[3,2] Λεγέτωσαν δὴ ἡμῖν ὁ Κέλσος καὶ οἱ ἀρεσκόμενοι τοῖς
καθ´ ἡμῶν ὑπ´ αὐτοῦ λεγομένοις, εἰ ὄνου σκιᾷ ἔοικε τὸ
προειρηκέναι τοὺς Ἰουδαίων προφήτας τόπον γενέσεως τοῦ
ἡγησομένου τῶν καλῶς βεβιωκότων καὶ τῶν χρηματιζόντων
μερίδος θεοῦ καὶ παρθένον συλληψομένην τὸν Ἐμμανουὴλ
καὶ σημεῖα καὶ τεράστια ἐσόμενα ὑπὸ τοῦ προφητευομένου
τοιάδε, καὶ ὅτι «ἕως τάχους δραμεῖται ὁ λόγος αὐτοῦ»,
ὡς «εἰς πᾶσαν τὴν γῆν» ἐξελθεῖν τὸν φθόγγον αὐτοῦ τῶν
ἀποστόλων, τίνα τε πείσεται ὑπὸ Ἰουδαίων καταδικαζόμενος
καὶ πῶς ἀναστήσεται. Ἆρα γὰρ ὡς ἔτυχε ταῦτ´ ἔλεγον οἱ
προφῆται σὺν οὐδεμιᾷ πιθανότητι, τῇ κινούσῃ αὐτοὺς ἐπὶ
τὸ μὴ μόνον εἰπεῖν ἀλλὰ καὶ ἀναγραφῆς ἀξιῶσαι τὰ λεγόμενα;
Ἆρά γε τὸ τοσοῦτο τῶν Ἰουδαίων ἔθνος, πάλαι χώραν
ἰδίαν εἰληφὸς οἰκεῖν, σὺν οὐδεμιᾷ πιθανότητι τινὰς μὲν ὡς
προφήτας ἀνηγόρευον ἑτέρους δὲ ὡς ψευδοπροφήτας ἀπεδοκίμαζον;
Καὶ οὐδὲν ἦν παρ´ αὐτοῖς τὸ προκαλούμενον
συναριθμεῖν ταῖς ἱεραῖς εἶναι πεπιστευμέναις Μωϋσέως
βίβλοις τοὺς λόγους τῶν ἑξῆς νενομισμένων εἶναι προφητῶν;
Καὶ δύνανται ἡμῖν παραστῆσαι οἱ εὐήθειαν ἐγκαλοῦντες
Ἰουδαίοις καὶ Χριστιανοῖς ὅτι ἐδύνατο συνεστηκέναι τὸ
Ἰουδαίων ἔθνος, μηδεμιᾶς ἐπαγγελίας προγνώσεων οὔσης
παρ´ αὐτοῖς, καὶ ὅτι τὰ μὲν περὶ αὐτοὺς ἔθνη ἕκαστον κατὰ
τὰ πάτρια ἐπίστευε χρησμοὺς λαμβάνειν καὶ μαντείας ἀπὸ
τῶν παρ´ αὐτοῖς νομιζομένων θεῶν, οὗτοι δὲ μόνοι, οἱ
διδαχθέντες πάντων τῶν παρὰ τοῖς ἔθνεσι νομιζομένων θεῶν
καταφρονεῖν ὡς οὐ θεῶν ἀλλὰ δαιμονίων—ἐπεὶ ἔλεγον
αὐτῶν οἱ προφῆται τὸ «Πάντες οἱ θεοὶ τῶν ἐθνῶν δαιμόνια»
—, οὐδένα τὸν ἐπαγγελλόμενον εἶχον προφητεύειν
καὶ δυνάμενον περισπᾶν τοὺς πόθῳ προγνώσεως τῶν μελλόντων αὐτομολεῖν βουλομένους πρὸς τοὺς παρὰ τοῖς ἄλλοις
δαίμονας; Ἐπίστησον οὖν εἰ μὴ ἀναγκαῖόν ἐστιν ὅλον
ἔθνος διδασκόμενον καταφρονεῖν τῶν παρὰ τοῖς λοιποῖς
θεῶν εὐπορηκέναι προφητῶν, τὸ μεῖζον αὐτόθεν ἐμφαινόντων
καὶ τὸ ὑπερέχον τὰ πανταχοῦ χρηστήρια.
| [3,2] Mais que Celse et ceux qui le trouvent bien fondé nous disent un peu si l'application de son proverbe peut passer pour juste, quand on considère ce que les prophètes des Juifs avaient prédit touchant le lieu où devait naître ce chef de ceux qui, menant une vie sainte, sont nommés l'héritage de Dieu (Mich., V, 2);
touchant la Vierge, qui devait concevoir Emmanuel (Is., VII, 14, XXXV, 5)
; touchant les signes et les miracles particuliers que celui dont ils
parlaient devait faire (Ps. CXLVII, 4 ou 15); touchant la promptitude
avec laquelle sa doctrine devait s'établir, et la prédication de ses
apôtres se répandre par toute la terre (Ps. XVIII ou XIX, 5) ; touchant
les souffrances où la fureur des Juifs devait l'exposer (Ps., XVIII, 7) ;
et touchant sa résurrection (Ps. XV ou XVI, 10). Les prophètes avaient-ils
dit cela au hasard, et sans qu'aucune apparence de raison les obligeât,
non à le dire seulement, mais à le laisser même, après eux, dans leurs
écrits? ou est-il vraisemblable qu'une nation telle que celle des Juifs,
qui avait depuis plusieurs siècles son établissement fixe, se portât, sans
cause, à recevoir les uns comme de véritables prophètes, et à rejeter les
autres comme des séducteurs? Qui croira qu'un peuple qui avait toujours
regardé les livres de Moïse comme des livres divins, se soit résolu dans
la suite à y en joindre d'autres, et à mettre leurs auteurs au rang des
prophètes, sans que rien l'y déterminât? Ceux qui accusent les Juifs et
les chrétiens d'impertinence, comment nous persuaderont-ils que la nation
des Juifs ait pu subsister sans avoir rien qui lui donnât espérance de
pouvoir connaître l'avenir? Les autres peuples dont ils étaient environnés
auront eu cette persuasion que, s'adressant chacun, selon la coutume de
son pays, aux divinités que l'on y adorait, ils en recevaient des
prédictions et des oracles; et ceux-ci, qui méprisaient toutes ces
divinités et qui les regardaient, non comme des dieux, mais comme des
démons, ayant appris de leurs prophètes que tous les dieux des nations
sont des démons (Ps. XCV ou XCVI, 5), ceux-ci auront été les seuls parmi
lesquels il n'y aura eu personne qui fit profession de prédire l'avenir,
et qui par ce moyen les empêchât de courir eux-mêmes après ces démons,
pour satisfaire une curiosité si naturelle à tous les hommes? Jugez s'il
n'y avait pas de la nécessité qu'un peuple, à qui l'on avait inspiré un
tel mépris pour les dieux des autres, ne manquât pas chez soi de prophètes
qui le convainquissent, par des preuves sensibles, qu'il y avait en eux
quelque chose de plus grand et de plus admirable que dans tous les oracles
étrangers.
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