[1,2] II.
(Ἀθηναῖος)
ταῦτ' εἴη. καί μοι λέγε· κατὰ τί τὰ συσσίτιά τε ὑμῖν συντέταχεν ὁ νόμος καὶ τὰ
γυμνάσια καὶ τὴν τῶν ὅπλων ἕξιν;
(Κλεινίας)
οἶμαι μέν, ὦ ξένε, καὶ παντὶ ῥᾴδιον ὑπολαβεῖν εἶναι τά γε ἡμέτερα. τὴν γὰρ τῆς
χώρας πάσης Κρήτης φύσιν (625d) ὁρᾶτε ὡς οὐκ ἔστι, καθάπερ ἡ τῶν Θετταλῶν,
πεδιάς, διὸ δὴ καὶ τοῖς μὲν ἵπποις ἐκεῖνοι χρῶνται μᾶλλον, δρόμοισιν δὲ ἡμεῖς·
ἥδε γὰρ ἀνώμαλος αὖ καὶ πρὸς τὴν τῶν πεζῇ δρόμων ἄσκησιν μᾶλλον
σύμμετρος. ἐλαφρὰ δὴ τὰ ὅπλα ἀναγκαῖον ἐν τῷ τοιούτῳ κεκτῆσθαι καὶ μὴ
βάρος ἔχοντα θεῖν· τῶν δὴ τόξων καὶ τοξευμάτων ἡ κουφότης ἁρμόττειν δοκεῖ.
ταῦτ' οὖν πρὸς τὸν πόλεμον ἡμῖν ἅπαντα ἐξήρτυται, (625e) καὶ πάνθ' ὁ
νομοθέτης, ὥς γ' ἐμοὶ φαίνεται, πρὸς τοῦτο βλέπων συνετάττετο· ἐπεὶ καὶ τὰ
συσσίτια κινδυνεύει συναγαγεῖν, ὁρῶν ὡς πάντες ὁπόταν στρατεύωνται, τόθ' ὑπ'
αὐτοῦ τοῦ πράγματος ἀναγκάζονται φυλακῆς αὑτῶν ἕνεκα συσσιτεῖν τοῦτον τὸν
χρόνον. ἄνοιαν δή μοι δοκεῖ καταγνῶναι τῶν πολλῶν ὡς οὐ μανθανόντων ὅτι
πόλεμος ἀεὶ πᾶσιν διὰ βίου συνεχής ἐστι πρὸς ἁπάσας τὰς πόλεις· εἰ δὴ πολέμου
γε ὄντος φυλακῆς ἕνεκα δεῖ συσσιτεῖν καί τινας ἄρχοντας καὶ (626a) ἀρχομένους
διακεκοσμημένους εἶναι φύλακας αὐτῶν, τοῦτο καὶ ἐν εἰρήνῃ δραστέον. ἣν γὰρ
καλοῦσιν οἱ πλεῖστοι τῶν ἀνθρώπων εἰρήνην, τοῦτ' εἶναι μόνον ὄνομα, τῷ δ'
ἔργῳ πάσαις πρὸς πάσας τὰς πόλεις ἀεὶ πόλεμον ἀκήρυκτον κατὰ φύσιν εἶναι.
καὶ σχεδὸν ἀνευρήσεις, οὕτω σκοπῶν, τὸν Κρητῶν νομοθέτην ὡς εἰς τὸν πόλεμον
ἅπαντα δημοσίᾳ καὶ ἰδίᾳ τὰ νόμιμα ἡμῖν ἀποβλέπων συνετάξατο, καὶ κατὰ
ταῦτα (626b) οὕτω φυλάττειν παρέδωκε τοὺς νόμους, ὡς τῶν ἄλλων οὐδενὸς
οὐδὲν ὄφελος ὂν οὔτε κτημάτων οὔτ' ἐπιτηδευμάτων, ἂν μὴ τῷ πολέμῳ ἄρα
κρατῇ τις, πάντα δὲ τὰ τῶν νικωμένων ἀγαθὰ τῶν νικώντων γίγνεσθαι.
| [1,2] II.
(L'ATHÉNIEN)
Ainsi soit-il ! Maintenant dis-moi, à quelle fin la loi a-t-elle institué chez vous les repas en commun, les
gymnases et l'espèce de vos armes ?
(CLINIAS)
M'est avis, étranger, qu'il est à la portée de n'importe qui de comprendre la raison de nos institutions.
Vous voyez quelle est partout en Crète la nature du terrain ce n'est pas un pays de plaine comme la
Thessalie. Aussi c'est l'usage des chevaux qui prévaut en Thessalie, chez nous la course à pied ; car
notre pays est inégal et se prête à l'exercice de la course à pied. Dans ces conditions, il est
indispensable d'avoir des armes légères pour courir sans être chargé. Or la légèreté des arcs et des
flèches semble bien appropriée à ce but. C'est en prévision de la guerre que ces usages ont été
établis, et c'est en fixant les yeux sur la guerre que le législateur a tout organisé ; c'est là du moins
mon opinion. Si en effet il a rassemblé les citoyens dans les repas publics, c'est sans doute qu'il avait
remarqué chez tous les peuples que, lorsqu'ils sont en campagne, ils sont forcés par cela même de
manger ensemble tant que la guerre dure, pour assurer leur sûreté. Je crois qu'il a voulu par là
condamner la sottise de la multitude, qui ne se rend pas compte que toutes les cités durant toute leur
existence sont en état de guerre entre elles, et que, si, à la guerre, il faut, pour se garder, prendre ses
repas en commun et avoir des chefs et des soldats chargés de veiller à la sécurité des citoyens, il faut
aussi le faire en temps de paix. C'est que ce que la plupart des hommes appellent paix n'est paix que
de nom, et qu'en réalité la guerre, quoique non déclarée, est l'état naturel des cités les unes à l'égard
des autres. En considérant les choses de ce point de vue, tu trouveras que c'est en vue de la guerre
que le législateur des Crétois a fait ses institutions publiques et particulières et qu'il nous a remis ses
lois à garder, vu que tout le reste n'est d'aucune utilité, ni les biens ni les institutions, si l'on n'est pas
les plus forts à la guerre, puisque tous les biens des vaincus passent aux mains des vainqueurs.
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