[132] (132a) Οἶμαί σε ἐκ τοῦ τοιοῦδε ἓν ἕκαστον εἶδος οἴεσθαι εἶναι· ὅταν πόλλ'
ἄττα μεγάλα σοι δόξῃ εἶναι, μία τις ἴσως δοκεῖ ἰδέα ἡ αὐτὴ εἶναι ἐπὶ πάντα
ἰδόντι, ὅθεν ἓν τὸ μέγα ἡγῇ εἶναι.
Ἀληθῆ λέγεις, φάναι.
Τί δ' αὐτὸ τὸ μέγα καὶ τἆλλα τὰ μεγάλα, ἐὰν ὡσαύτως τῇ ψυχῇ ἐπὶ πάντα
ἴδῃς, οὐχὶ ἕν τι αὖ μέγα φανεῖται, ᾧ ταῦτα πάντα μεγάλα φαίνεσθαι;
Ἔοικεν.
Ἄλλο ἄρα εἶδος μεγέθους ἀναφανήσεται, παρ' αὐτό τε τὸ μέγεθος γεγονὸς καὶ
τὰ μετέχοντα αὐτοῦ· καὶ ἐπὶ τούτοις αὖ (132b) πᾶσιν ἕτερον, ᾧ ταῦτα πάντα
μεγάλα ἔσται· καὶ οὐκέτι δὴ ἓν ἕκαστόν σοι τῶν εἰδῶν ἔσται, ἀλλὰ ἄπειρα τὸ
πλῆθος.
Ἀλλά, φάναι, ὦ Παρμενίδη, τὸν Σωκράτη, μὴ τῶν εἰδῶν ἕκαστον ᾖ τούτων
νόημα, καὶ οὐδαμοῦ αὐτῷ προσήκῃ ἐγγίγνεσθαι ἄλλοθι ἢ ἐν ψυχαῖς· οὕτω γὰρ
ἂν ἕν γε ἕκαστον εἴη καὶ οὐκ ἂν ἔτι πάσχοι ἃ νυνδὴ ἐλέγετο.
Τί οὖν; Φάναι, ἓν ἕκαστόν ἐστι τῶν νοημάτων, νόημα δὲ οὐδενός;
Ἀλλ' ἀδύνατον, εἰπεῖν.
Ἀλλὰ τινός;
Ναί.
(132c) Ὄντος ἢ οὐκ ὄντος;
Ὄντος.
Οὐχ ἑνός τινος, ὃ ἐπὶ πᾶσιν ἐκεῖνο τὸ νόημα ἐπὸν νοεῖ, μίαν τινὰ οὖσαν
ἰδέαν;
Ναί.
Εἶτα οὐκ εἶδος ἔσται τοῦτο τὸ νοούμενον ἓν εἶναι, ἀεὶ ὂν τὸ αὐτὸ ἐπὶ
πᾶσιν;
Ἀνάγκη αὖ φαίνεται.
Τί δὲ δή; Εἰπεῖν τὸν Παρμενίδην, οὐκ ἀνάγκῃ ᾗ τἆλλα φῂς τῶν εἰδῶν μετέχειν
ἢ δοκεῖ σοι ἐκ νοημάτων ἕκαστον εἶναι καὶ πάντα νοεῖν, ἢ νοήματα ὄντα
ἀνόητα εἶναι;
Ἀλλ' οὐδὲ τοῦτο, φάναι, ἔχει λόγον, ἀλλ', ὦ Παρμενίδη, (132d) μάλιστα
ἔμοιγε καταφαίνεται ὧδε ἔχειν· τὰ μὲν εἴδη ταῦτα ὥσπερ παραδείγματα
ἑστάναι ἐν τῇ φύσει, τὰ δὲ ἄλλα τούτοις ἐοικέναι καὶ εἶναι ὁμοιώματα, καὶ
ἡ μέθεξις αὕτη τοῖς ἄλλοις γίγνεσθαι τῶν εἰδῶν οὐκ ἄλλη τις ἢ εἰκασθῆναι
αὐτοῖς.
Εἰ οὖν τι, ἔφη, ἔοικεν τῷ εἴδει, οἷόν τε ἐκεῖνο τὸ εἶδος μὴ ὅμοιον εἶναι
τῷ εἰκασθέντι, καθ' ὅσον αὐτῷ ἀφωμοιώθη; ἢ ἔστι τις μηχανὴ τὸ ὅμοιον μὴ
ὁμοίῳ ὅμοιον εἶναι;
Οὐκ ἔστι.
Τὸ δὲ ὅμοιον τῷ ὁμοίῳ ἆρ' οὐ μεγάλη ἀνάγκη ἑνὸς τοῦ (132e) αὐτοῦ (εἴδους)
μετέχειν;
Ἀνάγκη.
Οὗ δ' ἂν τὰ ὅμοια μετέχοντα ὅμοια ᾖ, οὐκ ἐκεῖνο ἔσται αὐτὸ τὸ εἶδος;
Παντάπασι μὲν οὖν.
Οὐκ ἄρα οἷόν τέ τι τῷ εἴδει ὅμοιον εἶναι, οὐδὲ τὸ εἶδος ἄλλῳ· εἰ δὲ μή,
παρὰ τὸ εἶδος ἀεὶ ἄλλο ἀναφανήσεται εἶδος,
| [132] (132a) — Si je ne me trompe, toute idée te paraît être une, par
cette raison : lorsque plusieurs objets te paraissent grands, si tu les
regardes tous à la fois, il te semble qu'il y a en tous un seul et même
caractère, d'où tu infères que la grandeur est une. — C'est vrai, dit
Socrate. — Mais quoi! si tu embrasses à la fois dans ta pensée la grandeur
elle-même avec les objets grands, ne vois-tu pas apparaître encore une
autre grandeur avec un seul et même caractère qui fait que toutes ces
choses paraissent grandes ? — Il semble. — Ainsi, au-dessus de la grandeur
et des objets qui en participent, il s'élève une autre idée (132b) de
grandeur; et au-dessus de tout cela ensemble une autre idée encore, qui
fait que tout cela est grand, et tu n'auras plus dans chaque idée une
unité, mais une multitude infinie. — Mais, Parménide, reprit Socrate,
peut-être chacune de ces idées n'est-elle qu'une pensée qui ne peut
exister ailleurs que dans l'âme. Dans ce cas, chaque idée serait une et
indivisible, et tu ne pourrais plus lui appliquer ce que tu viens de
dire. — Comment! chaque pensée serait-elle une, sans que ce fût la pensée
de rien ? — C'est impossible. — Ce serait donc la pensée de quelque chose?
— Oui. (132c) — De quelque chose qui est, ou qui n'est pas? — De quelque
chose qui est. — N'est-ce pas la pensée d'une certaine chose une que cette
même pensée pense d'une multitude de choses comme une forme qui leur est
commune? — Oui. — Mais ce qui est ainsi pensé comme étant un, ne serait-ce
pas précisément l'idée toujours une et identique à elle-même dans toutes
choses? — Cela paraît évident. — Eh bien donc, dit Parménide, si, comme
tu le prétends, les choses en général participent des idées, n'est-il pas,
nécessaire d'admettre ou que toute chose est faite de pensées et que tout
pense, ou bien que tout, quoique pensée, ne pense pas? — Mais cela n'a pas
de sens, Parménide ! (132d) Voici plutôt ce qui en est selon moi : Les
idées sont naturellement comme des modèles; les autres objets leur
ressemblent et sont des copies, et par la participation des choses aux
idées il ne faut entendre que la ressemblance. — Lors donc, reprit
Parménide, qu'une chose ressemble à l'idée, est-il possible que cette idée
ne soit pas semblable à sa copie dans la mesure même où celle-ci lui
ressemble? Ou y a-t-il quelque moyen de faire que le semblable ressemble
au dissemblable ? — Il n'y en a point. — N'est-il pas de toute
nécessité que le semblable participe (132e) de la même idée que son
semblable? — Oui. — Et ce par quoi les semblables deviennent semblables en
y participant, n'est-ce pas cette idée ? — Assurément. — Il est donc
impossible qu'une chose soit semblable à l'idée ni l'idée à une autre
chose ; sinon, au-dessus de l'idée il s'élèvera encore une autre idée,
|