[975] (975a) Ἵνα δὲ κορυφὴν ὁ λόγος ἐπιθεὶς ἑαυτῷ παύσηται, φέρε κινήσαντες τὴν
ἀφ' ἱερᾶς βραχέα περὶ θειότητος αὐτῶν καὶ μαντικῆς εἴπωμεν. Οὐ γάρ τι
μικρὸν οὐδ' ἄδοξον, ἀλλὰ πολὺ καὶ παμπάλαιον μαντικῆς μόριον οἰωνιστικὴ
κέκληται· τὸ γὰρ ὀξὺ καὶ νοερὸν αὐτῶν καὶ δι' εὐστροφίαν ὑπήκοον ἁπάσης
φαντασίας ὥσπερ ὀργάνῳ τῷ θεῷ παρέχει χρῆσθαι καὶ τρέπειν ἐπί τε κίνησιν
ἐπί τε φωνὰς καὶ γηρύματα καὶ σχήματα νῦν μὲν ἐνστατικὰ νῦν δὲ φορὰ
καθάπερ πνεύματα ταῖς μὲν ἐπικόπτοντα ταῖς δ' ἐπευθύνοντα πράξεις καὶ
ὁρμὰς εἰς τὸ τέλος. Διὸ (975b) κοινῇ μὲν ὁ Εὐριπίδης « θεῶν κήρυκας »
ὀνομάζει τοὺς ὄρνιθας· ἰδίᾳ δέ φησιν ὁ Σωκράτης « ὁμόδουλον » ἑαυτὸν
ποιεῖσθαι « τῶν κύκνων »· ὥσπερ αὖ καὶ τῶν βασιλέων Ἀετὸς μὲν ὁ Πύρρος
ἥδετο καλούμενος Ἰέραξ δ' ὁ Ἀντίοχος· ἰχθῦς δὲ τοὺς ἀμαθεῖς καὶ ἀνοήτους
λοιδοροῦντες ἢ σκώπτοντες ὀνομάζομεν. Ἀλλὰ δὴ μυρίων μυριάκις εἰπεῖν
παρόντων, ἃ προδείκνυσιν ἡμῖν καὶ προσημαίνει τὰ πεζὰ καὶ πτηνὰ παρὰ τῶν
θεῶν, ἓν οὐκ ἔστι τοιοῦτον ἀποφῆναι τῷ προδικοῦντι τῶν ἐνύδρων, ἀλλὰ κωφὰ
πάντα καὶ τυφλὰ τῆς προνοίας εἰς τὸν ἄθεον καὶ τιτανικὸν ἀπέρριπται τόπον
ὥσπερ ἀσεβῶν χῶρον, οὗ τὸ λογικὸν καὶ νοερὸν ἐγκατέσβεσται τῆς ψυχῆς,
(975c) ἐσχάτῳ δέ τινι συμπεφυρμένης καὶ κατακεκλυσμένης αἰσθήσεως μορίῳ
σπαίρουσι μᾶλλον ἢ ζῶσιν ἔοικεν.
(ΗΡΑΚΛΕΩΝ) Ἄναγε τὰς ὀφρῦς, ὦ φίλε Φαίδιμε, καὶ διέγειρε σεαυτὸν ἡμῖν τοῖς
ἐνάλοις καὶ νησιώταις· οὐ παιδιὰ τὸ χρῆμα τοῦ λόγου γέγονεν, ἀλλ'
ἐρρωμένος ἀγὼν καὶ ῥητορεία κιγκλίδων ἐπιδέουσα καὶ βήματος.
(ΦΑΙΔΙΜΟΣ) Ἐνέδρα μὲν οὖν, ὦ Ἡρακλέων, σὺν δόλῳ καταφανής· κραιπαλῶσι γὰρ
ἔτι τὸ χθιζὸν καὶ βεβαπτισμένοις νήφων, ὡς ὁρᾷς, ὁ γενναῖος ἐκ παρασκευῆς
ἐπιτέθειται. Παραιτεῖσθαι δ' οὐκ ἔστιν· οὐ γὰρ βούλομαι Πινδάρου ζηλωτὴς
ὢν ἀκοῦσαι τὸ
(975d) « Τιθεμένων ἀγώνων πρόφασις
ἀρετὰν ἐς αἰπὺν ἔβαλε σκότον. »
Σχολὴ μὲν οὖν πολλὴ πάρεστιν ὑμῖν, ἀργούντων οὐ χορῶν ἀλλὰ κυνῶν καὶ ἵππων
καὶ δικτύου καὶ πάσης σαγήνης, διὰ τοὺς λόγους ἐκεχειρίας κοινῇ πᾶσι τοῖς
ζῴοις κατά τε γῆν καὶ κατὰ θάλατταν δεδομένης τὸ σήμερον. Ἀλλὰ μὴ
φοβηθῆτε· χρήσομαι γὰρ αὐτῇ μετρίως, οὔτε δόξας φιλοσόφων οὔτ' Αἰγυπτίων
μύθους οὔτ' ἀμαρτύρους Ἰνδῶν ἐπαγόμενος ἢ Λιβύων διηγήσεις· ἃ δὲ πανταχοῦ
μάρτυρας ἔχει τοὺς ἐργαζομένους τὴν θάλατταν ὁρώμενα καὶ δίδωσι τῇ ὄψει
πίστιν, τούτων ὀλίγα παραθήσομαι. (975e) Καίτοι τῶν ἐν γῇ παραδειγμάτων
ἐπιπροσθοῦν οὐδέν ἐστιν, ἀλλ' ἀνεῳγμένη παρέχει τῇ αἰσθήσει τὴν στορίαν· ἡ
δὲ θάλασσα μικρὰ κατιδεῖν καὶ γλίσχρα δίδωσι, τῶν δὲ πλείστων κατακαλύπτει
γενέσεις καὶ τροφὰς ἐπιθέσεις τε καὶ φυλακὰς ἀλλήλων, ἐν αἷς οὐκ ὀλίγα καὶ
συνέσεως ἔργα καὶ μνήμης καὶ κοινωνίας ἀγνοούμενα βλάπτει τὸν λόγον.
Ἔπειτα τὰ μὲν ἐν γῇ διὰ τὴν ὁμοφυλίαν καὶ τὴν συνδιαίτησιν ἁμωσγέπως
συναναχρωννύμενα τοῖς ἀνθρωπίνοις ἤθεσιν ἀπολαύει καὶ τροφῆς καὶ
διδασκαλίας καὶ μιμήσεως· ἣ τὸ μὲν πικρὸν ἅπαν καὶ (975f) σκυθρωπὸν ὥσπερ
ἐπιμιξία ποτίμου θάλασσαν ἐφηδύνει, τὸ δὲ δυσξύνετον ἅπαν καὶ νωθρὸν
ἐπεγείρει ταῖς μετ' ἀνθρώπων κινήσεσιν ἀναρριπιζόμενον. Ὁ δὲ τῶν ἐνάλων
βίος ὅροις μεγάλοις τῆς πρὸς ἀνθρώπους ἀπῳκισμένος ὁμιλίας ἐπείσακτον
| [975] (975a) Mais pour mettre en finissant le dernier trait à
mon discours, passons, comme, on dit, la ligne sacrée, et parlons de la
divinité des animaux et de leur faculté divinatoire. La divination la plus certaine,
la plus claire et la plus ancienne est celle qui se tire du vol des oiseaux.
Leur légèreté, leur intelligence, leur grande mobilité qui les plie à toutes sortes
d'impressions, en font entre les mains de la Divinité des instruments
dociles, soit pour leur imprimer divers mouvements, soit pour en tirer des
sons, des gazouillements, des gestes et des figures, pour les tenir
suspendus dans les airs ou les leur faire fendre avec la rapidité du vent,
et par ces différents signes empêcher certaines de nos actions et de nos
entreprises, et en conduire d'autres à leur entière exécution. (975b)
Voilà pourquoi Euripide appelle en général les oiseaux les hérauts des
dieux, et qu'en particulier Socrate se disait le compagnon de servitude
des cygnes. Parmi les anciens rois, Pyrrhus aimait qu'on lui donnât le
surnom d'aigle, et Antiochus celui d'iérax. Mais quand on veut se
moquer d'un homme grossier et pesant, on l'appelle poisson. Il est enfin
une multitude de choses que les dieux nous découvrent ou nous annoncent
par le ministère des animaux terrestres et des volatiles ; mais le
défenseur des animaux aquatiques n'en pourrait alléguer une seule en leur
faveur. Tout en eux est sourd, aveugle, et privé de toute prévoyance
divine. Jetés dans un abîme où ils n'ont aucune communication avec la
Divinité, destiné aux gens impies, et semblable à celui que les scélérats
habitent dans les enfers, la partie raisonnable et intelligente de leur
âme y est entièrement éteinte, (975c) et la partie la moins noble, celle
qui est le principe des sensations, y est comme noyée, et, pour ainsi
dire, délayée dans l'élément qu'ils habitent, et où ils semblent plutôt
palpiter que vivre.
(HÉRACLÉON) Froncez le sourcil, mon cher Phédime, et embrassez avec courage
notre défense, à nous habitants des îles et des côtes maritimes. Ceci
n'est plus un jeu, Aristotime a parlé très sérieusement; c'est un
véritable combat, un plaidoyer en forme, auquel il n'a manqué qu'un
barreau et une tribune.
(PHÉDIME) Dites plutôt, Héracléon, que c'est un piège et une surprise
manifeste. Ce vaillant athlète vient à jeun, comme vous voyez, attaquer
des gens qui se sentent encore de la bonne chère qu'ils ont faite hier.
Cependant je ne reculerai pas, je suis grand amateur de Pindare, et je ne
veux pas qu'on m'applique le vers de ce poète, où il dit :
(975d) "Sous des prétextes vains refuser le combat,
C'est nuire à sa valeur, c'est en ternir l'éclat".
Nous avons bien le temps aujourd'hui; non seulement nos chœurs de danse,
mais nos chiens, nos chevaux et tous nos filets se reposent. Jaloux de
nous livrer uniquement à cette dispute, nous avons fait une trêve générale
avec tous les animaux de terre et de mer. Mais ne craignez rien ; ma
réponse sera très simple, je n'alléguerai pas les opinions des
philosophes, les fables de l'Égypte et de l'Inde, dont personne n'est
garant. Je ne produirai qu'un petit nombre de faits connus et sus de tout
le monde, et qu'attestent encore tous ceux qui voyagent sur mer. Les
exemples que nous donnent les animaux terrestres sont exposés (975e) à
tous les yeux, et rien n'empêche de les voir. La mer nous en laisse
connaître peu et même assez faiblement. Elle nous cache la naissance et
l'éducation de la plupart des animaux qu'elle contient, les moyens
d'attaque et de défense qu'ils emploient et dans lesquels on aurait
souvent à admirer leur prudence, leur mémoire, leur sociabilité.
L'ignorance où ils nous laissent à cet égard nuira nécessairement à ma
cause. D'ailleurs les animaux terrestres, naturalisés, pour ainsi dire, avec les
hommes, en prennent les mœurs et les usages, y puisent une sorte
d'éducation, s'y instruisent et apprennent à les imiter. Cette habitude
adoucit la rudesse et (975f) l'austérité de leur naturel, comme l'eau
douce tempère l'amertume de l'eau de mer; ce qu'ils ont de grossier et de
pesant est fortement excité par le mouvement que leur imprime leur
commerce fréquent avec les hommes. Mais les animaux maritimes, que de
grands intervalles séparent de toute société humaine,
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