[981] (981a) ἕπεται γὰρ αὐτῷ τὸ κῆτος, ὥσπερ οἴακι ναῦς,
παραγόμενον εὐπειθῶς. Καὶ τῶν μὲν ἄλλων, ὅ τι ἂν παραλάβῃ τῷ
χάσματι ζῷον ἢ σκάφος ἢ λίθον, εὐθὺς διέφθαρται καὶ ἀπόλωλε πᾶν
ἐμβεβυθισμένον· ἐκεῖνον δὲ γιγνῶσκον ἀναλαμβάνει τῷ στόματι καθάπερ
ἄγκυραν ἐντός· ἐγκαθεύδει γὰρ αὐτῷ καὶ τὸ κῆτος ἕστηκεν ἀναπαυομένου καὶ
ὁρμεῖ· προελθόντος δ' αὖθις ἐπακολουθεῖ μήθ' ἡμέρας μήτε νυκτὸς
ἀπολειπόμενον, ἢ ῥέμβεται καὶ πλανᾶται, καὶ πολλὰ διεφθάρη καθάπερ
ἀκυβέρνητα πρὸς γῆν ἐξενεχθέντα. Καὶ γὰρ ἡμεῖς περὶ Ἀντίκυραν ἑωράκαμεν οὐ
πάλαι· καὶ πρότερον ἱστοροῦσιν οὐ (981b) πόρρω Βουνῶν ἐξοκείλαντος καὶ
κατασαπέντος λοιμὸν γενέσθαι.
Ἆρ' οὖν ἄξιόν ἐστι ταύταις ταῖς κοινωνίαις καὶ συμπεριφοραῖς παραβάλλειν
ἅσπερ Ἀριστοτέλης ἱστορεῖ φιλίας ἀλωπέκων καὶ ὄφεων διὰ τὸ κοινὸν αὐτοῖς
πολέμιον εἶναι τὸν ἀετόν, ἢ τὰς ὠτίδων πρὸς ἵππους, ὅτι χαίρουσι
προσπελάζουσαι καὶ διασκάλλουσαι τὸν ὄνθον; ἐγὼ μὲν γὰρ οὐδ' ἐν μελίτταις
ὁρῶ τοσαύτην ἀλλήλων ἐπιμέλειαν οὐδ' ἐν μύρμηξι· τὸ γὰρ κοινὸν αὔξουσι
πᾶσαι καὶ πάντες ἔργον, ἑτέρῳ δὲ καθ' ἕτερον ἑτέρου στοχασμὸς οὐδεὶς οὐδὲ
φροντὶς ἔστιν.
Ἔτι δὲ μᾶλλον κατοψόμεθα τὴν διαφοράν, ἐπὶ τὰ (981c) πρεσβύτατα καὶ
μέγιστα τῶν κοινωνικῶν ἔργων καὶ καθηκόντων τὰ περὶ τὰς γενέσεις καὶ
τεκνώσεις τὸν λόγον τρέψαντες. Πρῶτον μὲν γὰρ οἱ λίμναις παρήκουσαν ἢ
ποταμοὺς ὑποδεχομένην νεμόμενοι θάλατταν ἰχθύες, ὅταν μέλλωσι τίκτειν,
ἀνατρέχουσι, τῶν ποτίμων ὑδάτων τὴν πραότητα καὶ τὸ ἄσαλον διώκοντες·
ἀγαθὴ γὰρ ἡ γαλήνη λοχεῦσαι· καὶ τὸ ἄθηρον ἅμα ταῖς λίμναις ἔνεστι καὶ
ποταμοῖς, ὥστε σῴζεσθαι τὰ τικτόμενα. Διὸ καὶ πλεῖστα καὶ μάλιστα
γονεύεται περὶ τὸν Εὔξεινον πόντον· οὐ γὰρ τρέφει κήτη ἀλλ' ἢ φώκην ἀραιὰν
καὶ δελφῖνα μικρόν· ἔτι δ' ἡ τῶν ποταμῶν ἐπιμιξία, πλείστων καὶ (981d)
μεγίστων ἐκδιδόντων εἰς τὸν Πόντον, ἤπιον παρέχει καὶ πρόσφορον τοῖς
λοχευομένοις κρᾶσιν. Τὸ δὲ τοῦ ἀνθίου θαυμασιώτατόν ἐστιν, ὃν Ὅμηρος
«ἱερὸν ἰχθύν » εἴρηκε· καίτοι μέγαν τινὲς οἴονται τὸν ἱερὸν καθάπερ ὀστοῦν
ἱερὸν τὸ μέγα, καὶ τὴν ἐπιληψίαν, μεγάλην νόσον οὖσαν, ἱερὰν καλοῦσιν·
ἔνιοι δὲ κοινῶς τὸν ἄφετον καὶ ἱερωμένον. Ἐρατοσθένης δὲ τὸν χρύσοφρυν ἔοικεν
« Εὐδρομίην χρύσειον ἐπ' ὀφρύσιν ἱερὸν ἰχθύν »
λέγειν· πολλοὶ δὲ τὸν ἔλλοπα, σπάνιος γάρ ἐστι καὶ οὐ ῥᾴδιος ἁλῶναι.
Φαίνεται δὲ περὶ Παμφυλίαν πολλάκις· ἂν οὖν ποτε λάβωσι, στεφανοῦνται μὲν
αὐτοὶ στεφανοῦσι δὲ τὰς ἁλιάδας, κρότῳ δὲ καὶ πατάγῳ καταπλέοντας αὐτοὺς
ὑποδέχονται καὶ τιμῶσιν. (981e) Οἱ δὲ πλεῖστοι τὸν ἀνθίαν ἱερὸν εἶναι καὶ
λέγεσθαι νομίζουσιν· ὅπου γὰρ ἂν ἀνθίας ὀφθῇ, θηρίον οὐκ ἔστιν, ἀλλὰ
θαρροῦντες μὲν οἱ σπογγοθῆραι κατακολυμβῶσι θαρροῦντες δὲ τίκτουσιν οἱ
ἰχθύες, ὥσπερ ἐγγυητὴν ἀσυλίας ἔχοντες. Ἡ δ' αἰτία δυσλόγιστος, εἴτε
φεύγει τὰ θηρία τὸν ἀνθίαν ὡς σῦν ἐλέφαντες ἀλεκτρυόνα δὲ λέοντες, εἴτ'
ἐστὶ σημεῖα τόπων ἀθήρων, ἃ γιγνώσκει καὶ παραφυλάττει συνετὸς ὢν καὶ
μνημονικὸς ὁ ἰχθύς.
Ἀλλ' ἥ γε πρόνοια κοινὴ τοῖς τίκτουσι τῶν γεννωμένων· οἱ δ' ἄρρενες οὐ τὸν
αὑτῶν κατεσθίουσι γόνον, (981f) ἀλλὰ καὶ προσδιατρίβουσι τοῖς κυήμασιν
ᾠοφυλακοῦντες ὡς ἱστόρηκεν Ἀριστοτέλης· οἱ δ' ἑπόμενοι ταῖς θηλείαις
καταρραίνουσι κατὰ μικρὸν τὸν θορόν· ἄλλως γὰρ οὐ γίγνεται μέγα τὸ
τεχθὲν ἀλλ' ἀτελὲς μένει καὶ ἄναυξον. Ἰδίᾳ δ' αἱ φυκίδες ἐκ τῶν φυκίων
οἷον νεοττιὰν διαπλασάμεναι περιαμπέχουσι τὸν γόνον καὶ σκέπουσιν ἀπὸ τοῦ
κλύδωνος.
| [981] (981a) Le monstre le suit et se laisse mener avec docilité,
comme un vaisseau est dirigé par le gouvernail. Toute autre
chose qui tombe dans sa gueule, un animal, un vaisseau, une pierre, est
aussitôt engloutie et se perd dans ce gouffre immense. Mais la baleine,
connaissant ce petit poisson, le reçoit dans sa gueule comme une ancre; il
s'y endort, et pendant son sommeil le monstre s'arrête; quand le guide
sort, il se remet à le suivre, sans le quitter ni jour ni nuit. Autrement
il s'égare, il erre au hasard ; et l'on en a souvent vu échouer et périr
sur la côte faute de guide, comme un vaisseau qui n'a point de gouvernail.
J'en ai été moi-même témoin à Anticyre ; et l'on dit que dans une époque
plus reculée, il y en eut un qui fut jeté sur le rivage (981b) près de la
ville de Bunes, où il pourrit et répandit la peste dans les environs.
Maintenant, je le demande, est-il raisonnable de comparer avec une société
et des habitudes si intimes cette amitié que, suivant Aristote, les
renards et les serpents forment ensemble pour se défendre contre l'aigle,
leur ennemi commun? ou celle des outardes avec les chevaux, parce que ces
oiseaux prennent plaisir à gratter leur fiente ? Pour moi, je ne vois ni
dans les abeilles ni dans les fourmis une pareille attention à se soigner
réciproquement. A la vérité, elles travaillent en commun pour accroître
leurs possessions, mais elles ne s'occupent pas réciproquement de leur
bien particulier. Nous verrons plus sensiblement cette différence, si nous
considérons (981c) le plus ancien comme le plus important des devoirs pour
les êtres en société, le soin de leur reproduction. Premièrement, les
poissons qui habitent des mers voisines de quelque lac, ou dans lesquelles
des rivières se déchargent, lorsqu'ils sont près de faire leurs petits,
remontent vers ces eaux douces et choisissent les endroits où elles sont le plus
tranquilles; car ils ont besoin d'un grand calme pour faire leurs petits. D'ailleurs, les
lacs et les rivières n'ont pas de monstres marins ; en sorte que leur
progéniture y est en sûreté. Voilà pourquoi l'on en voit un si grand
nombre qui vont faire leurs petits dans le Pont-Euxin, parce que cette mer
n'a d'autres poissons cétacés que des phoques et des dauphins, qui même
n'y sont pas bien grands. Une autre raison de ce choix, c'est que
plusieurs rivières considérables (981d) qui s'y déchargent en rendent
l'eau plus douce et plus convenable aux mères. Mais rien n'est plus
admirable que la conduite du barbier, appelé par Homère le poisson sacré.
Il est vrai que quelques grammairiens pensent qu'en cet endroit, sacré
signifie grand, comme on appelle un de nos grands os "os sacrum", et qu'on
donne à l'épilepsie, une de nos plus graves maladies, le nom de mal sacré.
D'autres entendent en général le mot sacré d'une chose consacrée à la
Divinité et à laquelle on ne doit pas toucher. Cependant Ératosthène
appelle la dorade un poisson sacré, "Dont le front est orné d'une bande dorée".
Plusieurs croient qu'on nomme ainsi l'ellope parce qu'on le trouve
rarement et qu'il n'est pas facile à prendre. Cependant il en paraît assez
souvent près des côtes de Pamphylie, et quand les pécheurs en ont pris un,
ils mettent des couronnes sur leurs têtes et des guirlandes autour de
leurs barques ; en rentrant dans le port ils sont reçus avec des cris de
joie et des applaudissements universels. (981e) Mais l'opinion la plus
générale est que ce nom désigne le barbier, et qu'on le lui donne parce
que dans les lieux où il est on ne voit point de monstres marins ; en
sorte que les plongeurs qui cherchent les éponges, s'ils ont pu apercevoir
un barbier, plongent avec hardiesse, et les autres poissons y font avec
confiance leurs petits, parce qu'ils ont dans le barbier un garant de leur sûreté.
Il est difficile d'en assigner la cause et de décider si les monstres marins fuient
naturellement ce poisson, comme les éléphants évitent le pourceau, et les
lions le coq, ou bien s'il y a des indices certains pour reconnaître qu'il
n'y a point de monstre dans une mer, et que le barbier, qui a
naturellement de l'intelligence et de la mémoire, les ait observés et s'en
ressouvienne.
C'est sans doute un sentiment commun aux femelles de tous les animaux, que
la tendresse pour leurs petits. Mais parmi les poissons, les mâles le
partagent. On ne les voit pas, comme quelques animaux terrestres, dévorer
leur progéniture; (981f) ils ont soin des œufs aussi bien que les
femelles, au rapport d'Aristote. Ceux qui suivent leurs femelles répandent
leur semence sur les œufs, parce que sans cela les petits ne parviendraient
pas à leur grandeur, naturelle et resteraient imparfaits. Les tanges de
mer en particulier forment une sorte de nid avec de l'algue marine, et y
placent leurs petits pour les préserver de l'agitation des vagues.
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