HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, III, livre VII

Chapitre 13

 Chapitre 13

[3,7,13] Χρόνον οὖν περιφορὰ δηλοῖ, ἐν αὐτή. Δεῖ δὲ αὐτὸν τὸν χρόνον μηκέτι τὸ ἐν ἔχειν, ἀλλὰ πρῶτον αὐτὸν εἶναι ὅς ἐστιν, ἐν τὰ ἄλλα κινεῖται καὶ ἕστηκεν ὁμαλῶς καὶ τεταγμένως, καὶ παρὰ μέν τινος τεταγμένου ἐμφαίνεσθαι καὶ προφαίνεσθαι εἰς ἔννοιαν, οὐ μέντοι γίνεσθαι, εἴτε ἑστῶτος εἴτε κινουμένου, μᾶλλον μέντοι κινουμένου· μᾶλλον γὰρ κινεῖ εἰς γνώρισιν καὶ μετάβασιν ἐπὶ τὸν χρόνον κίνησις ἤπερ στάσις καὶ γνωριμώτερον τὸ ὁπόσον κεκίνηταί τι ὅσον ἕστηκε. Διὸ καὶ κινήσεως ἠνέχθησαν εἰς τὸ εἰπεῖν μέτρον ἀντὶ τοῦ εἰπεῖν κινήσει μετρούμενον, εἶτα προσθεῖναι τί ὂν κινήσει μετρεῖται καὶ μὴ κατὰ συμβεβηκὸς γινόμενον περί τι αὐτοῦ εἰπεῖν καὶ ταῦτα ἐνηλλαγμένως. Ἀλλ ἴσως ἐκεῖνοι οὐκ ἐνηλλαγμένως, ἡμεῖς δὲ οὐ συνίεμεν, ἀλλὰ σαφῶς λεγόντων μέτρον κατὰ τὸ μετρούμενον οὐκ ἐτυγχάνομεν τῆς ἐκείνων γνώμης. Αἴτιον δὲ τοῦ μὴ συνιέναι ἡμᾶς, ὅτι τί ὂν εἴτε μετροῦν εἴτε μετρούμενον οὐκ ἐδήλουν διὰ τῶν συγγραμμάτων ὡς εἰδόσι καὶ ἠκροαμένοις αὐτῶν γράφοντες. μέντοι Πλάτων οὔτε μετροῦν εἴρηκεν οὔτε μετρούμενον ὑπό τινος τὴν οὐσίαν αὐτοῦ εἶναι, ἀλλὰ εἰς δήλωσιν αὐτοῦ τὴν περιφορὰν ἐλάχιστόν τι εἰλῆφθαι πρὸς ἐλάχιστον αὐτοῦ μέρος, ὡς ἐντεῦθεν γινώσκειν δύνασθαι, οἷον καὶ ὅσον χρόνος. Τὴν μέντοι οὐσίαν αὐτοῦ δηλῶσαι θέλων ἅμα οὐρανῷ φησι γεγονέναι κατὰ παράδειγμα αἰῶνος καὶ εἰκόνα κινητήν, ὅτι μὴ μένει μηδ χρόνος τῆς ζωῆς οὐ μενούσης, ἧι συνθεῖ καὶ συντρέχει· ἅμα οὐρανῷ δέ, ὅτι ζωὴ τοιαύτη καὶ τὸν οὐρανὸν ποιεῖ καὶ μία ζωὴ οὐρανὸν καὶ χρόνον ἐργάζεται. Ἐπιστραφείσης οὖν ζωῆς ταύτης εἰς ἕν, εἰ δύναιτο, ὁμοῦ καὶ χρόνος πέπαυται ἐν τῇ ζωῇ ὢν ταύτῃ καὶ οὐρανὸς τὴν ζωὴν ταύτην οὐκ ἔχων. Εἰ δέ τις τῆσδε μὲν τῆς κινήσεως τὸ πρότερον καὶ τὸ ὕστερον λαμβάνων χρόνον λέγοιεἶναι γάρ τι τοῦτοτῆς δ ἀληθεστέρας κινήσεως τὸ πρότερον καὶ τὸ ὕστερον ἐχούσης μὴ λέγοι τι εἶναι, ἀτοπώτατος ἂν εἴη, κινήσει μὲν ἀψύχῳ διδοὺς ἔχειν τὸ πρότερον καὶ ὕστερον καὶ χρόνον παρ αὐτήν, κινήσει δέ, καθ ἣν καὶ αὕτη ὑφέστηκε κατὰ μίμησιν, μὴ διδοὺς τοῦτο, παρ ἧς καὶ τὸ πρότερον καὶ τὸ ὕστερον πρώτως ὑπέστη αὐτουργοῦ οὔσης κινήσεως καὶ ὥσπερ τὰς ἐνεργείας αὐτῆς ἑκάστας γεννώσης, οὕτω καὶ τὸ ἐφεξῆς, καὶ ἅμα τῇ γεννήσει καὶ τὴν μετάβασιν αὐτῶν. Διὰ τί οὖν ταύτην μὲν τὴν κίνησιν τὴν τοῦ παντὸς ἀνάγομεν εἰς περιοχὴν ἐκείνης καὶ ἐν χρόνῳ φαμέν, οὐχὶ δέ γε καὶ τὴν τῆς ψυχῆς κίνησιν τὴν ἐν αὐτῇ ἐν διεξόδῳ οὖσαν ἀιδίῳ; ὅτι τὸ πρὸ ταύτης ἐστὶν αἰὼν οὐ συμπαραθέων οὐδὲ συμπαρατείνων αὐτῇ. Πρώτη οὖν αὕτη εἰς χρόνον καὶ χρόνον ἐγέννησε καὶ σὺν τῇ ἐνεργείαι αὑτῆς ἔχει. Πῶς οὖν πανταχοῦ; Ὅτι κἀκείνη οὐδενὸς ἀφέστηκε τοῦ κόσμου μέρους, ὥσπερ οὐδ ἐν ἡμῖν οὐδενὸς ἡμῶν μέρους. Εἰ δέ τις ἐν οὐχ ὑποστάσει ἐν οὐχ ὑπάρξει τὸν χρόνον λέγοι, δηλονότι ψεύδεσθαι καταθετέον αὐτόν, ὅταν λέγῃ ἦν καὶ ἔσται· οὕτω γὰρ ἔσται καὶ ἦν, ὡς τὸ ἐν λέγει αὐτὸν ἔσεσθαι. Ἀλλὰ πρὸς τοὺς τοιούτους ἄλλος τρόπος λόγων. Ἐκεῖνο δὲ ἐνθυμεῖσθαι δεῖ πρὸς ἅπασι τοῖς εἰρημένοις, ὡς, ὅταν τις τὸν κινούμενον ἄνθρωπον λαμβάνῃ ὅσον προελήλυθε, καὶ τὴν κίνησιν λαμβάνει ὅση, καὶ ὅταν τὴν κίνησιν οἷον τὴν διὰ σκελῶν, ὁράτω καὶ τὸ πρὸ τῆς κινήσεως ταύτης ἐν αὐτῷ κίνημα ὅτι τοσοῦτον ἦν, εἴ γε ἐπὶ τοσοῦτον συνεῖχε τὴν κίνησιν τοῦ σώματος. Τὸ μὲν δὴ σῶμα τὸ κινούμενον τὸν τοσόνδε χρόνον ἀνάξει ἐπὶ τὴν κίνησιν τὴν τοσήνδεαὕτη γὰρ αἰτίακαὶ τὸν χρόνον ταύτης, ταύτην δὲ ἐπὶ τὴν τῆς ψυχῆς κίνησιν, ἥτις τὰ ἴσα διειστήκει. Τὴν οὖν κίνησιν τῆς ψυχῆς εἰς τί; Εἰς γὰρ ἐθελήσει, ἀδιάστατον ἤδη. Τοῦτο τοίνυν τὸ πρώτως καὶ τὸ ἐν τὰ ἄλλα· αὐτὸ δὲ οὐκέτι ἐν · οὐ γὰρ ἕξει {τοῦτο τοίνυν τὸ πρώτως}. Καὶ ἐπὶ τῆς ψυχῆς τοῦ παντὸς ὡσαύτως. Ἆροὖν καὶ ἐν ἡμῖν χρόνος; ἐν ψυχῇ τῇ τοιαύτῃ πάσῃ καὶ ὁμοειδῶς ἐν πάσῃ καὶ αἱ πᾶσαι μία. Διὸ οὐ διασπασθήσεται χρόνος· ἐπεὶ οὐδ αἰὼν κατ ἄλλο ἐν τοῖς ὁμοειδέσι πᾶσιν. [3,7,13] La révolution de la sphère universelle nous amène donc à connaître le temps, dans lequel elle s'accomplit. Non-seulement le temps est ce dans quoi {toutes choses deviennent}, mais il faut encore qu'antérieurement à toutes choses il soit ce qu'il est, ce dans quoi tout se meut ou se repose avec ordre et uniformité ce qui est découvert et manifesté à notre intelligence, mais non engendré par le mouvement et le repos régulier, surtout par le mouvement. Le mouvement en effet nous amène mieux que le repos à concevoir le temps, et il est plus facile d'apprécier la durée du mouvement que celle du repos. C'est ce qui a conduit des philosophes à définir le temps la mesure du mouvement, au lieu de dire, ce qui était probablement leur pensée, que le temps est mesuré par le mouvement. Il faut donc ajouter ce qu'est en soi la chose mesurée par le mouvement, et ne pas se borner à énoncer ce qui ne lui convient que par accident, surtout ne pas regarder cette définition comme adéquate. Peut-être ces philosophes n'ont-ils pas eux-mêmes regardé cette définition comme adéquate. Quant à nous, nous ne nous sommes pas aperçu que telle fût leur opinion, et, comme ils ont évidemment placé la mesure dans la chose mesurée, nous n'avons pu comprendre leur doctrine. Ce qui nous a empêché de les comprendre, c'est que, s'adressant sans doute à des personnes instruites de leur doctrine ou à des auditeurs bien préparés, ils n'expliquent pas dans leurs écrits en quoi consiste le temps considéré en lui-même, s'il est la mesure ou la chose mesurée. Quant à Platon lui-même, il dit, non que le temps a pour essence d'être une mesure ou d'être mesuré, mais que pour le faire connaître il y a dans le mouvement circulaire de l'univers un élément très-court {l'intervalle d'un jour} destiné à faire saisir la plus petite portion du temps ; c'est par là que nous pouvons découvrir l'essence et la quantité du temps. Pour nous en indiquer l'essence, Platon dit qu'il est né avec le ciel et qu'il est l'image mobile de l'éternité. Le temps est mobile, parce qu'il n'a pas plus de permanence que la vie de l'Âme universelle, qu'il passe et s'écoule avec elle; il est né avec le ciel, parce que c'est une seule et même vie qui produit à la fois le ciel et le temps. Si, en admettant que cela fût possible, la vie de l'Âme était ramenée à l'unité {de l'Intelligence}, aussitôt cesseraient d'être le temps, qui n'existe que dans cette vie, et le ciel, qui n'existe que par elle. Si, considérant l'antérieur et le postérieur de ce mouvement et de cette vie inférieure, on affirmait que c'est là le temps, on tomberait dans le ridicule en admettant d'un côté que {l'antérieur et le postérieur de cette vie sensible} sont quelque chose, et en refusant d'un autre côté de reconnaître comme quelque chose de réel un mouvement plus vrai, qui renferme en soi l'antérieur et le postérieur. En effet, ce serait accorder à un mouvement inanimé le privilège de contenir en soi l'antérieur avec le postérieur, c'est-à-dire le temps, et de refuser au mouvement {de l'Âme}, dont le mouvement de la sphère universelle n'est qu'une image. C'est cependant du mouvement {propre à l'Âme} que sont émanés primitivement l'antérieur et le postérieur, parce que ce mouvement est efficace par lui-même ; en produisant tous ses actes, il engendre la succession, et, en même temps qu'il engendre la succession, il produit le passage d'un acte à un autre. Pourquoi ramenons-nous le mouvement de l'univers au mouvement {de l'Âme} qui l'embrasse, et avouons-nous qu'il est dans le temps, tandis que nous ne plaçons pas dans le temps le mouvement de l'Âme, lequel subsiste en lui-même, et passe perpétuellement d'un acte à un autre ? C'est qu'au-dessus de l'action de l'Âme il n'y a que l'éternité, qui ne partage pas son mouvement ni son extension. Ainsi, le mouvement premier {de l'Intelligence} aboutit au temps, l'engendre, et le fait durer par son action. Comment donc le temps est-il présent partout ? C'est que la vie de l'Âme est présente dans toutes les parties du monde, comme la vie de notre âme est présente dans toutes les parties de notre corps. Objectera-t-on que le temps ne constitue pas une substance ni une existence réelle, qu'il est un mensonge par rapport à l'Être, comme nous disons que les expressions : il était, il sera, sont un mensonge par rapport à Dieu ; car il était et il sera sont comme ce dans quoi on dit qu'il sera. Pour répondre à ces objections, il faut suivre une autre méthode. Il suffit ici de rappeler ce qui a été dit plus haut, savoir, qu'en voyant combien s'est avancé un homme qui est en mouvement, on voit par là même quelle est la quantité du mouvement, et que, lorsqu'on apprécie le mouvement par la marche, on conçoit en même temps qu'avant la marche le mouvement avait dans cet homme une quantité déterminée, puisqu'il a fait avancer son corps de telle ou telle quantité. Le corps étant mû pendant une quantité déterminée de temps, on ramènera sa quantité à telle quantité de mouvement (car c'est ce mouvement qui en est la cause), et à la quantité de temps qui lui est propre. Nous rapporterons ensuite ce mouvement au mouvement de l'Âme, qui par son action uniforme produit l'intervalle du temps. A quoi rapporterons-nous le mouvement de l'Âme lui-même ? A quelque chose que nous le rapportions, nous arriverons à trouver un principe indivisible, savoir, le mouvement premier, celui qui contient tous les autres dans sa durée et qui n'est contenu par aucun : car il ne peut être embrassé par rien ; il est donc véritablement premier. Il en est de même pour l'Âme universelle. Le temps est-il aussi en nous? Il est présent uniformément dans l'Âme universelle et dans les âmes particulières qui sont unies toutes ensemble. Le temps n'est donc pas divisé entre les âmes, pas plus que l'éternité n'est divisée entre les essences, qui à cet égard sont toutes uniformes entre elles.


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Dernière mise à jour : 5/05/2010