[123] (123a) ἀλλ´ ἀτεχνῶς κατὰ τὸν Αἰσώπου μῦθον ὃν ἡ ἀλώπηξ πρὸς
τὸν λέοντα εἶπεν, καὶ τοῦ εἰς Λακεδαίμονα νομίσματος εἰσιόντος
μὲν τὰ ἴχνη τὰ ἐκεῖσε τετραμμένα δῆλα, ἐξιόντος
δὲ οὐδαμῇ ἄν τις ἴδοι. ὥστε εὖ χρὴ εἰδέναι ὅτι καὶ χρυσῷ
καὶ ἀργύρῳ οἱ ἐκεῖ πλουσιώτατοί εἰσιν τῶν Ἑλλήνων, καὶ
αὐτῶν ἐκείνων ὁ βασιλεύς· ἔκ τε γὰρ τῶν τοιούτων μέγισται
λήψεις καὶ πλεῖσταί εἰσι τοῖς βασιλεῦσιν, ἔτι δὲ καὶ ὁ
βασιλικὸς φόρος οὐκ ὀλίγος γίγνεται, ὃν τελοῦσιν οἱ Λακεδαιμόνιοι
(123b) τοῖς βασιλεῦσιν. καὶ τὰ μὲν Λακεδαιμονίων ὡς
πρὸς Ἑλληνικοὺς μὲν πλούτους μεγάλα, ὡς δὲ πρὸς τοὺς
Περσικοὺς καὶ τοῦ ἐκείνων βασιλέως οὐδέν. ἐπεί ποτ´
ἐγὼ ἤκουσα ἀνδρὸς ἀξιοπίστου τῶν ἀναβεβηκότων παρὰ
βασιλέα, ὃς ἔφη παρελθεῖν χώραν πάνυ πολλὴν καὶ ἀγαθήν,
ἐγγὺς ἡμερησίαν ὁδόν, ἣν καλεῖν τοὺς ἐπιχωρίους ζώνην
τῆς βασιλέως γυναικός· εἶναι δὲ καὶ ἄλλην ἣν αὖ καλεῖσθαι
(123c) καλύπτραν, καὶ ἄλλους πολλοὺς τόπους καλοὺς καὶ ἀγαθοὺς
εἰς τὸν κόσμον ἐξῃρημένους τὸν τῆς γυναικός, καὶ ὀνόματα
ἔχειν ἑκάστους τῶν τόπων ἀπὸ ἑκάστου τῶν κόσμων. ὥστ´
οἶμαι ἐγώ, εἴ τις εἴποι τῇ βασιλέως μητρί, Ξέρξου δὲ
γυναικί, Ἀμήστριδι, ὅτι ἐν νῷ ἔχει σοῦ τῷ ὑεῖ ἀντιτάττεσθαι
ὁ Δεινομάχης ὑός, ᾗ ἔστι κόσμος ἴσως ἄξιος μνῶν
πεντήκοντα εἰ πάνυ πολλοῦ, τῷ δ´ ὑεῖ αὐτῆς γῆς πλέθρα
Ἐρχίασιν οὐδὲ τριακόσια, θαυμάσαι ἂν ὅτῳ ποτὲ πιστεύων
(123d) ἐν νῷ ἔχει οὗτος ὁ Ἀλκιβιάδης τῷ Ἀρτοξέρξῃ διαγωνίζεσθαι,
καὶ οἶμαι ἂν αὐτὴν εἰπεῖν ὅτι οὐκ ἔσθ´ ὅτῳ ἄλλῳ
πιστεύων οὗτος ἀνὴρ ἐπιχειρεῖ πλὴν ἐπιμελείᾳ τε καὶ
σοφίᾳ· ταῦτα γὰρ μόνα ἄξια λόγου ἐν Ἕλλησιν. ἐπεὶ εἴ
γε πύθοιτο ὅτι Ἀλκιβιάδης οὗτος νῦν ἐπιχειρεῖ πρῶτον
μὲν ἔτη οὐδέπω γεγονὼς σφόδρα εἴκοσιν, ἔπειτα παντάπασιν
ἀπαίδευτος, πρὸς δὲ τούτοις, τοῦ ἐραστοῦ αὐτῷ
λέγοντος ὅτι χρὴ πρῶτον μαθόντα καὶ ἐπιμεληθέντα αὑτοῦ
(123e) καὶ ἀσκήσαντα οὕτως ἰέναι διαγωνιούμενον βασιλεῖ, οὐκ
ἐθέλει, ἀλλά φησιν ἐξαρκεῖν καὶ ὡς ἔχει, οἶμαι ἂν αὐτὴν
θαυμάσαι τε καὶ ἐρέσθαι· "Τί οὖν ποτ´ ἔστιν ὅτῳ πιστεύει
τὸ μειράκιον;" εἰ οὖν λέγοιμεν ὅτι κάλλει τε καὶ μεγέθει
καὶ γένει καὶ πλούτῳ καὶ φύσει τῆς ψυχῆς, ἡγήσαιτ´ ἂν
ἡμᾶς, ὦ Ἀλκιβιάδη, μαίνεσθαι πρὸς τὰ παρὰ σφίσιν ἀποβλέψασα
πάντα τὰ τοιαῦτα.
| [123] On peut leur appliquer le mot du renard au lion dans la fable d’Esope :
les traces de l’argent qui entre à Lacédémone et qui sont tournées vers la ville sont
visibles, mais on ne voit nulle part celles de l’argent qui en sort. Il est donc
assuré que les gens de là-bas sont les plus riches des Grecs en or et en argent
et, parmi eux, leur roi ; car, sur tous ces rapports, les plus grands et les
plus fréquents prélèvements se font au profit des rois.
Mais si les richesses des Lacédémoniens sont grandes relativement à celles des
Grecs, relativement à celles des Perses et de leur roi, elles ne sont rien. J’ai
entendu dire un jour à un homme digne de foi, un de ceux qui sont montés chez le
roi, qu’il avait traversé un pays très grand et très fertile, long d’une journée
de marche environ, que les habitants appellent la ceinture de la reine, qu’il y
en avait un autre appelé son voile, et beaucoup d’autres endroits beaux et
fertiles réservés pour sa parure et que chacun de ces endroits portait le nom de
chacun de ses objets de toilette. Si donc, je suppose, quelqu’un allait dire à
la mère du roi, femme de Xerxès, à Amestris : « Il y a un homme qui médite
d’entrer en lice avec ton fils. C’est le fils de Deinomakhè, dont la
parure vaut peut-être cinquante mines, tout au plus, et lui-même possède à
Erkhia un domaine qui ne mesure même pas trois cents plèthres », elle
se demanderait avec surprise sur quoi se fonde cet Alcibiade pour songer à
lutter avec Artoxerxès, et je m’imagine qu’elle dirait : « Cet homme-là ne peut
compter pour une telle entreprise sur aucune autre chose que sur son application
et son habileté ; car ce sont les seules choses de valeur que possèdent les
Grecs. » Mais si on lui apprenait que cet Alcibiade forme actuellement cette
entreprise et que d’abord il n’a pas encore vingt ans accomplis et qu’ensuite il
est totalement ignorant, qu’en outre, quand celui qui l’aime lui dit qu’il doit
d’abord s’instruire, prendre soin de lui-même et s’exercer avant d’engager la
lutte avec le roi, il refuse et déclare qu’il est bien comme il est, et n’a
besoin de rien de plus, j’imagine qu’elle serait ébahie et demanderait : « Mais
enfin sur quoi s’appuie ce petit jeune homme ? » Si nous lui répondions que
c’est sur sa beauté, sa taille, sa naissance, sa richesse et son intelligence
naturelle, elle nous prendrait pour des fous, Alcibiade, en considérant les
avantages dont on jouit chez elle sous tous ces rapports.
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