[3,69] Καὶ ὁ μὲν Κέλσος φησὶ τὰ ἀκόλουθα ἑαυτῷ ἐπιφέρων
ὅτι φύσιν ἀμεῖψαι τελέως παγχάλεπον. Ἡμεῖς δέ, μίαν
φύσιν ἐπιστάμενοι πάσης λογικῆς ψυχῆς καὶ μηδεμίαν
φάσκοντες πονηρὰν ὑπὸ τοῦ κτίσαντος τὰ ὅλα δεδημιουργῆσθαι,
γεγονέναι δὲ πολλοὺς κακοὺς παρὰ τὰς ἀνατροφὰς
καὶ τὰς διαστροφὰς καὶ τὰς περιηχήσεις, ὥστε καὶ φυσιωθῆναι
ἔν τισι τὴν κακίαν, πειθόμεθα ὅτι τῷ θείῳ λόγῳ
ἀμεῖψαι κακίαν φυσιώσασάν ἐστιν οὐ μόνον οὐκ ἀδύνατον
ἀλλὰ καὶ οὐ πάνυ χαλεπόν, ἐπὰν μόνον παραδέξηταί τις
ὅτι πιστεύειν δεῖ ἑαυτὸν τῷ ἐπὶ πᾶσι θεῷ καὶ πάντα πράττειν
κατ´ ἀναφορὰν τοῦ ἀρέσκειν ἐκείνῳ· παρ´ ᾧ οὐκ ἔστιν
Ἐν δὲ ἰῇ τιμῇ ἠμὲν κακὸς ἠδὲ καὶ ἐσθλός·
οὐδὲ
Κάτθαν´ ὁμῶς ὅ τ´ ἀεργὸς ἀνὴρ ὅ τε πολλὰ ἐοργώς.
Εἰ δὲ καί τισι πάνυ χαλεπόν ἐστι τὸ μεταβάλλειν, τὴν αἰτίαν
λεκτέον εἶναι περὶ τὴν συγκατάθεσιν αὐτῶν, ὀκνοῦσαν
παραδέξασθαι τὸν ἐπὶ πᾶσι θεὸν εἶναι ἑκάστῳ δίκαιον κριτὴν
περὶ πάντων τῶν ἐν τῷ βίῳ πεπραγμένων. Μέγα γὰρ
δύναται καὶ πρὸς τὰ δοκοῦντα εἶναι χαλεπώτατα καί, ἵνα
καθ´ ὑπερβολὴν ὀνομάσω, ἐγγύς που ἀδύνατα προαίρεσις
καὶ ἄσκησις. Ἢ βουληθεῖσα ἀνθρωπίνη φύσις ἐπὶ κάλου
βαίνειν, τεταμένου διὰ μέσου τοῦ θεάτρου ἐν μετεώρῳ, καὶ
μετὰ τοῦ φέρειν τοσαῦτα καὶ τηλικαῦτα βάρη δεδύνηται τῇ
ἀσκήσει καὶ τῇ προσοχῇ τὸ τοιοῦτο ποιῆσαι· βουληθεῖσα
δὲ κατ´ ἀρετὴν βιῶσαι ἀδυνάτως ἔχει, κἂν ᾖ πρότερον
φαυλοτάτη γεγενημένη; Ἀλλ´ ὅρα μή ποτε ὁ τὰ τοιαῦτα
λέγων τῇ δημιουργῷ τοῦ λογικοῦ ζῴου φύσει ἐγκαλεῖ
μᾶλλον ἢ τῷ γεγενημένῳ, εἰ πρὸς μὲν τὰ οὕτω χαλεπὰ
οὐδαμῶς ὄντα χρήσιμα πεποίηκε δυνατὴν τὴν τοῦ ἀνθρώπου
φύσιν, ἀδύνατον δὲ πρὸς τὴν ἰδίαν μακαριότητα. Ἀλλὰ γὰρ
ἀρκεῖ καὶ ταῦτα πρὸς τὸ φύσιν γὰρ ἀμεῖψαι τελέως παγχάλεπον.
Ἑξῆς δέ φησιν ὅτι οἱ ἀναμάρτητοι βελτίους κοινωνοὶ
βίου, μὴ σαφηνίσας, τίνας φησὶ τοὺς ἀναμαρτήτους, πότερον
τοὺς ἀρχῆθεν ἢ τοὺς ἐκ μεταβολῆς. Οἱ μὲν οὖν ἀρχῆθεν
ἀδύνατοι, οἱ δ´ ἐκ μεταβολῆς σπανίως εἰσὶν εὑρισκόμενοι,
οἵτινες ἐκ τοῦ προσεληλυθέναι λόγῳ σῴζοντι τοιοῦτοι
γίνονται. Οὐχὶ δὲ τοιοῦτοι ὄντες τῷ λόγῳ προσέρχονται·
χωρὶς γὰρ λόγου καὶ ταῦτα τελείου ἀμήχανον ἀναμάρτητον
γενέσθαι ἄνθρωπον.
| [3,69] Celse
ajoute, conformément à ses principes : Que c'est la chose du monde la plus
difficile de changer absolument de nature. Pour nous, qui savons que
toutes les âmes raisonnables sont d'une même nature et qu'aucune d'elles
n'est sortie vicieuse des mains du Créateur; mais qu'une infinité de
personnes se corrompent tellement, soit par la mauvaise éducation, soit
par les mauvais exemples, soit par les mauvais conseils, que le péché leur
devient comme naturel : nous croyons aussi que, bien loin d'être
impossible, il n'est pas même fort difficile à la parole de Dieu de
vaincre cette corruption qui est ainsi devenue naturelle. Nous disons que,
pour cela, elle n'a qu'à nous persuader qu'il faut s'abandonner à la
conduite du grand Dieu et se proposer uniquement de lui plaire dans tout
ce qu'on fait; car ce n'est pas auprès de lui que
"Le vice et la vertu sont dans la même estime";
ni que
"Le lâche et le vaillant meurent de la même mort".
(ILIADE, IX, v. 319 et 320.)
J'avoue qu'il y en a quelques-uns à qui ce changement est très difficile ;
mais la difficulté ne vient que de ce qu'ils refusent de se bien résoudre
à reconnaître le grand Dieu pour le juste juge de tous les hommes, qui
leur doit faire rendre compte de toutes les actions de leur vie. Car il
est certain qu'une ferme résolution, soutenue d'un exercice fréquent, a
beaucoup de force pour nous faire réussir dans les choses les plus
difficiles et qui, pour ainsi dire, paraissent presque impossibles. Quoi !
un homme qui aura entrepris de marcher avec de pesants fardeaux sur une
corde tendue fort haut de part en part d'un théâtre, sera capable d'en
venir à bout en s'y exerçant avec assiduité, et ceux qui voudront se tirer
du bourbier des vices pour vivre vertueusement ne le pourront faire,
quelque désir qu'ils en aient? Je ne sais si cette prétention ne serait
point plus injurieuse au Créateur qu'à la créature, de dire qu'il eût
formé la nature humaine avec les dispositions nécessaires pour exécuter
des choses si surprenantes, mais si inutiles, et qu'il l'eût laissée dans
l'impossibilité de rien faire pour son propre bonheur. En voilà assez sur
ce que Celse dit, Que c'est la chose du monde la plus difficile de changer
absolument de nature. Il continue : Mais ce font ceux qui ne pèchent point
qui doivent jouir de la vie bienheureuse. Il faudrait donc qu'il nous
apprit ce qu'il entend par ceux qui ne pèchent point, si ce sont ceux qui
n'ont jamais péché, ou ceux qui ont cessé de pécher. Il est impossible
qu'il s'en trouve du premier ordre ; et il y en a peu du second en qui la
doctrine salutaire qu'ils ont embrassée au produit cet heureux changement
: car ils n'étaient pas ainsi changés lorsqu'ils sont venus l'embrasser,
ne se pouvant faire qu'à moins que d'en être instruit; et de l'être
parfaitement, on acquière le privilège de ne pécher point.
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