[3,7,6] Ἐπειδὴ δὲ ἡ τοιαύτη φύσις οὕτω παγκάλη καὶ ἀίδιος περὶ τὸ ἓν καὶ ἀπ ἐκείνου καὶ πρὸς ἐκεῖνο, οὐδὲν ἐκβαίνουσα ἀπ αὐτοῦ, μένουσα δὲ ἀεὶ περὶ ἐκεῖνο καὶ ἐν ἐκείνῳ καὶ ζῶσα κατ ἐκεῖνο, εἴρηταί τε, ὡς ἐγὼ οἶμαι, τοῦτο τῷ Πλάτωνι καλῶς καὶ βαθείαι τῇ γνώμῃ καὶ οὐκ ἄλλως, τοῦτο δὴ τὸ μένοντος αἰῶνος ἐν ἑνί , ἵνα μὴ μόνον ἦ αὐτὸς αὑτὸν εἰς ἓν πρὸς ἑαυτὸν ἄγων, ἀλλ ἢ περὶ τὸ ἓν τοῦ ὄντος ζωὴ ὡσαύτως, τοῦτο ὃ δὴ ζητοῦμεν· {καὶ τὸ οὕτω μένον αἰὼν εἶναι.} Τὸ γὰρ τοῦτο καὶ οὕτω μένον καὶ αὐτὸ τὸ μένον ὅ ἐστιν ἐνέργεια ζωῆς μενούσης παρ αὐτῆς πρὸς ἐκεῖνο καὶ ἐν ἐκείνῳ καὶ οὔτε τὸ εἶναι οὔτε τὸ ζῆν ψευδομένη ἔχοι ἂν τὸ αἰὼν εἶναι. Τὸ γὰρ ἀληθῶς εἶναί ἐστι τὸ οὐδέποτε μὴ εἶναι οὐδ ἄλλως εἶναι· τοῦτο δὲ ὡσαύτως εἶναι· τοῦτο δὲ ἀδιαφόρως εἶναι. Οὐκ ἔχει οὖν ὁτιοῦν {τὸ} ἄλλο καὶ ἄλλο, οὐδ ἄρα διαστήσεις, οὐδ ἐξελίξεις, οὐδὲ προάξεις, οὐδὲ παρατενεῖς, οὐδ ἄρα οὐδὲ πρότερον αὐτοῦ οὐδέ τι ὕστερον λαβεῖν ἔχεις. Εἰ οὖν μήτε πρότερον μήτε ὕστερον περὶ αὐτό, τὸ δ ἔστιν ἀληθέστατον τῶν περὶ αὐτὸ καὶ αὐτό, καὶ οὕτω δέ, ὅτι ἐστὶν ὡς οὐσίαι ἢ τῷ ζῆν, πάλιν αὖ ἥκει ἡμῖν τοῦτο, ὃ δὴ λέγομεν, ὁ αἰών. Ὅταν δὲ τὸ ἀεὶ λέγωμεν καὶ τὸ οὐ ποτὲ μὲν ὄν, ποτὲ δὲ μὴ ὄν, ἡμῶν, ἕνεκα {τῆς σαφηνείας} δεῖ νομίζειν λέγεσθαι· ἐπεὶ τό γε ἀεὶ τάχ ἂν οὐ κυρίως λέγοιτο, ἀλλὰ ληφθὲν εἰς δήλωσιν τοῦ ἀφθάρτου πλανῷ ἂν τὴν ψυχὴν εἰς ἔκτασιν τοῦ πλείονος καὶ ἔτι ὡς μὴ ἐπιλείψοντός ποτε. Τὸ δὲ ἴσως βέλτιον ἦν μόνον τὸ ὢν λέγειν. Ἀλλὰ ὥσπερ τὸ ὂν ἀρκοῦν ὄνομα τῇ οὐσίαι, ἐπειδὴ καὶ τὴν γένεσιν οὐσίαν ἐνόμιζον, ἐδεήθησαν πρὸς τὸ μαθεῖν καὶ προσθήκης τοῦ ἀεί. Οὐ γὰρ ἄλλο μέν ἐστιν ὄν, ἄλλο δὲ τὸ ἀεὶ ὄν, ὥσπερ οὐδ ἄλλο μὲν φιλόσοφος, ἄλλο δὲ ὁ ἀληθινός· ἀλλ ὅτι τὸ ὑποδυόμενον ἦν φιλοσοφίαν, ἡ προσθήκη τοῦ ἀληθινοῦ ἐγένετο.
Οὕτω καὶ τῷ ὄντι τὸ ἀεὶ καὶ τῷ ὢν τὸ ἀεί, ὥστε λέγεσθαι ἀεὶ ὤν· διὸ ληπτέον τὸ ἀεὶ οἷον ἀληθῶς ὢν λέγεσθαι καὶ συναιρετέον τὸ ἀεὶ εἰς ἀδιάστατον δύναμιν τὴν οὐδὲν δεομένην οὐδενὸς μεθ ὃ ἤδη ἔχει· ἔχει δὲ τὸ πᾶν. Πᾶν οὖν καὶ ὂν καὶ κατὰ πᾶν οὐκ ἐνδεὲς καὶ οὐ ταύτῃ μὲν πλῆρες, ἄλλῃ δὲ ἐλλεῖπον ἡ τοιαύτη φύσις. Τὸ γὰρ ἐν χρόνῳ, κἂν τέλειον ἦ, ὡς δοκεῖ, οἷον σῶμά τι ἱκανὸν ψυχῇ τέλειον, δεόμενον καὶ τοῦ ἔπειτα, ἐλλεῖπον τῷ χρόνῳ, οὗ δεῖται, ἅτε σὺν ἐκείνῳ, εἰ παρείη αὐτῷ καὶ συνθέοι, ὂν ἀτελές· ταύτῃ ὂν ὁμωνύμως ἂν τέλειον λέγοιτο. Ὅτῳ δὲ ὑπάρχει μηδὲ τοῦ ἔπειτα δεῖσθαι μήτε εἰς χρόνον ἄλλον μεμετρημένον μήτε τὸν ἄπειρον καὶ ἀπείρως ἐσόμενον, ἀλλ ὅπερ δεῖ εἶναι, τοῦτο ἔχει, τοῦτό ἐστιν οὗ ἡ ἔννοια ἐπορέγεται, ᾧ τὸ εἶναι οὐκ ἐκ τοῦ τοσοῦδε, ἀλλὰ πρὸ τοῦ τοσοῦδε. Ἔπρεπε γὰρ αὐτῷ μηδὲ τοσῷδε ὄντι πάντη μηδενὸς ἐφάπτεσθαι τοσοῦδε, ἵνα μὴ ἡ ζωὴ αὐτοῦ μερισθεῖσα τὸ καθαρῶς ἀμερὲς αὐτοῦ ἀνέλῃ, ἀλλ ἦ καὶ τῇ ζωῇ ἀμερὲς καὶ τῇ οὐσίαι. Τὸ δ ἀγαθὸς ἦν ἀναφέρει εἰς ἔννοιαν τοῦ παντὸς σημαίνων τῷ ἐπέκεινα παντὶ τὸ μὴ ἀπὸ χρόνου τινός· ὥστε μηδὲ τὸν κόσμον ἀρχήν τινα χρονικὴν εἰληφέναι τῆς αἰτίας τοῦ εἶναι αὐτῷ τὸ πρότερον παρεχούσης. Ἀλλ ὅμως δηλώσεως χάριν τοῦτο εἰπὼν μέμφεται ὕστερον καὶ τούτῳ τῷ ὀνόματι ὡς οὐδ αὐτοῦ ὀρθῶς πάντη λεγομένου ἐπὶ τῶν τὸν λεγόμενον καὶ νοούμενον αἰῶνα εἰληχότων.
| [3,7,6] Comme cette essence brillante de beauté, éternelle, se rapporte à l'Un, en sort et y retourne, qu'elle ne s'en écarte pas, qu'elle demeure toujours autour de lui et en lui, qu'elle vit selon lui, Platon a eu raison de dire, avec une grande profondeur de pensée, que « l'éternité est immuable dans l'unité; » par là, non-seulement Platon ramène l'éternité à l'unité qu'elle est en elle-même, mais encore il rapporte la vie de l'Être à l'Un même. Cette vie est ce que nous cherchons ; sa permanence est l'éternité. En effet, ce qui demeure de cette manière et qui demeure la même chose, c'est-à-dire l'acte de cette vie qui demeure d'elle-même tournée vers l'Un et unie à lui, ce qui n'a pas une existence ni une vie mensongère, c'est là véritablement l'éternité. Exister véritablement {pour l'Être intelligible}, c'est n'avoir point de temps où il n'existe pas, point de temps où il existe d'une façon différente ; c'est donc exister d'une manière immuable, sans aucune diversité, sans être d'abord dans un état, puis dans un autre. Donc, pour concevoir l'Être, il ne faut ni admettre des intervalles dans son existence, ni supposer qu'il se développe ou qu'il acquière, ni croire qu'il y ait en lui succession ; par conséquent, on ne saurait distinguer en lui ou dire qu'il y ait en lui ni avant ni après. S'il n'y a en lui ni avant ni après, si la chose la plus vraie qu'on puisse affirmer de lui est qu'il est, s'il est de telle sorte qu'il soit l'Essence et la Vie, ici nous apparaît encore l'éternité. Quand nous disons que l'Être est toujours, qu'il n'y a pas un temps où il soit et un autre où il ne soit pas, c'est seulement pour nous exprimer avec plus de clarté que nous parlons ainsi : en disant toujours, nous ne prenons pas ce mot dans son sens absolu ; mais, si nous l'employons pour montrer que l'Être est incorruptible, il peut égarer l'esprit en le faisant sortir de l'unité {propre à l'éternité} pour lui faire parcourir le multiple {qui est étranger à l'éternité}. Toujours indique encore que l'Être n'est jamais défectueux. Peut-être vaudrait-il mieux dire simplement : l'Être. Mais bien que le nom d'Être suffise pour désigner l'Essence, comme plusieurs philosophes ont confondu l'essence avec la génération, il a fallu pour s'expliquer plus clairement ajouter au nom d'Être le terme de toujours. En effet, quoiqu'on ne désigne qu'une seule et même chose quand on dit l'Être et l'Être qui est toujours, comme lorsqu'on dit le philosophe et le vrai philosophe ; cependant, comme il y a de faux philosophes, il a fallu joindre au mot philosophe celui de vrai; et de même, il a fallu joindre le mot toujours à celui d'Être, et celui d'Être à celui de toujours : de là dérive l'expression g-aei g-on (l'Être qui est toujours), et par suite g-aiohn (!'Éternité). Donc l'idée de toujours doit être unie à celle d'Être de manière à désigner l'Être véritable.
Toujours doit donc être appliqué à la puissance qui n'a point d'intervalle dans son existence, qui n'a besoin de rien en dehors de ce qu'elle possède, parce qu'elle possède tout, qu'elle est tout être, et qu'ainsi elle ne manque de rien. Une telle nature n'est pas complète sous un rapport, incomplète sous un autre. Ce qui est dans le temps, parût-il complet (comme paraît complet un corps qui suffit à l'âme, mais qui n'est complet que par l'âme), ce qui est dans le temps, dis-je, a besoin du futur, et, par conséquent, est incomplet sous le rapport du temps-dont il a besoin ; quand il arrive à jouir du temps auquel il aspire et à s'y unir, quoiqu'il soit encore imparfait, il est alors appelé parfait par homonymie. Mais l'Être qui a pour caractère de n'avoir pas besoin du futur, de n'être point rapporté à un autre temps soit mesurable, soit indéfini et devant être d'une manière indéfinie, l'Être qui a déjà tout ce qu'il doit avoir est l'Être même que cherche notre intelligence ; il ne tient pas son existence de telle ou telle quantité, il existe avant toute quantité ; n'étant aucune espèce de quantité, il doit n'admettre en soi aucune espèce de quantité. Sans cela, comme sa vie serait divisée, il cesserait d'être lui-même absolument indivisible ; or l'Être doit être indivisible dans sa Vie comme dans son Essence. {S'il est dit dans le Timée} « le Démiurge était bon, » cette expression se rapporte à la notion de l'univers et indique que, dans le principe supérieur à l'univers, rien n'a commencé d'être à une certaine époque. L'univers n'a donc pas commencé d'être dans le temps parce que, si son auteur est avant lui, c'est seulement en ce sens qu'il est la cause de son existence. Mais, après avoir employé le mot était pour exprimer cette pensée, Platon se reprend ensuite et montre que ce mot n'a point d'application aux choses qui possèdent l'éternité.
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