβάλλουσιν ἀναπληροῦντες καὶ ἀνάγοντες τὸ ὕδωρ, μέχρι ἂν ἐν ἐφικτῷ γένηται· εἶτα μέντοι κύνα θεασάμενος ἐν πλοίῳ, τῶν ναυτῶν μὴ παρόντων, εἰς ἔλαιον ἀμφορέως ἀποδεοῦς ἐμβάλλοντα τῶν χαλίκων, ἐθαύμασα πῶς νοεῖ καὶ συνίησι τὴν γιγνομένην ἔκθλιψιν ὑπὸ τῶν βαρυτέρων τοῖς κουφοτέροις ὑφισταμένων. Ὅμοια δὲ καὶ τὰ τῶν Κρητικῶν (967b) μελισσῶν καὶ τὰ τῶν ἐν Κιλικίᾳ χηνῶν· ἐκεῖναι μὲν γὰρ ἀνεμῶδές τι μέλλουσαι κάμπτειν ἀκρωτήριον ἑρματίζουσιν ἑαυτάς, ὑπὲρ τοῦ μὴ παραφέρεσθαι, μικροῖς λιθιδίοις· οἱ δὲ χῆνες τοὺς ἀετοὺς δεδοικότες, ὅταν ὑπερβάλλωσι τὸν Ταῦρον, εἰς τὸ στόμα λίθον εὐμεγέθη λαμβάνουσιν, οἷον ἐπιστομίζοντες αὑτῶν καὶ χαλινοῦντες τὸ φιλόφωνον καὶ λάλον, ὅπως λάθωσι σιωπῇ παρελθόντες. Τῶν δὲ γεράνων καὶ τὸ περὶ τὴν πτῆσιν εὐδοκιμεῖ· πέτονται γάρ, ὅταν πνεῦμα πολὺ καὶ τραχὺς ἀήρ, οὐχ, ὥσπερ εὐδίας οὔσης, μετωπηδὸν κόλπῳ μηνοειδοῦς περιφερείας, ἀλλ' εὐθὺς εἰς τρίγωνον συνάγουσαι σχίζουσι (967c) τῇ κορυφῇ τὸ πνεῦμα περιρρέον, ὥστε μὴ διασπᾶσθαι τὴν τάξιν. Ὅταν δὲ κατάρωσιν ἐπὶ γῆν, αἱ προφυλακὴν ἔχουσαι νυκτὸς ἐπὶ θατέρου σκέλους ὀχοῦνται τὸ σῶμα, τῷ δ' ἑτέρῳ ποδὶ λίθον περιλαβοῦσαι κρατοῦσι· συνέχει γὰρ τῆς ἁφῆς τόνος ἐν τῷ μὴ καθεύδειν πολὺν χρόνον· ὅταν δ' ἀνῶσιν, ἐκπεσὼν λίθος ταχὺ διήγειρε τὴν προεμένην· ὥστε μὴ πάνυ θαυμάζειν τοῦ Ἡρακλέους, εἰ τόξα μασχάλῃ ὑποθεὶς καὶ « κραταιῷ περιβαλὼν βραχίονι, εὕδει πιέζων χειρὶ δεξιᾷ ξύλον· » μηδ' αὖ πάλιν τοῦ πρώτου ὑπονοήσαντος ὀστρέου μεμυκότος ἀνάπτυξιν ἐντυχόντα τοῖς ἐρωδιῶν σοφίσμασιν· (967d) ὅταν γὰρ τὴν κόγχην καταπίῃ μεμυκυῖαν, ἐνοχλούμενος ἐγκαρτερεῖ, μέχρι ἂν αἴσθηται μαλασσομένην καὶ χαλῶσαν ὑπὸ τῆς θερμότητος· τότε δ' ἐκβαλὼν κεχηνυῖαν καὶ ἀνεσπασμένην ἐξεῖλε τὸ ἐδώδιμον. Τὰς δὲ μυρμήκων οἰκονομίας καὶ παρασκευὰς ἐκφράσαι μὲν ἀκριβῶς ἀμήχανον, ὑπερβῆναι δὲ παντελῶς ὀλίγωρον· οὐδὲν γὰρ οὕτω μικρὸν φύσις ἔχει μειζόνων καὶ καλλιόνων κάτοπτρον, ἀλλ' ὥσπερ ἐν σταγόνι καθαρᾷ πάσης ἔνεστιν ἀρετῆς ἔμφασις· « ἔνθ' ἔνι μὲν φιλότης » τὸ κοινωνικόν, ἔνι δ' ἀνδρείας εἰκὼν τὸ φιλόπονον, ἔνεστι δὲ πολλὰ μὲν ἐγκρατείας σπέρματα πολλὰ δὲ (967e) φρονήσεως καὶ δικαιοσύνης. μὲν οὖν Κλεάνθης ἔλεγε, καίπερ οὐ φάσκων μετέχειν λόγου τὰ ζῷα, τοιαύτῃ θεωρίᾳ παρατυχεῖν· μύρμηκας ἐλθεῖν ἐπὶ μυρμηκιὰν ἑτέραν μύρμηκα νεκρὸν φέροντας· ἀνιόντας οὖν ἐκ τῆς μυρμηκιᾶς ἐνίους οἷον ἐντυγχάνειν αὐτοῖς καὶ πάλιν κατέρχεσθαι· καὶ τοῦτο δὶς τρὶς γενέσθαι· τέλος δὲ τοὺς μὲν κάτωθεν ἀνενεγκεῖν ὥσπερ λύτρα τοῦ νεκροῦ σκώληκα, (967f) τοὺς δ' ἐκεῖνον ἀραμένους ἀποδόντας δὲ τὸν νεκρὸν οἴχεσθαι. Τῶν δὲ πᾶσιν ἐμφανῶν τε περὶ τὰς ἀπαντήσεις ἐστὶν εὐγνωμοσύνη, τῶν μηδὲν φερόντων τοῖς φέρουσιν ἐξισταμένων ὁδοῦ καὶ παρελθεῖν διδόντων· αἵ τε τῶν δυσφόρων καὶ δυσπαρακομίστων διαβρώσεις καὶ διαιρέσεις, ὅπως εὐβάστακτα πλείοσι γένηται. Τὰς δὲ τῶν κυημάτων διαθέσεις καὶ διαψύξεις ἐκτὸς ὑετοῦ ποιεῖται σημεῖον Ἄρατος· « κοίλης μύρμηκες ὀχῆς ἒξ ὤεα πάντα θᾶσσον ἀνηνέγκαντο· » καί τινες οὐκ « ἒξ ὤεα » γράφουσιν, ἀλλ' « ἔξω ἑά », ὡς τοὺς ἀποκειμένους καρπούς, [967] (967a) elle tire à elle son filet et en enveloppe sa proie. L'habitude journalière de ce spectacle peut seule nous le rendre croyable ; sans cela, nous le traiterions de fable comme ce qu'on raconte des corbeaux d'Afrique, qui, lorsqu'ils veulent boire et que l'eau est trop basse, y jettent des pierres pour la faire monter à une hauteur où ils puissent atteindre. Étant un jour dans un vaisseau, je vis un chien qui, en l'absence des mariniers, jetait de petits cailloux dans une cruche d'huile qui n'était pas pleine; et j'admirai qu'il pût faire en lui-même ce raisonnement, que des corps légers, pressés par d'autres plus pesants, devaient nécessairement monter. J'en puis dire autant des abeilles (967b) de Crète et des oies de Cilicie. Les premières, lorsqu'elles ont à doubler une pointe de terre exposée aux vents, se lestent avec des grains de sable, afin que le vent ne les emporte point. Les oies, en traversant le mont Taurus, pour éviter les aigles qui habitent cette montagne, prennent dans leur bec une assez grosse pierre, comme pour mettre un frein à cette envie de crier qui leur est si naturelle, et échapper à leurs ennemis à la faveur du silence. L'ordre que les grues observent dans leur vol prouve aussi leur intelligence. Quand le vent est fort et impétueux, elles ne vont pas, comme dans un temps calme, toutes de front ou en forme de croissant ; elles se disposent en triangle, (967c) et de sa pointe fendent l'air qui les entoure, et qui par là ne peut déranger l'ordre de leur marche. Lorsqu'elles sont à terre, celles qui sont chargées de faire sentinelle pendant la nuit se tiennent sur un seul pied et prennent une pierre dans l'autre. L'effort qu'elles font pour la retenir les empêche longtemps de s'endormir, et lorsque enfin le sommeil la leur fait lâcher, le bruit qu'elle fait en tombant les réveille aussitôt. Je ne m'étonne pas après cela qu'Hercule, en tenant son arc sous son aisselle et le serrant de son bras vigoureux, "La massue à la main se livrât au sommeil". Je ne suis pas surpris non plus qu'on ait trouvé le moyen d'ouvrir une huître, après avoir vu la ruse du héron. (967d) Cet oiseau, quand il a avalé une coquille d'huître qui s'entr'ouvre, quoiqu'il souffre beaucoup, la garde patiemment dans son gosier jusqu'à ce qu'il sente qu'amollie par la chaleur, elle est tout à fait ouverte ; alors il la rejette, et en tire ce qu'il y a de bon à manger. Quant aux provisions et à l'économie des fourmis, il est impossible d'en donner exactement les détails ; mais de n'en rien dire, ce serait une négligence impardonnable. Il n'est point dans la nature de miroir aussi petit des plus grandes et des plus belles choses ; c'est une goutte d'eau pure et limpide où sont représentées toutes les vertus. Là brillent l'amitié, la sociabilité, le courage, la patience dans les travaux, et des traits multipliés (987e) de tempérance, de prudence et de justice. Le philosophe Cléanthe, qui soutient d'ailleurs que les animaux n'ont pas de raison, dit avoir été témoin du fait suivant. Il vit des fourmis se rendre à une autre fourmilière que la leur, portant le corps mort d'une fourmi. A l'instant plusieurs fourmis sortirent à leur rencontre, et après avoir paru conférer ensemble, elles rentrèrent ; après plusieurs allées et venues, elles apportèrent enfin un ver comme pour la rançon du mort; (967c) les premières remirent le corps, emportèrent le ver et se retirèrent. Au reste, c'est un spectacle qu'on a tous les jours sous les yeux que leur complaisance mutuelle quand elles se rencontrent : celles qui ne portent rien cèdent la place à celles qui sont chargées ; lorsque le fardeau est trop lourd à porter, elles le rognent et le divisent, afin qu'ainsi partagé, elles puissent le voiturer plus facilement. C'est, suivant Aratus, un signe de pluie quand les fourmis transportent leurs œufs hors de leurs trous, afin de les exposer à l'air et de les rafraîchir. "Bien souvent les fourmis, dans des cas de détresse, Portent hors de leurs trous les fruits de leur tendresse". Quelques critiques, au lieu de leurs œufs, lisent leurs provisions, et ils disent que ces animaux exposent à l'air celles qu'ils ont serrées,


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Dernière mise à jour : 28/11/2007