[293] (ΣΩΚΡΑΤΗΣ)
Ἔγωγε οὖν καὶ αὐτός, ὦ Κρίτων, ἐπειδὴ ἐν ταύτῃ (293a) τῇ ἀπορίᾳ
ἐνεπεπτώκη, πᾶσαν ἤδη φωνὴν ἠφίειν, δεόμενος τοῖν ξένοιν ὥσπερ Διοσκούρων
ἐπικαλούμενος σῶσαι ἡμᾶς, ἐμέ τε καὶ τὸ μειράκιον, ἐκ τῆς τρικυμίας τοῦ
λόγου, καὶ παντὶ τρόπῳ σπουδάσαι, καὶ σπουδάσαντας ἐπιδεῖξαι τίς ποτ'
ἐστὶν ἡ ἐπιστήμη ἧς τυχόντες ἂν καλῶς τὸν ἐπίλοιπον βίον διέλθοιμεν.
(ΚΡΙΤΩΝ)
Τί οὖν; Ἠθέλησέν τι ὑμῖν ἐπιδεῖξαι ὁ Εὐθύδημος;
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ)
Πῶς γὰρ οὔ; καὶ ἤρξατό γε, ὦ ἑταῖρε, πάνυ μεγαλοφρόνως τοῦ λόγου ὧδε -
(293b) πότερον δή σε, ἔφη, ὦ Σώκρατες, ταύτην τὴν ἐπιστήμην, περὶ ἣν πάλαι
ἀπορεῖτε, διδάξω, ἢ ἐπιδείξω ἔχοντα;
Ὦ μακάριε, ἦν δ' ἐγώ, ἔστι δὲ ἐπὶ σοὶ τοῦτο;
Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη.
Ἐπίδειξον τοίνυν με νὴ Δί', ἔφην ἐγώ, ἔχοντα· πολὺ γὰρ ῥᾷον ἢ μανθάνειν
τηλικόνδε ἄνδρα.
Φέρε δή μοι ἀπόκριναι, ἔφη· ἔστιν ὅτι ἐπίστασαι;
Πάνυ γε, ἦν δ' ἐγώ, καὶ πολλά, σμικρά γε.
Ἀρκεῖ, ἔφη. Ἆρ' οὖν δοκεῖς οἷόν τέ τι τῶν ὄντων τοῦτο ὃ τυγχάνει ὄν, αὐτὸ
τοῦτο (293c) μὴ εἶναι;
Ἀλλὰ μὰ Δί' οὐκ ἔγωγε.
Οὐκοῦν σύ, ἔφη, ἐπίστασαί τι;
Ἔγωγε.
Οὐκοῦν ἐπιστήμων εἶ, εἴπερ ἐπίστασαι;
Πάνυ γε, τούτου γε αὐτοῦ.
Οὐδὲν διαφέρει· ἀλλ' οὐκ ἀνάγκη σε ἔχει πάντα ἐπίστασθαι ἐπιστήμονά γε
ὄντα;
Μὰ Δί', ἔφην ἐγώ· ἐπεὶ πολλὰ ἄλλ' οὐκ ἐπίσταμαι.
Οὐκοῦν εἴ τι μὴ ἐπίστασαι, οὐκ ἐπιστήμων εἶ.
Ἐκείνου γε, ὦ φίλε, ἦν δ' ἐγώ.
Ἧττον οὖν τι, ἔφη, οὐκ ἐπιστήμων εἶ; Ἄρτι δὲ ἐπιστήμων ἔφησθα εἶναι· καὶ
οὕτως τυγχάνεις ὢν (293d) αὐτὸς οὗτος ὃς εἶ, καὶ αὖ πάλιν οὐκ εἶ, κατὰ
ταὐτὰ ἅμα.
Εἶεν, ἦν δ' ἐγώ, Εὐθύδημε· τὸ γὰρ λεγόμενον, καλὰ δὴ παταγεῖς· πῶς οὖν
ἐπίσταμαι ἐκείνην τὴν ἐπιστήμην ἣν ἐζητοῦμεν; ὡς δὴ τοῦτο ἀδύνατόν ἐστιν
τὸ αὐτὸ εἶναί τε καὶ μή, εἴπερ ἓν ἐπίσταμαι, ἅπαντα ἐπίσταμαι - οὐ γὰρ ἂν
εἴην ἐπιστήμων τε καὶ ἀνεπιστήμων ἅμα - ἐπεὶ δὲ πάντα ἐπίσταμαι, κἀκείνην
δὴ τὴν ἐπιστήμην ἔχω· ἆρα οὕτως λέγεις, καὶ τοῦτό ἐστιν τὸ σοφόν;
(293e) Αὐτὸς σαυτόν γε δὴ ἐξελέγχεις, ἔφη, ὦ Σώκρατες.
Τί δέ, ἦν δ' ἐγώ, ὦ Εὐθύδημε, σὺ οὐ πέπονθας τοῦτο τὸ αὐτὸ πάθος; Ἐγὼ γάρ
τοι μετὰ σοῦ ὁτιοῦν ἂν πάσχων καὶ μετὰ Διονυσοδώρου τοῦδε, φίλης κεφαλῆς,
οὐκ ἂν πάνυ ἀγανακτοίην. Εἰπέ μοι, σφὼ οὐχὶ τὰ μὲν ἐπίστασθον τῶν ὄντων,
τὰ δὲ οὐκ ἐπίστασθον;
Ἥκιστά γε, ἔφη, ὦ Σώκρατες, ὁ Διονυσόδωρος.
Πῶς λέγετον; ἔφην ἐγώ· ἀλλ' οὐδὲν ἄρα ἐπίστασθον;
Καὶ μάλα, ἦ δ' ὅς.
| [293] (SOCRATE)
Aussi, Criton, nous voyant tombés dans (293a) cet embarras,
j'invoquai les étrangers comme les dioscures,
et les priai de toute la force de ma voix de venir à
notre secours, de dissiper cette tempête, de prendre enfin la chose au
sérieux, et de nous enseigner sérieusement cette science dont nous
avons besoin pour passer heureusement le reste de notre vie.
(CRITON)
Eh bien, Euthydème daigna-t-il vous montrer quelque chose ?
(SOCRATE)
Comment, s'il nous l'a montré! vraiment oui, et-il commença son
discours d'un ton superbe : (293b) Veux-tu, Socrate, me dit-il, que je
t'enseigne cette science dont la recherche vous donne tant d'embarras,
ou que je te montre que tu la possèdes déjà? — O bienheureux
Euthydème! lui dis-je, cela dépend-il de toi? — Absolument, répondit-il.
— Par Jupiter! fais-moi donc voir que je la possède; car cela me sera
bien plus commode que de l'apprendre à l'âge où je suis. — Réponds-moi
donc, me dit-il: Y a-t-il quelque chose que tu saches ? — Oui, et
beaucoup de choses, mais de peu de conséquence. — Cela suffit. Crois-tu
qu'entre les choses qui sont, il y en ait quelqu'une (293c) qui ne soit
pas ce qu'elle est? —
Par Jupiter! cela ne se peut. —- Ne dis-tu pas, continua-t-il, que tu
sais quelque chose? — Oui. — N'es-tu pas savant si tu sais? — Je suis
savant de ce que je sais. — Cela n'importe, me dit-il. Si tu es savant, ne
faut-il pas que tu saches tout? — Non, par Jupiter! lui dis-je, puisque
j'ignore bien d'autres choses. — Mais si tu ignores quelque chose, tu es
donc ignorant ? — De ce que j'ignore, mon cher. — Tu n'en es pas
moins ignorant, dit-il; et tout à l'heure tu assurais que tu étais savant;
(293d) ainsi tu es ce que tu es, et en même temps tu ne l'es pas. — Soit,
Euthydème, lui répondis-je, car, comme on dit, tu parles d'or; mais
comment possédé-je cette science que nous cherchons ? N'est-ce pas à
cause qu'il est impossible qu'une chose soit et ne soit pas? de sorte que
si je sais une chose, il faut que je sache tout, parce que je ne saurais
être savant et ignorant à la fois, et que si je sais tout, il faut que je
possède aussi cette science ? N'est-ce pas ainsi que vous raisonnez, et
est-ce là la fin de votre art? (293e) — Tu te réfutes toi-même, Socrate,
répondit-il. — Mais, Euthydème, repris-je, la même chose ne t'est-elle
pas arrivée ? Pour moi, je n'aurai jamais envie de me plaindre d'une
aventure qui me sera commune avec toi et ce cher Dionysodore. Dis-moi
donc, n'y a-t-il pas des choses que vous savez, et d'autres que vous ne savez
pas ? — Point du tout, me répondit Dionysodore. — Comment! repartis-je,
vous ne savez donc rien ? — Si fait.
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