[3,7,12] Νοῆσαι δὲ δεῖ καὶ ἐντεῦθεν, ὡς ἡ φύσις αὕτη χρόνος, τὸ τοιούτου μῆκος βίου ἐν μεταβολαῖς προιὸν ὁμαλαῖς τε καὶ ὁμοίαις ἀψοφητὶ προιούσαις, συνεχὲς τὸ τῆς ἐνεργείας ἔχον. Εἰ δὴ πάλιν τῷ λόγῳ ἀναστρέψαι ποιήσαιμεν τὴν δύναμιν ταύτην καὶ παύσαιμεν τοῦδε τοῦ βίου, ὃν νῦν ἔχει ἄπαυστον ὄντα καὶ οὔποτε λήξοντα, ὅτι ψυχῆς τινος ἀεὶ οὔσης ἐστὶν ἐνέργεια, οὐ πρὸς αὐτὴν οὐδ ἐν αὐτῇ, ἀλλ ἐν ποιήσει καὶ γενέσει – εἰ οὖν ὑποθοίμεθα μηκέτι ἐνεργοῦσαν, ἀλλὰ παυσαμένην ταύτην τὴν ἐνέργειαν καὶ ἐπιστραφὲν καὶ τοῦτο τὸ μέρος τῆς ψυχῆς πρὸς τὸ ἐκεῖ καὶ τὸν αἰῶνα καὶ ἐν ἡσυχίαι μένον, τί ἂν ἔτι μετὰ αἰῶνα εἴη; Τί δ ἂν ἄλλο καὶ ἄλλο πάντων ἐν ἑνὶ μεινάντων; Τί δ ἂν ἔτι πρότερον; Τί δ ἂν ὕστερον {ἢ μᾶλλον}; Ποῦ δ ἂν ἔτι ψυχὴ ἐπιβάλλοι εἰς ἄλλο ἢ ἐν ᾧ ἐστι; {Ἢ} μᾶλλον δὲ οὐδὲ τούτῳ· ἀφεστήκοι γὰρ ἂν πρότερον, ἵνα ἐπιβάλῃ. Ἐπεὶ οὐδ ἂν ἡ σφαῖρα αὐτὴ εἴη, ἣ οὐ πρώτως ὑπάρχει· {χρόνος} ἐν χρόνῳ γὰρ καὶ αὕτη καὶ ἔστι καὶ κινεῖται, κἂν στῇ, ἐκείνης ἐνεργούσης, ὅση ἡ στάσις αὐτῆς, μετρήσομεν, ἕως ἐκείνη τοῦ αἰῶνός ἐστιν ἔξω. Εἰ οὖν ἀποστάσης ἐκείνης καὶ ἑνωθείσης ἀνήιρηται χρόνος, δῆλον ὅτι ἡ ταύτης ἀρχὴ πρὸς ταῦτα κινήσεως καὶ οὗτος ὁ βίος τὸν χρόνον γεννᾷ. Διὸ καὶ εἴρηται ἅμα τῷδε τῷ παντὶ γεγονέναι, ὅτι ψυχὴ αὐτὸν μετὰ τοῦδε τοῦ παντὸς ἐγέννησεν. Ἐν γὰρ τῇ τοιαύτῃ ἐνεργείαι καὶ τόδε γεγένηται τὸ πᾶν· καὶ ἡ μὲν χρόνος, ὁ δὲ ἐν χρόνῳ. Εἰ δέ τις λέγοι χρόνους λέγεσθαι αὐτῷ καὶ τὰς τῶν ἄστρων φορὰς, ἀναμνησθήτω, ὅτι ταῦτά φησι γεγονέναι πρὸς δήλωσιν καὶ διορισμὸν χρόνου καὶ τὸ ἵνα ἦ μέτρον ἐναργές .
Ἐπεὶ γὰρ οὐκ ἦν τὸν χρόνον αὐτὸν τῇ ψυχῇ ὁρίσαι οὐδὲ μετρεῖν παρ αὐτοῖς ἕκαστον αὐτοῦ μέρος ἀοράτου ὄντος καὶ οὐ ληπτοῦ καὶ μάλιστα ἀριθμεῖν οὐκ εἰδόσιν, ἡμέραν καὶ νύκτα ποιεῖ, δι ὧν ἦν δύο τῇ ἑτερότητι λαβεῖν, ἀφ οὗ ἔννοιά, φησιν, ἀριθμοῦ. Εἶθ ὅσον τὸ ἀπ ἀνατολῆς εἰς τὸ πάλιν λαμβάνουσιν ἦν ὅσον χρόνου διάστημα, ὁμαλοῦ ὄντος τοῦ τῆς κινήσεως εἴδους ὅτῳ ἐπερειδόμεθα, ἔχειν καὶ οἷον μέτρῳ χρώμεθα τῷ τοιούτῳ· μέτρῳ δὲ τοῦ χρόνου· οὐ γὰρ ὁ χρόνος αὐτὸς μέτρον. Πῶς γὰρ ἂν καὶ μετροῖ καὶ τί ἂν λέγοι μετρῶν; Τοσοῦτον εἶναι, ὅσον ἐγὼ τοσόνδε; Τίς οὖν ὁ ἐγώ; Ἢ καθ ὃν ἡ μέτρησις. Οὐκοῦν ὤν, ἵνα μετρῇ, καὶ μὴ μέτρον; Ἡ οὖν κίνησις ἡ τοῦ παντὸς μετρουμένη κατὰ χρόνον ἔσται, καὶ ὁ χρόνος οὐ μέτρον ἔσται κινήσεως κατὰ τὸ τί ἐστιν, ἀλλὰ κατὰ συμβεβηκὸς ὢν ἄλλο τι πρότερον παρέξει δήλωσιν τοῦ ὁπόση ἡ κίνησις. Καὶ ἡ κίνησις δὲ ληφθεῖσα ἡ μία ἐν τοσῷδε χρόνῳ πολλάκις ἀριθμουμένη εἰς ἔννοιαν ἄξει τοῦ ὁπόσος παρελήλυθεν· ὥστε τὴν κίνησιν καὶ τὴν περιφορὰν εἴ τις λέγοι τρόπον τινὰ μετρεῖν τὸν χρόνον, ὅσον οἷόν τε, ὡς δηλοῦσαν ἐν τῷ αὐτῆς τοσῷδε τὸ τοσόνδε τοῦ χρόνου, οὐκ ὂν λαβεῖν οὐδὲ συνεῖναι ἄλλως, οὐκ ἄτοπος τῆς δηλώσεως.
Τὸ οὖν μετρούμενον ὑπὸ τῆς περιφορᾶς – τοῦτο δέ ἐστι τὸ δηλούμενον – ὁ χρόνος ἔσται, οὐ γεννηθεὶς ὑπὸ τῆς περιφορᾶς, ἀλλὰ δηλωθείς· καὶ οὕτω τὸ μέτρον τῆς κινήσεως, τὸ μετρηθὲν ὑπὸ κινήσεως ὡρισμένης καὶ μετρούμενον ὑπὸ ταύτης, ἄλλο ὂν αὐτῆς· ἐπεὶ καὶ εἰ μετροῦν ἄλλο ἦν, καὶ ἧι μετρούμενον ἕτερον, μετρούμενον δὲ κατὰ συμβεβηκός. Καὶ οὕτως ἂν ἐλέγετο, ὡς εἰ τὸ μετρούμενον ὑπὸ πήχεως λέγοι τις τὸ μέγεθος εἶναι ὅ τί ποτ᾽ ἐστὶν ἐκεῖνο μὴ λέγων, μέγεθος ὁριζόμενος, καὶ οἷον εἴ τις τὴν κίνησιν αὐτὴν οὐ δυνάμενος τῷ ἀόριστον εἶναι δηλῶσαι λέγοι τὸ μετρούμενον ὑπὸ τόπου· λαβὼν γὰρ τόπον τις, ὃν ἐπεξῆλθεν ἡ κίνησις, τοσαύτην ἂν εἶπεν εἶναι, ὅσος ὁ τόπος.
| [3,7,12] Des considérations précédentes, il résulte que le temps doit être conçu comme la longueur de la vie propre à l'Âme universelle, que son cours se compose de changements égaux, uniformes, insensibles, et qu'il implique continuité d'action. Supposons pour un moment que la puissance de l'Âme cesse de s'exercer, de jouir de la vie qu'actuellement elle possède sans interruption et sans terme, parce que cette vie est l'action propre à une âme éternelle, action par laquelle l'Âme ne revient pas sur elle-même, ne se concentre pas en elle-même, mais engendre et produit; supposons, dis-je, que l'Âme cesse d'agir, qu'elle applique sa partie supérieure au monde intelligible et à l'éternité, qu'elle y demeure tranquillement unie, que restera-t-il si ce n'est l'éternité? Quelle place y aurait-il pour la succession, si toutes choses étaient immobiles dans l'unité ? Comment y aurait-il antériorité, postériorité, durée plus ou moins longue? Comment l'Âme s'appliquerait-elle à un autre objet qu'à celui qui l'occupe ? Bien plus, on ne saurait même dire alors qu'elle s'applique à l'objet qui l'occupe : il faudrait qu'elle s'en fût séparée pour s'y appliquer. La sphère universelle n'existerait pas non plus, puisqu'elle n'existe pas avant le temps, parce que c'est dans le temps qu'elle existe et qu'elle se meut. Au reste, cette sphère fût-elle en repos pendant que l'Âme agit, nous pourrions mesurer la durée de son repos, parce que ce repos est postérieur au repos de l'éternité. Puisque le temps est anéanti dès que l'Âme cesse d'agir et se concentre dans l'unité, c'est donc évidemment le commencement du mouvement de l'Âme vers les choses sensibles, c'est sa vie qui produit le temps. Aussi est-il dit {dans le Timée} que le temps est né avec l'univers, parce que l'Âme a produit le temps avec l'univers : car c'est cette action même de l'Âme qui a produit cet univers. Cette action constitue le temps, et l'univers est dans le temps. Si Platon appelle aussi temps les mouvements des astres, il faut, pour comprendre le vrai sens de cette expression, se rappeler que ce philosophe dit ensuite que les astres sont faits pour indiquer les divisions du temps et nous permettre de le mesurer aisément.
En effet, comme il n'était pas possible de déterminer le temps même de l'Âme, de mesurer en elles-mêmes les parties d'une durée invisible et insaisissable, surtout pour des hommes qui ne savaient point compter, l'Âme a fait le jour et la nuit pour que leur succession permît de compter jusqu'à deux à l'aide de cette diversité. C'est de là, dit Platon, qu'est née la notion du nombre. Ensuite, en remarquant l'espace de temps qui s'écoule d'un lever du soleil jusqu'au lever suivant, nous avons pu avoir un intervalle de temps déterminé par un mouvement uniforme, en tant que nous y attachons notre regard et que nous nous en servons comme de mesure pour mesurer le temps; je dis pour mesurer le temps, parce que le temps pris en lui-même n'est pas une mesure. Comment mesurerait-il en effet, et que dirait-il en mesurant ? Dirait-il de quelque chose : voici une étendue aussi grande que moi ? Mais quelle est cette chose qui dirait d'elle-même moi ? Est-ce la chose selon laquelle la quantité est mesurée? Dans ce cas, le temps doit être quelque chose par lui-même, pour mesurer sans être une mesure. Le mouvement de l'univers est mesuré selon le temps, mais le temps n'est pas la mesure du mouvement par son essence; il ne l'est que par accident : antérieur au mouvement, dont il diffère d'ailleurs, il en indique la quantité. D'un autre côté, si l'on prend un mouvement produit dans un temps déterminé, et si on l'ajoute à lui-même un nombre suffisant de fois, on arrive à connaître combien de temps s'est écoulé. On a donc raison de dire que le mouvement de la révolution opérée par la sphère universelle mesure le temps autant que cela est possible, en montrant par sa quantité la quantité du temps correspondant, puisqu'on ne peut le saisir ni le concevoir autrement. Ainsi, ce qui est mesuré, c'est-à-dire indiqué par la révolution de la sphère universelle, c'est le temps. Il n'est pas engendré, mais seulement indiqué par le mouvement.
La mesure du mouvement paraît donc être ce qui est mesuré par un mouvement déterminé, mais qui est autre que ce mouvement : car autre chose est ce qui mesure, autre chose ce qui est mesuré ; mais ce qui est mesuré n'est mesuré que par accident : c'est comme si l'on disait que ce qui est mesuré par une coudée est une étendue, sans définir ce qu'est l'étendue en elle-même. C'est de la même manière que, ne pouvant définir-plus clairement le mouvement à cause de sa nature indéterminée, on dit qu'il est ce qui est mesuré par l'espace : car, en considérant l'espace parcouru par le mouvement, on juge de la quantité du mouvement par l'espace parcouru.
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