[3,7,3] Τί ἂν οὖν εἴη τοῦτο, καθ ὃ τὸν κόσμον πάντα τὸν ἐκεῖ αἰώνιον λέγομεν καὶ ἀίδιον εἶναι, καὶ τί ἡ ἀιδιότης, εἴτε ταὐτὸν καὶ ἡ αὐτὴ τῷ αἰῶνι, εἴτε κατ αὐτὴν ὁ αἰών; Ἆρά γε καθ ἕν τι δεῖ, ἀλλὰ ἐκ πολλῶν συνηθροισμένην τινὰ νόησιν, ἢ καὶ φύσιν εἴτ ἐπακολουθοῦσαν τοῖς ἐκεῖ εἴτε συνοῦσαν εἴτ ἐνορωμένην, πάντα δὲ ταῦτα ἐκείνην μίαν μὲν οὖσαν, πολλὰ δὲ δυναμένην καὶ πολλὰ οὖσαν; Καὶ ὅ γε τὴν πολλὴν δύναμιν εἰσαθρήσας κατὰ μὲν τοδὶ τὸ οἷον ὑποκείμενον λέγει οὐσίαν , εἶτα κίνησιν τοῦτο, καθ ὃ ζωὴν ὁρᾷ, εἶτα στάσιν τὸ πάντη ὡσαύτως, θάτερον δὲ καὶ ταὐτόν , ἧι ταῦτα ὁμοῦ ἕν. Οὕτω δὴ καὶ συνθεὶς πάλιν αὖ εἰς ἓν ὁμοῦ {ὥστε} εἶναι ζωὴν μόνην, ἐν τούτοις τὴν ἑτερότητα συστείλας καὶ τῆς ἐνεργείας τὸ ἄπαυστον καὶ τὸ ταὐτὸν καὶ οὐδέποτε ἄλλο καὶ οὐκ ἐξ ἄλλου εἰς ἄλλο νόησιν ἢ ζωήν, ἀλλὰ τὸ ὡσαύτως καὶ ἀεὶ ἀδιαστάτως, ταῦτα πάντα ἰδὼν αἰῶνα εἶδεν ἰδὼν ζωὴν μένουσαν ἐν τῷ αὐτῷ ἀεὶ παρὸν τὸ πᾶν ἔχουσαν, ἀλλ οὐ νῦν μὲν τόδε, αὖθις δ ἕτερον, ἀλλ ἅμα τὰ πάντα, καὶ οὐ νῦν μὲν ἕτερα, αὖθις δ ἕτερα, ἀλλὰ τέλος ἀμερές, οἷον ἐν σημείῳ ὁμοῦ πάντων ὄντων καὶ οὔποτε εἰς ῥύσιν προιόντων, ἀλλὰ μένοντος ἐν τῷ αὐτῷ ἐν αὑτῷ καὶ οὐ μὴ μεταβάλλοντος, ὄντος δ ἐν τῷ παρόντι ἀεί, ὅτι οὐδὲν αὐτοῦ παρῆλθεν οὐδ αὖ γενήσεται, ἀλλὰ τοῦτο ὅπερ ἔστι, τοῦτο καὶ ὄντος· ὥστε εἶναι τὸν αἰῶνα οὐ τὸ ὑποκείμενον, ἀλλὰ τὸ ἐξ αὐτοῦ τοῦ ὑποκειμένου οἷον ἐκλάμπον κατὰ τὴν {τοῦ} ἣν ἐπαγγέλλεται περὶ τοῦ μὴ μέλλοντος, ἀλλὰ ἤδη ὄντος, ταυτότητα, ὡς ἄρα οὕτως καὶ οὐκ ἄλλως.
Τί γὰρ ἂν καὶ ὕστερον αὐτῷ γένοιτο, ὃ μὴ νῦν ἐστι; Μηδ αὖ ὕστερον ἐσομένου, ὃ μὴ ἔστιν ἤδη. Οὔτε γὰρ ἔστιν, ἀφ οὗ εἰς τὸ νῦν ἥξει· ἐκεῖνο γὰρ ἦν οὐκ ἄλλο, ἀλλὰ τοῦτο· οὔτε μέλλοντος ἔσεσθαι, ὃ μὴ νῦν ἔχει. Ἐξ ἀνάγκης οὔτε τὸ ἦν ἕξει περὶ αὐτό· τί γὰρ ἔστιν, ὃ ἦν αὐτῷ καὶ παρελήλυθεν; Οὔτε τὸ ἔσται· τί γὰρ ἔσται αὐτῷ; Λείπεται δὴ ἐν τῷ εἶναι τοῦτο ὅπερ ἔστιν εἶναι. Ὃ οὖν μήτε ἦν, μήτε ἔσται, ἀλλ ἔστι μόνον, τοῦτο ἑστὼς ἔχον τὸ εἶναι τῷ μὴ μεταβάλλειν εἰς τὸ ἔσται μηδ αὖ μεταβεβληκέναι ἐστὶν ὁ αἰών. Γίνεται τοίνυν ἡ περὶ τὸ ὂν ἐν τῷ εἶναι ζωὴ ὁμοῦ πᾶσα καὶ πλήρης ἀδιάστατος πανταχῇ τοῦτο, ὃ δὴ ζητοῦμεν, αἰών.
| [3,7,3] Quelle est donc cette chose en vertu de laquelle le monde intelligible est éternel et perpétuel? En quoi consiste la perpétuité? Ou la perpétuité et l'éternité sont identiques, ou l'éternité est liée à la perpétuité. Or il faut admettre que l'éternité consiste dans une unité, mais dans une unité formée d'éléments multiples, dans une conception ou dans une nature qui dérive des intelligibles, ou qui leur est unie, ou est aperçue en eux, de telle sorte que tous ces intelligibles forment une unité, mais que cette unité soit en même temps multiple par son essence et ses puissances. Quand on contemple la puissance multiple du monde intelligible, on appelle Essence sa substance, Mouvement sa vie, Repos sa permanence, Différence la pluralité de ces principes, et Identité leur unité. Si l'on opère la synthèse de ces principes, on les ramène à ne former tous à la fois qu'une vie unique, en supprimant leur différence, en considérant la durée inépuisable, l'identité et l'immutabilité de leur action, de leur vie et de leur pensée, pour lesquelles il n'y a ni changement, ni intervalle. En contemplant ainsi toutes ces choses, on contemple l'éternité, on voit une vie qui est permanente dans son identité, qui possède toujours toutes choses présentes, qui n'a pas successivement d'abord l'une, puis l'autre, mais toutes à la fois ; qui n'est pas tantôt d'une façon et tantôt d'une autre, mais qui possède une perfection accomplie et indivisible. Elle contient donc toutes choses à la fois, comme en un seul point, sans qu'aucune d'elles s'écoule ; elle demeure dans l'identité, c'est-à-dire en elle même, et ne subit aucun changement. Étant toujours dans le présent, parce qu'elle n'a jamais rien perdu et qu'elle n'acquerra jamais rien, elle est toujours ce qu'elle est. L'éternité n'est pas l'Être intelligible; elle est la lumière qui rayonne de cet Être, dont l'identité exclut complètement le futur et n'admet que l'existence actuelle, laquelle reste ce qu'elle est et ne change pas.
Quelle chose en effet l'Être intelligible pourrait-il avoir plus tard qu'il n'ait déjà? Que pourrait-il être dans l'avenir qu'il ne soit maintenant ? Il n'y a rien qu'on puisse ajouter ou retrancher à son état présent : car il n'était pas autre que ce qu'il est, il ne doit rien posséder qu'il ne possède actuellement et nécessairement, en sorte qu'on ne dira point de lui : il était ; car quelle chose avait-il et n'a-t-il plus ? On ne dira pas davantage de lui : il sera; car que pourrait-il acquérir ? Reste donc qu'il continue d'être ce qu'il est. Or, ce dont on ne peut dire : il était, il sera, mais seulement, il est ; ce dont l'existence est immuable, parce que le passé ne lui a rien fait perdre et que l'avenir ne lui fera rien acquérir, c'est là ce qui possède l'éternité. Ainsi, quand on examine l'existence de l'Être intelligible, on voit que sa vie est tout entière à la fois, complète et sans aucune espèce d'intervalle. Or, c'est là l'éternité que nous cherchons.
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