[9,573] προστάτην τῶν ἀργῶν καὶ τὰ (573a) ἕτοιμα διανεμομένων
ἐπιθυμιῶν, ὑπόπτερον καὶ μέγαν κηφῆνά τινα—ἢ τί ἄλλο οἴει εἶναι
τὸν τῶν τοιούτων ἔρωτα; —
Οὐδὲν ἔγωγε, ἦ δ’ ὅς, ἄλλ’ ἢ τοῦτο.
Οὐκοῦν ὅταν δὴ περὶ αὐτὸν βομβοῦσαι αἱ ἄλλαι ἐπιθυμίαι,
θυμιαμάτων τε γέμουσαι καὶ μύρων καὶ στεφάνων καὶ οἴνων καὶ τῶν ἐν
ταῖς τοιαύταις συνουσίαις ἡδονῶν ἀνειμένων, ἐπὶ τὸ ἔσχατον αὔξουσαί τε
καὶ τρέφουσαι πόθου κέντρον ἐμποιήσωσι τῷ κηφῆνι, τότε δὴ
δορυφορεῖταί τε ὑπὸ μανίας καὶ (573b) οἰστρᾷ οὗτος ὁ προστάτης τῆς ψυχῆς,
καὶ ἐάν τινας ἐν αὐτῷ δόξας ἢ ἐπιθυμίας λάβῃ ποιουμένας χρηστὰς καὶ
ἔτι ἐπαισχυνομένας, ἀποκτείνει τε καὶ ἔξω ὠθεῖ παρ’ αὑτοῦ, ἕως ἂν
καθήρῃ σωφροσύνης, μανίας δὲ πληρώσῃ ἐπακτοῦ.
Παντελῶς, ἔφη, τυραννικοῦ ἀνδρὸς λέγεις γένεσιν.
Ἆρ’ οὖν, ἦν δ’ ἐγώ, καὶ τὸ πάλαι διὰ τὸ τοιοῦτον τύραννος ὁ ῎Ερως
λέγεται;
Κινδυνεύει, ἔφη.
Οὐκοῦν, ὦ φίλε, εἶπον, καὶ μεθυσθεὶς ἀνὴρ τυραννικόν τι (573c)
φρόνημα ἴσχει;
Ἴσχει γάρ.
Καὶ μὴν ὅ γε μαινόμενος καὶ ὑποκεκινηκὼς οὐ μόνον ἀνθρώπων
ἀλλὰ καὶ θεῶν ἐπιχειρεῖ τε καὶ ἐλπίζει δυνατὸς εἶναι ἄρχειν.
Καὶ μάλ’, ἔφη.
Τυραννικὸς δέ, ἦν δ’ ἐγώ, ὦ δαιμόνιε, ἀνὴρ ἀκριβῶς γίγνεται, ὅταν ἢ
φύσει ἢ ἐπιτηδεύμασιν ἢ ἀμφοτέροις μεθυστικός τε καὶ ἐρωτικὸς καὶ
μελαγχολικὸς γένηται.
Παντελῶς μὲν οὖν.
Γίγνεται μέν, ὡς ἔοικεν, οὕτω καὶ τοιοῦτος ἁνήρ· ζῇ δὲ δὴ πῶς;
(573d) Τὸ τῶν παιζόντων, ἔφη, τοῦτο σὺ καὶ ἐμοὶ ἐρεῖς.
Λέγω δή, ἔφην. οἶμαι γὰρ τὸ μετὰ τοῦτο ἑορταὶ γίγνονται παρ’ αὐτοῖς
καὶ κῶμοι καὶ θάλειαι καὶ ἑταῖραι καὶ τὰ τοιαῦτα πάντα, ὧν ἂν ῎Ερως
τύραννος ἔνδον οἰκῶν διακυβερνᾷ τὰ τῆς ψυχῆς ἅπαντα.
Ἀνάγκη, ἔφη.
Ἆρ’ οὖν οὐ πολλαὶ καὶ δειναὶ παραβλαστάνουσιν ἐπιθυμίαι ἡμέρας
τε καὶ νυκτὸς ἑκάστης, πολλῶν δεόμεναι;
Πολλαὶ μέντοι.
Ταχὺ ἄρα ἀναλίσκονται ἐάν τινες ὦσι πρόσοδοι.
Πῶς δ’ οὔ;
(573e) Καὶ μετὰ τοῦτο δὴ δανεισμοὶ καὶ τῆς οὐσίας παραιρέσεις.
Τί μήν;
Ὅταν δὲ δὴ πάντ’ ἐπιλείπῃ, ἆρα οὐκ ἀνάγκη μὲν τὰς ἐπιθυμίας βοᾶν
πυκνάς τε καὶ σφοδρὰς ἐννενεοττευμένας, τοὺς δ’ ὥσπερ ὑπὸ κέντρων
ἐλαυνομένους τῶν τε ἄλλων ἐπιθυμιῶν καὶ διαφερόντως ὑπ’ αὐτοῦ τοῦ
῎Ερωτος, πάσαις ταῖς ἄλλαις ὥσπερ δορυφόροις ἡγουμένου,
| [9,573] qui préside aux désirs oisifs et prodigues : quelque frelon ailé
et de grande (573a) taille. Ou bien crois-tu que l'amour soit autre
chose chez de tels hommes?
Non, dit-il, ce n'est rien d'autre.
Lors donc que les autres désirs, bourdonnant autour de ce
frelon, dans une profusion d'encens, de parfums, de
couronnes, de vins, et de toutes les jouissances qu'on
trouve en de pareilles compagnies, le nourrissent, le font
croître jusqu'au dernier terme, et lui implantent l'aiguillon
de l'envie, alors ce chef de l'âme, escorté par la
démence, (573b) est pris de transports furieux, et s'il met la
main sur des opinions ou des désirs tenus pour sages et
gardant encore quelque pudeur, il les tue ou les boute hors
de chez lui, jusqu'à ce qu'il en ait purgé son âme et
l'ait emplie de folie étrangère.
Tu décris là de façon parfaite l'origine de l'homme tyrannique.
Aussi bien, poursuivis-je, n'est-ce pas pour cette raison que
depuis longtemps l'amour est appelé un tyran?
Il le semble, répondit-il.
(573c) Et l'homme ivre, mon ami, n'a-t-il pas des sentiments
tyranniques?
Si fait.
Et l'homme furieux et dont l'esprit est dérangé, ne veut-il
pas commander non seulement aux hommes, mais encore
aux dieux, s'imaginant qu'il en est capable?
Si, certes.
Ainsi donc, merveilleux ami, rien ne manque à un homme
pour être tyrannique, quand la nature, ses pratiques, ou les
deux ensemble, l'ont fait ivrogne, amoureux et fou.
Non, rien vraiment.
Voilà, ce semble, comment se forme l'homme tyrannique;
mais comment vit-il?
(573d) Je te répondrai comme on fait en plaisantant c'est toi
qui me le diras.
Je vais donc te le dire. J'imagine que désormais ce ne sont
que fêtes, festins, courtisanes et réjouissances de toutes
sortes chez celui qui a laissé le tyran Éros s'installer dans
son âme et en gouverner tous les mouvements.
Nécessairement.
Or, de nombreux et terribles désirs, dont les exigences
seront multiples, ne pousseront-ils pas, chaque jour et
chaque nuit, à côté de cette passion?
Si, ils pousseront nombreux.
Donc, les revenus, s'il y en a, seront vite dépensés.
Comment non? (573e) Et après cela viendront les emprunts
et les prélèvements sur le capital.
Certes.
Et quand il ne restera plus rien, n'est-il pas inévitable que
la foule ardente des désirs, qui nichent dans l'âme de cet
homme, se mette à pousser des cris, et que lui-même,
piqué par ces désirs, et surtout par l'amour, que les autres
escortent comme un chef, soit pris de transports furieux,
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