[5,53] Ἤρκει μὲν οὖν τὰ προειρημένα ἐν τοῖς ἰδίᾳ περὶ τοῦ
σωτῆρος ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ ἐξετασθεῖσι πρὸς τὰς Κέλσου
λέξεις· ἵνα δὲ μὴ δοκῶμεν τόπον τινὰ αὐτοῦ τῆς γραφῆς
ὑπερβαίνειν ἑκόντες ὡς μὴ δεδυνημένοι λέγειν πρὸς αὐτόν,
φέρε, εἰ καὶ ταυτολογεῖν μέλλομεν, ἐπὶ τοῦτο ἡμᾶς τοῦ
Κέλσου προκαλουμένου, ὅση δύναμις ἐπιτεμώμεθα τὸν λόγον,
ἐὰν ἄρα τι ὑποπέσῃ περὶ τῶν αὐτῶν ἢ ἐναργέστερον ἢ
καινότερον. Φησὶ δὴ παραλιπεῖν ὅσα περὶ τοῦ διδασκάλου
Χριστιανοὶ διελέγχονται, οὐ παραλιπών τι ὧν ἐδύνατο
λέγειν· ὅπερ ἐστὶ φανερὸν ἐκ τῶν ἀνωτέρω αὐτῷ λελεγμένων·
ἄλλως δὲ ῥητορικῇ ἐγχειρήσει κατακολουθῶν τὸ
τοιοῦτο ποιεῖ. Ἀλλὰ καὶ ὅτι οὐ διελεγχόμεθα περὶ τοῦ
τηλικούτου σωτῆρος ἡμῶν, κἂν δοκῇ ὁ ἐγκαλῶν διελέγχειν,
δῆλον ἔσται τοῖς φιλαλήθως καὶ ἐξεταστικῶς ὅλοις τοῖς περὶ
αὐτοῦ προφητευομένοις καὶ ἀναγεγραμμένοις ἐντυγχάνουσιν.
Ἑξῆς δέ, ἐπεὶ νομίζεται συγχωρητικῶς λέγειν περὶ τοῦ
σωτῆρος ὅτι δοκείτω τις ὡς ἀληθῶς ἄγγελος οὗτος εἶναι,
φαμὲν ὅτι τοῦτ´ οὐχ ὡς συγχωρούμενον ἀπὸ Κέλσου λαμβάνομεν,
τῷ δ´ ἔργῳ αὐτοῦ ἐνορῶντες ὅλῳ τῷ γένει τῶν
ἀνθρώπων ἐπιδεδημηκότος κατὰ τὸν ἑαυτοῦ λόγον καὶ τὴν
διδασκαλίαν, ὡς ἕκαστος ἐχώρει τῶν προσιεμένων αὐτόν.
Ὅπερ ἔργον ἦν τοῦ, ὡς ὠνόμασεν ἡ περὶ αὐτοῦ προφητεία,
οὐχ ἁπαξαπλῶς ἀγγέλου ἀλλὰ τοῦ τῆς «μεγάλης βουλῆς»
ἀγγέλου· ἤγγελλε γὰρ ἀνθρώποις τὴν μεγάλην τοῦ θεοῦ
καὶ πατρὸς τῶν ὅλων περὶ αὐτῶν βουλήν, εἰκόντων μὲν τῷ
βιοῦν ἐν καθαρᾷ θεοσεβείᾳ ὡς ἀναβαινόντων διὰ τῶν μεγάλων
πράξεων πρὸς τὸν θεόν, μὴ προσιεμένων δὲ ὡς ἑαυτοὺς
μακρυνόντων ἀπὸ τοῦ θεοῦ καὶ ἐπὶ τὴν ἀπώλειαν διὰ τῆς
περὶ θεοῦ ἀπιστίας ὁδευόντων.
Εἶθ´ ἑξῆς φησιν· Εἰ καὶ ἄγγελος οὗτος πρὸς ἀνθρώπους
ἦλθεν, ἆρα πρῶτος ἧκε καὶ μόνος, ἢ καὶ ἄλλοι πρότερον;
Καὶ πρὸς ἑκάτερον δὲ διὰ πλειόνων οἴεται ἀπαντᾶν, οὐδενὸς
δὴ τῶν ὡς ἀληθῶς Χριστιανῶν λέγοντος μόνον τὸν Χριστὸν
ἐπιδεδημηκέναι τῷ γένει τῶν ἀνθρώπων· καὶ ἄλλους
ὦφθαί φησιν ἀνθρώποις ὁ Κέλσος, εἰ μὲν δὴ φαῖεν ὅτι μόνος.
| [5,53] Nous pourrions donc nous contenter,
pour réponse, de renvoyer Celse à ce que nous avons dit
ci-devant, lorsque nous avons examiné ce qui regarde, en particulier
Jésus-Christ, notre Sauveur. Mais de peur qu'on ne s'imagine que nous
soyons bien-aise de ne pas toucher à quelque endroit de son écrit, comme
si nous n y pouvions répondre, usons de redites, puisque Celse nous y
oblige, et abrégeons pourtant le plus qu'il sera possible. Peut- être
qu'en repassant les mêmes sujets, il nous viendra dans l'esprit quelque
chose de plus évident ou de plus nouveau.
Il dit des chrétiens : Qu'il ne s'arrête point à tout ce dont on les peut
convaincre sur le sujet de leur maître: quoiqu'il n'ait rien omis de tout
ce qu'il pouvait dire, comme cela paraît assez par les choses qui ont
précédé. Mais c'est une figure de rhétorique. Quoi qu'il en soit et de
quelques accusations qu'on nous charge, on a beau se flatter, on ne nous
saurait convaincre de rien sur le sujet d'un tel Sauveur, comme le
reconnaîtront aisément ceux qui voudront examiner avec soin et de bonne
foi tout ce que les oracles des prophètes en avaient prédit. Il prétend
ensuite parler par concession, lorsqu'il dit de notre Sauveur : A la bonne
heure, qu'on le prenne pour un vrai ange. Mais nous ne recevons pas cela
comme une concession de Celse. La chose même nous fait comprendre que
Jésus s'étant présenté à tous les hommes par sa parole et sa doctrine,
selon que chacun de ceux qui le recevaient en était capable, ce ne peut
être là que l'œuvre d'un ange, non d'un simple ange, mais comme la
prophétie le nomme, de l'Ange du grand conseil (Is., IX, 5 ou 6) ; car il
a déclaré aux hommes le grand conseil du Dieu et du Père de toutes choses,
touchant eux, savoir : que ceux qui se laisseraient persuader de vivre
dans l'exercice d'une piété pure et sincère, s'élèveraient à Dieu par la
grandeur de leurs actions; mais que ceux qui refuseraient de se rendre,
s'éloigneraient de Dieu et courraient à leur perdition, par leur
incrédulité. Il dit après cela : Posé que Jésus soit un ange venu vers les
hommes, est-il le premier et le seul qui soit venu, ou s'il en était venu
d'autres avant lui? Et il croit avoir prouvé par plusieurs raisons qu'il y
a de l'absurdité dans l'un et dans l'autre. Mais aucun vrai chrétien n'a
jamais dit qu'il n'y ait que Jésus- Christ seul qui soit venu vers les
hommes ; car, comme Celse le remarque, contre ceux qui voudraient dire que
Jésus soit le seul, il y en a beaucoup d'autres qui se sont fait voir.
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