[9,572] ὅπως ἂν κοιμηθῇ καὶ μὴ παρέχῃ θόρυβον (572a) τῷ βελτίστῳ χαῖρον ἢ
λυπούμενον, ἀλλ’ ἐᾷ αὐτὸ καθ’ αὑτὸ μόνον καθαρὸν σκοπεῖν καὶ ὀρέγεσθαί
του αἰσθάνεσθαι ὃ μὴ οἶδεν,
ἤ τι τῶν γεγονότων ἢ ὄντων ἢ καὶ μελλόντων, ὡσαύτως δὲ καὶ τὸ
θυμοειδὲς πραΰνας καὶ μή τισιν εἰς ὀργὰς ἐλθὼν κεκινημένῳ τῷ θυμῷ
καθεύδῃ, ἀλλ’ ἡσυχάσας μὲν τὼ δύο εἴδη, τὸ τρίτον δὲ κινήσας ἐν ᾧ τὸ
φρονεῖν ἐγγίγνεται, οὕτως ἀναπαύηται, οἶσθ’ ὅτι τῆς τ’ ἀληθείας ἐν τῷ
τοιούτῳ μάλιστα ἅπτεται καὶ ἥκιστα παράνομοι τότε αἱ ὄψεις (572b)
φαντάζονται τῶν ἐνυπνίων.
Παντελῶς μὲν οὖν, ἔφη, οἶμαι οὕτως.
Ταῦτα μὲν τοίνυν ἐπὶ πλέον ἐξήχθημεν εἰπεῖν· ὃ δὲ βουλόμεθα
γνῶναι τόδ’ ἐστίν, ὡς ἄρα δεινόν τι καὶ ἄγριον καὶ ἄνομον ἐπιθυμιῶν
εἶδος ἑκάστῳ ἔνεστι, καὶ πάνυ δοκοῦσιν ἡμῶν ἐνίοις μετρίοις εἶναι· τοῦτο
δὲ ἄρα ἐν τοῖς ὕπνοις γίγνεται ἔνδηλον. εἰ οὖν τι δοκῶ λέγειν καὶ
συγχωρεῖς, ἄθρει.
Ἀλλὰ συγχωρῶ.
Τὸν τοίνυν δημοτικὸν ἀναμνήσθητι οἷον ἔφαμεν εἶναι.
(572c) ἦν δέ που γεγονὼς ἐκ νέου ὑπὸ φειδωλῷ πατρὶ τεθραμμένος, τὰς
χρηματιστικὰς ἐπιθυμίας τιμῶντι μόνας, τὰς δὲ μὴ ἀναγκαίους ἀλλὰ
παιδιᾶς τε καὶ καλλωπισμοῦ ἕνεκα γιγνομένας ἀτιμάζοντι. ἦ γάρ;
Ναί.
Συγγενόμενος δὲ κομψοτέροις ἀνδράσι καὶ μεστοῖς ὧν ἄρτι
διήλθομεν ἐπιθυμιῶν, ὁρμήσας εἰς ὕβριν τε πᾶσαν καὶ τὸ ἐκείνων εἶδος
μίσει τῆς τοῦ πατρὸς φειδωλίας, φύσιν δὲ τῶν διαφθειρόντων βελτίω
ἔχων, ἀγόμενος ἀμφοτέρωσε (572d) κατέστη εἰς μέσον ἀμφοῖν τοῖν τρόποιν,
καὶ μετρίως δή, ὡς ᾤετο, ἑκάστων ἀπολαύων οὔτε ἀνελεύθερον οὔτε
παράνομον βίον ζῇ, δημοτικὸς ἐξ ὀλιγαρχικοῦ γεγονώς.
Ἦν γάρ, ἔφη, καὶ ἔστιν αὕτη ἡ δόξα περὶ τὸν τοιοῦτον.
Θὲς τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, πάλιν τοῦ τοιούτου ἤδη πρεσβυτέρου
γεγονότος νέον ὑὸν ἐν τοῖς τούτου αὖ ἤθεσιν τεθραμμένον.
Τίθημι.
Τίθει τοίνυν καὶ τὰ αὐτὰ ἐκεῖνα περὶ αὐτὸν γιγνόμενα ἅπερ καὶ περὶ
τὸν πατέρα αὐτοῦ, ἀγόμενόν τε εἰς πᾶσαν (572e) παρανομίαν, ὀνομαζομένην
δ’ ὑπὸ τῶν ἀγόντων ἐλευθερίαν ἅπασαν, βοηθοῦντά τε ταῖς ἐν μέσῳ
ταύταις ἐπιθυμίαις πατέρα τε καὶ τοὺς ἄλλους οἰκείους, τοὺς δ’ αὖ
παραβοηθοῦντας· ὅταν δ’ ἐλπίσωσιν οἱ δεινοὶ μάγοι τε καὶ τυραννοποιοὶ
οὗτοι μὴ ἄλλως τὸν νέον καθέξειν, ἔρωτά τινα αὐτῷ μηχανωμένους
ἐμποιῆσαι
| [9,572] afin qu'il se tienne en repos et n'apporte
point de trouble, par ses joies ou par ses (572a) tristesses, au
principe meilleur, mais le laisse, seul avec soi-même et
dégagé, examiner et s'efforcer de percevoir ce qu'il ignore
du passé, du présent et de l'avenir; lorsque cet homme a
pareillement adouci l'élément irascible, et qu'il ne s'endort
point le cœur agité de colère contre quelqu'un; lorsqu'il a
donc calmé ces deux éléments de l'âme et stimulé le
troisième, en qui réside la sagesse, et qu'enfin il repose,
alors, tu le sais, il prend contact (572b) avec la vérité mieux
que jamais, et les visions de ses songes ne sont nullement
déréglées.
J'en suis tout à fait persuadé, dit-il.
Mais nous nous sommes trop étendus sur ce point; ce que
nous voulions constater c'est qu'il y a en chacun de nous,
même chez ceux qui paraissent tout à fait réglés, une
espèce de désirs terribles, sauvages, sans lois, et que cela
est mis en évidence par les songes. Regarde si ce que je dis
te semble vrai, et si tu en conviens avec moi.
Mais j'en conviens.
Rappelle-toi maintenant l'homme démocratique tel (572c)
que nous l'avons représenté : il est formé dès
l'enfance par un père parcimonieux, honorant les seuls
désirs intéressés, et méprisant les désirs superflus, qui
n'ont pour objet que l'amusement et le luxe. N'est-ce pas?
Oui.
Mais ayant fréquenté des hommes plus raffinés, et pleins
de ces désirs que nous décrivions tout à l'heure, il se livre à
tous les déportements et adopte la conduite de ces
hommes-là, par aversion pour la parcimonie de son père;
cependant, comme il est d'un naturel meilleur que ses
corrupteurs, tiraillé en deux sens opposés, il (572d) finit par
prendre le milieu entre ces deux genres d'existence, et
demandant à chacun des jouissances qu'il juge modérées, il
mène une vie exempte d'étroitesse et de dérèglement;
ainsi d'oligarchique il est devenu démocratique.
C'était bien, dit-il, et c'est encore l'idée que nous avons
d'un tel homme.
Suppose maintenant que, devenu vieux à son tour, il ait un
jeune fils élevé dans des habitudes semblables.
Je le suppose.
Suppose en outre qu'il lui arrive la même chose qu'à son
père, qu'il soit entraîné dans un dérèglement complet,
(572e) nommé par ceux qui l'entraînent liberté complète,
que son père et ses proches portent secours aux désirs
intermédiaires, et les autres à la faction opposée; quand
ces habiles magiciens et faiseurs de tyrans désespèrent de
retenir le jeune homme par tout autre moyen, ils
s'ingénient à faire naître en lui un amour
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