[976] οὐδὲν οὐδὲ συνειθισμένον ἔχων (976a) ἴδιός ἐστι καὶ αὐθιγενὴς καὶ ἄκρατος
ἀλλοτρίοις ἤθεσι διὰ τὸν τόπον, οὐ διὰ τὴν φύσιν. Ἡ γὰρ φύσις ὅσον
ἐξικνεῖται μαθήσεως ἐπ' αὐτὴν δεχομένη καὶ στέγουσα παρέχει πολλὰς μὲν
ἐγχέλεις {ἱερὰς λεγομένας} ἀνθρώποις χειροήθεις, ὥσπερ τὰς ἱερὰς
λεγομένας ἐν τῇ Ἀρεθούσῃ, πολλαχοῦ δ' ἰχθῦς ὑπακούοντας αὐτῶν ὀνόμασιν·
ὥσπερ τὴν Κράσσου μύραιναν ἱστοροῦσιν, ἧς ἀποθανούσης ἔκλαυσεν ὁ Κράσσος·
καί ποτε Δομετίου πρὸς αὐτὸν εἰπόντος « οὐ σὺ μυραίνης ἀποθανούσης
ἔκλαυσας; » ἀπήντησεν « οὐ σὺ τρεῖς θάψας γυναῖκας οὐκ ἐδάκρυσας; » οἱ δὲ
κροκόδειλοι τῶν ἱερέων οὐ μόνον γνωρίζουσι τὴν (976b) φωνὴν καλούντων καὶ
τὴν ψαῦσιν ὑπομένουσιν, ἀλλὰ καὶ διαχανόντες παρέχουσι τοὺς ὀδόντας
ἐκκαθαίρειν ταῖς χερσὶ καὶ περιμάττειν ὀθονίοις. Ἔναγχος δὲ Φιλῖνος ὁ
βέλτιστος ἥκων πεπλανημένος ἐν Αἰγύπτῳ παρ' ἡμᾶς διηγεῖτο γραῦν ἰδεῖν ἐν
Ἀνταίου πόλει κροκοδείλῳ συγκαθεύδουσαν ἐπὶ σκίμποδος εὖ μάλα κοσμίως
παρεκτεταμένῳ. Πάλαι δ' ἱστοροῦσι Πτολεμαίου τοῦ βασιλέως παρακαλουμένου
τὸν ἱερὸν κροκόδειλον μὴ ἐπακούσαντα μηδὲ πεισθέντα λιπαροῦσι καὶ
δεομένοις τοῖς ἱερεῦσι δόξαι προσημαίνειν τὴν μετ' οὐ πολὺ συμβᾶσαν αὐτῷ
τοῦ βίου τελευτήν· (976c) ὥστε μηδὲ τῆς πολυτιμήτου μαντικῆς ἄμοιρον εἶναι
τὸ τῶν ἐνύδρων γένος μηδ' ἀγέραστον· ἐπεὶ καὶ περὶ Σοῦραν πυνθάνομαι,
κώμην ἐν τῇ Λυκίᾳ Φελλοῦ μεταξὺ καὶ Μύρων, καθεζομένους ἐπ' ἰχθύσιν ὥσπερ
οἰωνοῖς διαμαντεύεσθαι τέχνῃ τινὶ καὶ λόγῳ νήξεις καὶ φυγὰς καὶ διώξεις
αὐτῶν ἐπισκοποῦντας.
Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἔστω τοῦ μὴ παντάπασιν ἐκφύλου μηδ' ἀσυμπαθοῦς πρὸς ἡμᾶς
ἱκανὰ δείγματα· τῆς δ' ἀκράτου καὶ φυσικῆς συνέσεως μέγα δήλωμα τὸ κοινόν
ἐστιν· οὐδὲν γὰρ οὕτως εὐχείρωτον ἀνθρώπῳ νηκτόν, ὃ μὴ πέτραις προσέχεται
καὶ προσπέφυκεν, οὐδ' ἁλώσιμον (976d) ἄνευ πραγματείας, ὡς λύκοις μὲν ὄνοι
καὶ μέροψι μέλισσαι χελιδόσι δὲ τέττιγες, ἐλάφοις δ' ὄφεις ἀγόμενοι ῥᾳδίως
ὑπ' αὐτῶν (ᾗ καὶ τοὔνομα πεποίηται παρώνυμον οὐ τῆς ἐλαφρότητος ἀλλὰ τῆς
ἕλξεως τοῦ ὄφεως)· καὶ τὸ πρόβατον προσκαλεῖται τῷ ποδὶ τὸν λύκον, τῇ δὲ
παρδάλει τὰ πλεῖστα προσχωρεῖν χαίροντα τῇ ὀσμῇ, μάλιστα δὲ τὸν πίθηκον
λέγουσι. Τῶν δὲ θαλαττίων ὁμοῦ τι πάντων ἡ προαίσθησις ὕποπτος οὖσα καὶ
πεφυλαγμένη πρὸς τὰς ἐπιθέσεις ὑπὸ συνέσεως, οὐχ ἁπλοῦν τὸ τῆς ἄγρας ἔργον
οὐδὲ φαῦλον ἀλλ' ὀργάνων τε παντοδαπῶν καὶ σοφισμάτων (976e) ἐπ' αὐτὰ
δεινῶν καὶ ἀπατηλῶν δεόμενον ἀπείργασται. Καὶ τοῦτο δῆλόν ἐστιν ἀπὸ τῶν
πάνυ προχείρων.
Τὸν μὲν γὰρ ἀσπαλιευτικὸν κάλαμον οὐ βούλονται πάχος ἔχειν, καίπερ εὐτόνου
δεόμενοι πρὸς τοὺς σπαραγμοὺς τῶν ἁλισκομένων, ἀλλὰ μᾶλλον ἐκλέγονται τὸν
λεπτόν, ὅπως μὴ πλατεῖαν ἐπιβάλλων σκιὰν ἐκταράττῃ τὸ ὕποπτον αὐτῶν.
Ἔπειτα τὴν ὁρμιὰν οὐ ποιοῦσι πολύπλοκον τοῖς ἅμμασι τῶν βρόχων οὐδὲ
τραχεῖαν· ἐπεὶ καὶ τοῦτο τοῦ δόλου γίγνεται τεκμήριον αὐτοῖς. Καὶ τῶν
τριχῶν τὰ καθήκοντα πρὸς τὸ ἄγκιστρον ὡς ἔνι μάλιστα λευκὰ φαίνεσθαι
μηχανῶνται· μᾶλλον γὰρ οὕτως ἐν τῇ θαλάττῃ (976f) δι' ὁμοιότητα τῆς χρόας
λανθάνουσι. Τὸ δ' ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ λεγόμενον
« Ἡ δὲ μολυβδαίνῃ ἰκέλη ἐς βυσσὸν ὄρουσεν,
ἥτε κατ' ἀγραύλοιο βοὸς κέρας ἐμβεβαυῖα
ἔρχεται ὠμηστῇσιν ἐπ' ἰχθύσι κῆρα φέρουσα· »
παρακούοντες ἔνιοι βοείαις θριξὶν οἴονται πρὸς τὰς ὁρμιὰς χρῆσθαι τοὺς
παλαιούς· « κέρας » γὰρ τὴν τρίχα λέγεσθαι καὶ τὸ κείρασθαι διὰ τοῦτο καὶ
τὴν κουράν·
| [976] qui n'ont rien ajouté par des habitudes acquises (976a) à leurs dispositions
naturelles, n'ont qu'un genre de vie borné, et restent tels qu'ils sont sortis des
mains de la nature, sans adopter jamais des mœurs étrangères, et cela non
par un vice de leur caractère, mais à raison des lieux qu'ils habitent ;
car leur nature admet et conserve autant de connaissance et d'instruction
qu'ils sont capables d'en recevoir. Telles sont ces anguilles qu'on nomme
sacrées, qui sont très familières avec les hommes, entre autres celles de
la fontaine d'Aréthuse ; tels, en plusieurs autres lieux, des
poissons qui accourent à la voix de ceux qui les appellent, comme on le
dit en particulier de la lamproie de Crassus, dont ce Romain pleura la
perte. Un jour Domitius lui reprocha d'avoir donné des pleurs à un
poisson. "Et vous, lui repartit Crassus, n'avez-vous pas enterré trois
femmes sans verser une larme"? Les crocodiles connaissent la (976b) voix
des prêtres, ils souffrent qu'ils les touchent, ils vont même jusqu'à leur
présenter leurs dents à nettoyer et à essuyer avec des linges. Il n'y a
pas longtemps que Philinus, homme d'un mérite distingué, nous raconta, à
son retour d'Égypte, qu'il avait vu à Antéopolis un crocodile mollement
couché sur un lit, dormir tranquillement auprès d'une vieille femme. On
dit qu'un des Ptolémées ayant un jour appelé le crocodile sacré, et cet
animal n'étant pas venu à sa voix ni à celle des prêtres qui lui faisaient
les plus vives instances, on regarda ce refus comme un présage de la mort
du prince, laquelle en effet arriva peu de temps après. (976c) Cela prouve
que les animaux aquatiques ne sont pas totalement privés du don si
précieux de la divination, et qu'ils en partagent l'honneur avec les
animaux terrestres. J'ai même ouï dire qu'à Syra, bourg de Lycie, entre
les villes de Phellos et de Myre, Ies gens du pays s'asseyent au bord de
l'eau pour y considérer attentivement les poissons et exercer, comme avec
les oiseaux, une sorte de divination en examinant leurs mouvements, leurs
détours, leurs attaques et leurs fuites. Ces exemples suffisent pour
prouver que ces animaux ne nous sont pas absolument étrangers ni sans
aucun commerce avec nous.
Quant à cette intelligence qui leur est naturelle et qui n'emprunte rien
d'ailleurs, nous en avons à l'égard de tous une grande preuve, c'est
qu'aucun animal aquatique, si l'on en excepte ceux qui s'attachent aux
pierres et aux rochers, n'est pour l'homme aussi facile à prendre (976d)
que les ânes le sont aux loups, les abeilles aux guêpiers, les
cigales aux hirondelles et les serpents aux cerfs, dont le nom vient, non
de leur légèreté, mais de la propriété qu'ils ont d'attirer les serpents.
Le mouton appelle en quelque sorte le loup par la trace de son pied ; la
panthère, par l'odeur agréable qu'elle exhale, attire la plupart des animaux,
et en particulier le singe. Mais les animaux maritimes ont presque tous
un pressentiment qui les rend soupçonneux, qui, réveillant leur intelligence
naturelle, les tient en garde contre les piéges qu'on leur tend.
Aussi la pêche, loin d'être un art simple et grossier,
exige-t-elle un grand nombre d'instruments et beaucoup de ruses
pour parvenir à tromper les poissons (976e) et à les surprendre; c'est ce
que prouvent une foule d'exemples que nous avons sous les yeux.
Pour pécher à la ligne, il faut choisir un roseau qui, sans avoir beaucoup
de grosseur, soit cependant assez fort pour résister aux secousses que lui
donnent les poissons quand ils sont pris à l'hameçon. Il le faut mince et
délié, de peur que, jetant trop d'ombre, il n'effraie ces animaux
naturellement inquiets. Le fil doit être lisse et uni et n'avoir qu'un
petit nombre de noeuds, sans cela ils se méfieraient de quelque surprise.
Il faut que les soies auxquelles l'hameçon est attaché approchent, autant
qu'il est possible, de la couleur blanche, qui, par sa conformité avec celle de l'eau,
(976f) rend ses soies moins sensibles dans la mer. Ces vers d'Homère,
"Elle se précipite à l'instant sous les flots,
Comme l'on voit un plomb s'enfoncer dans les eaux,
Quand de corne légère une ligne entourée
Porte au poisson avide une mort assurée";
ces vers, dis-je, mal entendus par quelques personnes, leur ont fait
croire que les anciens se servaient de poils de taureau pour leurs lignes.
Ils disent que dans ce pas sage le mot employé par Homère signifie poil,
et qu'il a la même racine que les mots tondre et tonsure, comme
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