[26,4] Δοκεῖ μοι Ὅμηρος, φύσει τε κεχρημένος ἐνθεωτάτῃ
καὶ φρονήσει δεινοτάτῃ καὶ ἐμπειρίᾳ πολυτροπωτάτῃ,
φιλοσοφίᾳ ἐπιθέμενος, δημοσιεῦσαι ταύτην τοῖς Ἕλλησιν
ἐν ἁρμονίᾳ τῇ ποτὲ εὐδοκίμῳ· αὕτη δ´ ἦν ἡ ποιητική·
οὔτε δὲ Ἰωνικὴν ταύτην ἐθελῆσαι εἶναι αὐτῷ,
οὔτε ἀκριβῶς Δώριον, οὔτε Ἀττικήν, ἀλλὰ κοινὴν τῆς
Ἑλλάδος. Ἅτε οὖν ξύμπασι διαλεγόμενος, ἀθροίσας
ἀναμὶξ τὴν Ἑλλάδα φωνὴν καὶ ἀνακερασάμενος εἰς
σχῆμα ᾠδῆς, 〈δι´〉 ὧν τὰ ἔπη εἰργάσατο προσηνῆ τε ἅμα
εἶναι καὶ ξυνετὰ πᾶσιν καὶ κεχαρισμένα ἑκάστοις, ἐνθυμηθεὶς
δέ, ὅτι ὀλίγον μὲν τὸ ξυνετὸν ἐν ἅπαντι,
τὸ δὲ πολὺ δημαγωγεῖσθαι φιλεῖ, οὐδετέρῳ τῷ γένει
ἀποκεκριμένην τὴν ποίησιν ἐξειργάσατο· καθάπερ ὁ
Ἡσίοδος, χωρὶς μὲν τὰ γένη τῶν ἡρώων, ἀπὸ γυναικῶν
ἀρχόμενος καταλέγων τὰ γένη, ὅστις ἐξ ἧς ἔφυ·
χωρὶς δὲ αὐτῶν πεποίηνται οἱ θεῖοι λόγοι, ἅμα τοῖς
λόγοις θεογονία· χωρὶς δ´ αὖ ὠφελεῖ τὰ εἰς τὸν βίον,
ἔργα τὲ ἃ δραστέον, καὶ ἡμέραι ἐν αἷς δραστέον· οὐχ
οὕτω τὰ Ὁμήρου ἔχει, οὐδὲ ἀποκέκριται ἕκαστα χωρίς,
οὐδ´ αὖ φύρεται ἀκρίτως πάντα ἐν πᾶσιν· ἀλλά τε
ἦν τὸ σχῆμα αὐτῷ τοῦ λόγου, 〈ὃ〉 οἱ μῦθοι ἔχουσιν, οἱ
Τρωϊκοὶ λόγοι καὶ τὰ τοῦ Ὀδυσσέως παθήματα,
μέμικται δ´ ἐν αὐτοῖς καὶ θεολογία σαφής, καὶ πολιτείας
ἦθος, καὶ ἀρεταὶ ἀνθρώπων, καὶ μοχθηρίαι, καὶ
παθήματα, καὶ συμφοραί, καὶ εὐτυχίαι· καὶ τούτων
ἕκαστον ὑποθέσεις οἰκείας ἔχει· οἷον εἰ ξυνίῃς παναρμόνιόν
τι ὄργανον, παντοδαπὰς μὲν φωνάς, πάσαις δὲ
ἄλλαις ὡμολογημένας· μᾶλλον δὲ οὕτως, εἰ ἤδη που
ἐθεάσω ἄθροισμα ὀργάνων, αὐλὸν ἠχοῦντα, καὶ λύραν
ψαλλομένην, καὶ ᾠδὴν χοροῦ, καὶ σάλπιγγα ἀναμίξ,
καὶ σύριγγα, καὶ ἄλλ´ ἄττα ὀργάνων εἴδη καὶ ὀνόματα·
ὧν ἕκαστον πεποίηται μὲν κατὰ οἰκείαν τέχνην,
συντέτακται δὲ πρὸς τὸ πλησίον κατὰ κοινὴν μοῦσαν.
| [26,4] IV. Je regarde Homère comme un homme d'un génie divin, d'une
profonde sagesse, d'une expérience consommée, qui entreprit de mettre la
philosophie à la portée du vulgaire, parmi les Grecs, à l'aide de la
passion qu'ils avaient, alors, pour le plaisir musical de la poésie. Il
n'adopta précisément, ni le genre ionique, ni le genre dorique, ni le
genre attique. Il prit le genre commun à toute la Grèce. Comme il
devait s'adresser à tous les peuples qui la composaient, il amalgama leurs
langages divers, et les entremêla, en forme de poème, dans ses ouvrages.
Il donna à ces derniers les charmes du style; il les rendit intelligibles
à tout le monde, et conformes au goût de chacun. Considérant, d'ailleurs,
que, parmi les hommes, le cercle des gens éclairés est circonscrit, et que
le vulgaire aime qu'on excite ses passions, il ne voulut point paraître,
dans ses poèmes, avoir exclusivement travaillé, ni pour l'un, ni pour
l'autre. Il ne fit point comme Hésiode, qui, dans des ouvrages séparés,
traite tantôt de l'origine des héros, de leur généalogie, en
commençant par les femmes dont chacun d'eux tire son extraction ; tantôt
de la religion, et en même temps de la théogonie ; tantôt de ce qui
intéresse la vie privée, des travaux que l'on doit faire, des jours
où l'on doit y vaquer. Tel ne fut point le plan d'Homère. Les matières ne
sont ni traitées séparément, ni confondues pêle-mêle dans ses ouvrages.
Mais il paraît avoir eu pour but de s'envelopper du voile de la
Mythologie. Autre est le sujet de l'Iliade, autre est le sujet de
l'Odyssée. Mais, dans l'une et dans l'autre, sont entremêlées les
notions de la théologie, la morale politique, les vertus, les vices,
les passions, le malheur et le bonheur des hommes ; et quoique chacune de
ces choses ait son cadre particulier, on dirait d'un instrument qui réunit
tous les genres d'harmonie, qui produit tous les sons, mais avec un
ensemble et un accord réciproque. Ou plutôt, qu'on se représente une
réunion de plusieurs instruments, la flûte, la lyre, la trompette, le
chalumeau, et tous les autres instruments de musique, en concert avec le
chant d'un chœur. Chacun de ces instruments a bien son caractère musical à
soi; mais il a aussi ses points de contact, à l'aide desquels il entre en
accord commun avec les autres.
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