[978] (978a) Εἰ δὲ μὴ φθαίη διαφυγών,
τὸ πρῶτον οὐδὲν ἔπαθε δεινὸν ἀλλὰ διαρράψαντες αὐτοῦ περὶ τὸν λόφον
ὁλοσχοίνους ἀφῆκαν· αὖθις δὲ ληφθέντα πληγαῖς κολάζουσι, γνωρίσαντες
ἐκ τοῦ διαρράμματος. Σπανίως δὲ τοῦτο συμβαίνει· συγγνώμης γὰρ τυγχάνοντες
τὸ πρῶτον εὐγνωμονοῦσιν οἱ πλεῖστοι καὶ φυλάττονται τὸ λοιπὸν μὴ ἀδικεῖν.
Ἔτι δὲ πολλῶν τῶν πρὸς εὐλάβειαν καὶ προφυλακὴν καὶ ἀπόδρασιν ὄντων
παραδειγμάτων, οὐκ ἄξιόν ἐστι τὸ τῆς σηπίας παρελθεῖν. Τὴν γὰρ καλουμένην
μύτιν παρὰ τὸν τράχηλον ἔχουσα πλήρη ζοφερᾶς ὑγρότητος, (978b) ἣν θόλον
καλοῦσιν, ὅταν καταλαμβάνηται, μεθίησιν ἔξω, τεχνωμένη, τῆς θαλάττης
διαθολωθείσης ποιήσασα περὶ αὑτὴν σκότος, ὑπεκδῦναι καὶ ἀποδρᾶναι τὴν τοῦ
θηρεύοντος ὄψιν· ἀπομιμουμένη τοὺς Ὁμήρου θεοὺς « κυανέῃ νεφέλῃ » πολλάκις
οὓς ἂν σῶσαι θέλωσιν ὑφαιρουμένους καὶ διακλέπτοντας.
Ἀλλὰ τούτων μὲν ἅλις. Τῆς δ' ἐπιχειρητικῆς καὶ θηρευτικῆς δεινότητος αὐτῶν
ἐν πολλοῖς σοφίσματα κατιδεῖν ἔστιν. Ὁ μὲν γὰρ ἀστήρ, ὧν ἂν ἅψηται, πάντα
διαλυόμενα καὶ διατηκόμενα γιγνώσκων ἐνδίδωσι τὸ σῶμα καὶ περιορᾷ
ψαυόμενον ὑπὸ τῶν παρατρεχόντων ἢ προσπελαζόντων. Τῆς δὲ νάρκης ἴστε δήπου
τὴν δύναμιν, οὐ μόνον τοὺς θιγόντας (978c) αὐτῆς ἐκπηγνύουσαν, ἀλλὰ καὶ
διὰ τῆς σαγήνης βαρύτητα ναρκώδη ταῖς χερσὶ τῶν ἀντιλαμβανομένων
ἐμποιοῦσαν. Ἔνιοι δ' ἱστοροῦσι, πεῖραν αὐτῆς ἐπὶ πλέον λαμβάνοντες, ἂν
ἐκπέσῃ ζῶσα, κατασκεδαννύντες ὕδωρ ἄνωθεν, αἰσθάνεσθαι τοῦ πάθους
ἀνατρέχοντος ἐπὶ τὴν χεῖρα καὶ τὴν ἁφὴν ἀμβλύνοντος ὡς ἔοικε διὰ τοῦ
ὕδατος τρεπομένου καὶ προπεπονθότος. Ταύτης οὖν ἔχουσα σύμφυτον αἴσθησιν
μάχεται μὲν ἐξ ἐναντίας πρὸς οὐδὲν οὐδὲ διακινδυνεύει· κύκλῳ δὲ περιιοῦσα
τὸ θηρευόμενον ὥσπερ βέλη διασπείρει τὰς ἀπορροάς, φαρμάττουσα τὸ ὕδωρ
πρῶτον, (978d) εἶτα τὸ ζῷον διὰ τοῦ ὕδατος, μήτ' ἀμύνεσθαι δυνάμενον μήτε
φυγεῖν ἀλλ' ἐνισχόμενον ὥσπερ ὑπὸ δεσμῶν καὶ πηγνύμενον.
Ὁ δὲ καλούμενος ἁλιεὺς γνώριμος μέν ἐστι πολλοῖς καὶ διὰ τοὔργον αὐτῷ
γέγονε τοὔνομα· ᾧ σοφίσματι καὶ τὴν σηπίαν χρῆσθαί φησιν ὁ Ἀριστοτέλης·
καθίησι γὰρ ὥσπερ ὁρμιὰν ἀπὸ τοῦ τραχήλου πλεκτάνην, μηκύνεσθαί τε πόρρω
χαλώσης καὶ πάλιν συντρέχειν εἰς ἑαυτὴν ἀναλαμβανούσης ῥᾷστα πεφυκυῖαν.
Ὅταν οὖν τι τῶν μικρῶν ἰχθυδίων ἴδῃ πλησίον, ἐνδίδωσι δακεῖν καὶ κατὰ
μικρὸν ἀναμηρύεται λανθάνουσα καὶ προσάγεται, μέχρις ἂν ἐν ἐφικτῷ τοῦ
στόματος γένηται τὸ προσισχόμενον. (978e) Τῶν δὲ πολυπόδων τῆς χρόας τὴν
ἄμειψιν ὅ τε Πίνδαρος περιβόητον πεποίηκεν εἰπὼν
« Ποντίου θηρὸς πετραίου χρωτὶ μάλιστα νόον
προσφέρων πάσαις πολίεσσιν ὁμίλει· »
καὶ Θέογνις ὁμοίως
« Πουλύποδος νόον ἴσχε πολυχρόου, ὃς ποτὶ πέτρῃ,
τῇ περ ὁμιλήσῃ, τοῖος ἰδεῖν ἐφάνη. »
Μεταβάλλει γὰρ ὁ μὲν χαμαιλέων οὐδέν τι μηχανώμενος οὐδὲ κατακρύπτων
ἑαυτὸν ἀλλ' ὑπὸ δέους ἄλλως τρέπεται, φύσει ψοφοδεὴς ὢν καὶ δειλός·
συνέπεται δὲ καὶ πνεύματος πλῆθος, ὡς Θεόφραστος· ὀλίγον γὰρ ἀποδεῖ πᾶν τὸ
σῶμα τοῦ ζῴου πλῆρες εἶναι πνεύμονος, (978f) ᾧ τεκμαίρεται τὸ πνευματικὸν
αὐτοῦ καὶ διὰ τοῦτο πρὸς τὰς μεταβολὰς εὔτρεπτον. Τοῦ δὲ πολύποδος ἔργον
ἐστὶν οὐ πάθος ἡ μεταβολή· μεταβάλλει γὰρ ἐκ προνοίας, μηχανῇ χρώμενος τοῦ
λανθάνειν ἃ δέδιε καὶ λαμβάνειν οἷς τρέφεται· παρακρουόμενος γὰρ τὰ μὲν
αἱρεῖ μὴ φεύγοντα τὰ δ' ἐκφεύγει παρερχόμενα. Τὸ μὲν γὰρ αὑτοῦ τὰς
πλεκτάνας κατεσθίειν αὐτὸν ψεῦδός ἐστιν· τὸ δὲ μύραιναν δεδιέναι καὶ
γόγγρον ἀληθές ἐστιν· ὑπ' ἐκείνων γὰρ κακῶς πάσχει, δρᾶν μὴ δυνάμενος
ἐξολισθανόντων.
| [978] (978a) S'il n'a pas le temps de s'enfuir et qu'il soit pris, la première
fois, on ne lui fait aucun mal ; seulement on lui attache un jonc au
sommet de la tête, et on le lâche. S'il est pris de nouveau, comme on le
reconnaît à cette marque, on le punit à coups de bâton ; mais il s'y
expose rarement : car la plupart se ressouviennent de la grâce qu'on leur
a faite la première fois, et ils ne retombent plus dans la même faute.
Mais dans le grand nombre d'exemples que je pourrais citer de l'adresse des
poissons à éviter les piéges ou à s'en tirer, je ne dois pas oublier celui
de la sèche. Ce poisson a près du cou une bourse pleine d'une couleur
noire qu'on appelle (978b) tholus. Lorsqu'il est pris, il répand autour de
lui cette liqueur, qui, noircissant l'eau aux environs et le cachant
lui-même, le dérobe à la vue du pêcheur (52). En cela, il imite les dieux
d'Homère, qui souvent cachent et enlèvent dans un nuage les héros qu'ils
veulent garantir du danger.
Mais en voilà assez sur cet objet. Voyons maintenant combien la plupart
ont d'adresse pour tendre des piéges et pour assaillir leur proie.
L'étoile de mer, qui sait que tout ce qu'elle touche se dissout et se
fond, se laisse manier par tous ceux qui veulent la prendre. Vous
connaissez la propriété qu'a la torpille; non seulement d'engourdir ceux
qui la saisissent, (978c) mais encore de frapper de torpeur, à travers la
seine, les mains de ceux qui la touchent. Il est même des auteurs qui,
ayant poussé plus loin leurs recherches sur la nature de cet animal,
disent que s'il est encore vivant quand on le tire du filet, et qu'on
répande d'un peu haut de l'eau sur son corps, on sent l'engourdissement
gagner peu à peu toute la main, et produire son effet le long de l'eau,
qui vraisemblablement en éprouve elle-même le pouvoir. Ce poisson donc,
connaissant en lui cette propriété, ne s'expose jamais à combattre de
front; mais nageant autour du poisson qu'il veut prendre, il lance, comme
autant de traits, les émanations qui sortent de son corps, et après avoir
d'abord engourdi l'eau, (978d) il communique cette torpeur au poisson,
par le canal de l'eau, en sorte que son ennemi ne peut ni fuir ni se
défendre, et qu'il reste immobile comme s'il était enchaîné.
Le poisson appelé pêcheur est connu de tout le monde, et son nom lui vient
de la ruse qu'il emploie, et qui, suivant Aristote, est aussi mise en
usage par la sèche. Il jette de son cou une espèce de boyau qui lui sert
de ligne, qu'il allonge et qu'il retire à volonté. Lorsqu'il voit près de
lui quelque petit poisson, il lui laisse mordre ce boyau, qu'il ramène peu
à peu à lui, sans que le poisson s'en aperçoive, et lorsqu'il est à sa
portée, il le saisit. Personne n'ignore la propriété (978e) qu'a le
polype de changer de couleur; le poète Pindare l'a assez célébrée dans ces vers :
"Du polype imitez la couleur variable;
Et comme à chaque objet sa peau devient semblable,
Ainsi de chaque peuple imitant les humeurs,
Prenez habilement leur esprit et leurs mœurs".
Théognis a dit aussi :
"Imitez le polype et sa changeante humeur;
De chaque objet qu'il touche, il retient la couleur".
Il est vrai que le caméléon change aussi de couleur, mais ce n'est pas
pour tendre des piéges ou pour se cacher: c'est par une suite de sa
timidité naturelle, et, suivant Théophraste, par un effet de la quantité
d'air dont il est rempli. Peu s'en faut que tout son corps ne soit comme
un poumon, (978f) ce qui fait croire qu'il est plein de vent, et que par
conséquent il peut changer facilement de couleur. Dans le polype ce
changement est une action de l'animal, et non une impression qui
l'affecte. C'est à dessein qu'il change de couleur, c'est pour se cacher à la poursuite
des ennemis qu'il redoute et pour prendre ceux dont il se nourrit. Il est faux qu'il
mange ses propres bras, comme quelques auteurs le prétendent; mais il est très
vrai qu'il craint la lamproie et le congre, qui peuvent beaucoup lui
nuire, au lieu qu'il ne peut leur faire aucun mal, parce qu'ils glissent
et lui échappent.
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