HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, La République, livre IX

Page 589

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[9,589] τὸν (589a) δὲ ἄνθρωπον λιμοκτονεῖν καὶ ποιεῖν ἀσθενῆ,
ὥστε ἕλκεσθαι ὅπῃ ἂν ἐκείνων ὁπότερον ἄγῃ, καὶ μηδὲν ἕτερον ἑτέρῳ
συνεθίζειν μηδὲ φίλον ποιεῖν, ἀλλἐᾶν αὐτὰ ἐν αὑτοῖς δάκνεσθαί τε καὶ
μαχόμενα ἐσθίειν ἄλληλα.
Παντάπασι γάρ, ἔφη, ταῦτἂν λέγοι τὸ ἀδικεῖν ἐπαινῶν.
Οὐκοῦν αὖ τὰ δίκαια λέγων λυσιτελεῖν φαίη ἂν δεῖν ταῦτα
πράττειν καὶ ταῦτα λέγειν, ὅθεν τοῦ ἀνθρώπου ἐντὸς (589b) ἄνθρωπος
ἔσται ἐγκρατέστατος, καὶ τοῦ πολυκεφάλου θρέμματος ἐπιμελήσεται
ὥσπερ γεωργός, τὰ μὲν ἥμερα τρέφων καὶ τιθασεύων, τὰ δὲ ἄγρια
ἀποκωλύων φύεσθαι, σύμμαχον ποιησάμενος τὴν τοῦ λέοντος φύσιν, καὶ
κοινῇ πάντων κηδόμενος, φίλα ποιησάμενος ἀλλήλοις τε καὶ αὑτῷ, οὕτω
θρέψει;
Κομιδῇ γὰρ αὖ λέγει ταῦτα τὸ δίκαιον ἐπαινῶν.
Κατὰ πάντα τρόπον δὴ μὲν τὰ δίκαια ἐγκωμιάζων ἀληθῆ (589c) ἂν
λέγοι, δὲ τὰ ἄδικα ψεύδοιτο. πρός τε γὰρ ἡδονὴν καὶ πρὸς εὐδοξίαν καὶ
ὠφελίαν σκοπουμένῳ μὲν ἐπαινέτης τοῦ δικαίου ἀληθεύει, δὲ ψέκτης
οὐδὲν ὑγιὲς οὐδεἰδὼς ψέγει ὅτι ψέγει.
Οὔ μοι δοκεῖ, δὅς, οὐδαμῇ γε.
Πείθωμεν τοίνυν αὐτὸν πρᾴωςοὐ γὰρ ἑκὼν ἁμαρτάνει
ἐρωτῶντες· ῏Ω μακάριε, οὐ καὶ τὰ καλὰ καὶ αἰσχρὰ νόμιμα διὰ τὰ τοιαῦτ
ἂν φαῖμεν γεγονέναι· τὰ μὲν καλὰ τὰ ὑπὸ (589d) τῷ ἀνθρώπῳ, μᾶλλον δὲ
ἴσως τὰ ὑπὸ τῷ θείῳ τὰ θηριώδη ποιοῦντα τῆς φύσεως, αἰσχρὰ δὲ τὰ ὑπὸ
τῷ ἀγρίῳ τὸ ἥμερον δουλούμενα; συμφήσει· πῶς;
Ἐάν μοι, ἔφη, πείθηται.
Εστιν οὖν, εἶπον, ὅτῳ λυσιτελεῖ ἐκ τούτου τοῦ λόγου χρυσίον
λαμβάνειν ἀδίκως, εἴπερ τοιόνδε τι γίγνεται, λαμβάνων τὸ χρυσίον ἅμα
καταδουλοῦται τὸ βέλτιστον ἑαυτοῦ (589e) τῷ μοχθηροτάτῳ; εἰ μὲν λαβὼν
χρυσίον ὑὸν θυγατέρα ἐδουλοῦτο, καὶ ταῦτεἰς ἀγρίων τε καὶ κακῶν
ἀνδρῶν, οὐκ ἂν αὐτῷ ἐλυσιτέλει οὐδἂν πάμπολυ ἐπὶ τούτῳ λαμβάνειν, εἰ
δὲ τὸ ἑαυτοῦ θειότατον ὑπὸ τῷ ἀθεωτάτῳ τε καὶ μιαρωτάτῳ δουλοῦται καὶ
μηδὲν ἐλεεῖ,
[9,589] (589a) et d'autre part d'affamer et d'affaiblir l'homme, en sorte
que les deux autres le puissent traîner partout où ils voudront;
et, au lieu de les accoutumer à vivre ensemble en bon accord, de les
laisser se battre, se mordre et se dévorer les uns les autres.
Il soutient en effet tout cela, le panégyriste de l'injustice.
Et, réciproquement, affirmer qu'il est utile d'être juste
n'est-ce pas soutenir qu'il faut faire et dire ce qui donnera à
l'homme intérieur la plus grande autorité possible sur (589b)
l'homme tout entier, et lui permettra de veiller sur le
nourrisson polycéphale à la manière du laboureur, qui
nourrit et apprivoise les espèces pacifiques et empêche les
sauvages de croître; de l'élever ainsi avec l'aide du lion
et, en partageant ses soins entre tous, de les maintenir en bonne
intelligence entre eux et avec lui-même?
Voilà bien ce que soutient le partisan de la justice.
Ainsi, de toute façon, celui qui fait l'éloge de la justice (589c)
a raison, et celui qui loue l'injustice a tort. En effet, qu'on
ait égard au plaisir, à la bonne renommée ou à l'utilité,
celui qui loue la justice dit vrai, et celui qui la blâme ne dit
rien de sain, et ne sait même pas ce qu'il blâme.
Il ne le sait nullement, dit-il, à ce qu'il me semble.
Tâchons donc de le détromper doucement - car son erreur
est involontaire - et demandons-lui : Bienheureux homme,
ne pouvons-nous pas dire que la distinction ordinaire de
l'honnête et du malhonnête tire son origine de ceci :
l'honnête, d'une part, est ce qui soumet à (589d) l'homme,
ou plutôt, peut-être, ce qui soumet à l'élément divin
l'élément bestial de notre nature, et le malhonnête, d'autre
part, ce qui asservit l'élément paisible à l'élément sauvage.
En conviendra-t-il? Sinon, que répondra-t-il?
Il en conviendra, s'il veut m'en croire.
Or donc, poursuivis-je, d'après cette explication est-il
profitable à quelqu'un de prendre de l'or injustement, s'il ne
le peut sans asservir en même temps la meilleure partie de
lui-même à la plus vile? S'il recevait de l'or (589e) pour
livrer comme esclaves son fils ou sa fille, et les livrer à des
maîtres sauvages et méchants, il n'en tirerait aucun
avantage, reçût-il pour cela des sommes énormes; mais s'il
asservit l'élément le plus divin de lui-même à l'élément le
plus impie et le plus impur, sans ressentir aucune pitié,


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Dernière mise à jour : 1/06/2006