[3,7,2] Τίνα οὖν ποτε χρὴ φάναι τὸν αἰῶνα εἶναι; Ἆρά γε τὴν νοητὴν αὐτὴν οὐσίαν, ὥσπερ ἂν εἴ τις λέγοι τὸν χρόνον τὸν σύμπαντα οὐρανὸν καὶ κόσμον εἶναι; Καὶ γὰρ αὖ καὶ ταύτην τὴν δόξαν ἔσχον τινές, φασι, περὶ τοῦ χρόνου. Ἐπεὶ γὰρ σεμνότατόν τι τὸν αἰῶνα εἶναι φανταζόμεθα καὶ νοοῦμεν, σεμνότατον δὲ τὸ τῆς νοητῆς φύσεως, καὶ οὐκ ἔστιν εἰπεῖν ὅ τι σεμνότερον ὁποτερονοῦν – τοῦ δ ἐπέκεινα οὐδὲ τοῦτο κατηγορητέον – εἰς ταὐτὸν ἄν τις οὕτω συνάγοι. Καὶ γὰρ αὖ ὅ τε κόσμος ὁ νοητὸς ὅ τε αἰὼν περιεκτικὰ ἄμφω καὶ τῶν αὐτῶν. Ἀλλ ὅταν τὰ ἕτερα ἐν θατέρῳ λέγωμεν – ἐν τῷ αἰῶνι – κεῖσθαι, καὶ ὅταν τὸ αἰώνιον κατηγορῶμεν αὐτῶν – ἡ μὲν γάρ, φησι, τοῦ παραδείγματος φύσις ἐτύγχανεν οὖσα αἰώνιος, – ἄλλο τὸν αἰῶνα πάλιν αὖ λέγομεν, εἶναι μέντοι περὶ ἐκείνην ἢ ἐν ἐκείνῃ ἢ παρεῖναι ἐκείνῃ φαμέν. Τὸ δὲ σεμνὸν ἑκάτερον εἶναι ταὐτότητα οὐ δηλοῖ· ἴσως γὰρ ἂν καὶ τῷ ἑτέρῳ αὐτῶν παρὰ τοῦ ἑτέρου τὸ σεμνὸν γίνοιτο.
Ἥ τε περιοχὴ τῷ μὲν ὡς μερῶν ἔσται, τῷ δὲ αἰῶνι ὁμοῦ τὸ ὅλον οὐχ ὡς μέρος, ἀλλ ὅτι πάντα τὰ τοιαῦτα οἷα αἰώνια κατ αὐτόν. Ἀλλ ἆρα κατὰ τὴν στάσιν φατέον τὴν ἐκεῖ τὸν αἰῶνα εἶναι, ὥσπερ ἐνταῦθα τὸν χρόνον κατὰ τὴν κίνησίν φασιν; Ἀλλ εἰκότως ἄν τις τὸν αἰῶνα ζητήσειε πότερα ταὐτὸν τῇ στάσει λέγοντες ἢ οὐχ ἁπλῶς, ἀλλὰ τῇ στάσει τῇ περὶ τὴν οὐσίαν. Εἰ μὲν γὰρ τῇ στάσει ταὐτόν, πρῶτον μὲν οὐκ ἐροῦμεν αἰώνιον τὴν στάσιν, ὥσπερ οὐδὲ τὸν αἰῶνα αἰώνιον· τὸ γὰρ αἰώνιον τὸ μετέχον αἰῶνος. Ἔπειτα ἡ κίνησις πῶς αἰώνιον; Οὕτω γὰρ ἂν καὶ στάσιμον εἴη. Εἶτα πῶς ἔχει ἡ τῆς στάσεως ἔννοια ἐν αὐτῇ τὸ ἀεί; Λέγω δὲ οὐ τὸ ἐν χρόνῳ, ἀλλὰ οἷον νοοῦμεν, ὅταν τὸ ἀίδιον λέγωμεν. Εἰ δὲ τῇ τῆς οὐσίας στάσει, ἔξω πάλιν αὖ τὰ ἄλλα γένη τοῦ αἰῶνος ποιήσομεν. Εἶτα τὸν αἰῶνα οὐ μόνον ἐν στάσει δεῖ νοεῖν, ἀλλὰ καὶ ἐν ἑνί· εἶτα καὶ ἀδιάστατον, ἵνα μὴ ταὐτὸν ἦ χρόνῳ· ἡ δὲ στάσις οὔτε τὴν τοῦ ἓν οὔτε τὴν τοῦ ἀδιαστάτου ἔχει ἔννοιαν ἐν αὐτῇ, ἧι στάσις. Εἶτα τοῦ μὲν αἰῶνος κατηγοροῦμεν τὸ μένειν ἐν ἑνί · μετέχοι ἂν οὖν στάσεως, ἀλλ οὐκ αὐτοστάσις εἴη
| [3,7,2] Comment définirons-nous l'Éternité? Dirons-nous qu'elle est l'Essence intelligible même, comme on dirait que le temps est le ciel et l'univers, ainsi que l'ont fait, à ce que l'on rapporte, quelques philosophes? En effet, comme nous concevons et nous jugeons que l'éternité est une chose très-vénérable, comme nous admettons également que l'Essence intelligible est une chose très-vénérable, sans qu'il soit facile de déterminer laquelle des deux doit occuper le premier rang, comme d'un autre côté le principe qui leur est supérieur {l'Un} ne saurait être désigné par une pareille qualification, il semble qu'on ait le droit d'identifier l'Essence intelligible et l'éternité, d'autant plus que le monde intelligible et l'éternité comprennent les mêmes choses. Cependant, quand nous plaçons un de ces deux principes dans l'autre, nous mettons l'Essence intelligible dans l'éternité. De même, quand nous disons qu'un intelligible est éternel, comme le fait Platon dans ce passage : la nature du modèle est éternelle, nous affirmons alors que l'éternité est autre chose que l'Essence intelligible, mais qu'elle s'y rapporte, qu'elle en est un attribut, ou qu'elle lui est présente. Si l'éternité et l'Essence intelligible sont toutes deux vénérables, il n'en résulte pas qu'elles soient identiques ; peut-être seulement l'une tient-elle de l'autre son caractère de vénérable. Quant à cet argument que l'une et l'autre comprennent les mêmes choses, il faut remarquer que l'Essence intelligible contient comme parties les choses qu'elle renferme, tandis que l'éternité les contient comme tout, sans distinction de parties ; elle les contient, dis-je, sous ce rapport qu'on les nomme éternelles à cause d'elle.
Faut-il faire consister l'éternité dans le repos de l'Essence intelligible, comme on fait ici-bas consister le temps dans le mouvement ? Dans ce cas, on peut demander si l'éternité est la même chose que le repos en général, ou seulement que le repos propre à l'Essence intelligible. En effet, si l'on identifie l'éternité avec le repos en général, nous ferons remarquer d'abord qu'on ne saurait dire que le repos est éternel, pas plus que nous ne disons que l'éternité est éternelle, parce qu'on ne nomme éternel que ce qui participe seulement à l'éternité; nous demanderons ensuite comment, dans cette hypothèse, le mouvement pourra être éternel : car s'il était éternel, il se reposerait {il s'arrêterait}. Comment d'ailleurs l'idée de repos impliquera-t-elle ainsi l'idée de perpétuité, non de cette perpétuité qui est dans le temps, mais de celle que nous concevons en parlant de l'éternel ? Enfin, si le repos propre à l'Essence intelligible renferme en soi seul la perpétuité, nous nous trouvons par là même exclure de l'éternité les autres Genres de l'être. A cela s'ajoute que l'éternité doit être conçue non-seulement dans le repos, mais encore dans l'unité, puisqu'elle est une chose qui exclut tout intervalle (sinon, elle se confondrait avec le temps); or le repos n'implique pas l'idée d'unité et n'exclut pas celle d'intervalle. Enfin, nous affirmons que l'éternité demeure dans l'unité ; elle participe donc du repos sans s'identifier avec lui.
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