[4,4,11] Ἔστι γὰρ ὥσπερ ἐφ´ ἑνὸς ζῴου ἡ διοίκησις, ἡ μέν τις ἀπὸ τῶν ἔξωθεν καὶ μερῶν, ἡ δέ τις ἀπὸ τῶν ἔνδον καὶ τῆς ἀρχῆς, καθάπερ ἰατρὸς μὲν ἔξωθεν ἀρχόμενος καὶ κατὰ μέρος ἄπορος πολλαχῇ καὶ βουλεύεται, ἡ δὲ φύσις ἀπὸ τῆς ἀρχῆς ἀπροσδεὴς βουλεύσεως. Καὶ δεῖ τοῦ παντὸς τὴν διοίκησιν καὶ τὸν διοικοῦντα ἐν τῷ ἡγεῖσθαι οὐ κατ´ ἰατροῦ ἕξιν εἶναι, ἀλλ´ ὡς ἡ φύσις. Πολὺ δὲ μᾶλλον ἐκεῖ τὸ ἁπλοῦν, ὅσῳ κατὰ πάντων ἐμπεριειλημμένων ὡς μερῶν ζῴου ἑνός. Πάσας γὰρ τὰς φύσεις κρατεῖ μία, αἱ δὲ ἕπονται ἀνηρτημέναι καὶ ἐξηρτημέναι καὶ οἷον ἐκφῦσαι, ὡς αἱ ἐν κλάδοις τῇ τοῦ ὅλου φυτοῦ. Τίς οὖν ὁ λογισμὸς ἢ τίς ἀρίθμησις ἢ τίς ἡ μνήμη παρούσης ἀεὶ φρονήσεως καὶ ἐνεργούσης καὶ κρατούσης καὶ κατὰ τὰ αὐτὰ διοικούσης; Οὐ γὰρ δὴ ὅτι ποικίλα καὶ διάφορα τὰ γινόμενα, δεῖ συνεπόμενον ταῖς τοῦ γινομένου μεταβολαῖς καὶ τὸ ποιοῦν ἡγεῖσθαι. Ὅσῳ γὰρ ποικίλα τὰ γινόμενα, τοσούτῳ τὸ ποιοῦν ὡσαύτως μένον. Πολλὰ γὰρ καὶ ἐφ´ ἑνὸς ἑκάστου ζῴου τὰ γινόμενα κατὰ φύσιν καὶ οὐχ ὁμοῦ πάντα, αἱ ἡλικίαι, αἱ ἐκφύσεις ἐν χρόνοις, οἷον κεράτων, γενείων, μαζῶν αὐξήσεις, ἀκμαί, γενέσεις ἄλλων, οὐ τῶν πρόσθεν λόγων ἀπολλυμένων, ἐπιγιγνομένων δὲ ἄλλων· δῆλον δὲ ἐκ τοῦ καὶ ἐν τῷ γεννωμένῳ αὖ ζῴῳ τὸν αὐτὸν καὶ περιθεῖναι καὶ ταύτην καθόλου εἶναι οἷον κόσμου φρόνησιν ἑστῶσαν, πολλὴν μὲν καὶ ποικίλην καὶ αὖ ἁπλῆν ζῴου ἑνὸς μεγίστου, οὐ τῷ πολλῷ ἀλλοιουμένην, ἀλλὰ ἕνα λόγον καὶ ὁμοῦ πάντα· εἰ γὰρ μὴ πάντα, οὐκ ἐκείνη, ἀλλὰ τῶν ὑστέρων καὶ μερῶν ἡ φρόνησις.
| [4,4,11] Le monde est administré comme un animal ; mais, dans cet animal, il y a des choses qui proviennent de l'extérieur et des parties, d'autres, de l'intérieur et du principe. L'art du médecin va de l'extérieur à l'intérieur, s'attache à un organe et n'opère qu'avec hésitation et avec des tâtonnements. La Nature, partant du principe, n'a pas besoin de délibérer. La puissance qui administre l'univers procède, non comme le médecin, mais comme la Nature. Elle conserve d'autant mieux sa simplicité qu'elle renferme toutes choses en son sein, que toutes choses sont les parties de l'animal qui est un. En effet, la Nature, qui est une, domine toutes les natures particulières : celles-ci en procèdent,
mais y restent attachées, rameaux d'un arbre immense qui est l'univers. Qu'ont à faire le raisonnement, le calcul, la mémoire, dans un principe qui possède une sagesse toujours présente et active, qui par elle domine le monde et l'administre d'une manière immuable? Si ses œuvres sont variées et changeantes, il n'en résulte pas que ce principe doive lui-même participer à leur mutabilité. En produisant des choses diverses, il reste immuable. Ne voit-on pas dans chaque animal plusieurs choses se produire successivement, comme les qualités propres à chaque âge? Ne voit-on pas certaines parties naître et croître à des époques déterminées, telles que les cornes, la barbe, les mamelles? Ne voit-on pas enfin chaque être en engendrer d'autres? Ainsi, sans que les premières raisons {séminales} périssent, d'autres se développent à leur tour. Ce qui le prouve, c'est que dans l'animal engendré la raison {séminale} subsiste identique et entière.
Ne craignons donc pas de l'affirmer : l'Âme universelle possède toujours la même sagesse ; cette sagesse est universelle; elle est la sagesse permanente du monde ; elle est multiple et variée, et en même temps elle est une, parce qu'elle est la sagesse de l'animal qui est un et qui est le plus grand de tous. Invariable, malgré la multiplicité de ses œuvres, elle constitue la raison qui est une, et elle est toutes choses à la fois. Si elle n'était pas toutes choses, au lieu d'être la sagesse de l'univers, elle ne serait que la sagesse de choses postérieures et particulières.
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