[601] ὁ ζωγράφος σκυτοτόμον ποιήσει δοκοῦντα (601a) εἶναι, αὐτός τε οὐκ ἐπαΐων
περὶ σκυτοτομίας καὶ τοῖς μὴ ἐπαΐουσιν, ἐκ τῶν χρωμάτων δὲ καὶ σχημάτων
θεωροῦσιν;
Πάνυ μὲν οὖν.
Οὕτω δὴ οἶμαι καὶ τὸν ποιητικὸν φήσομεν χρώματα ἄττα ἑκάστων
τῶν τεχνῶν τοῖς ὀνόμασι καὶ ῥήμασιν ἐπιχρωματίζειν αὐτὸν οὐκ ἐπαΐοντα
ἀλλ’ ἢ μιμεῖσθαι, ὥστε ἑτέροις τοιούτοις ἐκ τῶν λόγων θεωροῦσι δοκεῖν,
ἐάντε περὶ σκυτοτομίας τις λέγῃ ἐν μέτρῳ καὶ ῥυθμῷ καὶ ἁρμονίᾳ, πάνυ
εὖ δοκεῖν λέγεσθαι, ἐάντε περὶ στρατηγίας ἐάντε περὶ ἄλλου (b.) ὁτουοῦν·
οὕτω φύσει αὐτὰ ταῦτα μεγάλην τινὰ κήλησιν ἔχειν. ἐπεὶ γυμνωθέντα γε
τῶν τῆς μουσικῆς χρωμάτων τὰ τῶν ποιητῶν, αὐτὰ ἐφ’ αὑτῶν λεγόμενα,
οἶμαί σε εἰδέναι οἷα φαίνεται. τεθέασαι γάρ που.
῎Εγωγ’, ἔφη.
Οὐκοῦν, ἦν δ’ ἐγώ, ἔοικεν τοῖς τῶν ὡραίων προσώποις, καλῶν δὲ μή,
οἷα γίγνεται ἰδεῖν ὅταν αὐτὰ τὸ ἄνθος προλίπῃ;
Παντάπασιν, ἦ δ’ ὅς.
῎Ιθι δή, τόδε ἄθρει· ὁ τοῦ εἰδώλου ποιητής, ὁ μιμητής, φαμέν, τοῦ μὲν
ὄντος οὐδὲν ἐπαΐει, τοῦ δὲ φαινομένου· οὐχ (c.) οὕτως;
Ναί.
Μὴ τοίνυν ἡμίσεως αὐτὸ καταλίπωμεν ῥηθέν, ἀλλ’ ἱκανῶς ἴδωμεν.
Λέγε, ἔφη.
Ζωγράφος, φαμέν, ἡνίας τε γράψει καὶ χαλινόν;
Ναί.
Ποιήσει δέ γε σκυτοτόμος καὶ χαλκεύς;
Πάνυ γε.
῏Αρ’ οὖν ἐπαΐει οἵας δεῖ τὰς ἡνίας εἶναι καὶ τὸν χαλινὸν ὁ γραφεύς; ἢ
οὐδ’ ὁ ποιήσας, ὅ τε χαλκεὺς καὶ ὁ σκυτεύς, ἀλλ’ ἐκεῖνος ὅσπερ τούτοις
ἐπίσταται χρῆσθαι, μόνος ὁ ἱππικός;
᾿Αληθέστατα.
῏Αρ’ οὖν οὐ περὶ πάντα οὕτω φήσομεν ἔχειν;
Πῶς;
(d.) Περὶ ἕκαστον ταύτας τινὰς τρεῖς τέχνας εἶναι, χρησομένην,
ποιήσουσαν, μιμησομένην;
Ναί.
Οὐκοῦν ἀρετὴ καὶ κάλλος καὶ ὀρθότης ἑκάστου σκεύους καὶ ζῴου καὶ
πράξεως οὐ πρὸς ἄλλο τι ἢ τὴν χρείαν ἐστίν, πρὸς ἣν ἂν ἕκαστον ᾖ
πεποιημένον ἢ πεφυκός;
Οὕτως.
Πολλὴ ἄρα ἀνάγκη τὸν χρώμενον ἑκάστῳ ἐμπειρότατόν τε εἶναι καὶ
ἄγγελον γίγνεσθαι τῷ ποιητῇ οἷα ἀγαθὰ ἢ κακὰ ποιεῖ ἐν τῇ χρείᾳ ᾧ
χρῆται· οἷον αὐλητής που αὐλοποιῷ (e.) ἐξαγγέλλει περὶ τῶν αὐλῶν, οἳ ἂν
ὑπηρετῶσιν ἐν τῷ αὐλεῖν, καὶ ἐπιτάξει οἵους δεῖ ποιεῖν, ὁ δ’ ὑπηρετήσει.
Πῶς δ’ οὔ;
Οὐκοῦν ὁ μὲν εἰδὼς ἐξαγγέλλει περὶ χρηστῶν καὶ πονηρῶν αὐλῶν, ὁ
δὲ πιστεύων ποιήσει;
Ναί.
Τοῦ αὐτοῦ ἄρα σκεύους ὁ μὲν ποιητὴς πίστιν ὀρθὴν ἕξει περὶ
κάλλους τε καὶ πονηρίας,
| [601] 601a sans rien entendre à la cordonnerie, pour des gens qui,
n'y entendant pas plus que lui, jugent des choses d'après la couleur
et le dessin?
Parfaitement.
Nous dirons de même, je pense, que le poète applique à chaque
art des couleurs convenables, avec ses mots et ses phrases, de
telle sorte que, sans s'entendre lui-même à rien d'autre qu'à
imiter, auprès de ceux qui, comme lui, ne voient les choses que
d'après les mots, il passe - quand il parle, en observant la
mesure, le rythme et l'harmonie, soit de cordonnerie, soit d'art
militaire, soit 601b de tout autre objet - il passe, dis-je, pour
parler fort bien, tant naturellement et par eux-mêmes ces
ornements ont de charme ! Car, dépouillées de leur coloris
artistique, et citées pour le sens qu'elles enferment, tu sais, je
pense, quelle figure font les oeuvres des poètes, puisque
aussi bien tu en as eu le spectacle.
Oui, dit-il.
Ne ressemblent-elles pas aux visages de ces gens qui n'ont
d'autre beauté que la fleur de la jeunesse, lorsque cette fleur est
passée?
C'est tout à fait exact.
Or çà ! donc, considère ceci : le créateur d'images, l'imitateur,
disons-nous, n'entend rien à la réalité, il ne 601c connaît que
l'apparence, n'est-ce pas?
Oui.
Eh bien! ne laissons pas la question à demi traitée, voyons-la
comme il convient.
Parle, dit-il.
Le peintre, disons-nous, peindra des rênes et un mors.
Oui.
Mais c'est le sellier et le forgeron qui les fabriqueront.
Certainement.
Or, est-ce le peintre qui sait comment doivent être faits les rênes
et le mors? est-ce même celui qui les fabrique, forgeron ou
sellier? n'est-ce pas plutôt celui qui a appris à s'en servir, le seul
cavalier?
C'est très vrai.
Ne dirons-nous pas qu'il en est de même à l'égard de toutes les
choses?
Comment cela?
601d Il y a trois arts qui répondent à chaque objet : ceux de
l'usage, de la fabrication et de l'imitation.
Oui.
Mais à quoi tendent la qualité, la beauté, la perfection d'un
meuble, d'un animal, d'une action, sinon à l'usage en vue duquel
chaque chose est faite, soit par la nature, soit par l'homme?
À rien d'autre.
Par conséquent, il est de toute nécessité que l'usager d'une chose
soit le plus expérimenté, et qu'il informe le fabricant des qualités
et des défauts de son ouvrage, par rapport à l'usage qu'il en fait.
Par exemple, le joueur de flûte renseignera le fabricant sur les
flûtes qui pourront lui servir à jouer; il lui dira comment il doit les
faire, et 601e celui-ci obéira.
Sans doute.
Donc, celui qui sait prononcera sur les flûtes bonnes et
mauvaises, et l'autre travaillera sur la foi du premier.
Oui.
Ainsi, à l'égard du même instrument, le fabricant aura, sur sa
perfection ou son imperfection, une foi qui sera juste,
parce qu'il se trouve en rapport avec celui qui sait, et qu'il est
obligé d'écouter ses avis,
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