| [984] (984a) Καὶ μὴν Ἀρτέμιδός γε Δικτύννης Δελφινίου τ' Ἀπόλλωνος ἱερὰ καὶ 
βωμοὶ παρὰ πολλοῖς εἰσιν Ἑλλήνων· ὃν δ' αὐτὸς ἑαυτῷ τόπον ἐξαίρετον ὁ θεὸς 
πεποίηται, ... Κρητῶν ἀπογόνους ἀποικοῦντας ἡγεμόνι δελφῖνι χρησαμένους· 
οὐ γὰρ ὁ θεὸς προενήχετο τοῦ στόλου μεταβαλὼν τὸ εἶδος, ὡς οἱ μυθογράφοι 
λέγουσιν, ἀλλὰ δελφῖνα πέμψας τοῖς ἀνδράσιν ἰθύνοντα τὸν πλοῦν κατήγαγεν 
εἰς Κίρραν. Ἱστοροῦσι δὲ καὶ τοὺς πεμφθέντας εἰς Σινώπην ὑπὸ Πτολεμαίου 
τοῦ Σωτῆρος ἐπὶ τὴν Σαράπιδος κομιδήν, Σωτέλη καὶ Διονύσιον, ἀπωσθέντας 
ἀνέμῳ βιαίῳ κομίζεσθαι παρὰ γνώμην ὑπὲρ Μαλέαν, ἐν (984b) δεξιᾷ 
Πελοπόννησον ἔχοντας, εἶτα ῥεμβομένους καὶ δυσθυμοῦντας αὐτοὺς προφανέντα 
δελφῖνα πρῴραθεν ὥσπερ ἐκκαλεῖσθαι καθηγούμενον εἰς τὰ ναύλοχα καὶ σάλους 
μαλακοὺς ἔχοντα τῆς χώρας καταμένειν ἀσφαλεῖς, ἄχρις οὗ τοῦτον τὸν τρόπον 
ἄγων καὶ παραπέμπων τὸ πλοῖον εἰς Κίρραν κατέστησεν. Ὅθεν ἀναβατήριον 
θύσαντες ἔγνωσαν ὅτι δεῖ δυεῖν ἀγαλμάτων τὸ μὲν τοῦ Πλούτωνος ἀνελέσθαι 
καὶ κομίζειν τὸ δὲ τῆς Κόρης ἀπομάξασθαι καὶ καταλιπεῖν. Εἰκὸς μὲν οὖν ἦν 
καὶ τὸ φιλόμουσον ἀγαπᾶν τοῦ θηρίου τὸν θεόν· ᾧ καὶ Πίνδαρος ἀπεικάζων 
ἑαυτὸν ἐρεθίζεσθαί φησιν
(984c) « Ἁλίου δελφῖνος ὑπόκρισιν· 
τὸν μὲν ἀκύμονος ἐν πόντου πελάγει
αὐλῶν ἐκίνης' ἐρατὸν μέλος. »
Ἀλλὰ μᾶλλον ἔοικε τὸ φιλάνθρωπον αὐτοῦ θεοφιλὲς εἶναι· μόνος γὰρ ἄνθρωπον 
ἀσπάζεται, καθ' ὃ ἄνθρωπός ἐστι. Τῶν δὲ χερσαίων τὰ μὲν οὐδένα τὰ δ' 
ἡμερώτατα μόνους περιέπει τοὺς τρέφοντας ὑπὸ χρείας, καὶ τοὺς συνήθεις ὁ 
κύων ὁ ἵππος ὁ ἐλέφας· αἱ δὲ χελιδόνες ὅσων μὲν δέονται τυγχάνουσιν 
εἰσοικισάμεναι, σκιᾶς καὶ ἀναγκαίας ἀσφαλείας, φεύγουσι δὲ καὶ φοβοῦνται 
τὸν ἄνθρωπον ὥσπερ θηρίον. Τῷ δὲ δελφῖνι παρὰ πάντα καὶ μόνῳ τὸ ζητούμενον 
ὑπὸ τῶν ἀρίστων φιλοσόφων ἐκεῖνο, τὸ φιλεῖν (984d) ἄνευ χρείας, φύσει πρὸς 
ἀνθρώπους ὑπάρχει. Μηδενὸς γὰρ εἰς μηδὲν ἀνθρώπου δεόμενος πᾶσιν εὐμενής 
τε φίλος ἐστὶ καὶ βεβοήθηκε πολλοῖς. Ὦν τὰ μὲν Ἀρίονος οὐδεὶς ἀγνοεῖ, 
περιβόητα γάρ ἐστιν· Ἡσιόδου δὲ κατὰ καιρὸν αὐτὸς ἡμᾶς, ὦ φίλε, ἀνέμνησας, 
« ἀτὰρ οὐ τέλος ἵκεο μύθων » ἔδει δὲ τὸν κύν' αἰτιασάμενον μὴ παραλιπεῖν 
τοὺς δελφῖνας· τυφλὸν γὰρ ἦν τὸ μήνυμα τοῦ κυνός, ὑλακτοῦντος καὶ μετὰ 
βοῆς ἐπιφερομένου τοῖς φονεῦσιν, εἰ μὴ τὸν νεκρὸν περὶ τὸ Νέμειον 
θαλάσσῃ διαφερόμενον ἀράμενοι δελφῖνες, ἕτεροι παρ' ἑτέρων ἐκδεχόμενοι 
προθύμως, εἰς τὸ Ῥίον ἐκθέντες ἔδειξαν ἐσφαγμένον.
(984e)  Ἔναλον δὲ τὸν Αἰολέα Μυρσίλος ὁ Λέσβιος στορεῖ, τῆς Σμινθέως 
ἐρῶντα θυγατρὸς ῥιφείσης κατὰ χρησμὸν τῆς Ἀμφιτρίτης ὑπὸ τῶν Πενθιλιδῶν, 
καὶ αὐτὸν ἐξαλόμενον εἰς τὴν θάλασσαν ὑπὸ δελφῖνος σῶον ἐξενεχθῆναι πρὸς 
τὴν Λέσβον. Ἡ δὲ πρὸς τὸν Ἰασέα παῖδα τοῦ δελφῖνος εὔνοια καὶ φιλία δι' 
ὑπερβολὴν ἔρως ἔδοξε· συνέπαιζε γὰρ αὐτῷ καὶ συνενήχετο καθ' ἡμέραν καὶ 
παρεῖχεν ἐν χρῷ ψαυόμενος· ἔπειτα περιβαίνοντος οὐκ ἔφευγεν, ἀλλ' ἔφερε 
χαίρων, πρὸς ὃ ἔκαμπτε κλίνων, ὁμοῦ πάντων Ἰασέων ἑκάστοτε συντρεχόντων 
ἐπὶ τὴν θάλατταν. Ὄμβρου δέ ποτε πολλοῦ μετὰ χαλάζης ἐπιπεσόντος (984f) ὁ 
μὲν παῖς ἀπορρυεὶς ἐξέλιπεν, ὁ δὲ δελφὶν ὑπολαβὼν ἅμα τῷ νεκρῷ συνεξέωσεν 
αὐτὸς ἑαυτὸν ἐπὶ τὴν γῆν καὶ οὐκ ἀπέστη τοῦ σώματος, ἕως ἀπέθανε, 
δικαιώσας μετασχεῖν ἧς συναίτιος ἔδοξε γεγονέναι τελευτῆς. Καὶ τοῦ πάθους 
ἐπίσημον Ἰασεῦσι τὸ χάραγμα τοῦ νομίσματός ἐστι, παῖς ὑπὲρ δελφῖνος 
ὀχούμενος. Ἐκ δὲ τούτου καὶ τὰ περὶ Κοίρανον ὄντα μυθώδη πίστιν ἔσχε.
 | [984] (984a) Au reste, il y a dans plusieurs villes de la Grèce des temples et 
des autels consacrés à Diane, surnommée Dictymne, et à Apollon Delphinien; 
et la ville que ce dieu a particulièrement choisie pour sa demeure fut 
bâtie par une colonie de Crétois qu'un dauphin y avait conduits ; non 
que ce dieu eût pris lui-même la forme de cet animal, comme le prétendent 
les mythologistes, mais il leur envoya un dauphin qui leur servit de guide 
dans leur navigation, et les fit aborder à Cirrha. On raconte que 
ceux qui furent envoyés à Sinope par le roi Ptolémée Soter pour en 
apporter Sérapis et Bacchus, furent, malgré tous leurs efforts, jetés par 
un vent violent au delà du promontoire de Malée, à la (984b) droite du 
Péloponnèse. Comme ils erraient sur la mer, agités de vives inquiétudes, 
ils aperçurent devant la proue de leur vaisseau un dauphin qui semblait 
les appeler et s'offrir à les guider vers des rades où ils seraient en 
sûreté. Il marchait devant eux, les menant de station en station, jusqu'à 
ce qu'enfin il les conduisit à Cirrha, où ils débarquèrent. Là, après leur 
sacrifice d'actions de grâces, ils surent que des deux statues qui étaient 
dans cette ville, ils devaient emporter celle de Pluton et laisser celle 
de Proserpine, après avoir pris l'empreinte de sa forme. Il est naturel 
qu'Apollon aime cet animal, qui a du goût pour la musique, et auquel 
Pindare se compare, en disant qu'il est provoqué et excité par son exemple 
lorsqu'il le voit (984c) "Sur une mer tranquille accourir aux accords 
Dont le charme puissant fait retentir ses bords". 
Mais je crois que l'humanité du dauphin le rend encore plus cher à ce 
dieu. C'est le seul animal qui aime l'homme pour lui-même. Parmi les 
animaux terrestres, il en est qui sont ennemis de tous les hommes ; et les 
plus doux n'aiment par intérêt que ceux qui les nourrissent et avec qui 
ils vivent : tels sont le chien, le cheval et l'éléphant. Les hirondelles, 
qui trouvent dans nos maisons tout ce qui leur est nécessaire, le logement 
et la sûreté, fuient cependant l'homme et le redoutent comme une bête 
féroce. Le dauphin est le seul animal à qui la nature ait inspiré pour 
l'homme cette affection pure et désintéressée qui, selon les plus vertueux 
philosophes, (984d) fait le caractère de la véritable amitié. Sans jamais 
avoir besoin d'aucun homme, il a pour tous en général une égale 
bienveillance, et il en a secouru plusieurs, entre autres Arion, dont 
l'histoire si célèbre est connue de tout le monde. Vous-même, mon cher 
Aristotime, vous avez rappelé fort à propos le trait d'Hésiode ; mais vous 
avez laissé le récit imparfait : après avoir vanté le chien de ce poète, 
il ne fallait pas oublier le dauphin. Car, après tout, c'était un indice 
assez faible de la part du chien que de courir en aboyant avec force 
après les meurtriers de son maître. Mais des dauphins ayant trouvé auprès 
de Némée un cadavre qui flottait sur la mer, ils le chargèrent sur leur 
dos, le portèrent alternativement, et allèrent le déposer au promontoire 
de Rhyum, et là il fut reconnu qu'il avait été tué. 
(984e) Myrtile de Lesbos raconte qu'Enalus d'Eolie, amant de la fille de 
Phinée, laquelle, par ordre de l'oracle d'Amphitrite, avait été précipitée 
dans la mer par les descendants de Penthilus, s'y jeta après elle, et fut 
reçu par un dauphin qui le porta jusqu'à Lesbos. L'affection qu'un de 
ces animaux conçut pour un jeune homme de Jassos était si vive, 
qu'elle fut regardée comme un véritable amour. Tous les jours il nageait 
et jouait avec lui sur les eaux; il se laissait manier librement, et quand 
le jeune homme montait sur son dos, l'animal, loin de s'y refuser, le 
portait avec plaisir partout où il voulait aller; et cela à la vue de tous 
les habitants de Jassos, qui venaient souvent sur le bord de la mer pour 
être témoins de ce spectacle. Un jour qu'il survint une pluie violente, 
accompagnée de grêle, le jeune homme glissa de dessus le dauphin et se 
noya. (984f) L'animal l'ayant chargé sur son dos, le porta au rivage, s'y 
jeta lui-même sans vouloir quitter le corps, et s'y laissa mourir, croyant 
qu'il devait partager le sort du jeune homme dont il avait en quelque 
sorte causé la mort.  Les Jassiens, pour perpétuer le souvenir de cet 
événement, mirent depuis sur leur monnaie la figure d'un enfant assis sur 
un dauphin. 
Ce récit rend croyable ce qu'on raconte de Céranus, tout fabuleux qu'il paraît. 
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