HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?

Page 983

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[983] (983a) Ὅθεν οὐδὲν ἔστι ζῷον ἄλλο, μᾶλλον φιλοῦσιν ἄνθρωποι· δι' ἣν ἑπτὰ μὲν ἡμέρας ἑπτὰ δὲ νύκτας ἐν ἀκμῇ χειμῶνος ἀδεῶς πλέουσι, τῆς κατὰ γῆν πορείας τηνικαῦτα τὴν διὰ τῆς θαλάσσης ἀσφαλεστέραν ἔχοντες. Εἰ δὲ δεῖ καὶ περὶ ἑκάστης τῶν ἀρετῶν ἃς ἔχει βραχέα φάναι, φίλανδρος μὲν οὕτως ἐστίν, ὥστε μὴ καθ' ἕνα καιρὸν ἀλλὰ δι' ἔτους συνεῖναι καὶ προσδέχεσθαι τὴν τοῦ ἄρρενος ὁμιλίαν, οὐ διὰ τὸ ἀκόλαστον (ἄλλῳ γὰρ οὐ μίγνυται τὸ παράπαν) ἀλλ' ὑπ' εὐνοίας ὥσπερ γυνὴ γαμετὴ καὶ φιλοφροσύνης· ὅταν δὲ διὰ γῆρας ἀσθενὴς ἄρρην γένηται συνέπεσθαι καὶ βαρύς, ὑπολαβοῦσα (983b) γηροφορεῖ καὶ γηροτροφεῖ, μηδαμοῦ προϊεμένη μηδὲ καταλείπουσα χωρίς, ἀλλὰ τοῖς ὤμοις ἐκεῖνον ἀναθεμένη καὶ κομίζει πανταχόσε καὶ θεραπεύει καὶ σύνεστιν ἄχρι τελευτῆς. Τῷ δὲ φιλοτέκνῳ καὶ πεφροντικότι σωτηρίας τῶν γεννωμένων συναισθανομένη κύουσαν ἑαυτὴν τάχιστα τρέπεται πρὸς ἐργασίαν τῆς νεοττιᾶς, οὐ φύρουσα πηλὸν οὐδὲ προσερείδουσα τοίχοις καὶ ὀρόφοις ὥσπερ αἱ χελιδόνες, οὐδὲ χρωμένη πολλοῖς τοῦ σώματος ἐνεργοῖς μέρεσιν, ὥσπερ τῆς μελίττης ἐνδυομένης τῷ σώματι καὶ τὸ κηρίον ἀνοιγούσης ὁμοῦ ψαύοντες οἱ ἓξ πόδες εἰς ἑξάγωνα τὸ πᾶν ἀγγεῖα διαιροῦσιν· δ' ἀλκυὼν ἓν (983c) ὄργανον ἁπλοῦν ἓν ὅπλον ἓν ἐργαλεῖον ἔχουσα, τὸ στόμα, καὶ μηδὲν ἄλλο τοῦ φιλοπόνου καὶ φιλοτέχνου συνεργόν, οἷα μηχανᾶται καὶ δημιουργεῖ χαλεπόν ἐστι πεισθῆναι μὴ καταμαθόντας ὄψει τὸ πλαττόμενον ὑπ' αὐτῆς μᾶλλον δὲ ναυπηγούμενον, σχημάτων πολλῶν μόνον ἀπερίτρεπτον καὶ ἀβάπτιστον· συλλέξασα γὰρ τὰς τῆς βελόνης ἀκίδας συντίθησι καὶ συνδεῖ πρὸς ἀλλήλας ἐγκαταπλέκουσα τὰς μὲν εὐθείας τὰς δὲ πλαγίας, ὥσπερ ἐπὶ στήμονι κρόκην ἐμβάλλουσα, προσχρωμένη καμπαῖς καὶ περιαγωγαῖς δι' ἀλλήλων, ὥστε διαρμόσαι καὶ γενέσθαι στρογγύλον (983d) ἐνήρεμον προμήκει τῷ σχήματι, ἁλιευτικῷ κύρτῳ παραπλήσιον. Ὅταν δὲ συντελέσῃ, φέρουσα παρέθηκε παρὰ τὸ κλύσμα τοῦ κύματος, ὅπου προσπίπτουσα μαλακῶς θάλασσα τὸ μὲν οὐ καλῶς ἀραρὸς ἐδίδαξεν ἀκέσασθαι καὶ καταπυκνῶσαι χαλώμενον ὁρῶσαν ὑπὸ τῆς πληγῆς· τὰ δ' ἡρμοσμένα κατασφίγγει καὶ πήγνυσιν, ὥστε καὶ λίθῳ καὶ σιδήρῳ δυσδιάλυτον εἶναι καὶ δύστρωτον. Οὐδενὸς δ' ἧσσον ἀξιοθαύμαστόν ἐστιν τε συμμετρία τό τε σχῆμα τῆς τοῦ ἀγγείου κοιλότητος· πεποίηται γὰρ αὐτὴν ἐκείνην μόνην ἐνδυομένην δέχεσθαι τοῖς δ' ἄλλοις τυφλὸν εἶναι πάντῃ καὶ κρύφιον, ὥστε παριέναι μηδὲν (983e) εἴσω μηδὲ τῆς θαλάττης. Οἶμαι μὲν οὖν μηδέν' ὑμῶν ἀθέατον εἶναι τῆς νεοττιᾶς· ἐμοὶ δὲ πολλάκις ἰδόντι καὶ θιγόντι παρίσταται λέγειν καὶ ᾄδειν « Δήλῳ δή ποτε τοῖον Ἀπόλλωνος παρὰ ναῷ » τὸν κεράτινον βωμὸν εἶδον ἐν τοῖς ἑπτὰ καλουμένοις θεάμασιν ὑμνούμενον, ὅτι μήτε κόλλης δεόμενος μήτε τινὸς ἄλλου δεσμοῦ διὰ μόνων τῶν δεξιῶν συμπέπηγε καὶ συνήρμοσται κεράτων. Ἵλεως δ' θεὸς εἴη .... καὶ πρός τι μουσικὸν ὄντα καὶ νησιώτην, ὑμνουμένης τῆς πελαγίου σειρῆνος εὐμενῶς δέχεσθαι καὶ καταγελᾶν τῶν ἐρωτημάτων ἐκείνων, σκώπτοντες ἐρωτῶσιν οὗτοι, δια τι... Ἀπολλων συθ... οὐδὲ τριγλοβο...δη γινώσκοντα (983f) ... Ἀφροδίτην ὁμου... κατὰ θάλατταν ποιουμένην αὑτῆς ἱερὰ καὶ ἀδελφὰ καὶ μηδενὶ φονευομένῳ χαίρουσαν. Ἐν δὲ Λέπτει τοὺς ἱερεῖς τοῦ Ποσειδῶνος οὐδὲν ἔναλον τὸ παράπαν ἐσθίοντας, τρίγλαν δὲ τοὺς ἐν Ἐλευσῖνι μύστας σεβομένους ἴστε, καὶ τῆς Ἥρας ἐν Ἄργει τὴν ἱέρειαν ἀπεχομένην ἐπὶ τιμῇ τοῦ ζῴου· τὸν γὰρ θαλάττιον λαγωόν, ὅς ἐστιν ἀνθρώπῳ θανάσιμος, κτείνουσιν αἱ τρίγλαι μάλιστα καὶ καταναλίσκουσι· διὸ ταύτην ὡς φιλάνθρωπα καὶ σωτήρια ζῷα τὴν ἄδειαν ἔχουσι. [983] (983a) Aussi n'est-il point d'animal que les hommes aiment autant que l'alcyon, à qui ils doivent, au fort de l'hiver, sept jours et sept nuits d'une navigation tranquille, pendant lesquels ils vont sur mer avec plus de sûreté que sur la terre. Détaillerai-je les verins de ces oiseaux? Tel est l'amour de la femelle pour son mari, qu'elle vit avec lui, non pas une seule saison, mais toute l'année ; et cela non par l'attrait du plaisir, car jamais elle ne reçoit aucun autre mâle, mais par l'affection qu'elle lui porte, comme une femme honnête ne se sépare point de son mari. Quand le mâle, affaibli et appesanti par l'âge, a de la peine à la suivre, (983b) elle le soutient et le nourrit dans sa vieillesse, sans jamais s'en éloigner ni le laisser seul. Elle le charge sur ses épaules, le porte partout, le sert avec le plus grand soin, et ne le quitte qu'après sa mort. Rien n'égale sa tendresse et son attention pour ses petits. Dès qu'elle se sent pleine, elle s'occupe aussitôt de la construction de son nid. Et pour cela elle ne détrempe pas de la boue, pour la coller aux toits et aux murailles, comme l'hirondelle, elle n'y emploie pas tous les membres de son corps, comme l'abeille, qui, entrant tout entière dans sa cellule, met tout ce qu'elle a de force pour la façonner et la diviser en hexagones réguliers. L'alcyon n'a d'autre (983c) instrument et d'autre arme que son bec, et sans aucun secours étranger il construit son nid avec tant d'art, qu'à moins de l'avoir vu on ne peut imaginer l'exactitude de ses proportions. Telle qu'un habile constructeur de vaisseaux, elle choisit entre toutes les formes la seule qui ne l'expose pas à être renversée ou enfoncée dans la mer. Elle ramasse des arêtes d'un poisson qu'on nomme aiguille de mer, elle les lie ensemble et les entrelace en long et en large, comme le tisserand croise l'estam et la trame ; ensuite elle les plie et les courbe les unes et les autres et en forme un corps arrondi semblable à un vaisseau à rames, mais qui, par sa longueur, (983b) ressemble à une nasse de pêcheur. Quand il est fini, elle le pose sur les flots, afin que la mer le batte légèrement et lui découvre les endroits qui ont besoin d'être fortifiés et resserrés. Pour ceux qui sont bien joints, le mouvement des flots les affermit encore davantage, au point que ni le fer ni la pierre ne sauraient le rompre ou le défaire. Ce qu'il y a de plus merveilleux, c'est la forme et la proportion de sa cavité intérieure. Elle est d'une telle justesse, qu'elle ne peut donner entrée qu'au seul alcyon, que l'ouverture même en est cachée aux autres oiseaux, et que l'eau (983e) de la mer n'y pénètre point. Il n'est sans doute personne de vous qui ne connaisse ces nids ; pour moi qui en ai souvent vu et manié, j'ai été tenté à chaque fois de dire avec Homère : "Le temple de Délos offre un pareil prodige". Je parle de cet autel de corne qu'on compte parmi les sept merveilles du monde, et qui est tout fait de cornes droites de taureaux, sans qu'on y ait employé ni colle, ni ciment, ni aucune autre espèce de lien. Je supplie Apollon de me pardonner si moi, qui suis insulaire et musicien, je ne parle point de la sirène de mer, tant célébrée par les poètes ; si je ne réponds point à ces questions ridicules qu'on a faites : pourquoi Apollon n'est pas appelé le destructeur des congres, ni Diane l'exterminatrice des surmulets. Nous voyons que Vénus (983f) protége ces animaux, et qu'à cause de cela elle est honorée dans des temples qu'on lui élève près de la mer ; ce qu'il y a de certain, c'est que cette déesse n'aime pas qu'on lui en immole aucun. Vous savez qu'à Leptis les prêtres de Neptune ne mangent rien qui vienne de la mer; qu'à Éleusis, les initiés aux mystères honorent le surmulet; qu'à Argos, la prêtresse de Junon s'abstient, par respect, d'en manger; car cette espèce de poisson détruit, le plus qu'elle peut, le lièvre marin, dont la chair est mortelle pour l'homme. Voilà pourquoi on les épargne comme des animaux amis de l'homme et qui lui sont utiles.


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Dernière mise à jour : 28/11/2007