[982] (982a) Τοῦ δὲ γαλεοῦ τὸ φιλόστοργον οὐδενὶ τῶν ἡμερωτάτων ζῴων
ὑπερβολὴν γλυκυθυμίας πρὸς τὰ ἔγγονα καὶ χρηστότητος ἀπολέλοιπε· τίκτουσι
μὲν γὰρ ᾠόν, εἶτα τὸ ζῷον οὐκ ἐκτὸς ἀλλ' ἐντὸς ἐν ἑαυτοῖς {καὶ}
τρέφουσιν οὕτω καὶ φέρουσιν ὥσπερ ἐκ δευτέρας γενέσεως· ὅταν δὲ μείζονα
γένηται, μεθιᾶσι θύραζε καὶ διδάσκουσι νήχεσθαι πλησίον· εἶτα πάλιν εἰς
ἑαυτοὺς διὰ τοῦ στόματος ἐπαναλαμβάνουσι καὶ παρέχουσιν ἐνδιαιτᾶσθαι τὸ
σῶμα χώραν ἅμα καὶ τροφὴν καὶ καταφυγήν, ἄχρις ἂν ἐν δυνάμει τοῦ βοηθεῖν
αὑτοῖς γένηται. Θαυμαστὴ δὲ καὶ ἡ τῆς χελώνης (982b) περὶ τὴν γένεσιν καὶ
σωτηρίαν τῶν γεννωμένων ἐπιμέλεια· τίκτει μὲν γὰρ ἐκβαίνουσα τῆς θαλάττης
πλησίον, ἐπῳάζειν δὲ μὴ δυναμένη μηδὲ χερσεύειν πολὺν χρόνον ἐντίθησι τῇ
ψάμμῳ τὰ ᾠὰ καὶ τὸ λειότατον ἐπαμᾶται τῆς θινὸς αὐτοῖς καὶ μαλακώτατον·
ὅταν δὲ καταχώσῃ καὶ ἀποκρύψῃ βεβαίως, οἱ μὲν λέγουσι τοῖς ποσὶν ἀμύττειν
καὶ καταστίζειν τὸν τόπον, εὔσημον ἑαυτῇ ποιοῦσαν, οἱ δὲ τὴν θήλειαν ὑπὸ
τοῦ ἄρρενος στρεφομένην τύπους ἰδίους καὶ σφραγῖδας ἐναπολείπειν· ὃ δὲ
τούτου θαυμασιώτερόν ἐστιν, ἡμέραν ἐκφυλάξασα τεσσαρακοστὴν (982c) (ἐν
τοσαύταις γὰρ ἐκπέττεται καὶ περιρρήγνυται τὰ ᾠά) πρόσεισι, καὶ γνωρίσασα
τὸν ἑαυτῆς ἑκάστη θησαυρόν, ὡς οὐδεὶς χρυσίου θήκην ἄνθρωπος, ἀσμένως
ἀνοίγει καὶ προθύμως.
Τῶν δὲ κροκοδείλων τὰ μὲν ἄλλα παραπλήσια, τῆς δὲ χώρας ὁ στοχασμὸς
ἐπίνοιαν ἀνθρώπῳ τῆς αἰτίας οὐ δίδωσιν οὐδὲ συλλογισμόν· ὅθεν οὔ φασι
λογικὴν ἀλλὰ μαντικὴν εἶναι τὴν παρὰ τούτου τοῦ θηρίου πρόγνωσιν· οὔτε γὰρ
πλέον οὔτ' ἔλαττον ἐκβᾶς' ἀλλ' ὅσον εἰς ὥραν ἔτους ὁ Νεῖλος αὐξηθεὶς
ἐπικλύσει καὶ ἀποκρύψει τῆς γῆς, ἐκεῖ τὰ ᾠὰ τίθησιν· ὥστε τὸν ἐντυχόντα
τῶν γεωργῶν (982d) αὐτόν τε γιγνώσκειν ἑτέροις τε φράζειν, ὁπόσον αὐτοῖς
ὁ ποταμὸς πρόεισιν· οὕτω συνεμετρήσατο, μὴ βρεχομένων αὐτὸς βρεχόμενος
ἐπῳάζῃ· ἐκλεπισθέντων δὲ τῶν σκύμνων, ὃς ἂν εὐθὺς ἀναδὺς μὴ λάβῃ τι τῶν
προστυχόντων, ἢ μυῖαν ἢ σέριφον ἢ γῆς ἔντερον ἢ κάρφος ἢ βοτάνην, τῷ
στόματι, διασπαράξασα τοῦτον ἡ μήτηρ ἀπέκτεινε δακοῦσα· τὰ δὲ θυμοειδῆ καὶ
δραστήρια στέργει καὶ περιέπει, καθάπερ οἱ σοφώτατοι τῶν ἀνθρώπων ἀξιοῦσι,
κρίσει τὸ φιλεῖν ἀπαθεῖ νέμουσα. Καὶ μὴν αἱ φῶκαι τίκτουσι μὲν ἐν τῷ ξηρῷ,
κατὰ μικρὸν δὲ προάγουσαι τὰ σκυμνία γεύουσι τῆς θαλάττης καὶ ταχὺ πάλιν
(982e) ἐξάγουσι· καὶ τοῦτο πολλάκις ποιοῦσιν ἐν μέρει, μέχρι ἂν οὕτως
ἐθιζόμενα θαρρήσῃ καὶ στέρξῃ τὴν ἔναλον δίαιταν. Οἱ δὲ βάτραχοι περὶ τὰς
ὀχείας ἀνακλήσεσι χρῶνται, τὴν λεγομένην ποιοῦντες ὀλολυγόνα, φωνὴν
ἐρωτικὴν καὶ γαμήλιον οὖσαν· ὅταν δὲ τὴν θήλειαν οὕτως ὁ ἄρρην
προσαγάγηται, κοινῇ τὴν νύκτα περιμένουσιν· ἐν ὑγρῷ μὲν γὰρ οὐ δύνανται,
μεθ' ἡμέραν δὲ δεδίασιν ἐπὶ γῆς μίγνυσθαι· γενομένου δὲ σκότους, ἀδεῶς
συμπλέκονται προϊόντες· ἄλλως δὲ λαμπρύνουσι τὴν φωνήν, ὑετὸν
προσδεχόμενοι· καὶ τοῦτο σημεῖον ἐν τοῖς βεβαιοτάτοις ἐστίν.
Ἀλλ' οἷον, ὦ φίλε Πόσειδον, ὀλίγου πάθος ὡς ἄτοπον (982f) πέπονθα καὶ
καταγέλαστον, εἴ με διατρίβοντα περὶ φώκας καὶ βατράχους τὸ σοφώτατον καὶ
θεοφιλέστατον ἐξέφυγε καὶ παρῆλθε τῶν ἐνάλων. Ποίας γὰρ ἀηδόνας ἄξιον τῷ
φιλομούσῳ τῆς ἀλκυόνος ἢ τῷ φιλοτέκνῳ χελιδόνας ἢ τῷ φιλάνδρῳ πελειάδας ἢ
τῷ τεχνικῷ παραβάλλειν μελίττας; τίνος δὲ γενέσεις καὶ τόκους καὶ ὠδῖνας ὁ
θεὸς οὕτως ἐτίμησε; τὰς μὲν γὰρ Λητοῦς γονὰς μίαν ἑδρασθεῖσαν ὑποδέξασθαι
νῆσον ἱστοροῦσι, τῇ δ' ἀλκυόνι τικτούσῃ περὶ τροπὰς πᾶσαν ἵστησι θάλασσαν
ἀκύμονα καὶ ἀσάλευτον.
| [982] (982a) Le chien de mer ne le cède point en amour et en sollicitude pour
ses petits aux plus doux et aux plus privés des autres animaux. Il fait
d'abord son œuf, et lorsqu'il est éclos, il ne le met pas hors de son
corps, il l'y garde et l'y nourrit avec soin, comme pour l'engendrer une
seconde fois. Quand il est un peu plus grand, la mère le laisse sortir de
son sein, et lui apprend à nager, en se tenant toujours auprès de lui ;
ensuite elle le reprend dans son corps, où il trouve sa demeure, sa
nourriture et sa retraite, jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour se défendre lui-même.
La sollicitude de la tortue (982b) pour sa progéniture n'est pas moins admirable :
elle sort de la mer pour pondre ses œufs, qu'elle dépose près du rivage ;
et comme elle ne peut pas rester longtemps hors de l'eau pour les
couver, elle les met sur la grève, et les couvre du sable le plus fin et le plus doux
qu'elle peut trouver. Après les avoir ainsi cachés et couverts avec
précaution, elle fait, dit-on, des marques avec ses pieds pour reconnaître
l'endroit. D'autres disent que le mâle renverse la femelle sur le dos, et
imprime sur le sable, comme une espèce de sceau, la forme de son écaille.
Mais ce qui est encore plus merveilleux, c'est qu'elle calcule exactement
jusqu'au quarantième jour ; (982c) car c'est dans cet espace que les œufs
éclosent, et à cette époque précise, elle vient reconnaître son dépôt, et
le découvre avec autant de satisfaction et de joie qu'un homme en aurait à
retrouver son trésor.
Le crocodile est pour tout le reste à peu près comme la tortue; seulement,
on n'a pu imaginer encore ce qui le guide dans le choix du lieu où il
dépose ses œufs, et l'on attribue sa prévoyance à cet égard à une sorte de
divination plutôt qu'à son raisonnement; car il pose justement ses œufs,
sans se tromper d'un pas, à la hauteur où le Nil doit déborder et couvrir
la terre chaque année ; de sorte que le laboureur (962d) qui les rencontre
le premier, annonce aux autres quelle sera la hauteur du débordement, tant
le crocodile la mesure avec exactitude, afin de pouvoir conserver ses œufs
sans qu'ils soient mouillés! Dès que les petits sont éclos, si la mère en
voit un qui, au sortir de la coque, ne saisisse pas la première proie qui
se présente, comme une mouche, une fourmi, un ver, une paille ou un brin
d'herbe, elle le déchire à belles dents et le tue. Mais elle soigne avec
tendresse ceux qui montrent du courage et de l'ardeur; et, à l'exemple des
hommes les plus sages, elle se décide dans son affection d'après son
jugement et non d'après la passion. Les veaux marins font aussi leurs
petits sur la terre, mais peu à peu ils les attirent dans la mer, leur en font faire l'essai,
(982e) et les en retirent promptement ; ils répètent cela plusieurs fois, en les prenant
l'un après l'autre, jusqu'à ce qu'ils y soient accoutumés et qu'ils
soutiennent hardiment la vie de la mer. Les grenouilles, quand leurs
amours commencent, s'entr'appellent avec un son de voix qui respire la
tendresse et les invite à s'unir. Lorsque le mâle a par ce moyen attiré la
femelle, ils attendent ensemble que la nuit soit venue; car ils ne peuvent
pas s'accoupler dans l'eau, et sur la terre ils craignent le grand jour.
Dès que l'obscurité commence, ils sortent de l'eau et s'accouplent sans
crainte. Au reste, quand ces animaux sentent qu'il va pleuvoir, ils
jettent des cris beaucoup plus forts qu'à l'ordinaire, et c'est un des
signes les plus certains de la pluie.
Mais, ô Neptune, de quelle énorme faute ai-je manqué de me (982f) rendre
coupable! A quel ridicule me serais-je exposé si, pendant que je m'amuse à
parler des veaux marins et des grenouilles, j'avais oublié celui de tous
les animaux marins qui est le plus sage et le plus cher aux dieux ! Car le
plus beau chant du rossignol est-il comparable à celui des alcyons ? La
tendresse des hirondelles pour leurs petits, l'amour des colombes pour
leurs maris, et l'industrie des abeilles, peuvent-ils être mis en
parallèle avec ceux de ces oiseaux ? De quel autre animal les dieux
ont-ils autant honoré l'enfantement et la naissance? L'île seule de Délos
fut rendue stable pour recevoir Latone au moment de ses couches. Mais
quand l'alcyon fait ses petits au temps du solstice d'hiver, les dieux
font régner le calme sur toutes les mers et suspendent l'agitation des flots.
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