[977] καὶ (977a) τὸν παρ' Ἀρχιλόχῳ « κεροπλάστην » φιλόκοσμον εἶναι
περὶ κόμην καὶ καλλωπιστήν. Ἔστι δ' οὐκ ἀληθές· ἱππείαις γὰρ θριξὶ
χρῶνται, τὰς τῶν ἀρρένων λαμβάνοντες· αἱ γὰρ θήλειαι τῷ οὔρῳ τὴν τρίχα
βεβρεγμένην ἀδρανῆ ποιοῦσιν. Ἀριστοτέλης δέ φησι μηδὲν ἐν τούτοις λέγεσθαι
σοφὸν ἢ περιττὸν ἀλλὰ τῷ ὄντι κεράτιον περιτίθεσθαι πρὸ τοῦ ἀγκίστρου περὶ
τὴν ὁρμιάν, ἐπεὶ πρὸς ἄλλο ἐρχόμενοι διεσθίουσι. Τῶν δ' ἀγκίστρων τοῖς μὲν
στρογγύλοις ἐπὶ κεστρέας καὶ ἀμίας χρῶνται μικροστόμους ὄντας· τὸ γὰρ
εὐθύτερον εὐλαβοῦνται· πολλάκις δὲ καὶ τὸ στρογγύλον ὁ κεστρεὺς ὑποπτεύων
ἐν κύκλῳ περινήχεται, τῇ οὐρᾷ περιρραπίζων τὸ ἐδώδιμον (977b) καὶ
ἀνακάπτων τὸ ἀποκρουόμενον· ἂν δὲ μὴ δύνηται, συναγαγὼν τὸ στόμα καὶ
περιστείλας, τοῖς χείλεσιν ἄκροις ἐπιψαύων ἀποκνίζει τοῦ δελέατος. Ὁ δὲ
λάβραξ ἀνδρικώτερον τοῦ ἐλέφαντος οὐχ ἕτερον ἀλλ' αὐτὸς ἑαυτόν, ὅταν
περιπέσῃ τῷ ἀγκίστρῳ, βελουλκεῖ, τῇ δεῦρο κἀκεῖ παραλλάξει τῆς κεφαλῆς
ἀνευρύνων τὸ τραῦμα καὶ τὸν ἐκ τοῦ σπαραγμοῦ πόνον ὑπομένων, ἄχρις ἂν
ἐκβάλῃ τὸ ἄγκιστρον. Ἡ δ' ἀλώπηξ οὐ πολλάκις μὲν ἀγκίστρῳ πρόσεισιν ἀλλὰ
φεύγει τὸν δόλον, ἁλοῦσα δ' εὐθὺς ἐκτρέπεται· πέφυκε γὰρ δι' εὐτονίαν καὶ
ὑγρότητα μεταβάλλειν τὸ σῶμα καὶ στρέφειν, ὥστε τῶν ἐντὸς ἐκτὸς γενομένων
(977c) ἀποπίπτειν τὸ ἄγκιστρον.
Ταῦτα μὲν οὖν γνῶσιν ἐμφαίνει καὶ χρῆσιν ἐπὶ καιρῷ τοῦ συμφέροντος
εὐμήχανον καὶ περιττήν· ἄλλα δ' ἐπιδείκνυται μετὰ τοῦ συνετοῦ τὸ
κοινωνικὸν καὶ τὸ φιλάλληλον, ὥσπερ ἀνθίαι καὶ σκάροι. Σκάρου μὲν γὰρ
ἄγκιστρον καταπιόντος, οἱ παρόντες σκάροι προσαλλόμενοι τὴν ὁρμιὰν
ἀποτρώγουσιν· οὗτοι δὲ καὶ τοῖς εἰς κύρτον ἐμπεσοῦσι τὰς οὐρὰς παραδόντες
ἔξωθεν ἕλκουσι δάκνοντας προθύμως καὶ συνεξάγουσιν. Οἱ δ' ἀνθίαι τῷ
συμφύλῳ βοηθοῦσιν ἰταμώτερον· τὴν γὰρ ὁρμιὰν ἀναθέμενοι κατὰ τὴν ῥάχιν
καὶ στήσαντες ὀρθὴν τὴν ἄκανθαν (977d) ἐπιχειροῦσι διαπρίειν τῇ τραχύτητι
καὶ διακόπτειν. Καίτοι χερσαῖον οὐδὲν ἴσμεν ἑτέρῳ κινδυνεύοντι τολμῶν
ἀμύνειν, οὐκ ἄρκτον οὐ σῦν οὐδὲ λέαιναν οὐδὲ πάρδαλιν· ἀλλὰ συγχωρεῖ μὲν
εἰς ταὐτὸν ἐν τοῖς θεάτροις τὰ ὁμόφυλα καὶ κύκλῳ μετ' ἀλλήλων περίεισιν,
ἑτέρῳ δ' ἕτερον οὐκ οἶδεν οὐδὲ φρονεῖ βοηθεῖν, ἀλλὰ φεύγει καὶ ἀποπηδᾷ
πορρωτάτω γιγνόμενα τοῦ τετρωμένου καὶ θνήσκοντος. Ἡ δὲ τῶν ἐλεφάντων
ἱστορία, φίλε, τῶν εἰς τὰ ὀρύγματα φορούντων καὶ τὸν ὀλισθόντα διὰ χώματος
ἀναβιβαζόντων ἔκτοπός ἐστι δεινῶς καὶ ἀλλοδαπὴ καὶ καθάπερ ἐκ βασιλικοῦ
διαγράμματος ἐπιτάττουσα πιστεύειν αὐτῇ τῶν (977e) Ἰόβα βιβλίων· ἀληθὴς
δ' οὖσα πολλὰ δείκνυσι τῶν ἐνάλων μηδὲν ἀπολειπόμενα τῷ κοινωνικῷ καὶ
συνετῷ τοῦ σοφωτάτου τῶν χερσαίων. Ἀλλὰ περὶ κοινωνίας αὐτῶν ἴδιος ἔσται
τάχα λόγος.
Οἱ δ' ἁλιεῖς συνορῶντες ὥσπερ ἀλεξήμασι παλαισμάτων τὰ πλεῖστα
διακρουόμενα τὰς ἀπ' ἀγκίστρου (977e) βολὰς ἐπὶ βίας ἐτράπησαν, καθάπερ οἱ
Πέρσαι σαγηνεύοντες, ὡς τοῖς ἐνσχεθεῖσιν οὐδεμίαν ἐκ λογισμοῦ καὶ σοφίας
διάφευξιν οὖσαν. Ἀμφιβλήστροις μὲν γὰρ καὶ ὑποχαῖς κεστρεῖς καὶ ἰουλίδες
ἁλίσκονται, μόρμυροί τε καὶ σαργοὶ καὶ κωβιοὶ καὶ λάβρακες· τὰ δὲ
βολιστικὰ καλούμενα, τρίγλαν καὶ χρυσωπὸν καὶ σκορπίον, γρίποις τε καὶ
σαγήναις σύρουσι περιλαμβάνοντες, {τῶν δικτύων} ὧν τὸ γένος ὀρθῶς Ὅμηρος
πανάγραν προσεῖπεν. Ἀλλὰ καὶ πρὸς ταῦτα μηχαναὶ ταῖς γαλαῖς εἰσιν ὥσπερ τῷ
λάβρακι· συρομένην γὰρ αἰσθανόμενος βίᾳ διίστησι καὶ τύπτων κοιλαίνει
τοὔδαφος· (977f) ὅταν δὲ ποιήσῃ τῇ ἐπιδρομῇ τοῦ δικτύου χώραν, ἐνέωσεν
ἑαυτὸν καὶ προσέχεται, μέχρις ἂν παρέλθῃ. Δελφὶς δὲ περιληφθείς, ὅταν
συναίσθηται γεγονὼς ἐν ἀγκάλαις σαγήνης, ὑπομένει μὴ ταραττόμενος ἀλλὰ
χαίρων· εὐωχεῖται γὰρ ἄνευ πραγματείας ἀφθόνων ἰχθύων παρόντων· ὅταν δὲ
πλησίον τῇ γῇ προσίῃ, διαφαγὼν τὸ δίκτυον ἄπεισιν.
| [977] (977a) celui dont Archiloque se sert pour désigner un petit-maitre qui a
le plus grand soin de sa chevelure ; mais c'est une erreur. On n'employait
pour les lignes que des crins de cheval, et l'on rejetait même ceux de
jument, parce que amollis par l'urine qui mouille souvent leur queue, ils
sont moins propres à cet usage. Aristote dit qu'il n'y a point de
subtilité et de recherche à mettre dans l'interprétation de ces vers,
parce que en effet les pécheurs garnissent d'un bout de corne la partie
antérieure de l'hameçon, afin que le poisson ne puisse pas avaler le fil et le rompre.
Ils se servent d'hameçons arrondis pour prendre les mulets et les amies, qui ont
la bouche petite, et qui se méfient d'un hameçon long et droit. Souvent
même le mulet, soupçonnant celui qui est rond, nage autour, en frappant
l'appât de sa queue, et (877b) il en emporte ce qui paraît au dehors ;
s'il ne peut réussir de cette manière, il serre et rétrécit sa bouche, et
ne touchant à l'appât que du bout des lèvres, il en prend ce qu'il peut.
Quand le loup marin est pris à l'hameçon, il montre plus de courage que
l'éléphant ; il tire, non du corps d'un autre, mais du sien propre, le fer
qui le blesse, et secouant sa tête avec force pour élargir la plaie, il
supporte la douleur de ce déchirement, jusqu'à ce qu'il se soit débarrassé
de l'hameçon. Le renard marin se laisse rarement prendre, il connaît le
piége et l'évite; mais s'il arrive qu'il y soit pris, il retourne son
estomac, ce qu'il fait aisément à cause de la vigueur et de la flexibilité
de son corps ; (977c) et alors l'hameçon tombe de lui-même.
Ces premiers exemples prouvent une intelligence que leur intérêt excite au
besoin, et dont ils se servent avec autant d'adresse que de subtilité.
Il en est d'autres qui montrent en eux,
outre cette prudence, un amour social et un penchant marqué à
s'entre-secourir. On le voit surtout dans les scares et les barbeaux.
Quand un scare a avalé l'hameçon, ceux qui l'accompagnent accourent
aussitôt et rongent la ligne. S'il est pris dans un filet, ses compagnons
lui donnent leur queue à mordre ; il la serre de toutes ses forces, et les
autres tirent tant, qu'enfin ils l'entraînent hors du filet. Les barbeaux
montrent encore plus de courage pour se secourir mutuellement ; ils se
mettent sous la ligne, et dressant l'épine qu'ils ont sur le dos, et qui
est dentelée comme une scie, (977d) ils s'efforcent de scier la ligne et
de la couper. Au contraire, parmi les animaux terrestres, nous n'en
connaissons aucun qui ose secourir son compagnon en danger; on ne le voit
ni dans l'ours, ni dans le sanglier, ni dans la lionne, ni dans le
léopard. A la vérité, dans nos amphithéâtres, tous ceux d'une même espèce
se réunissent, et courent ensemble dans l'arène ; mais de se défendre les
uns les autres, ils n'en ont ni les moyens, ni même la pensée ; ils ne
savent que fuir et sauter, pour s'éloigner le plus qu'ils peuvent de celui
d'entre eux qu'ils voient blessé ou expirant. Car ce trait des éléphants,
qui, voyant tomber un des leurs dans la fosse, y portent du bois pour lui
faire comme une levée et l'aider à en sortir ; ce trait, mon cher
Aristotime, nous vient de loin, et me paraît un peu merveilleux. Faut-il,
comme en vertu d'une ordonnance royale, adopter aveuglément le récit de
Juba ? (977e) Mais en le prenant pour vrai, combien d'exemples ne
peut-on pas alléguer qui prouvent que les animaux maritimes ne le cèdent
point aux plus industrieux des animaux terrestres en amour social et en prudence ?
Commençons par cette dernière qualité, nous parlerons ensuite de l'autre.
Les pêcheurs ayant reconnu que la plupart des poissons se moquaient de
l'hameçon et de la ligne, (977e) comme de vieilles ruses éventées, ont eu
recours à la force. A l'exemple des Perses, ils les ont enfermés dans des
seines, d'où ils ont espéré que nulle intelligence, nulle adresse, ne
pourraient les dégager. Ils se servent de rets et de trubles pour prendre
les mulets, les girelles, les mormes, les sargets, les goujons de mer et
les loups marins. Ceux qui se précipitent au fond de la mer, tels que les
mulets, les dorades et les scorpènes, se prennent par le moyen des
éperviers et des seines. Le nom qu'Homère donne à ces sortes de filets,
désigne qu'ils prennent tout. Cependant les lamproies de mer et les loups
marins savent s'en débarrasser. Quand ces derniers poissons sentent qu'on
traîne l'épervier, ils frappent le fond de la mer, et y creusent jusqu'à
ce que le trou soit assez grand pour qu'ils se mettent à l'abri du filet ;
ils s'y tiennent, et attendent tranquillement que l'épervier soit passé.
(977f) Quand le dauphin se voit pris dans une seine, il y reste sans
crainte, et même avec plaisir, parce qu'il mange à discrétion les poissons
qui y sont renfermés avec lui, sans avoir besoin de les poursuivre :
lorsqu'il sent que le filet approche de terre, il le déchire et s'échappe.
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