[26,5] Συνελόντι δ´ εἰπεῖν, ἡ Ὁμήρου ποίησις τοιάδε τίς
ἐστιν, οἷον εἰ καὶ ζωγράφον ἐννοήσαις φιλόσοφον Πολύγνωτον
ἢ Ζεῦξιν, μὴ γράφοντα εἰκῇ· καὶ γὰρ τούτων
ἔσται τὸ χρῆμα διπλοῦν, τὸ μὲν ἐκ τῆς τέχνης,
τὸ δὲ ἐκ τῆς ἀρετῆς· κατὰ μὲν τὴν τέχνην, τὰ σχήματα
καὶ τὰ σώματα εἰς ὁμοιότητα τοῦ ἀληθοῦς διασώζοντι·
κατὰ δὲ τὴν ἀρετήν, εἰς μίμησιν τοῦ κάλλους
τὴν εὐσχημοσύνην τῶν γραμμάτων διατιθέντι. Ταύτῃ
μοι καὶ τὰ Ὁμήρου σκόπει, ὡς ἔστι χρῆμα διπλοῦν,
κατὰ μὲν τὴν ποιητικὴν ἐντεταμένον εἰς μύθου σχῆμα,
κατὰ δὲ φιλοσοφίαν εἰς ζῆλον ἀρετῆς καὶ ἀληθείας
γνῶσιν συντεταγμένον. Αὐτίκα πεποίηται αὐτῷ ἐν
τοῖς λόγοις μειράκιον Θετταλικὸν καὶ ἀνὴρ βασιλικός,
Ἀχιλλεὺς καὶ Ἀγαμέμνων· ὁ μὲν ὑπ´ ὀργῆς εἰς ὕβριν
προφερόμενος ὁ Ἀγαμέμνων, ὁ δὲ Ἀχιλλεὺς προπηλακισθεὶς
μηνιῶν· εἰκόνες παθῶν, νεότητος καὶ ἐξουσίας.
Ἀντίθες τοι ἑκατέρῳ τὸν Νέστορα, παλαιὸν τῷ
χρόνῳ, ἀγαθὸν φρονεῖν, δεινὸν εἰπεῖν. Πάλιν αὖ
Θερσίτης πεποίηται αὐτῷ αἰσχρὸς ἰδεῖν, φωνὴν ἐπεσβόλος,
γνώμην ἄτακτος, οἷος εἶναι εἰκὼν ἀκολάστου
δήμου. Ἀλλ´ ἀντίθες καὶ τούτῳ ἄνδρα, ἀγαθόν, ἡγεμόνα
ἀκριβῆ, ἐπιπορευόμενον,
ὅντινα μὲν βασιλῆα καὶ ἔξοχον ἄνδρα ἐφεύροι,
τόν ῥ´ ἀγανοῖς ἐπέεσσιν ἐρητύσασκε παραστάς·
ὃν δ´ αὖ δήμου τ´ ἄνδρα ἴδοι, βοόωντά τ´ἐφεύροι,
τὸν σκήπτρῳ ἐλάσασκεν.
Ἆρά σοι εὐδοκεῖ αὐτὸ τοῦτο, εἰ καὶ ὁ Σωκράτης τοὺς
μὲν βασιλικοὺς καὶ ἐξόχους ἄνδρας ἀγανοῖς λόγοις
γεραίρων καὶ ἀποδεχόμενος, Τίμαιόν τινα, ἢ Παρμενίδην,
ἢ ἄλλον βασιλικὸν ξένον·
ὃν δ´ αὖ δήμου τ´ ἄνδρα ἴδοι, βοόωντά τ´ ἐφεύροι,
τοῦτον ἐλαύνων τῷ λόγῳ, Θρασύμαχόν τινα, ἢ Πῶλον,
ἢ Καλλικλέα, ἤ τινα ἄλλον λωβητῆρα καὶ ἐπεσβόλον.
| [26,5] V. Pour abréger, il en est de la poésie d'Homère, comme des tableaux d'un
peintre, tel que Polygnotte, ou Zeuxis, que nous supposerons philosophe.
Il ne travaillera point au hasard. Il aura un double objet en vue; l'un,
sous le rapport de son art; l'autre, sous le rapport de la vertu. Sous le
premier rapport, il s'efforcera de donner aux formes et aux costumes de
ses personnages la ressemblance de la vérité : sous le second, il tâchera
de saisir le caractère de décence et de dignité propre à exprimer la
beauté morale. Envisagez donc Homère sous le rapport de ce double point de
vue. Sous le rapport politique, il s'embellit des fictions de la
Mythologie : sous le rapport de la philosophie, il se montre zélateur de
la vertu, et profond dans la connaissance de la vérité. En effet, il
introduit, dans un de ses poèmes, un jeune homme de Thessalie, et un homme
revêtu d'une autorité suprême, Achille et Agamemnon : l'un,
Agamemnon, poussé par la colère à l'insulte; l'autre, Achille, poussé par
l'insulte à la colère ; emblèmes des passions de la jeunesse, et de
l'orgueil du pouvoir. Opposez à l'un et à l'autre Nestor, recommandable
par son grand âge, par la sagesse de ses conseils, par les charmes de son
éloquence. D'un autre côté, il a introduit Thersite, horrible à voir,
vilipendant tout le monde, et dénué de jugement, pour être l'emblème d'une
populace effrénée. Mais opposez-lui un homme de mérite, qui arrive, et
qui accueille avec des manières affables et un ton poli, le premier
Prince, ou le premier personnage de considération qu'il rencontre, et qui
écarte avec son sceptre l'homme obscur qu'il aperçoit et qui vocifère.
Ne diriez-vous point que c'est Socrate, honorant d'un accueil distingué
des hommes du premier mérite, et de la plus haute recommandation, tels que
Timon, Parménide, ou tout autre auditeur de cette importance; et
repoussant les hommes obscurs qu'il voit venir à lui, et lui adresser la
parole, tels que Thrasymaque, Polus, Calliclès, ou tout autre mauvais
sujet, ou tout autre détracteur de ce genre.
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