[297] ὥσπερ ὁ κυβερνήτης τὸ τῆς νεὼς καὶ
(297a) ναυτῶν ἀεὶ συμφέρον παραφυλάττων, οὐ γράμματα
τιθεὶς ἀλλὰ τὴν τέχνην νόμον παρεχόμενος, σῴζει τοὺς
συνναύτας, οὕτω καὶ κατὰ τὸν αὐτὸν τρόπον τοῦτον παρὰ
τῶν οὕτως ἄρχειν δυναμένων ὀρθὴ γίγνοιτ' ἂν πολιτεία,
τὴν τῆς τέχνης ῥώμην τῶν νόμων παρεχομένων κρείττω; καὶ
πάντα ποιοῦσι τοῖς ἔμφροσιν ἄρχουσιν οὐκ ἔστιν
ἁμάρτημα, μέχριπερ ἂν (297b) ἓν μέγα φυλάττωσι, τὸ μετὰ
νοῦ καὶ τέχνης δικαιότατον ἀεὶ διανέμοντες τοῖς ἐν τῇ
πόλει σῴζειν τε αὐτοὺς οἷοί τε ὦσιν καὶ ἀμείνους ἐκ
χειρόνων ἀποτελεῖν κατὰ τὸ δυνατόν;
657. (Νεώτερος Σωκράτης)
οὐκ ἔστ' ἀντειπεῖν παρά γε ἃ νῦν εἴρηται.
658. (Ξένος)
καὶ μὴν πρὸς ἐκεῖνα οὐδὲ ἀντιρρητέον.
659. (Νεώτερος Σωκράτης)
τὰ ποῖα εἶπες;
660. (Ξένος)
ὡς οὐκ ἄν ποτε πλῆθος οὐδ' ὡντινωνοῦν τὴν τοιαύτην
λαβὸν ἐπιστήμην οἷόν τ' ἂν γένοιτο μετὰ νοῦ διοικεῖν
(297c) πόλιν, ἀλλὰ περὶ σμικρόν τι καὶ ὀλίγον καὶ τὸ ἕν ἐστι
ζητητέον τὴν μίαν ἐκείνην πολιτείαν τὴν ὀρθήν, τὰς δ'
ἄλλας μιμήματα θετέον, ὥσπερ καὶ ὀλίγον πρότερον
ἐρρήθη, τὰς μὲν ἐπὶ τὰ καλλίονα, τὰς δ' ἐπὶ τὰ αἰσχίω
μιμουμένας ταύτην.
661. (Νεώτερος Σωκράτης)
πῶς τί τοῦτ' εἴρηκας; οὐδὲ γὰρ ἄρτι δῆθεν κατέμαθον τὸ
περὶ τῶν μιμημάτων.
662. (Ξένος)
καὶ μὴν οὐ φαῦλόν γε, ἂν κινήσας τις τοῦτον τὸν λόγον
αὐτοῦ καταβάλῃ καὶ μὴ διελθὼν ἐνδείξηται τὸ νῦν (297d)
γιγνόμενον ἁμάρτημα περὶ αὐτό.
663. (Νεώτερος Σωκράτης)
ποῖον δή;
664. (Ξένος)
τοιόνδε τι δεῖ γε ζητεῖν, οὐ πάνυ σύνηθες οὐδὲ ῥᾴδιον
ἰδεῖν, ὅμως μὴν πειρώμεθα λαβεῖν αὐτό. φέρε γάρ, ὀρθῆς
ἡμῖν μόνης οὔσης ταύτης τῆς πολιτείας ἣν εἰρήκαμεν, οἶσθ'
ὅτι τὰς ἄλλας δεῖ τοῖς ταύτης συγγράμμασι χρωμένας οὕτω
σῴζεσθαι, δρώσας τὸ νῦν ἐπαινούμενον, καίπερ οὐκ
ὀρθότατον ὄν;
665. (Νεώτερος Σωκράτης)
τὸ ποῖον;
666. (297e) (Ξένος)
τὸ παρὰ τοὺς νόμους μηδὲν μηδένα τολμᾶν ποιεῖν τῶν ἐν τῇ
πόλει, τὸν τολμῶντα δὲ θανάτῳ ζημιοῦσθαι καὶ πᾶσι τοῖς
ἐσχάτοις. καὶ τοῦτ' ἔστιν ὀρθότατα καὶ κάλλιστ' ἔχον ὡς
δεύτερον, ἐπειδὰν τὸ πρῶτόν τις μεταθῇ τὸ νυνδὴ ῥηθέν, ᾧ
δὲ τρόπῳ γεγονός ἐστι τοῦτο ὃ δὴ δεύτερον ἐφήσαμεν,
διαπερανώμεθα. ἦ γάρ;
667. (Νεώτερος Σωκράτης)
πάνυ μὲν οὖν.
668. (Ξένος)
εἰς δὴ τὰς εἰκόνας ἐπανίωμεν πάλιν, αἷς ἀναγκαῖον
ἀπεικάζειν ἀεὶ τοὺς βασιλικοὺς ἄρχοντας.
669. (Νεώτερος Σωκράτης)
ποίας;
670. (Ξένος)
τὸν γενναῖον κυβερνήτην καὶ τὸν ἑτέρων πολλῶν ἀντάξιον
ἰατρόν. κατίδωμεν γὰρ δή τι σχῆμα ἐν τούτοις αὐτοῖς
πλασάμενοι.
671. (Νεώτερος Σωκράτης)
ποῖόν τι;
| [297] De même que le pilote, toujours attentif au bien du vaisseau et des matelots,
sans écrire un code, mais en prenant son art pour loi, sauve ses compagnons
de voyage, ainsi et de la même façon des hommes capables de gouverner
d’après ce principe pourraient réaliser une constitution droite, en donnant à leur
art une force supérieure à celle des lois.
Enfin, quoi qu’ils fassent, les chefs sensés ne commettent pas
d’erreur, tant qu’ils observent cette grande et unique règle, de dispenser
toujours avec intelligence et science aux membres de l’Etat la justice la plus
parfaite, et, tant qu’ils sont capables de les sauver et de les rendre, autant
que possible, meilleurs qu’ils n’étaient.
(SOCRATE LE JEUNE)
Il n’y a rien à objecter à ce que tu viens de dire.
(L’ÉTRANGER)
Et rien non plus à ceci.
(SOCRATE LE JEUNE)
XXXVI. — De quoi veux-tu parler ?
(L’ÉTRANGER)
Je veux dire que jamais un grand nombre d’hommes, quels qu’ils soient,
n’acquerront jamais une telle science et ne deviendront capables d’administrer
un Etat avec intelligence, et que c’est chez un petit nombre, chez quelques-uns,
ou un seul, qu’il faut chercher cette science unique du vrai gouvernement, que
les autres gouvernements doivent être considérés comme des imitations de
celui-là, imitations tantôt bien, tantôt mal réussies.
(SOCRATE LE JEUNE)
Comment entends-tu cela ? Car, même tout à l’heure, j’ai mal compris ce que sont
ces imitations.
(L’ÉTRANGER)
Nous nous exposerions à un reproche sérieux si, après avoir soulevé cette
question, nous la laissions tomber, sans la traiter à fond et sans montrer
l’erreur qu’on commet aujourd’hui en cette matière.
(SOCRATE LE JEUNE)
Quelle erreur ?
(L’ÉTRANGER)
Voici ce que nous avons à chercher. Ce n’est pas du tout ordinaire ni aisé à
voir ; essayons pourtant de le saisir. Puisqu’il n’y a pas pour nous d’autre
gouvernement parfait que celui que nous avons dit, ne vois-tu pas que les autres
ne peuvent subsister qu’en lui empruntant ses lois écrites, en faisant ce qu’on
approuve aujourd’hui, bien que ce ne soit pas le plus raisonnable ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Quoi donc ?
(L’ÉTRANGER)
C’est que personne dans la cité n’ose rien faire contre les lois et que celui
qui l’oserait soit puni de mort et des derniers supplices. Et c’est là le
principe le plus juste et le plus beau, en seconde ligne, quand on a écarté le
premier, que nous avons exposé tout à l’heure. Comment s’est établi ce principe
que nous mettons en seconde ligne, c’est ce qu’il nous faut expliquer, n’est-ce pas ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Certainement.
(L’ÉTRANGER)
XXXVII. — Revenons donc aux images qui s’imposent chaque fois que nous
voulons portraire des chefs faits pour la royauté.
(SOCRATE LE JEUNE)
Quelles images ?
(L’ÉTRANGER)
Celle de l’excellent pilote et du médecin « qui vaut beaucoup d’autres hommes».
Façonnons une similitude où nous les ferons figurer et observons-les.
(SOCRATE LE JEUNE)
Quelle similitude ?
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