[121] (121a) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Καὶ γὰρ τὸ ἡμέτερον, ὦ Σώκρατες, εἰς Εὐρυσάκη,
τὸ δ´ Εὐρυσάκους εἰς Δία.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καὶ γὰρ τὸ ἡμέτερον, ὦ γενναῖε Ἀλκιβιάδη, εἰς
Δαίδαλον, ὁ δὲ Δαίδαλος εἰς Ἥφαιστον τὸν Διός. ἀλλὰ
τὰ μὲν τούτων ἀπ´ αὐτῶν ἀρξάμενα βασιλῆς εἰσιν ἐκ βασιλέων
μέχρι Διός, οἱ μὲν Ἄργους τε καὶ Λακεδαίμονος,
οἱ δὲ τῆς Περσίδος τὸ ἀεί, πολλάκις δὲ καὶ τῆς Ἀσίας,
ὥσπερ καὶ νῦν· ἡμεῖς δὲ αὐτοί τε ἰδιῶται καὶ οἱ πατέρες.
(121b) εἰ δὲ καὶ τοὺς προγόνους σε δέοι καὶ τὴν πατρίδα Εὐρυσάκους
ἐπιδεῖξαι Σαλαμῖνα ἢ τὴν Αἰακοῦ τοῦ ἔτι προτέρου
Αἴγιναν Ἀρτοξέρξῃ τῷ Ξέρξου, πόσον ἂν οἴει γέλωτα
ὀφλεῖν; ἀλλ´ ὅρα μὴ τοῦ τε γένους ὄγκῳ ἐλαττώμεθα τῶν
ἀνδρῶν καὶ τῇ ἄλλῃ τροφῇ. ἢ οὐκ ᾔσθησαι τοῖς τε Λακεδαιμονίων
βασιλεῦσιν ὡς μεγάλα τὰ ὑπάρχοντα, ὧν αἱ
γυναῖκες δημοσίᾳ φυλάττονται ὑπὸ τῶν ἐφόρων, ὅπως εἰς
δύναμιν μὴ λάθῃ ἐξ ἄλλου γενόμενος ὁ βασιλεὺς ἢ ἐξ
(121c) Ἡρακλειδῶν; ὁ δὲ Περσῶν τοσοῦτον ὑπερβάλλει, ὥστ´
οὐδεὶς ὑποψίαν ἔχει ὡς ἐξ ἄλλου ἂν βασιλεὺς γένοιτο ἢ ἐξ
αὐτοῦ· διὸ οὐ φρουρεῖται ἡ βασιλέως γυνὴ ἀλλ´ ἢ ὑπὸ
φόβου. ἐπειδὰν δὲ γένηται ὁ παῖς ὁ πρεσβύτατος, οὗπερ
ἡ ἀρχή, πρῶτον μὲν ἑορτάζουσι πάντες οἱ ἐν τῇ βασιλέως,
ὧν ἂν ἄρχῃ, εἶτα εἰς τὸν ἄλλον χρόνον ταύτῃ τῇ ἡμέρᾳ
βασιλέως γενέθλια πᾶσα θύει καὶ ἑορτάζει ἡ Ἀσία· ἡμῶν
(121d) δὲ γενομένων, τὸ τοῦ κωμῳδοποιοῦ, οὐδ´ οἱ γείτονες σφόδρα
τι αἰσθάνονται, ὦ Ἀλκιβιάδη. μετὰ τοῦτο τρέφεται ὁ
παῖς, οὐχ ὑπὸ γυναικὸς τροφοῦ ὀλίγου ἀξίας, ἀλλ´ ὑπ´
εὐνούχων οἳ ἂν δοκῶσιν τῶν περὶ βασιλέα ἄριστοι εἶναι·
οἷς τά τε ἄλλα προστέτακται ἐπιμέλεσθαι τοῦ γενομένου,
καὶ ὅπως ὅτι κάλλιστος ἔσται μηχανᾶσθαι, ἀναπλάττοντας
τὰ μέλη τοῦ παιδὸς καὶ κατορθοῦντας· καὶ ταῦτα δρῶντες
(121e) ἐν μεγάλῃ τιμῇ εἰσιν. ἐπειδὰν δὲ ἑπτέτεις γένωνται οἱ
παῖδες, ἐπὶ τοὺς ἵππους καὶ ἐπὶ τοὺς τούτων διδασκάλους
φοιτῶσιν, καὶ ἐπὶ τὰς θήρας ἄρχονται ἰέναι. δὶς ἑπτὰ δὲ
γενόμενον ἐτῶν τὸν παῖδα παραλαμβάνουσιν οὓς ἐκεῖνοι
βασιλείους παιδαγωγοὺς ὀνομάζουσιν· εἰσὶ δὲ ἐξειλεγμένοι
Περσῶν οἱ ἄριστοι δόξαντες ἐν ἡλικίᾳ τέτταρες, ὅ τε σοφώτατος
καὶ ὁ δικαιότατος καὶ ὁ σωφρονέστατος καὶ ὁ
| [121] (ALCIBIADE)
Et la mienne, Socrate, à Eurysakès, et celle d’Eurysakès à Zeus.
(SOCRATE)
Et la mienne, noble Alcibiade, à Dédale, et celle de Dédale à Héphaïstos,
fils de Zeus. Mais leur lignée à eux, en commençant par eux-mêmes, est une suite
de rois, fils de rois, jusqu’à Zeus, les uns, rois d’Argos et de Lacédémone, les
autres, rois de Perse, ayant toujours régné sur ce pays, et souvent sur l’Asie,
comme à présent, tandis que nous sommes de simples particuliers et nos pères
aussi. Et si tu étais obligé de faire étalage de tes ancêtres et de Salamine,
patrie d’Eurysakès, et d’Egine, patrie d’Eaque, plus ancien encore, devant
Artoxerxès, fils de Xerxès, à quelle risée crois-tu que tu t’exposerais ?
Prends donc garde que, pour la majesté de la race, nous ne soyons inférieurs à
ces potentats, et aussi pour l’éducation. N’as-tu pas entendu parler de la
grandeur des rois de Lacédémone, dont les femmes sont sous la surveillance
officielle des éphores, afin d’éviter, autant que possible, que le roi ne soit
point issu d’un autre que les Héraclides ? Quant au roi de Perse, il est si
élevé au-dessus de tous que personne ne soupçonne qu’un roi puisse naître d’un
autre que de lui. Aussi sa femme n’a d’autre garde que la crainte. Quand le
premier de ses fils, à qui revient le trône, est né, tout d’abord tous les
sujets de son empire fêtent le jour de sa naissance, puis, dans la suite, le
même jour, l’Asie entière célèbre par des sacrifices et des réjouissances
l’anniversaire du roi, tandis que nous, Alcibiade, nous pouvons venir au monde,
les voisins même, comme le dit le poète comique, ne s’en aperçoivent
guère. Ensuite l’enfant est soigné, non par une nourrice quelconque, mais par
des eunuques du roi, choisis parmi ceux qui passent pour être les meilleurs. Ils
sont chargés de tous les soins à donner au nouveau-né, et doivent s’ingénier à
le rendre aussi beau que possible en façonnant et redressant ses membres
enfantins, et cet emploi leur vaut une grande considération. Quand ces enfants
ont atteint leur septième année, ils montent à cheval et fréquentent l’école
d’équitation et ils commencent à aller à la chasse. Quand ils ont deux fois sept
ans, on les confie à ceux qu’on appelle là-bas les précepteurs royaux. Ils sont
choisis parmi les Perses d’âge mûr qui passent pour être les meilleurs, au
nombre de quatre, le plus savant, le plus juste, le plus tempérant
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