[60] τὰ δὲ δὴ πλεῖστα ὑδάτων εἴδη μεμειγμένα ἀλλήλοις
– σύμπαν μὲν τὸ γένος, (60a) διὰ τῶν ἐκ γῆς φυτῶν ἠθημένα, χυμοὶ λεγόμενοι –
διὰ δὲ τὰς μείξεις ἀνομοιότητα ἕκαστοι σχόντες τὰ μὲν ἄλλα πολλὰ ἀνώνυμα γένη
παρέσχοντο, τέτταρα δὲ ὅσα ἔμπυρα εἴδη,
διαφανῆ μάλιστα γενόμενα, εἴληφεν ὀνόματα αὐτῶν, τὸ μὲν τῆς ψυχῆς μετὰ τοῦ σώματος
θερμαντικὸν οἶνος, τὸ δὲ λεῖον καὶ διακριτικὸν ὄψεως διὰ ταῦτά τε ἰδεῖν λαμπρὸν καὶ
στίλβον λιπαρόν τε φανταζόμενον ἐλαιηρὸν εἶδος, πίττα καὶ κίκι καὶ ἔλαιον αὐτὸ ὅσα
τ᾽ ἄλλα τῆς αὐτῆς δυνάμεως· ὅσον δὲ διαχυτικὸν (60b) μέχρι φύσεως τῶν περὶ τὸ
στόμα συνόδων, ταύτῃ τῇ δυνάμει γλυκύτητα παρεχόμενον, μέλι τὸ κατὰ πάντων
μάλιστα πρόσρημα ἔσχεν, τὸ δὲ τῆς σαρκὸς διαλυτικὸν τῷ κάειν, ἀφρῶδες γένος, ἐκ
πάντων ἀφορισθὲν τῶν χυμῶν, ὀπὸς ἐπωνομάσθη.
Γῆς δὲ εἴδη, τὸ μὲν ἠθημένον διὰ ὕδατος τοιῷδε τρόπῳ γίγνεται σῶμα λίθινον. τὸ
συμμιγὲς ὕδωρ ὅταν ἐν τῇ συμμείξει κοπῇ, μετέβαλεν εἰς ἀέρος ἰδέαν· γενόμενος δὲ
(60c) ἀὴρ εἰς τὸν ἑαυτοῦ τόπον ἀναθεῖ. κενὸν δ᾽ ὑπερεῖχεν αὐτῶν οὐδέν· τὸν οὖν
πλησίον ἔωσεν ἀέρα. ὁ δὲ ἅτε ὢν βαρύς, ὠσθεὶς καὶ περιχυθεὶς τῷ τῆς γῆς ὄγκῳ,
σφόδρα ἔθλιψεν συνέωσέν τε αὐτὸν εἰς τὰς ἕδρας ὅθεν ἀνῄει ὁ νέος ἀήρ· συνωσθεῖσα
δὲ ὑπὸ ἀέρος ἀλύτως ὕδατι γῆ συνίσταται πέτρα, καλλίων μὲν ἡ τῶν ἴσων καὶ ὁμαλῶν
διαφανὴς μερῶν, αἰσχίων δὲ ἡ ἐναντία. τὸ δὲ ὑπὸ πυρὸς τάχους τὸ νοτερὸν (60d) πᾶν
ἐξαρπασθὲν καὶ κραυρότερον ἐκείνου συστάν, ᾧ γένει κέραμον ἐπωνομάκαμεν, τοῦτο
γέγονεν· ἔστιν δὲ ὅτε νοτίδος ὑπολειφθείσης χυτὴ γῆ γενομένη διὰ πυρὸς ὅταν ψυχθῇ,
γίγνεται τὸ μέλαν χρῶμα ἔχον λίθος. τὼ δ᾽ αὖ κατὰ ταὐτὰ μὲν ταῦτα ἐκ συμμείξεως
ὕδατος ἀπομονουμένω πολλοῦ, λεπτοτέρων δὲ ἐκ γῆς μερῶν ἁλμυρώ τε ὄντε,
ἡμιπαγῆ γενομένω καὶ λυτὼ πάλιν ὑφ᾽ ὕδατος, τὸ μὲν ἐλαίου καὶ γῆς καθαρτικὸν
γένος λίτρον, τὸ δ᾽ εὐάρμοστον ἐν ταῖς κοινωνίαις (60e) ταῖς περὶ τὴν τοῦ στόματος
αἴσθησιν ἁλῶν κατὰ λόγον (νόμου) θεοφιλὲς σῶμα ἐγένετο. τὰ δὲ κοινὰ ἐξ ἀμφοῖν
ὕδατι μὲν οὐ λυτά, πυρὶ δέ, διὰ τὸ τοιόνδε οὕτω συμπήγνυται. γῆς ὄγκους πῦρ μὲν ἀήρ
τε οὐ τήκει· τῆς γὰρ συστάσεως τῶν διακένων αὐτῆς σμικρομερέστερα πεφυκότα, διὰ
πολλῆς εὐρυχωρίας ἰόντα, οὐ βιαζόμενα, ἄλυτον αὐτὴν ἐάσαντα ἄτηκτον παρέσχεν·
τὰ δὲ ὕδατος ἐπειδὴ μείζω πέφυκεν μέρη, βίαιον ποιούμενα τὴν διέξοδον, λύοντα
αὐτὴν τήκει.
| [60] La plupart des formes d’eau mélangées les unes aux autres, et
distillées à travers les plantes que produit la terre, ont reçu le nom
général de sucs. Ces sucs, diversifiés par les mélanges dont ils sont les
produits, ont fourni un grand nombre d’espèces qui n’ont pas de
nom. Mais quatre espèces, contenant du feu et particulièrement
limpides, ont reçu des noms. Parmi celles-ci, celle qui réchauffe l’âme
en même temps que le corps est le vin. Celle qui est lisse et divise le
courant visuel et qui, à cause de cela, paraît brillante, luisante et
grasse à la vue est l’espèce huileuse, poix, huile de ricin, huile
proprement dite et tous les autres sucs doués des mêmes propriétés.
Celle qui dilate, autant que la nature le comporte, les pores contractés
de la bouche et produit, grâce à cette propriété, une sensation de
douceur a reçu généralement le nom de miel. Enfin celle qui dissout
la chair en la brûlant, sorte d’écume distincte de tous les autres sucs,
a été appelée verjus.
Quant aux espèces de terre, celle qui s’est purifiée en traversant de
l’eau, devient un corps pierreux de la manière que je vais dire.
Lorsque l’eau qui s’y trouve mêlée se divise dans le mélange, elle
prend la forme de l’air et l’air ainsi produit s’élève vers le lieu qui lui
est propre. Mais, comme il n’y a point de vide au-dessus d’eux, cet
air-là pousse l’air voisin. Celui-ci, qui est pesant, lorsque, sous la
poussée, il s’est répandu autour de la masse de terre, la presse
violemment et la pousse dans les places d’où est sorti l’air
nouvellement formé. Alors la terre, comprimée par l’air de manière
que l’eau ne peut la dissoudre, forme une pierre, la plus belle étant la
pierre transparente formée de parties égales et homogènes, la plus
laide celle qui a les qualités contraires. L’espèce qui, sous la rapide
action du feu, a été dépouillée de toute son humidité et qui forme un
corps plus cassant que la précédente est celle qu’on nomme terre à
potier. Parfois la terre, gardant de l’humidité, se liquéfie sous l’action
du feu et devient en se refroidissant une pierre de couleur noire.
Deux autres substances qui, à la suite du mélange,
ont de même perdu une grande quantité d’eau, mais ont des
particules de terre plus fine et un goût salin, deviennent demi-solides
et solubles de nouveau par l’eau. La première, qui sert à enlever les
taches d’huile et de poussière, est la soude ; la deuxième, qui
s’harmonise agréablement dans les combinaisons faites pour flatter le
palais, est le sel qui, aux termes de la loi, est une offrande agréable
aux dieux. Quant aux composés de ces deux corps, qui sont solubles
par le feu, mais non par l’eau, voici comment et pour quelle raison ils
se condensent. Ni le feu ni l’air ne peuvent dissoudre des masses de
terre, parce que leurs particules, étant naturellement plus petites que
les interstices de la structure de la terre, trouvent de nombreux et
larges passages où ils se frayent un chemin sans violence, et la
laissent sans la dissoudre ni la fondre. Les particules de l’eau étant,
au contraire, plus grandes, s’ouvrent un passage par la force et
divisent et dissolvent la terre.
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