[9,580] (580a) Οὐκοῦν καὶ πρὸς τούτοις ἔτι ἀποδώσομεν τῷ ἀνδρὶ καὶ ἃ τὸ
πρότερον εἴπομεν, ὅτι ἀνάγκη καὶ εἶναι καὶ ἔτι μᾶλλον γίγνεσθαι αὐτῷ ἢ
πρότερον διὰ τὴν ἀρχὴν φθονερῷ, ἀπίστῳ, ἀδίκῳ, ἀφίλῳ, ἀνοσίῳ καὶ
πάσης κακίας πανδοκεῖ τε καὶ τροφεῖ, καὶ ἐξ ἁπάντων τούτων μάλιστα
μὲν αὐτῷ δυστυχεῖ εἶναι, ἔπειτα δὲ καὶ τοὺς πλησίον αὑτῷ τοιούτους
ἀπεργάζεσθαι.
Οὐδείς σοι, ἔφη, τῶν νοῦν ἐχόντων ἀντερεῖ.
Ἴθι δή μοι, ἔφην ἐγώ, νῦν ἤδη ὥσπερ ὁ διὰ πάντων (580b) κριτὴς
ἀποφαίνεται, καὶ σὺ οὕτω, τίς πρῶτος κατὰ τὴν σὴν δόξαν εὐδαιμονίᾳ καὶ
τίς δεύτερος, καὶ τοὺς ἄλλους ἑξῆς πέντε ὄντας κρῖνε, βασιλικόν,
τιμοκρατικόν, ὀλιγαρχικόν, δημοκρατικόν, τυραννικόν.
Ἀλλὰ ῥᾳδία, ἔφη, ἡ κρίσις. καθάπερ γὰρ εἰσῆλθον ἔγωγε ὥσπερ
χοροὺς κρίνω ἀρετῇ καὶ κακίᾳ καὶ εὐδαιμονίᾳ καὶ τῷ ἐναντίῳ.
Μισθωσώμεθα οὖν κήρυκα, ἦν δ’ ἐγώ, ἢ αὐτὸς ἀνείπω ὅτι ὁ
Ἀρίστωνος ὑὸς τὸν ἄριστόν τε καὶ δικαιότατον εὐδαιμον (580c) έστατον
ἔκρινε, τοῦτον δ’ εἶναι τὸν βασιλικώτατον καὶ βασιλεύοντα αὑτοῦ, τὸν δὲ
κάκιστόν τε καὶ ἀδικώτατον ἀθλιώτατον, τοῦτον δὲ αὖ τυγχάνειν ὄντα ὃς
ἂν τυραννικώτατος ὢν ἑαυτοῦ τε ὅτι μάλιστα τυραννῇ καὶ τῆς πόλεως;
Ἀνειρήσθω σοι, ἔφη.
Ἦ οὖν προσαναγορεύω, εἶπον, ἐάντε λανθάνωσιν τοιοῦτοι ὄντες
ἐάντε μὴ πάντας ἀνθρώπους τε καὶ θεούς;
Προσαναγόρευε, ἔφη.
Εἶεν δή, εἶπον· αὕτη μὲν ἡμῖν ἡ ἀπόδειξις μία ἂν εἴη, (580d) δευτέραν δὲ
ἰδὲ τήνδε, ἐάν τι δόξῃ εἶναι.
Τίς αὕτη;
Ἐπειδή, ὥσπερ πόλις, ἦν δ’ ἐγώ, διῄρηται κατὰ τρία εἴδη, οὕτω καὶ
ψυχὴ ἑνὸς ἑκάστου τριχῇ, (λογιστικὸν) δέξεται, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, καὶ ἑτέραν
ἀπόδειξιν.
Τίνα ταύτην;
Τήνδε. τριῶν ὄντων τριτταὶ καὶ ἡδοναί μοι φαίνονται, ἑνὸς ἑκάστου
μία ἰδία· ἐπιθυμίαι τε ὡσαύτως καὶ ἀρχαί.
Πῶς λέγεις; ἔφη.
Τὸ μέν, φαμέν, ἦν ᾧ μανθάνει ἄνθρωπος, τὸ δὲ ᾧ θυμοῦται, τὸ δὲ
τρίτον διὰ πολυειδίαν ἑνὶ οὐκ ἔσχομεν ὀνόματι προσειπεῖν (580e) ἰδίῳ αὐτοῦ,
ἀλλὰ ὃ μέγιστον καὶ ἰσχυρότατον εἶχεν ἐν αὑτῷ, τούτῳ ἐπωνομάσαμεν·
ἐπιθυμητικὸν γὰρ αὐτὸ κεκλήκαμεν διὰ σφοδρότητα τῶν τε περὶ τὴν
ἐδωδὴν ἐπιθυμιῶν καὶ πόσιν καὶ ἀφροδίσια καὶ ὅσα ἄλλα τούτοις
ἀκόλουθα, καὶ φιλοχρήματον δή,
| [9,580] (580a) Mais, outre ces maux, ne faut-il pas attribuer encore
à cet homme ceux dont nous avons parlé précédemment,
à savoir que c'est pour lui une nécessité d'être, et
par l'exercice du pouvoir de devenir bien plus
qu'auparavant, envieux, perfide, injuste, sans amis, impie,
hôte et nourricier de tous les vices : tout ce par quoi il est
le plus malheureux des hommes et rend semblables à lui
ceux qui l'approchent?
Nul homme de bon sens ne te contredira.
Or çà donc, repris-je, le moment est venu; comme (580b)
l'arbitre de l'épreuve finale prononce son arrêt,
déclare, toi aussi, quel est à ton avis le premier sous le
rapport du bonheur, quel le second, et range-les par ordre
tous les cinq, le royal, le timocratique, l'oligarchique, le
démocratique, le tyrannique.
Le jugement est aisé, répondit-il. C'est dans leur ordre
d'entrée en scène, comme les chœurs, que je les range, par
rapport à la vertu et au vice, au bonheur et à son contraire.
Maintenant, prendrons-nous un héraut à gages, ou
proclamerai-je moi-même que le fils d'Ariston a jugée (580c)
que le meilleur et le plus juste est aussi le plus
heureux, et que c'est l'homme le plus royal et qui se
gouverne lui-même en roi, tandis que le plus méchant et le
plus injuste est aussi le plus malheureux, et qu'il se trouve
que c'est homme qui, étant le plus tyrannique, exerce sur
lui-même et sur la cité la tyrannie la plus absolue?
Proclame toi-même, dit-il.
Ajouterai-je ceci : qu'il n'importe nullement qu'ils passent ou
ne passent point pour tels aux yeux des hommes et des dieux?
Ajoute-le.
(580d) Soit. Voilà une première démonstration; regarde
maintenant si cette deuxième te paraît avoir quelque valeur.
Laquelle?
Si, de même que la cité est divisée en trois corps, l'âme de
chaque individu l'est en trois éléments, notre thèse admet,
ce me semble, une autre démonstration.
Quelle est-elle?
La voici. Puisqu'il y a trois éléments, il me paraît qu'il y a
aussi trois espèces de plaisirs propres à chacun d'eux, et
pareillement trois ordres de désirs et de commandements.
Comment l'entends-tu? demanda-t-il.
Le premier élément, disons-nous, est celui par lequel
l'homme connaît, et le second celui par lequel il s'irrite;
quant au troisième, comme il a nombre de formes
différentes, nous n'avons pu lui trouver de dénomination
(580e) unique et appropriée, et nous l'avons désigné par ce
qu'il y a de plus important et de prédominant en lui; nous
l'avons appelé concupiscible, à cause de la violence
des désirs relatifs au manger, au boire, à l'amour et aux
autres plaisirs semblables; nous l'avons nommé également
ami de l'argent,
|