[9,571] (571a) Αὐτὸς δὴ λοιπός, ἦν δ’ ἐγώ, ὁ τυραννικὸς ἀνὴρ σκέψασθαι, πῶς
τε μεθίσταται ἐκ δημοκρατικοῦ, γενόμενός τε ποῖός τίς ἐστιν καὶ τίνα
τρόπον ζῇ, ἄθλιον ἢ μακάριον.
Λοιπὸς γὰρ οὖν ἔτι οὗτος, ἔφη.
Οἶσθ’ οὖν, ἦν δ’ ἐγώ, ὃ ποθῶ ἔτι;
Τὸ ποῖον;
Τὸ τῶν ἐπιθυμιῶν, οἷαί τε καὶ ὅσαι εἰσίν, οὔ μοι δοκοῦμεν ἱκανῶς
διῃρῆσθαι. τούτου δὴ ἐνδεῶς ἔχοντος, ἀσαφεστέρα (571b) ἔσται ἡ ζήτησις οὗ
ζητοῦμεν.
Οὐκοῦν, ἦ δ’ ὅς, ἔτ’ ἐν καλῷ;
Πάνυ μὲν οὖν· καὶ σκόπει γε ὃ ἐν αὐταῖς βούλομαι ἰδεῖν. ἔστιν δὲ
τόδε. τῶν μὴ ἀναγκαίων ἡδονῶν τε καὶ ἐπιθυμιῶν δοκοῦσί τινές μοι εἶναι
παράνομοι, αἳ κινδυνεύουσι μὲν ἐγγίγνεσθαι παντί, κολαζόμεναι δὲ ὑπό
τε τῶν νόμων καὶ τῶν βελτιόνων ἐπιθυμιῶν μετὰ λόγου ἐνίων μὲν
ἀνθρώπων ἢ παντάπασιν ἀπαλλάττεσθαι ἢ ὀλίγαι λείπεσθαι καὶ
ἀσθενεῖς, (571c) τῶν δὲ ἰσχυρότεραι καὶ πλείους.
Λέγεις δὲ καὶ τίνας, ἔφη, ταύτας;
Τὰς περὶ τὸν ὕπνον, ἦν δ’ ἐγώ, ἐγειρομένας, ὅταν τὸ μὲν ἄλλο τῆς
ψυχῆς εὕδῃ, ὅσον λογιστικὸν καὶ ἥμερον καὶ ἄρχον ἐκείνου, τὸ δὲ
θηριῶδές τε καὶ ἄγριον, ἢ σίτων ἢ μέθης πλησθέν, σκιρτᾷ τε καὶ
ἀπωσάμενον τὸν ὕπνον ζητῇ ἰέναι καὶ ἀποπιμπλάναι τὰ αὑτοῦ ἤθη· οἶσθ’
ὅτι πάντα ἐν τῷ τοιούτῳ τολμᾷ ποιεῖν, ὡς ἀπὸ πάσης λελυμένον τε καὶ
ἀπηλλαγμένον αἰσχύνης καὶ φρονήσεως. μητρί τε γὰρ ἐπιχειρεῖν
(571d) μείγνυσθαι, ὡς οἴεται, οὐδὲν ὀκνεῖ, ἄλλῳ τε ὁτῳοῦν ἀνθρώπων καὶ θεῶν
καὶ θηρίων, μιαιφονεῖν τε ὁτιοῦν, βρώματός τε ἀπέχεσθαι μηδενός· καὶ ἑνὶ
λόγῳ οὔτε ἀνοίας οὐδὲν ἐλλείπει οὔτ’ ἀναισχυντίας.
Ἀληθέστατα, ἔφη, λέγεις.
Ὅταν δέ γε οἶμαι ὑγιεινῶς τις ἔχῃ αὐτὸς αὑτοῦ καὶ σωφρόνως, καὶ εἰς
τὸν ὕπνον ἴῃ τὸ λογιστικὸν μὲν ἐγείρας ἑαυτοῦ καὶ ἑστιάσας λόγων
καλῶν καὶ σκέψεων, εἰς σύννοιαν (571e) αὐτὸς αὑτῷ ἀφικόμενος, τὸ
ἐπιθυμητικὸν δὲ μήτε ἐνδείᾳ δοὺς μήτε πλησμονῇ,
| [9,571] Il nous reste donc à examiner l'homme tyrannique,
(571a) comment il naît de l'homme démocratique, ce qu'il est une
fois formé, et quelle est sa vie, malheureuse ou heureuse.
Oui, dit-il, cet homme-là reste à examiner.
Or sais-tu, demandai-je, ce qui pour moi laisse encore à désirer?
Quoi?
En ce qui concerne les désirs, leur nature et leurs espèces,
il me semble que nous avons donné des définitions
insuffisantes; et tant que ce point sera défectueux,
l'enquête (571b) que nous poursuivons manquera de clarté.
Mais n'est-il pas encore temps d'y revenir?
Si, certainement. Examine ce que je veux voir en eux. Le
voici. Parmi les plaisirs et les désirs non nécessaires,
certains me semblent illégitimes ; ils sont
probablement innés en chacun de nous, mais réprimés par
les lois et les désirs meilleurs, avec l'aide de la raison, ils
peuvent, chez quelques-uns, être totalement extirpés ou ne
rester qu'en petit nombre et affaiblis, tandis que chez les
autres ils subsistent plus forts et plus nombreux.
(571c) Mais de quels désirs parles-tu?
De ceux, répondis-je, qui s'éveillent pendant le sommeil,
lorsque repose cette partie de l'âme qui est raisonnable,
douce, et faite pour commander à l'autre, et que la partie
bestiale et sauvage, gorgée de nourriture ou de vin,
tressaille, et après avoir secoué le sommeil, part en quête
de satisfactions à donner à ses appétits. Tu sais qu'en
pareil cas elle ose tout, comme si elle était délivrée et
affranchie de toute honte et de toute prudence. Elle ne
(571d) craint point d'essayer, en imagination, de s'unir à sa
mère, où à qui que ce soit, homme, dieu ou bête, de
se souiller de n'importe quel meurtre, et de ne s'abstenir
d'aucune sorte de nourriture; en un mot, il n'est
point de folie, point d'impudence dont elle ne soit capable.
Tu dis très vrai.
Mais lorsqu'un homme, sain de corps et tempérant, se livre
au sommeil après avoir éveillé l'élément raisonnable de son
âme, et l'avoir nourri de belles pensées et de nobles
spéculations en méditant sur lui-même; (571e) lorsqu'il a
évité d'affamer aussi bien que de rassasier l'élément
concupiscible,
|