[9,585] ὅταν μὲν ἐπὶ τὸ (585a) λυπηρὸν φέρωνται, ἀληθῆ τε
οἴονται καὶ τῷ ὄντι λυποῦνται, ὅταν δὲ ἀπὸ λύπης ἐπὶ τὸ μεταξύ, σφόδρα
μὲν οἴονται πρὸς πληρώσει τε καὶ ἡδονῇ γίγνεσθαι, ὥσπερ πρὸς μέλαν
φαιὸν ἀποσκοποῦντες ἀπειρίᾳ λευκοῦ, καὶ πρὸς τὸ ἄλυπον οὕτω λύπην
ἀφορῶντες ἀπειρίᾳ ἡδονῆς ἀπατῶνται;
Μὰ Δία, ἦ δ’ ὅς, οὐκ ἂν θαυμάσαιμι, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον, εἰ μὴ οὕτως
ἔχει.
῟Ωδέ γ’ οὖν, εἶπον, ἐννόει· οὐχὶ πεῖνα καὶ δίψα καὶ τὰ (585b) τοιαῦτα
κενώσεις τινές εἰσιν τῆς περὶ τὸ σῶμα ἕξεως;
Τί μήν;
Ἄγνοια δὲ καὶ ἀφροσύνη ἆρ’ οὐ κενότης ἐστὶ τῆς περὶ ψυχὴν αὖ
ἕξεως;
Μάλα γε.
Οὐκοῦν πληροῖτ’ ἂν ὅ τε τροφῆς μεταλαμβάνων καὶ ὁ νοῦν ἴσχων;
Πῶς δ’ οὔ;
Πλήρωσις δὲ ἀληθεστέρα τοῦ ἧττον ἢ τοῦ μᾶλλον ὄντος;
Δῆλον ὅτι τοῦ μᾶλλον.
Πότερα οὖν ἡγῇ τὰ γένη μᾶλλον καθαρᾶς οὐσίας μετέχειν, τὰ οἷον
σίτου τε καὶ ποτοῦ καὶ ὄψου καὶ συμπάσης τροφῆς, ἢ τὸ δόξης τε ἀληθοῦς
εἶδος καὶ ἐπιστήμης καὶ νοῦ καὶ (585c) συλλήβδην αὖ πάσης ἀρετῆς; ὧδε δὲ
κρῖνε· τὸ τοῦ ἀεὶ ὁμοίου ἐχόμενον καὶ ἀθανάτου καὶ ἀληθείας, καὶ αὐτὸ
τοιοῦτον ὂν καὶ ἐν τοιούτῳ γιγνόμενον, μᾶλλον εἶναί σοι δοκεῖ, ἢ τὸ
μηδέποτε ὁμοίου καὶ θνητοῦ, καὶ αὐτὸ τοιοῦτον καὶ ἐν τοιούτῳ
γιγνόμενον;
Πολύ, ἔφη, διαφέρει τὸ τοῦ ἀεὶ ὁμοίου.
Ἡ οὖν ἀεὶ ὁμοίου οὐσία οὐσίας τι μᾶλλον ἢ ἐπιστήμης μετέχει;
Οὐδαμῶς.
Τί δ’; ἀληθείας;
Οὐδὲ τοῦτο.
Εἰ δὲ ἀληθείας ἧττον, οὐ καὶ οὐσίας;
Ἀνάγκη.
(585d) Οὐκοῦν ὅλως τὰ περὶ τὴν τοῦ σώματος θεραπείαν γένη γῶν
γενῶν αὖ τῶν περὶ τὴν τῆς ψυχῆς θεραπείαν ἧττον ἀληθείας τε καὶ
οὐσίας μετέχει;
Πολύ γε.
Σῶμα δὲ αὐτὸ ψυχῆς οὐκ οἴει οὕτως;
῎Εγωγε.
Οὐκοῦν τὸ τῶν μᾶλλον ὄντων πληρούμενον καὶ αὐτὸ μᾶλλον ὂν
ὄντως μᾶλλον πληροῦται ἢ τὸ τῶν ἧττον ὄντων καὶ αὐτὸ ἧττον ὄν;
Πῶς γὰρ οὔ;
Εἰ ἄρα τὸ πληροῦσθαι τῶν φύσει προσηκόντων ἡδύ ἐστι, τὸ τῷ ὄντι
καὶ τῶν ὄντων πληρούμενον μᾶλλον μᾶλλον (585e) ὄντως τε καὶ
ἀληθεστέρως χαίρειν ἂν ποιοῖ ἡδονῇ ἀληθεῖ, τὸ δὲ τῶν ἧττον ὄντων
μεταλαμβάνον ἧττόν τε ἂν ἀληθῶς καὶ βεβαίως πληροῖτο καὶ
ἀπιστοτέρας ἂν ἡδονῆς καὶ ἧττον ἀληθοῦς μεταλαμβάνοι.
Ἀναγκαιότατα, ἔφη.
| [9,585] lorsqu'ils passent à la douleur le sentiment (585a)
qu'ils éprouvent est juste, car ils souffrent réellement, tandis
que, lorsqu'ils passent de la douleur à l'état intermédiaire,
et croient fermement qu'ils ont atteint la plénitude du
plaisir, ils se trompent, car, semblables à des gens qui
opposeraient le gris au noir, faute de connaître le blanc, ils
opposent l'absence de douleur à la douleur, faute de
connaître le plaisir?
Par Zeus ! je ne m'en étonnerai pas, mais bien plutôt qu'il
en fût autrement.
Maintenant, repris-je, conçois la chose de la manière que
voici. La faim, la soif et les autres besoins semblables,
(585b) ne sont-ils pas des sortes de vides dans l'état du corps?
Sans doute.
Et l'ignorance et la déraison ne sont-elles pas un vide dans
l'état de l'âme?
Si.
Mais ne peut-on pas remplir ces vides en prenant de la
nourriture ou en acquérant de l'intelligence?
Comment non?
Or, la plénitude la plus réelle vient-elle de ce qui a plus ou
de ce qui a moins de réalité?
Évidemment de ce qui a plus de réalité.
Donc, à ton avis, de ces deux genres de choses, lequel
participe le plus de la pure existence : celui qui comprend,
par exemple, le pain, la boisson, la viande et la nourriture
en général, ou celui de l'opinion vraie, de la science, de
(585c) l'intelligence et, en un mot, de toutes les vertus?
Juges-en de la façon que voici. Ce qui se rattache à
l'immuable, à l'immortel et à la vérité, qui est de semblable
nature et se produit dans un sujet semblable, te paraît-il
avoir plus de réalité que ce qui se rattache au muable et au
mortel, qui est soi-même de semblable nature et se produit
dans un sujet semblable?
Ce qui se rattache à l'immuable, répondit-il, a beaucoup
plus de réalité.
Mais l'être de ce qui change toujours participe-t-il plus de
l'essence que de la science?
Non.
Et que de la vérité?
Non plus.
Or, s'il participe moins de la vérité, ne participe-t-il pas
moins de l'essence?
Nécessairement.
Donc, en général, les choses qui servent à l'entretien (585d)
du corps participent moins de la vérité et de l'essence que
celles qui servent à l'entretien de l'âme.
Beaucoup moins.
Et le corps lui-même, comparé à l'âme, n'est-il pas dans ce cas?
Si.
Ainsi, ce qui se remplit de choses plus réelles, et qui est lui-
même plus réel, est plus réellement rempli que ce qui l'est
de choses moins réelles et qui est lui-même moins réel.
Comment non?
Par conséquent, s'il est agréable de se remplir de choses
conformes à sa nature, ce qui se remplit plus réellement, et
de choses plus réelles, jouira plus réellement et plus (585e)
véritablement du vrai plaisir, et ce qui reçoit des choses
moins réelles sera rempli d'une manière moins vraie et
moins solide, et goûtera un plaisir moins sûr et moins vrai.
La conséquence est tout à fait nécessaire, dit-il.
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