[3,7,4] Οὐκ ἔξωθεν δὲ δεῖ συμβεβηκέναι νομίζειν τοῦτον ἐκείνῃ τῇ φύσει, ἀλλ ἐκείνη καὶ ἐξ ἐκείνης καὶ σὺν ἐκείνῃ. Ἐνορᾶται γὰρ ἐνὼν παρ αὐτῆς, ὅτι καὶ τὰ ἄλλα πάντα ὅσα λέγομεν ἐκεῖ εἶναι ἐνυπάρχοντα ὁρῶντες λέγομεν ἐκ τῆς οὐσίας ἅπαντα καὶ σὺν τῇ οὐσίαι. Τὰ γὰρ πρώτως ὄντα συνόντα δεῖ τοῖς πρώτοις καὶ ἐν τοῖς πρώτοις εἶναι· ἐπεὶ καὶ τὸ καλὸν ἐν αὐτοῖς καὶ ἐξ αὐτῶν καὶ ἡ ἀλήθεια ἐν αὐτοῖς. Καὶ τὰ μὲν ὥσπερ ἐν μέρει τοῦ παντὸς ὄντος, τὰ δ ἐν παντί, ὥσπερ καὶ τὸ ἀληθῶς τοῦτο πᾶν οὐκ ἐκ τῶν μερῶν ἠθροισμένον, ἀλλὰ τὰ μέρη γεννῆσαν αὐτό, ἵνα καὶ ταύτῃ ὡς ἀληθῶς πᾶν ἦ. Καὶ ἡ ἀλήθεια δὲ οὐ συμφωνία πρὸς ἄλλο ἐκεῖ, ἀλλ αὐτοῦ ἑκάστου οὗπερ ἀλήθεια. Δεῖ δὴ τὸ πᾶν τοῦτο τὸ ἀληθινόν, εἴπερ ἔσται πᾶν ὄντως, μὴ μόνον εἶναι πᾶν ἧι ἐστι τὰ πάντα, ἀλλὰ καὶ τὸ πᾶν ἔχειν οὕτως ὡς μηδενὶ ἐλλείπειν. Εἰ τοῦτο, οὐδ ἔσται τι αὐτῷ· εἰ γὰρ ἔσται, ἐλλεῖπον ἦν τούτῳ· οὐκ ἄρα ἦν πᾶν. Παρὰ φύσιν δὲ τί ἂν αὐτῷ γένοιτο; Πάσχει γὰρ οὐδέν. Εἰ οὖν μηδὲν αὐτῷ γένοιτο, οὐδὲ μέλλει οὐδὲ ἔσται οὐδ ἐγένετο.
Τοῖς μὲν οὖν γενητοῖς, εἰ ἀφέλοις τὸ ἔσται, ἅτε ἐπικτωμένοις ἀεὶ εὐθὺς ὑπάρχει μὴ εἶναι· τοῖς δὲ μὴ τοιούτοις, εἰ προσθείης τὸ ἔσται, ὑπάρχει τὸ ἔρρειν ἐκ τῆς τοῦ εἶναι ἕδρας· δῆλον γὰρ ὅτι ἦν αὐτοῖς τὸ εἶναι οὐ σύμφυτον, εἰ γίγνοιτο ἐν τῷ μέλλειν καὶ γενέσθαι καὶ ἔσεσθαι εἰς ὕστερον. Κινδυνεύει γὰρ τοῖς μὲν γενητοῖς ἡ οὐσία εἶναι τὸ ἐκ τοῦ ἐξ ἀρχῆς εἶναι τῆς γενέσεως, μέχριπερ ἂν εἰς ἔσχατον ἥκῃ τοῦ χρόνου, ἐν ᾧ μηκέτ ἐστί· τοῦτο δὴ τὸ ἔστιν εἶναι, καί, εἴ τις τοῦτο παρέλοιτο, ἠλαττῶσθαι ὁ βίος· ὥστε καὶ τὸ εἶναι. Καὶ τῷ παντὶ δεῖ, εἰς ὅπερ οὕτως ἔσται. Διὸ καὶ σπεύδει πρὸς τὸ μέλλον εἶναι καὶ στῆναι οὐ θέλει ἕλκον τὸ εἶναι αὑτῷ ἐν τῷ τι ἄλλο καὶ ἄλλο ποιεῖν καὶ κινεῖσθαι κύκλῳ ἐφέσει τινὶ οὐσίας· ὥστε εἶναι ἡμῖν εὑρημένον καὶ τὸ αἴτιον τῆς κινήσεως τῆς οὕτω σπευδούσης ἐπὶ τὸ ἀεὶ εἶναι τῷ μέλλοντι. Τοῖς δὲ πρώτοις καὶ μακαρίοις οὐδὲ ἔφεσίς ἐστι τοῦ μέλλοντος· ἤδη γάρ εἰσι τὸ ὅλον, καὶ ὅπερ αὐτοῖς οἷον ὀφείλεται ζῆν ἔχουσι πᾶν· ὥστε οὐδὲν ζητοῦσι, διότι τὸ μέλλον αὐτοῖς οὐδέν ἐστιν οὐδ ἄρα ἐκεῖνο, ἐν ᾧ τὸ μέλλον. Ἡ οὖν τοῦ ὄντος παντελὴς οὐσία καὶ ὅλη, οὐχ ἡ ἐν τοῖς μέρεσι μόνον, ἀλλὰ καὶ ἡ ἐν τῷ μηδ ἂν ἔτι ἐλλείψειν καὶ {τὸ} μηδὲν ἂν μὴ ὂν αὐτῇ προσγενέσθαι – οὐ γὰρ μόνα τὰ ὄντα πάντα δεῖ παρεῖναι τῷ παντὶ καὶ ὅλῳ, ἀλλὰ καὶ μηδὲν τοῦ ποτε μὴ ὄντος – αὕτη ἡ διάθεσις αὐτοῦ καὶ φύσις εἴη ἂν αἰών· αἰὼν γὰρ ἀπὸ τοῦ ἀεὶ ὄντος.
| [3,7,4] L'éternité n'est pas un accident extrinsèque de l'Être intelligible; elle est en lui, de lui, avec lui. Nous voyons qu'elle est intimement unie à l'Être, parce que nous voyons que toutes les autres choses, dont nous disons qu'elles existent là haut, sont de cet Être et avec lui : car les choses qui occupent le premier rang dans l'existence doivent être unies aux premiers êtres et y subsister ; c'est ainsi que le Beau est en eux et provient d'eux; c'est ainsi qu'en eux réside également la Vérité. Là, le tout est sous un certain rapport dans la partie ; les parties sont aussi dans le tout, parce que ce tout, étant véritablement tout, n'est pas composé de parties, mais engendre les parties mêmes, condition nécessaire pour qu'il soit un véritable tout. En outre, dans ce tout, la Vérité ne consiste pas dans l'accord d'une notion avec une autre, mais est l'essence même de chacune des choses dont elle est la vérité. Ce tout véritable, pour être réellement tout, doit être tout non-seulement en ce sens qu'il est toutes choses, mais encore en ce sens que rien ne lui manque. S'il en est ainsi, rien ne sera pour lui : car, dire qu'une chose sera pour lui, c'est supposer qu'il en manquait précédemment, qu'il n'était pas encore tout; d'ailleurs, il ne peut lui arriver rien de contraire à sa nature parce qu'il est impassible. Puisque rien ne saurait lui arriver, rien ne doit être, ne sera, n'a été pour lui.
Otez aux choses engendrées leur futur, comme leur existence consiste à acquérir perpétuellement, dès ce moment elles ne seront plus rien. Donnez le futur aux choses d'une nature opposée, vous les faites déchoir du rang d'essences ; évidemment, elles ne posséderont pas l'être par elles-mêmes, si leur être consiste dans le futur et le passé. L'essence des choses engendrées consiste au contraire à aller de l'origine de leur existence jusqu'aux dernières limites du temps au delà duquel elles ne seront plus; c'est là ce qui constitue leur futur. Dès qu'on leur retranche leur futur, on diminue leur vie, par conséquent leur existence. C'est ce qui arrivera également à l'univers tant qu'il existera : il aspire à être ce qu'il doit être, il y aspire sans relâche parce qu'il puise l'existence dans la production continuelle de nouveaux actes ; par la même raison, il se meut en cercle parce qu'il désire posséder l'Essence intelligible. Telle est l'existence que nous découvrons dans les choses engendrées, telle est la cause qui les fait aspirer sans cesse à exister dans le futur. Les êtres qui occupent le premier rang et qui sont bienheureux n'ont aucun désir du futur, parce qu'ils sont déjà tout ce qu'il est dans leur nature d'être, qu'ils possèdent toute la vie qu'ils doivent posséder; ils n'ont donc rien à chercher, puisqu'il n'y a pas de futur pour eux ; ils ne peuvent pas non plus recevoir en eux une chose pour laquelle il y aurait du futur. Ainsi, l'essence de l'Être intelligible est absolue, entière, non-seulement dans ses parties, mais encore dans sa totalité, qui n'offre aucun défaut, à laquelle rien ne manque, à laquelle ne saurait s'ajouter rien de ce qui appartient au non-être : car l'Être intelligible doit non-seulement embrasser tous les êtres dans sa totalité et son universalité, mais encore ne rien recevoir qui appartienne au non-être. C'est dans cette disposition et cette nature de l'Être intelligible que consiste l'Éternité : car éternité vient de g-aei g-ohn (étant toujours).
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