HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Les animaux de terre ont-ils plus d'adresse que ceux de mer ?

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[979] (979a) Ὥσπερ αὖ πάλιν κάραβος ἐκείνων μὲν ἐν λαβαῖς γενομένων περιγίγνεται ῥᾳδίως· γὰρ ψιλότης οὐ βοηθεῖ πρὸς τὴν τραχύτητα· τοῦ δὲ πολύποδος εἴσω τὰς πλεκτάνας διωθοῦντος ἀπόλλυται. Καὶ τὸν κύκλον τοῦτον καὶ τὴν περίοδον ταῖς κατ' ἀλλήλων διώξεσι καὶ φυγαῖς γύμνασμα καὶ μελέτην φύσις αὐτοῖς ἐναγώνιον πεποίηκε δεινότητος καὶ συνέσεως. Ἀλλὰ μὴν ἐχίνου γέ τινα χερσαίου διηγήσατο πρόγνωσιν Ἀριστότιμος πνευμάτων, ὃς ἐθαύμαζε καὶ γεράνων τὴν ἐν τριγώνῳ πτῆσιν· ἐγὼ δ' ἐχῖνον μὲν οὐχ ἕνα Κυζικηνὸν Βυζάντιον, ἀλλὰ πάντας ὁμοῦ παρέχομαι (979b) τοὺς θαλαττίους, ὅταν αἴσθωνται μέλλοντα χειμῶνα καὶ σάλον, ἑρματιζομένους λιθιδίοις, ὅπως μὴ περιτρέπωνται διὰ κουφότητα μηδ' ἀποσύρωνται γενομένου κλύδωνος, ἀλλ' ἐπιμένωσιν ἀραρότως τοῖς πετριδίοις. δὲ γεράνων μεταβολὴ τῆς πτήσεως πρὸς ἄνεμον οὐχ ἑνὸς γένους ἐστίν, ἀλλὰ τοῦτο κοινῇ πάντες ἰχθύες νοοῦντες ἀεὶ πρὸς κῦμα καὶ ῥοῦν ἀντινήχονται καὶ παραφυλάττουσιν, ὅπως μὴ κατ' οὐρὰν προσφερομένου τοῦ πνεύματος λεπὶς ἀναπτυσσομένη λυπῇ τὸ σῶμα γυμνούμενον καὶ διατραχυνόμενον· ὅθεν ἀεὶ συνέχουσιν ἑαυτοὺς ἀντιπρῴρους· σχιζομένη (979c) γὰρ οὕτω κατὰ κορυφὴν θάλασσα τά τε βράγχια καταστέλλει καὶ κατὰ τῆς ἐπιφανείας ῥέουσα λείως πιέζει καὶ οὐκ ἀνίστησι τὸ φρικῶδες. Τοῦτο μὲν οὖν, ὥσπερ ἔφην, κοινόν ἐστι τῶν ἰχθύων, πλὴν τοῦ ἔλλοπος· τοῦτον δέ φασι κατ' ἄνεμον καὶ ῥοῦν νήχεσθαι, μὴ φοβούμενον τὴν ἀναχάραξιν τῆς λεπίδος, ἅτε δὴ μὴ πρὸς οὐρὰν τὰς ἐπιπτυχὰς ἐχούσης. δὲ θύννος οὕτως ἰσημερίας αἰσθάνεται καὶ τροπῆς, ὥστε καὶ τὸν ἄνθρωπον διδάσκειν μηδὲν ἀστρολογικῶν κανόνων δεόμενος· ὅπου γὰρ ἂν αὐτὸν χειμῶνος αἱ τροπαὶ καταλάβωσιν, ἀτρεμεῖ καὶ διατρίβει περὶ τὸν αὐτὸν τόπον ἄχρι τῆς ἰσημερίας. (979d) « Ἀλλὰ τῆς γεράνου σοφὸν τοῦ λίθου περίδραξις, ὅπως προϊεμένη πυκνὸν ἐξυπνίζηται ». Καὶ πόσῳ σοφώτερον, φίλε, τὸ τοῦ δελφῖνος, « Στῆναι μὲν οὐ θέμις οὐδὲ παύσασθαι φορᾶς· » ἀεικίνητος γάρ ἐστιν φύσις αὐτοῦ καὶ ταὐτὸν ἔχουσα τοῦ ζῆν καὶ τοῦ κινεῖσθαι πέρας· ὅταν δ' ὕπνου δέηται, μετεωρίσας ἄνω τὸ σῶμα πρὸς τὴν ἐπιφάνειαν τῆς θαλάττης, ὕπτιον ἀφῆκε διὰ βάθους, αἰώρας τινὶ σάλῳ κοιμιζόμενος, ἄχρι προσπεσεῖν καὶ ψαῦσαι τῆς γῆς· οὕτω δ' ἐξυπνισθεὶς ἀναρροιζεῖ καὶ πάλιν ἄνω γενόμενος ἐνδίδωσι, καὶ φέρεται κινήσει τινὰ μεμιγμένην ἀνάπαυσιν αὑτῷ μηχανώμενος. (979e) Τὸ δ' αὐτὸ δρᾶν καὶ θύννους ἀπὸ τῆς αὐτῆς αἰτίας λέγουσιν. Ἐπεὶ δ' ἄρτι τὴν μαθηματικὴν αὐτῶν τῆς τοῦ ἡλίου μεταβολῆς ἐτέλεσα πρόγνωσιν, ἧς μάρτυς Ἀριστοτέλης ἐστίν, ἄκουσον ἤδη τὴν ἀριθμητικὴν ἐπιστήμην αὐτῶν· πρότερον δέ, ναὶ μὰ Δία, τὴν ὀπτικήν, ἣν ἔοικε μηδ' Αἰσχύλος ἀγνοῆσαι· λέγει γάρ που « Τὸ σκαιὸν ὄμμα παραβαλὼν θύννου δίκην. » Τῷ γὰρ ἑτέρῳ δοκοῦσιν ἀμβλυώττειν· ὅθεν ἐμβάλλουσιν εἰς τὸν Πόντον ἐν δεξιᾷ τῆς γῆς ἐχόμενοι, καὶ τοὐναντίον ὅταν ἐξίωσιν, ἐμφρόνως πάνυ καὶ νουνεχῶς ἀεὶ τὴν τοῦ σώματος φυλακὴν ἐπὶ τῷ κρείττονι ποιούμενοι τῶν ὀφθαλμῶν. Ἀριθμητικῆς δὲ διὰ τὴν κοινωνικήν, ὡς ἔοικε, (979f) καὶ φιλάλληλον ἀγάπησιν ἑαυτῶν δεηθέντες οὕτως ἐπ' ἄκρον ἥκουσι τοῦ μαθήματος, ὥστ', ἐπεὶ πάνυ χαίρουσι τῷ συντρέφεσθαι καὶ συναγελάζεσθαι μετ' ἀλλήλων, ἀεὶ τὸ πλῆθος τῷ σχήματι κυβίζουσι καὶ στερεὸν ἐκ πάντων ποιοῦσιν, ἓξ ἴσοις ἐπιπέδοις περιεχόμενον· εἶτα νήχονται κατὰ τάξιν οὕτως τὸ πλαίσιον ἀμφίστομον διαφυλάττοντες. [979] (979a) Au contraire la langouste, quand elle peut saisir ces derniers poissons, en vient aisément à bout. Leur peau lisse ne leur est d'aucun secours contre l'écaille âpre et dure de la langouste ; mais aussi quand le polype peut serrer la langouste dans ses bras, elle périt bientôt. Ainsi la nature a donné aux poissons cette alternative d'attaque et de défense, qui est pour eux une sorte de combat et d'exercice dans lequel ils éprouvent leur prudence et leur adresse. Aristotime nous a vanté le pressentiment que les hérissons de terre ont du vent qui doit souffler, et le vol des grues en triangle. Pour moi, je ne citerai pas en particulier les hérissons de la mer de Cyzique ou de Byzance, mais en général ceux de (979b) toutes les mers. Quand ils sentent approcher la tempête, ils se lestent avec de petits cailloux, afin que leur légèreté ne les expose pas à être renversés ou entraînés par les vagues, et que le poids de ces pierres les tiennent fermes à leur place. L'intelligence que montrent les grues, en changeant l'ordre de leur vol selon le vent, n'est pas particulière à une seule espèce de poissons, elle est commune à tous ; ils nagent toujours contre le vent, et ont grand soin de ne pas l'avoir par derrière, de peur qu'il ne rebrousse leurs écailles et que leur corps, se trouvant à découvert, n'en soit blessé. Voilà pourquoi ils portent toujours la tête au vent ; par ce moyen, (979c) l'eau qu'ils fendent en avant tient leurs nageoires serrées, coule légèrement sur la surface de leurs corps, presse leurs écailles et empêche qu'elles ne se hérissent. Cette adresse est, comme je viens de le dire, commune à tous les poissons, l'ellope seul excepté, qui suit toujours, dit-on, le fil de l'eau et le cours du vent, sans craindre que ses écailles en soient rebroussées, parce qu'elles sont couchées vers la tête, et non du côté de la queue. Le thon connaît si bien le moment précis des équinoxes et des solstices, qu'il les enseigne à l'homme lui-même, sans avoir besoin de tables astronomiques ; car il s'arrête au lieu où le solstice d'hiver le surprend, et il n'en sort pas jusqu'à l'équinoxe. (979d) C'est sans doute une précaution bien sage de la part de la grue que de serrer une pierre dans sa patte, afin que, si elle vient à s'endormir, le bruit que la pierre fait en lui échappant la réveille ; mais, mon ami, que le dauphin montre bien plus de sagesse ! Ce poisson ne peut jamais s'arrêter ni cesser un instant de nager, parce qu'il est dans sa nature de se mouvoir toujours et de ne perdre le mouvement qu'avec la vie ; quand donc il a besoin de sommeil, il monte à la surface de l'eau, et se mettant sur le dos, il se laisse aller vers le fond, bercé par le mouvement des flots, jusqu'à ce qu'il vienne à toucher la terre ; réveillé alors par le coup qu'il reçoit, il s'élance de nouveau à la surface et redescend encore, sachant ainsi se procurer avec adresse une sorte de repos entremêlé de mouvement. (979e) Les thons, dit-on, font de même, et par le même motif. Après avoir montré que les poissons ont la connaissance astronomique des révolutions du soleil, connaissance attestée par Aristote lui-même, je dois parler aussi de leur science arithmétique, ou plutôt je citerai d'abord celle qu'ils ont en optique, et qu'Eschyle me paraît n'avoir pas ignorée, car il a dit : "A l'exemple du thon, il cligne son oeil gauche". Les thons ont cet oeil un peu faible. Voilà pourquoi, quand ils entrent dans la mer du Pont, ils tirent sur la droite le long de la côte, et quand ils en sortent, ils prennent vers la gauche. N'est-ce pas montrer beaucoup de prudence et de précaution, que de confier leur sûreté au meilleur de leurs yeux? Comme ils ont besoin de l'arithmétique pour maintenir leur société (979f) et leur affection mutuelle, ils ont porté cette science très loin. Ils aiment à vivre ensemble et à marcher en troupe et pour cela, ils se rangent en cube, et, formant un bataillon serré à six faces égales, jamais ils ne rompent en nageant cet ordre régulier.


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Dernière mise à jour : 28/11/2007