[8,29] (1) διαβάντων δὲ Ἀλφειὸν χώρα τε καλουμένη Τραπεζουντία καὶ πόλεώς
ἐστιν ἐρείπια Τραπεζοῦντος. καὶ αὖθις ἐπὶ τὸν Ἀλφειὸν ἐν ἀριστερᾷ καταβαίνοντι
ἐκ Τραπεζοῦντος, οὐ πόρρω τοῦ ποταμοῦ Βάθος ἐστὶν ὀνομαζόμενον, ἔνθα ἄγουσι
τελετὴν διὰ ἔτους τρίτου θεαῖς Μεγάλαις· καὶ πηγή τε αὐτόθι ἐστὶν Ὀλυμπιὰς
καλουμένη, τὸν ἕτερον τῶν ἐνιαυτῶν οὐκ ἀπορρέουσα, καὶ πλησίον τῆς πηγῆς πῦρ
ἄνεισι. λέγουσι δὲ οἱ Ἀρκάδες τὴν λεγομένην γιγάντων μάχην καὶ θεῶν ἐνταῦθα καὶ
οὐκ ἐν τῇ Θρᾳκίᾳ γενέσθαι Παλλήνῃ, καὶ θύουσιν ἀστραπαῖς αὐτόθι καὶ θυέλλαις τε
καὶ βρονταῖς. (2) γιγάντων δὲ ἐν μὲν Ἰλιάδι οὐδεμίαν ἐποιήσατο Ὅμηρος μνήμην· ἐν
Ὀδυσσείᾳ δὲ ἔγραψε μὲν ὡς ταῖς Ὀδυσσέως ναυσὶ Λαιστρυγόνες ἐπέλθοιεν γίγασι καὶ
οὐκ ἀνδράσιν εἰκασμένοι, ἐποίησε δὲ καὶ τὸν βασιλέα τῶν Φαιάκων λέγοντα εἶναι
τοὺς Φαίακας θεῶν ἐγγὺς ὥσπερ Κύκλωπας καὶ τὸ γιγάντων ἔθνος. ἔν τε οὖν τούτοις
δηλοῖ θνητοὺς ὄντας καὶ οὐ θεῖον γένος τοὺς γίγαντας καὶ σαφέστερον ἐν τῷδε ἔτι,
"ὅς ποθ´ ὑπερθύμοισι γιγάντεσσιν βασίλευεν· ἀλλ´ ὁ μὲν ὤλεσε λαὸν ἀτάσθαλον,
ὤλετο δ´ αὐτός". ἐθέλουσι δ´ αὐτῷ λαὸς ἐν τοῖς ἔπεσιν ἀνθρώπων οἱ πολλοὶ
καλεῖσθαι. (3) δράκοντας δὲ ἀντὶ ποδῶν τοῖς γίγασιν εἶναι, πολλαχῇ τε ὁ λόγος ἄλλῃ
καὶ ἐν τῷδε ἐδείχθη μάλιστα ὡς ἔστιν εὐήθης. Ὀρόντην τὸν Σύρων ποταμὸν οὐ τὰ
πάντα ἐν ἰσοπέδῳ μέχρι θαλάσσης ῥέοντα, ἀλλὰ ἐπὶ κρημνόν τε ἀπορρῶγα καὶ ἐς
κάταντες ἀπ´ αὐτοῦ φερόμενον, ἠθέλησεν ὁ Ῥωμαίων βασιλεὺς ἀναπλεῖσθαι ναυσὶν ἐκ
θαλάσσης ἐς Ἀντιόχειαν πόλιν· ἔλυτρον οὖν σὺν πόνῳ τε καὶ δαπάνῃ χρημάτων
ὀρυξάμενος ἐπιτήδειον ἐς τὸν ἀνάπλουν, ἐξέτρεψεν ἐς τοῦτο τὸν ποταμόν.
(4) ἀναξηρανθέντος δὲ τοῦ ἀρχαίου ῥεύματος, κεραμεᾶ τε ἐν αὐτῷ σορὸς πλέον ἢ ἑνός τε
καὶ δέκα εὑρέθη πηχῶν καὶ ὁ νεκρὸς μέγεθός τε ἦν κατὰ τὴν σορὸν καὶ ἄνθρωπος διὰ
παντὸς τοῦ σώματος. τοῦτον τὸν νεκρὸν ὁ ἐν Κλάρῳ {ὁ} θεός, ἀφικομένων ἐπὶ τὸ
χρηστήριον τῶν Σύρων, εἶπεν Ὀρόντην εἶναι, γένους δὲ αὐτὸν εἶναι τοῦ Ἰνδῶν. εἰ
δὲ τὴν γῆν τὸ ἀρχαῖον οὖσαν ὑγρὰν ἔτι καὶ ἀνάπλεων νοτίδος θερμαίνων ὁ ἥλιος
τοὺς πρώτους ἐποίησεν ἀνθρώπους, ποίαν εἰκός ἐστιν ἄλλην χώραν ἢ προτέραν τῆς
Ἰνδῶν ἢ μείζονας ἀνεῖναι τοὺς ἀνθρώπους, ἥ γε καὶ ἐς ἡμᾶς ἔτι καὶ ὄψεως τῷ
παραλόγῳ καὶ μεγέθει διάφορα ἐκτρέφει θηρία; (5) τοῦ δὲ χωρίου τοῦ ὀνομαζομένου
Βάθους σταδίους ὡς δέκα ἀφέστηκεν ἡ καλουμένη Βασιλίς· ταύτης ἐγένετο οἰκιστὴς
Κύψελος ὁ Κρεσφόντῃ τῷ Ἀριστομάχου τὴν θυγατέρα ἐκδούς· ἐπ´ ἐμοῦ δὲ ἐρείπια ἡ
Βασιλὶς ἦν καὶ Δήμητρος ἱερὸν ἐν αὐτοῖς ἐλείπετο Ἐλευσινίας. ἐντεῦθεν δὲ προϊὼν
τὸν Ἀλφειὸν αὖθις διαβήσῃ καὶ ἐπὶ Θωκνίαν ἀφίξῃ, τὸ ὄνομα ἀπὸ Θώκνου τοῦ
Λυκάονος ἔχουσαν, ἐς ἅπαν δὲ ἐφ´ ἡμῶν ἔρημον· ἐλέγετο δὲ ὁ Θῶκνος ἐν τῷ λόφῳ
κτίσαι τὴν πόλιν. ποταμὸς δὲ ὁ Ἀμίνιος ῥέων παρὰ τὸν λόφον ἐς τὸν Ἑλισσόντα
ἐκδίδωσι, καὶ οὐ πολὺ ἄπωθεν ἐς τὸν Ἀλφειὸν ὁ Ἑλισσών.
| [8,29] (1) Quand on a passé ce fleuve on se trouve dans la région nommée Trapézontie où l'on voit
encore les restes de la ville de Trapézonte. En descendant sur la gauche et en côtoyant le fleuve on
découvre un vallon que les gens du pays nomment Bathos (= Profondeur), où tous les trois ans ils
célèbrent les mystères des Grandes Déesses. Là vous verrez la source Olympias qui est à sec une
année sur deux, et dans le voisinage de laquelle jaillissent des tourbillons de flamme. Si l'on en croit
les Arcadiens, ce fut là, et non près de Pellène en Thrace, que les Géants combattirent contre les dieux.
C'est pourquoi ils sacrifient aux Tempêtes, aux Éclairs et aux Foudres.
(2) Homère n'a fait aucune mention des Géants dans l'Iliade; mais dans l'Odyssée il raconte que les
vaisseaux d'Ulysse furent attaqués par les Lestrygons qui tenaient plus des Géants que des hommes;
ce sont ses termes. Et Alcinoos parlant à Ulysse lui dit que les Phéaciens ressemblaient autant aux
dieux par leur piété et leur justice, que les Cyclopes et les Géants se ressemblaient par leur injustice
et leur impiété. Ces endroits marquent assez que le poète ne regardait pas les Géants comme issus
des dieux, mais comme une race mortelle; et il s'en explique encore plus clairement, lorsqu'il dit:
"Autrefois il régnait sur les géants superbes, peuple / présomptueux, dont il causa la perte en se
perdant lui-même". Or le mot de peuple, chez Homère, est le nom dont veut être appelé le grand
nombre des hommes.
(3) Quant à ce que l'on dit que les Géants avaient des serpents en guise de pieds, c'est une folie dont
il est aisé de montrer l'absurdité par plusieurs preuves, mais surtout par celle que je vais rapporter.
L'Oronte est un fleuve de Syrie, qui en allant se rendre à la mer passe tantôt par des plaines, tantôt
aussi par des lieux escarpés et des précipices, en un mot dont le lit est très inégal. Un empereur
romain qui voulait transporter son armée par eau depuis la mer jusqu'à Antioche, entreprit de rendre
l'Oronte navigable, afin que rien n'arrêtât ses vaisseaux. Ayant donc fait creuser un autre canal avec
beaucoup de peine et de dépense, il détourna le fleuve et lui fit changer de lit.
(4) Quand le premier lit fut à sec, on y trouva un sarcophage en terre cuite, de plus de onze
coudées, qui renfermait un cadavre de pareille grandeur, et de forme humaine en toutes ses parties.
Les Syriens ayant consulté l'oracle d'Apollon à Claros pour savoir ce que c'était que ce corps, il leur
fut répondu que c'était Orontès et qu'il appartenait à la race des Indiens. En effet si dans les premiers
temps la terre encore toute humide, venant à être échauffée par les rayons du soleil a produit les
premiers hommes, quelle partie de la terre fut jamais plus propre à produire des hommes d'une
grandeur extraordinaire, que les Indes qui encore aujourd'hui engendrent des animaux tels que
les éléphants?
(5) À dix stades de l'endroit nommé Bathos est la localité de Basilis, bâtie autrefois par ce
Kypsélos qui maria sa fille à Kresphontès fils d'Aristomachos; cette ville est présentement en ruines,
il ne s'y est conservé qu'un temple de Cérès Éleusinienne. Un peu plus loin vous passez une seconde
fois l'Alphée, et vous arrivez à Thoknia, qui a pris son nom de Thoknos fils de Lycaon; cette ville est
entièrement déserte; elle est bâtie sur le haut d'une colline; l'Aminios passe au bas; c'est une petite
rivière qui se jette dans l'Hélisson, lequel va tomber rejoindre l'Alphée.
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