[3,7,11] Δεῖ δὴ ἀναγαγεῖν ἡμᾶς αὐτοὺς πάλιν εἰς ἐκείνην τὴν διάθεσιν ἣν ἐπὶ τοῦ αἰῶνος ἐλέγομεν εἶναι, τὴν ἀτρεμῆ ἐκείνην καὶ ὁμοῦ πᾶσαν καὶ ἄπειρον ἤδη ζωὴν καὶ ἀκλινῆ πάντη καὶ ἐν ἑνὶ καὶ πρὸς ἓν ἑστῶσαν. Χρόνος δὲ οὔπω ἦν, ἢ ἐκείνοις γε οὐκ ἦν, γεννήσομεν δὲ χρόνον λόγῳ καὶ φύσει τοῦ ὑστέρου. Τούτων δὴ οὖν ἡσυχίαν ἀγόντων ἐν αὐτοῖς, ὅπως δὴ πρῶτον ἐξέπεσε χρόνος, τὰς μὲν Μούσας οὔπω τότε οὔσας οὐκ ἄν τις ἴσως καλοῖ εἰπεῖν τοῦτο· ἀλλ ἴσως, εἴπερ ἦσαν καὶ αἱ Μοῦσαι τότε, αὐτὸν δ ἄν τις τάχα τὸν γενόμενον χρόνον, ὅπως ἐστὶν ἐκφανεὶς καὶ γενόμενος. Λέγοι δ ἂν περὶ αὐτοῦ ὧδέ πως·
ὡς πρότερον, πρὶν τὸ πρότερον δὴ τοῦτο γεννῆσαι καὶ τοῦ ὑστέρου δεηθῆναι, σὺν αὐτῷ ἐν τῷ ὄντι ἀνεπαύετο χρόνος οὐκ ὤν, ἀλλ ἐν ἐκείνῳ καὶ αὐτὸς ἡσυχίαν ἦγε. Φύσεως δὲ πολυπράγμονος καὶ ἄρχειν αὐτῆς βουλομένης καὶ εἶναι αὐτῆς καὶ τὸ πλέον τοῦ παρόντος ζητεῖν ἑλομένης ἐκινήθη μὲν αὐτή, ἐκινήθη δὲ καὶ αὐτός, καὶ εἰς τὸ ἔπειτα ἀεὶ καὶ τὸ ὕστερον καὶ οὐ ταὐτόν, ἀλλ ἕτερον εἶθ ἕτερον κινούμενοι, μῆκός τι τῆς πορείας ποιησάμενοι αἰῶνος εἰκόνα τὸν χρόνον εἰργάσμεθα.
Ἐπεὶ γὰρ ψυχῆς ἦν τις δύναμις οὐχ ἥσυχος, τὸ δ ἐκεῖ ὁρώμενον ἀεὶ μεταφέρειν εἰς ἄλλο βουλομένης, τὸ μὲν ἀθρόον αὐτῇ πᾶν παρεῖναι οὐκ ἤθελεν· ὥσπερ δ ἐκ σπέρματος ἡσύχου ἐξελίττων αὐτὸν ὁ λόγος διέξοδον εἰς πολύ, ὡς οἴεται, ποιεῖ, ἀφανίζων τὸ πολὺ τῷ μερισμῷ, καὶ ἀνθ ἑνὸς ἐν αὐτῷ οὐκ ἐν αὐτῷ τὸ ἓν δαπανῶν εἰς μῆκος ἀσθενέστερον πρόεισιν, οὕτω δὴ καὶ αὐτὴ κόσμον ποιοῦσα αἰσθητὸν μιμήσει ἐκείνου κινούμενον κίνησιν οὐ τὴν ἐκεῖ, ὁμοίαν δὲ τῇ ἐκεῖ καὶ ἐθέλουσαν εἰκόνα ἐκείνης εἶναι, πρῶτον μὲν ἑαυτὴν ἐχρόνωσεν ἀντὶ τοῦ αἰῶνος τοῦτον ποιήσασα· ἔπειτα δὲ καὶ τῷ γενομένῳ ἔδωκε δουλεύειν χρόνῳ, ἐν χρόνῳ αὐτὸν πάντα ποιήσασα εἶναι, τὰς τούτου διεξόδους ἁπάσας ἐν αὐτῷ περιλαβοῦσα· ἐν ἐκείνῃ γὰρ κινούμενος – οὐ γάρ τις αὐτοῦ {τοῦδε τοῦ παντὸς} τόπος ἢ ψυχή – καὶ ἐν τῷ ἐκείνης αὖ ἐκινεῖτο χρόνῳ. Τὴν γὰρ ἐνέργειαν αὐτῆς παρεχομένη ἄλλην μετ ἄλλην, εἶθ ἑτέραν πάλιν ἐφεξῆς, ἐγέννα τε μετὰ τῆς ἐνεργείας τὸ ἐφεξῆς καὶ συμπροήιει μετὰ διανοίας ἑτέρας μετ ἐκείνην τὸ μὴ πρότερον ὄν, ὅτι οὐδ ἡ διάνοια ἐνεργηθεῖσα ἦν οὐδ ἡ νῦν ζωὴ ὁμοία τῇ πρὸ αὐτῆς. Ἅμα οὖν ζωὴ ἄλλη καὶ τὸ ἄλλη χρόνον εἶχεν ἄλλον.
Διάστασις οὖν ζωῆς χρόνον εἶχε καὶ τὸ πρόσω ἀεὶ τῆς ζωῆς χρόνον ἔχει ἀεὶ καὶ ἡ παρελθοῦσα ζωὴ χρόνον ἔχει παρεληλυθότα. Εἰ οὖν χρόνον τις λέγοι ψυχῆς ἐν κινήσει μεταβατικῇ ἐξ ἄλλου εἰς ἄλλον βίον ζωὴν εἶναι, ἆρ᾽ ἂν δοκοῖ τι λέγειν;
Εἰ γὰρ αἰών ἐστι ζωὴ ἐν στάσει καὶ τῷ αὐτῷ καὶ ὡσαύτως καὶ ἄπειρος ἤδη, εἰκόνα δὲ δεῖ τοῦ αἰῶνος τὸν χρόνον εἶναι, ὥσπερ καὶ τόδε τὸ πᾶν ἔχει πρὸς ἐκεῖνο, ἀντὶ μὲν ζωῆς τῆς ἐκεῖ ἄλλην δεῖ ζωὴν τὴν τῆσδε τῆς δυνάμεως τῆς ψυχῆς ὥσπερ ὁμώνυμον λέγειν εἶναι καὶ ἀντὶ κινήσεως νοερᾶς ψυχῆς τινος μέρους κίνησιν, ἀντὶ δὲ ταὐτότητος καὶ τοῦ ὡσαύτως καὶ μένοντος τὸ μὴ μένον ἐν τῷ αὐτῷ, ἄλλο δὲ καὶ ἄλλο ἐνεργοῦν, ἀντὶ δὲ ἀδιαστάτου καὶ ἑνὸς εἴδωλον τοῦ ἑνὸς τὸ ἐν συνεχείαι ἕν, ἀντὶ δὲ ἀπείρου ἤδη καὶ ὅλου τὸ εἰς ἄπειρον πρὸς τὸ ἐφεξῆς ἀεί, ἀντὶ δὲ ἀθρόου ὅλου {τὸ κατὰ μέρος ἐσόμενον} καὶ ἀεὶ {τὸ κατὰ μέρος} ἐσόμενον ὅλον. Οὕτω γὰρ μιμήσεται τὸ ἤδη ὅλον καὶ ἀθρόον καὶ ἄπειρον ἤδη, εἰ ἐθελήσει ἀεὶ προσκτώμενον εἶναι ἐν τῷ εἶναι· καὶ γὰρ τὸ εἶναι οὕτω τὸ ἐκείνου μιμήσεται.
Δεῖ δὲ οὐκ ἔξωθεν τῆς ψυχῆς λαμβάνειν τὸν χρόνον, ὥσπερ οὐδὲ τὸν αἰῶνα ἐκεῖ ἔξω τοῦ ὄντος, οὐδ αὖ παρακολούθημα οὐδ ὕστερον, ὥσπερ οὐδ ἐκεῖ, ἀλλ ἐνορώμενον καὶ ἐνόντα καὶ συνόντα, ὥσπερ κἀκεῖ ὁ αἰών.
| [3,7,11] Il est nécessaire pour cela que nous revenions à la nature que nous avons plus haut reconnue être essentielle à l'éternité, à cette vie immuable, réalisée tout entière à la fois, infinie, parfaite, subsistant dans l'unité et se rapportant à l'unité. Le temps n'était pas encore, ou du moins il n'était pas pour les intelligibles ; seulement, il devait en naître, parce qu'il leur est {comme le monde} postérieur par sa raison et sa nature ? Veut-on comprendre comment le temps est sorti du sein des intelligibles, lorsqu'ils reposaient en eux-mêmes? Il serait inutile ici d'invoquer les Muses : elles n'existaient pas encore. Que dis-je ? Peut-être ne serait-ce pas inutile : car elles existaient déjà {en un certain sens}. Quoi qu'il en soit, on connaîtra la naissance du temps si on le considère en tant qu'il est né et manifesté. Voici ce qu'on peut dire à ce sujet.
Avant qu'il y eût antériorité et postériorité, le temps, qui n'existait pas encore, reposait au sein de l'Être même. Mais une nature active {l'Âme universelle}, qui désirait être maîtresse d'elle-même, se posséder elle-même et ajouter sans cesse au présent, entra en mouvement, et le temps entra en mouvement avec elle. En nous portant toujours nous-mêmes vers ce qui suit et qui est postérieur, vers un autre moment, puis vers un autre encore, nous parvenons, par la longueur que nous parcourons, à nous représenter le temps qui est l'image de l'éternité.
Comme l'Âme universelle avait en elle une activité qui l'agitait et la poussait à transporter dans un autre monde ce qu'elle voyait toujours là-haut, elle n'a pas pu posséder toutes choses présentes à la fois. De même qu'une raison, en se développant hors de la semence où elle reposait, semble marcher à la pluralité, mais affaiblit cette pluralité par la division, et que prodiguant, au lieu de l'unité qui demeure en elle-même, l'unité qui est hors d'elle-même, elle perd de sa force en s'étendant; de même l'Âme universelle, en produisant le monde sensible, mû, non par le mouvement intelligible, mais par celui qui n'en est que l'image, et en travaillant à rendre ce mouvement semblable au premier, s'est d'abord rendue elle-même temporelle, en engendrant le temps au lieu de l'éternité, puis a soumis son œuvre {le monde sensible} au temps, en embrassant dans le temps toute l'existence et toutes les révolutions du monde. En effet, comme le monde se meut dans l'Âme universelle, qui est son lieu, il se meut aussi dans le temps, que cette Âme porte en elle. En manifestant sa puissance d'une manière successive et variée, l'Âme universelle a engendré la succession par son mode d'action : elle passe en effet d'une conception à une autre, par conséquent à ce qui n'existait pas auparavant, puisque cette conception n'était pas effective et que la vie présente de l'Âme ne ressemble pas à sa vie antérieure. Sa vie est variée, et de la variété de sa vie résulte la variété du temps.
Ainsi, l'extension de la vie de l'Âme produit le temps, la progression perpétuelle de sa vie fait la perpétuité du temps, et sa vie antérieure constitue le passé. On peut donc avec justesse définir le temps la vie de l'Âme considérée dans le mouvement par lequel elle passe d'un acte à un autre.
Puisque l'éternité est la vie caractérisée par le repos, l'identité , l'immutabilité , l'infinité , si le temps est son image, comme ce monde est l'image du monde supérieur, il faut reconnaître qu'il doit y avoir dans ce monde, au lieu de la vie propre à l'Intelligence , une autre vie qui porte le même nom et qui appartienne à cette puissance de l'Âme universelle; au lieu du mouvement de l'Intelligence, le mouvement propre à une partie de l'Âme; au lieu de la permanence, de l'identité, de l'immutabilité {de l'Intelligence}, la mobilité d'un principe qui passe sans cesse d'un acte à un autre; au lieu de l'unité et de l'absence de toute étendue, une simple image de l'unité, image qui n'est une que par la continuité ; au lieu d'une infinité déjà présente tout entière, une progression à l'infini qui tend perpétuellement vers ce qui suit ; au lieu de ce qui est tout entier et la fois, ce qui sera par parties et ne sera jamais tout entier à la fois. Pour offrir l'image de la vie complète, universelle, infinie de l'Intelligence, il faut que l'Âme ait pour existence d'acquérir sans cesse l'existence; c'est ainsi qu'elle peut représenter par son essence l'essence intelligible.
Le temps n'est donc pas extérieur à l'Âme, pas plus que l'éternité ne l'est à l'Être ; il n'en est pas non plus une conséquence ni un résultat, pas plus que l'éternité n'est une conséquence de l'Être. Il apparaît dans l'Âme, il est en elle et avec elle, comme l'éternité est dans l'Être et avec l'Être.
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