[3,68] Ἀλλὰ τὴν μὲν τάξιν καὶ σύνθεσιν καὶ φράσιν τῶν
ἀπὸ φιλοσοφίας λόγων τοιαῦτα εἰς τοὺς προειρημένους
πεποιηκέναι, καὶ ἄλλους κακῶς βεβιωκότας, οὐ πάνυ τι
θαυμαστόν. Ἐπὰν δὲ οὕς φησιν εἶναι ἰδιωτικοὺς λόγους ὁ
Κέλσος κατανοήσωμεν, ὡσπερεὶ ἐπῳδὰς δυνάμεως πεπληρωμένους, καὶ τοὺς λόγους θεωρῶμεν, ἀθρόως προτρέποντας
πλήθη ἐπὶ τὸν ἐξ ἀκολάστων εἰς τὸν εὐσταθέστατον βίον
καὶ τὸν ἐξ ἀδίκων εἰς τὸν χρηστότερον καὶ τὸν ἐκ δειλῶν ἢ
ἀνάνδρων εἰς τὸν ἐπὶ τοσοῦτον εὔτονον, ὡς καὶ θανάτου διὰ
τὴν φανεῖσαν αὐτοῖς εὐσέβειαν καταφρονεῖν· πῶς οὐχὶ
δικαίως θαυμάσομεν τὴν ἐν αὐτῷ δύναμιν; «Ὁ» γὰρ
«λόγος» τῶν ταῦτα τὴν ἀρχὴν πρεσβευσάντων καὶ καμόντων,
ἵνα συστήσωσιν ἐκκλησίας θεοῦ, ἀλλὰ καὶ «τὸ κήρυγμα»
αὐτῶν ἐν πειθοῖ μὲν γέγονεν οὐ τοιαύτῃ δέ, ὁποία ἐστὶ
πειθὼ ἐν τοῖς σοφίαν Πλάτωνος ἐπαγγελλομένοις ἤ τινος
τῶν φιλοσοφησάντων, ὄντων ἀνθρώπων καὶ οὐδὲν ἄλλο
πλὴν ἀνθρωπίνης φύσεως ἐχόντων· ἡ δ´ ἀπόδειξις ἐν τοῖς
Ἰησοῦ ἀποστόλοις θεόθεν δοθεῖσα πιστικὴ ἀπὸ «πνεύματος
καὶ δυνάμεως». Διόπερ τάχιστα καὶ ὀξύτατα ἔδραμεν ὁ
λόγος αὐτῶν, μᾶλλον δὲ ὁ τοῦ θεοῦ, δι´ αὐτῶν μεταβάλλων
πολλοὺς τῶν ἁμαρτάνειν πεφυκότων καὶ εἰθισμένων· οὓς
οὐδὲ κολάζων μὲν ἄν τις ἄνθρωπος μετέβαλεν, ὁ δὲ λόγος
μετεποίησε μορφώσας καὶ τυπώσας αὐτοὺς κατὰ τὸ αὐτοῦ
βούλημα.
| [3,68] Il n'y a pas tant, au reste, de quoi s'étonner que
des raisonnements bien suivis et des discours tout pleins de grâce et
d'adresse, tels que sont ceux des philosophes, aient pu faire impression
sur ces esprits quelque dépravés qu'ils fussent. Mais quand nous voyons la
parole de ces gens que Celse traite de grossiers, produire des effets
aussi surprenants que si elle était accompagnée de quelque charme secret :
quand nous lui voyons convertir en foule les pécheurs et faire que les
déréglés deviennent des exemples de modestie, que les injustes deviennent
si hardis et si courageux qu'ils méprisent même la mort, pour les intérêts
de la religion qu'il professent : quand dis-je, nous voyons toutes ces
choses, comment pourrions-nous nous empêcher d'admirer la vertu de cette
parole? Car il est bien vrai que ceux qui, au commencement du
christianisme, employèrent leurs soins el leur peine à fonder les églises
de Dieu, par leur parole et par leur prédication, mirent la persuasion en
usage (I Cor., Il, 4) : mais ce ne fut pas une persuasion pareille à celle
dont se servent les sectateurs de Platon, ou des autres philosophes qui,
n'étant que de simples hommes, ne peuvent rien faire au-dessus des forces
de la nature humaine. Dieu lui-même donna aux apôtres de Jésus le pouvoir
de gagner les cœurs, par les démonstrations de l'esprit et de la
puissance. C'est pour cette raison que leur parole ou plutôt celle de
Dieu, qui se servait de leur ministère, courut et se répandit avec tant de
vitesse (Ps. CXLVII, 4 ou 15) ; et qu'elle convertit tant d'hommes, qui
étaient naturellement enclins à pécher et qui en avaient fait habitude. La
crainte du châtiment n'était pas capable de corriger ces pécheurs ; mais
cette parole les corrigea, les réglant et les formant à sa volonté.
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